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BOSSUET

er d’État en juin 1697, et, au mois d’octobre de la même année, premier aumônier de la duchesse de Bourgogne.

Administration du diocèse.

Résolu à rester

jusqu’à la fin évêqué de Meaux, Bossuet se donne tout entier au gouvernement de son diocèse. Il visite son séminaire, dirigé par les génovéïains, et exhorte lui-même, lors des retraites préparatoires, les aspirants aux saints ordres. Il s’attache à vivifier les conférences ecclésiastiques auxquelles, dit Le Dieu, il assistait souvent. Chaque année, il tenait à l’évèché un synode d’où sortaient les statuts diocésains. « Le curé Raveneau a laissé le compte rendu des six premiers synodes de 1682 à 1687… Pour 1701 et 1702, nous trouvons, dans le Journal de Le Dieu, l’analyse des discours que prononça Bossuet. » H. Druon, Bossuet à Meaux, c. m. On peut lire dans la Revue Bossuet ; janvier 1900-avril 1903, les comptes rendus de ses visites pastorales. L’évêque, se mettant à la portée de tous, catéchisait les enlants ; il s’eflorçait de déraciner les abus, et d’initier tous ses auditeurs à un sérieux christianisme. Bossuet qui, jeune prêtre à Metz, avait partagé les travaux apostoliques des disciples de saint Vincent de Paul, lit prêcher des missions à ses diocésains. En 1684, il en prescrivait une à Meaux. Voir dans l’ouvrage de M. H. Druon, loc. cit., rémunération des autres missions.

En 1687, Bossuet publie un catéchisme, lequel comprenait trois catéchismes distincts : le catéchisme des commençants ; un catéchisme plus développé, auquel était jointe une partie historique ; et le Catéchisme des fêtes et autres solennités et observances de l’Eglise. En 1689, Bossuet joignait à son catéchisme des Prières ecclésiastiques dont il disait : « Notre intention, dans ce recueil, est d’aider les plus ignorants qui ne sont pas capables de plus hautes méditations, les plus pauvres qui n’ont pas le moyen d’acheter d’autres livres, et les plus occupés qui n’ont pas le loisir de les lire. » A l’occasion du jubilé accordé par Clément XI, il publia, en janvier 1702, ses Méditations pour le jubilé.

Si attentif à rappeler à ses prêtres le devoir de la prédication, Bossuet le remplissait dans tout son diocèse, et surtout dans sa cathédrale, avec une religieuse exactitude. « L’engagement qu’il avait pris, le jour où il était entré dans sa cathédrale, d’y prêcher tous les jours de fête, il le tint religieusement. Que l’on compte, en outre, des sermons de vêture, des panégyriques, des exhortations dans les assemblées de charité, des conférences faites pour instruire et ramener les protestants : on verra qu’il était infatigable et toujours prêt, lorsqu’il s’agissait de parler pour le service de la religion. » H. Druon, Bossuet à Meaux, c. m. Cf. E. Griselle, De munere pastorali, quod concionando adimplevit tempore prœsertim Meldensis episcopalus J.-B. Bossuet, in-8°, Paris, 1901.

Lutte avec l’abbesse de Jouarre.

La lutte de Bossuet

avec l’abbesse de Jouarre, Henriette de Lorraine, est célèbre. Des désordres s’étaient introduits dans cette abbaye (admission irrégulière de religieuses ; mauvaise administration du temporel ; absences de l’abbesse sans permission de l’ordinaire). « Même avant la venue de Bossuet, en 1680, le pouvoir séculier avait jugé qu’une réforme était nécessaire ; et Louis XIV avait demandé au pape des commissaires pour l’accomplir. » H. Druon, Bossuet à Meaux, c. ix. Après une lutte opiniâtre, l’évêque eut raison des résistances de Henriette de Lorraine, et aussi de celles d’Anne-Marguerite de Rohan-Soubise qui avait succédé à Henriette de Lorraine ; le malheur de Bossuet fut. que, pour arriver à ses fins, trop imbu des préjugés de son temps, il ne se soit pas contenté des moyens fournis par le droit canon. « Ils ne reviendront plus, écrivait il y a un demi-siècle le comte de Montalembert, ces jours où la défiance contre Rome et l’habitude de contester ses prérogatives avaient envahi

les âmes les plus pures et les plus grandes : où Bossuet en appelait comme d’abus au parlement de Paris contre une bulle rendue depuis cinq cents ans. » Des intérêts catholiques au XIXe siècle, c. II. Néanmoins, l’évêque de Meaux écrivait à l’une des religieuses de Jouarre, M me du Mans : « S’il vient un ordre de Rome en forme, j’obéirai certainement avec joie, et je serai ravi d’avoir à vous donner un exemple d’obéissance » (27 avril J 69 i).

On l’a dit, « à peine (Bossuet) est-il venu à bout de soumettre à ses volontés la puissante abbesse de Jouarre, qu’il entreprend d’imposer aux religieux de Saint-Pierre de Rebais le sacrifice de l’immunité pour les cinq paroisses qui étaient placées sous leur gouvernement immédiat. » J.-B. Vanel, Bossuet et les bénédictins de Saint-Maur, dans la Revue Bossuet, octobre 1902. Ici encore, l’évêque de Meaux eut le tort de recourir à la juridiction séculière. « Cette bulle (l’acte pontifical obtenu par l’un des moines de Rebais, dom Mereau) est une chose manifestement surprise dont le pape ne sait rien du tout, » écrivaitil à M m « d’Albert. « J’en ai rendu compte au nonce, qui n’en a nulle connaissance, et n’approuve pas que l’on commette ainsi le nom du pape » (31 janvier 1696). Mais il n’avait pas le droit d’ajouter : « Tout se fait dans l’ordre… »

Direction des religieuses.

Ces luttes, qu’explique

le gallicanisme épiscopal du moment et du milieu, ne sont qu’un accident très regrettable dans l’histoire des rapports de Bossuet avec les communautés religieuses du diocèse de Meaux. Partout, chez les ursulines, chez les visitandines, à Farmoutiers, monastère célèbre avec lequel son prédécesseur, M. de Ligny, avait eu des démêlés, à Jouarre même, surtout à Jouarre, il exerça, par une direction presque incomparable — la direction d’un père et d’un docteur — l’inlluence la plus bienfaisante.

On connaît ses nombreuses et admirables lettres à M mes de Luynes et d’Albert, les sœurs de ce duc de Chevreuse qui avait été le disciple chéri de Port-Royal. On connaît aussi d’autres lettres : à M mes du Mans, de la Guillaurnie, de Lusancy, de Beringhen. Les plus célèbres peut-être sont celles qu’il adressait à une veuve obscure, la sœur Cornuau, qu’il dirigea durant vingt-quatre ans. Rien de moins janséniste, rien de moins quiéliste aussi que cette direction qui écarte toutes les vaines craintes et les subtiles recherches, pousse à la communion fréquente les âmes qui s’y préparent sérieusement, et rappelle sans cesse l’étendue sans limites de l’amour de Dieu pour l’homme. « Jetez tout à l’aveugle dans le sein immense de la divine bonté et dans le sang du Sauveur ; il s’y peut noyer plus de péchés que vous n’en avez commis et pu commettre. » A la sœur Saint-André, 14 octobre 1690.

Et parfois, dans ses lettres ainsi que dans ses commentaires bibliques, Rossuet est « plein de lentes par où le sublime s’échappe de tous cotés » , comme le lui disait, en 1688, l’abbé de Langeron. « Laissez évanouir le monde avec son éclat, écrivait-il, en mai 1693, à M me Cornuau. Laissez-vous écouler en ce grand tout qui est Dieu… Vous étiez en lui avant tous les temps, dans son idée et dans son décret éternel : vous en êtes sortie pour ainsi dire par son amour, qui vous a tirée du néant. Retournez à cette idée, à ce décret, à ce principe et à cet amour. » Ct. M. Cagnac, Bossuet. Lettres de direction, in-18, Paris, 1904 ; A. Bros, La vie chrétienne d’après Bossuet, in-18, Paris, 1904.

Derniers écrits.

Les Élévations sur les mystères,

les Méditations sur l’Evangile, sont, dans un certain sens, des œuvres de direction. « Je vous enverrai bientôt de la nourriture, écrivait-il à M me d’Albert, car j’ai poussé les Méditations sur les mystères jusqu’au point que je voulais, qui est le moment de l’incarnation. » Et, offrant aux visitandines de Meaux ses Méditations sur l’Évangile, Bossuet leur disait : « . C’est pour quel-