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BONNETTY — BONNIOT

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crimen doctoribus et mn ?i=tris et le panthéisme. Par conséillis vertere, quod methodum « nient il n’est point permis de banc, præsertim et] | i bante laire un crime à ces docteurs vcl saltem tacente Ecclesia, et à ces maîtres d’avoir em-Usurpaverunt. Propositio conployé cette méthode, surtout tradictoria propositionibus avec l’approbation au moins tapassim ex D. Bonnet ty decite de l’Église. Proposition sumptis. contradictoire des proposi tions extraites de différents

passages de Bonnetty.

Bonnetty, entraîné par sa fausse conception de l’impuissance radicale de la raison humaine vis-à-vis des vérités religieuses naturelles, en était venu jusqu’à réprouver ouvertement, dans la philosophie chrétienne du moyen âge, tout emploi de la raison quelque’discipliné qu’il tût, dès lors que l’on affirmait sa valeur démonstrative au détriment de la révélation, seule source authentique de la vérité en matière religieuse et morale. Coite réprobation dirigée spécialement contre saint Thomas et saint Bonaventure, atteignait réellement toute cette philosophie chrétienne du moyen âge, dont la caractéristique avait toujours été l’union entre la science humaine et la science divine, et qui s’était constamment abritée sous le patronage bienveillant de l’Église. Sa méthode rationnelle, si tempérée qu’elle fût par une parfaite soumission à l’autorité de la révélation et au magistère de l’Eglise, le philosophe traditionaliste la jugeait purement rationaliste. Il assurait même qu’elle ne différait point de la méthode très justement condamnée dans Cousin et son école.

Ces injustes reproches faits à la méthode scolastique sont formellement rétractés dans la 4e proposition :

1° Il est faux que la méthode scolastique, considérée en elle-même et dans ses caractères essentiels, conduise au rationalisme. Assertion principalement doctrinale basée sur l’opposition irréductible entre l’une et l’autre méthode. Le rationalisme, d’après l’encyclique de Pie IX du 9 novembre 1810, répudie orgueilleusement toute autorité supérieure à la raison et proclame celle-ci l’unique source et règle de la vérité. La même caractéristique du rationalisme est donnée dans la 3e proposition du Syllabus. Au contraire, la méthode scolastique tout en reconnaissant deux ordres de vérités, les unes relevant de la seule révélation, les autres naturellement accessibles à la raison, maintient fermement la subordination de la raison à la foi, en ce sens que la raison, même quand elle se meut dans sa propre sphère et d’après ses propres principes, ne peut jamais accepter une conséquence certainement en désaccord avec une vérité révélée ou avec les conclusions qui s’en déduisent nécessairement. Or il est facile de se convaincre, surtout par le 1. I du Contra gentes, c. m sq., que cette méthode est bien celle qu’enseignait et suivait saint Thomas.

De cette première partie de la 4e proposition, on peut rapprocher ce passage si formel de l’encyclique A’.terni Patris : Deindeplurimiexiis hominibus qui abalienato a fide anima, instituta catholica oderunt, salant sibi esse magistram ac ducem ralionem profitentur. Ad lias autan sanandos, et in grattant cum fide catholica restiluendos, preeter supematurale Dei auxilium, nihil esse opportunius arbitramur, quant solidam Patrum et scholasticorum doctrinam, qui firmissima fidei fundamenta, divinam illius originem, ccriam veritatem, argumenta quibus suadetur, bénéficia in humainiai genus collata, perfectamque cum ratione concorihaiii, imita évident ia et vi commonstrant, ijuanta flectendis menlibus vel maxime invitis et repugnantibus abunde sufficiat.

2° La méthode scolastique n’est point cause que dans les écoles d’aujourd’hui la philosophie est tombée dans le naturalisme et le panthéisme. Assertion surtout bistorique évidemment attestée par l’histoire de la scolastique et par celle des erreurs philosophiques de la pé riode moderne. L’histoire démontre que ces erreurs sont surtout provenues de ce que, sous l’influence du mouvement réformateur du xvie siècle, on avait imprudemment délaissé la philosophie chrétienne, pour philosopher en dehors de tout contrôle de la révélation et de l’Église. Cette vérité historique a été depuis nettement affirmée : 1. par le concile du Vatican dans le prologue de la Const. Dei Filins ; 2. par Léon XIII dans l’encyclique JEterni Patris du 4 août 1879, surtout dans ce passage : Adnitentibus enim novatoribua sseculi zvi, plaçait philosophari citra quempiam ad fidei respectum, petita dataque vicissim potestate quælibet pro lubitu ingenioque excogitandi. Quare ex re pronum fuit gênera philosophiez pins aequo multiplicari, sententiasque diversas atque inter se pugnantes oriri ctiam de iis rébus quæ sunt in humanis cognitionibus præcipuæ. A multitudine sententiarum ad hsesitationes dubitationesque perssepe ventuni est : a dubitationibus vero in errorem quant facile mentes hominum delabantur, nemo est qui non videat.

3° La valeur doctrinale de la méthode scolastique est garantie par l’approbation au moins tacite de l’Église, præsertim approbante vel saltem tacente Ecclesia. Cette approbation résulte de ce que l’usage constant de la philosophie scolaslique a élé non seulement toléré pendant des siècles, mais même fréquemment et très explicitement loué et recommandé par l’Église elle-même. Approbation au moins tacite qui ne peut se concilier avec de graves erreurs doctrinales, surtout dans l’ensemble de la méthode scolastique. D’ailleurs sans se prononcer sur l’étendue de cette approbation, la proposition ne parle que de la méthode scolastique considérée d’une manière générale.

De celle partie de la 4e proposition on peut rapprocher : 1. la lettre de Pie IX à l’archevêque de Munich du 21 décembre 1863, Denzinger, Enchiridion, n. 1532 ; 2. la proposition 13° du Syllabus ; 3. l’encyclique de Léon XIII AUterhi Patris du 4 août 1879, surtout dans ce passage : Præsertim cum philosophiae scholasticae et usum diutumum et maximorum virorum judicium, et, i/uod caput est, Ecclesiae suffragium favisse constaret.

4° De la valeur doctrinale de la méthode scolastique résulte cette conclusion morale : il n’est point permis de faire un crime à ces docteurs et à ces maîtres d’avoir employé cette méthode. Ce n’est qu’une interdiction do formuler quelque reproche grave contre cette méthode scolastique. Cette interdiction est simplement affirmée, sans que l’on détermine sa gravité, qui devra par conséquent se juger d’après les principes ordinaires.

Annales de philosophie chrétienne, 1830-1855, passim ; Hurter, Nomenclator literarius, 2’t’dit., Inspruck, 1895, t. iii, col. 1200 sq. ; Kirchenlexikon, 2e édit., FriboUrg-en-Brisgau, 1883, t. i, col. 1016 sq.

E. DURLANCIIY.

    1. BONNIOT (Joseph de)##


BONNIOT (Joseph de), naquit le 20 avril 1831 à Aspres-lès-Veynes (Hautes-Alpes), localité dont les origines lui ont fourni la matière d’un curieux article : Une commune bénédictine : la villa de Asperis, dans la Revue du monde catholique, t. i.xxvii.p. 481-505 ; il entra tlans la Compagnie de Jésus à Saint-Acheul le 9 août 1858 ; professa la grammaire et la philosophie ; à partir de1871, il se donna tout entier à ses publications ; attache en 1872 à la rédaction des Etudes, il publia de nombreux articles dans celle revue ; il collabora en outre à plusieursautres périodiques, surtout durant la suspension dos Études (1880-1887) ; il eut depuis 1882 la direction de la Bibliographie catholique ; il mourut à Paris le 19 novembre 1889. Les travaux du P. de Bonniol se portèrent principalement sur les questions qui relèvent à la fois de la philosophie et des sciences naturelles, et entre celles-ci particulièrement de la physiologie et de la biologie. Ses ouvrages, parus d’abord pour une grande