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EONIFACE V — BONIFACE VIII


    1. BONIFACE V##


5. BONIFACE V. pape, successeur de Deusdedit, consacré le 23 décembre 619, mort en octobre 625.

Originaire de Naples, ce pontife pieux et généreux émit divers règlements relatifs aux testaments reçus par les notaires ecclésiastiques, au droit d’asile, aux attributions, trop larges à son gré, des acolytes. Il est surtout connu par ses soins pour l'Église d’Angleterre. Il écrivit à Mellitus, devenu archevêque de Cantorbéry, et approuva plus tard la translation de Justus, évêque de Rocbester, au siège de Cantorbéry, en lui adressant avec le pallium des encouragements au milieu de ses déboires.

La conversion d'.Edwine, roi de Northumbrie, pour le royaume duquel Justus consacra Paulin, premier évêque d’York, ouvrit de magnifiques perspectives au christianisme en Angleterre. Sur la foi de Bède, Boniface V passe pour l’auteur des lettres adressées à.lEdwine, à sa femme.Ethelburh, afin d’exhorter le roi à se convertir et à détruire les idoles. Jaffé, 2008, 2009. Ces lettres pourraient être d’Honorius, successeur de Boniface. En attribuant à Justus, devenu archevêque de Cantorbéry, les droits de métropolitain, Jaffé, 2007, Bonitace consacrait un état de choses qui était contraire à l’intention première de Grégoire le Grand, de faire de Londres la métropole de la province ecclésiastique du sud.

Jaffé, Regesta pontificum, t. i, p. 222 ; Duchesne, Liber pontiftcalis, t. I, p. 321 ; les lettres dans Mansi, t. x, col. 547-554, et P. L., t. lxxx ; Bède, Hist. eccl. gent. Angl., ii, 7 ; Hunt, A History of the english Clturch from its foundation to the Norman Conquest, Londres, 1901, p. 49, 56, 58 ; les ouvrages indiqués pour Boniface II de Grégorovius, t. ii, p. 122, de Langen, p. 506.

H. Hemmer.

G. BONIFACE VI, successeur de Formose, élu en 896 par un parti, d’une façon tumultueuse, malgré les sentences portées contre lui par Jean VIII, en raison de sa mauvaise vie, et le privant de ses dignités ecclésiastiques ; il mourut au bout de 15 jours. Baronius estime qu’on peut à peine le compter au nombre des papes.

Jaffé, t. i, p. 439 ; Duchepne, Liber pontificalis, Paris, 1892, t. lt, p. 228 ; Langen, Geschichte der rœmischen Kirche, Bonn, 1892, p. 303.

H. Hemmer.

7. BONIFACE VII, intrus sur le saint-siège en 974, réinstallé en 984, mort en juillet 985.

Simple instrument de Crescentius, qui était fils de Théodora et frère du défunt Jean XIII, le diacre Boniface, dit Franco, devint le pape Boniface VII grâce à la révolution qui éclata dans Rome en juin 974, tandis que l’empereur Otton II était retenu en Allemagne. Benoit VI fut jeté en prison et y mourut étranglé quillet 974). Au bout de six semaines, Boniface dut s’enfuir à l’approche de l’empereur. Il gagna Constantinople et y altendit neuf ans la mort d’Otton II, tandis que Benoît VII et Jean XIV se succédaient sur le siège de Rome. Quand Olton fut mort le 7 décembre 983, Boniface reparut à Rome, s’empara de Jean XIV (avril 984), qui périt de laim ou par le poison dans son cachot du château Saintvnge. Il mourut subitement, peut-être assassiné, au bout de onze mois (été 985). Ses ennemis profanèrent son cadavre, qui fut traîné dans les rues de Rome.

Jaffé, Regesta pontificum, t. i, p. 485 ; Duchesne, Liber pontificalis, Paris, 1892, t. ii, p. 257 ; Id., Les premiers temps de l'État pontifical, dans la Revue d’I/iit. et de litt. religieuses, t. 11(1897), p. 195 ; Watterich, Punlif. Rom. vitse, t. I, p. 66 ; Herimanni Augiens. ckronic, dans Monumenta Germanise. Scriptores, t. v, p. 116 ; les ouvrages indiquée pour Boniface II, de Grégorovius, 2- édit., t. iii, p. 393, 406, de Hefele, 2e édit., t. IV, § 523 ; Langen, Geschichte der rœmischen Kirche, Bonn, 1892, p. 364, 369 ; W. Giesebrecht, Gesch. der deutschen Kaiserzeit, 4e édit., Brunswick, 1873, t. I, p. 588, 630 ; Floss, Die Papstivahl unter den Ottonen, Fribotirg, 1858, p. 42 ; Giesebrecht, Jahrbucher dm deutschen Reichs unter der Herrschaft Kaiser Otto 11, Exe. VIII, p. 141.

H. Hemmer.

8. BONIFACE VIII, pape, successeur de CélestinV, élu le 24 décembre 1294, consacré et couronné le 23 janvier 1295, mort le Il octobre 1303. — I. Actes du pontificat. II. Jugement. III. La bulle Unam sanctam.

I. Actes du pontificat.

Boniface était de la maison des Gaêtani, établie depuis longtemps à Anagni. Par sa mère, il paraît se rattacher à la branche cadette des Conti ettenirainsiàla parenté d’Alexandre IV. Né à Anagni, très probablement vers 1234, comme semble l’avoir victorieusement établi M. Finke, il avait étudié à Todi, et pris le bonnet de docteur. Chanoine à Paris, bénéficier à Lyon et à Borne, il lit sa carrière comme avocat consistorial et notaire apostolique. Cardinal-diacre du titre de SaintNicolas in carcere Tulliano en 1281, sous Martin IV, puis cardinal-prètre du titre des Saints-Sylvestre-et-Martin sous Nicolas IV en 1291, il remplit diverses légations et exerça enfin une inlluence prépondérante à la fin du pontificat de Célestin V dont il recueillit l’héritage. Le conclave se tint au Castel Nuovo, à Naples, où le roi Charles II avait su retenir le pape Célestin. A peine élu, Boniface revint à Borne où il fut consacré et couronné le 23 janvier 1295.

Le règne de ce pontife marque dans l’histoire par l’effondrement du système politico-religieux que le moyen âge avait connu depuis Grégoire VII. Boniface avait assisté à la lutte menée par les papes contre la descendance des Hohenstaufen jusqu'à leur extermination. Il était pénétré des doctrines les plus absolues de ses prédécesseurs au sujet de la souveraineté et de la toute-puissance du saint-siège. La hauteur de son esprit, la fermeté de son caractère le prédisposaient à user du pouvoir qu’il s’attribuait. Il arrivait au trône avec les qualités un peu rigides d’un canoniste et d’un juriste éprouvé, mais sans avoir saisi les changements profonds qui s'étaient produits à la fin du xiii siècle dans les dispositions des princes et des peuples.

La politique de son règne fut inspirée à Boniface par un double souci : il voulut assurer l'équilibre italien et par suite l’indépendance du saint-siège en travaillant au maintien de la dynastie angevine à Naples que les Vêpres siciliennes de 1282 et la crise ouverte par l’installation des Aragonais en Sicile avaient compromise ; en second lieu il pensa préparer une revanche contre l’islam qui venait d’enlever aux chrétiens Saint-Jean d’Acre et ce qui leur restait en Terre-Sainte (1289) en établissant les Angevins en Sicile et en apaisant la guerre surgie entre la France et l’Angleterre alliée à l’Allemagne (1294) ; mais dès le début de son pontificat il éprouva des échecs qui auraient du l’instruire de sa faiblesse effective : il ne put réconcilier Gènes avec Venise, ni faire admettre sa médiation au moment de la paix (1295) ; même avec le secours de Charles II, roi de Naples, il ne réussit pas à empêcher la Sicile de se placer sous le sceptre de Frédéric d’Aragon (1296 ; auquel il dut consentir plus tard la paix avec la possession de la Sicile (1302) ; ses premiers efforts en vue de procurer la paix entre Edouard I er, roi d’Angleterre, et Philippe IV, roi de France, amenèrent un premier différend grave entre la papauté et les princes séculiers dans lequel Boniface dut céder. Philippe le Bel, pour soutenir la guerre, avait fait voter des subsides par les clercs, en 1294 et 1296. Des membres du clergé, notamment l’ordre de Citeaux, s’en étaient plaints à Rome. Par la décrétale Clericis laicos, 24 février 1296, Boniface défendit, sous peine d’excommunication, au roi, de demander ou de recevoir, au clergé de payer des taxes extraordinaires sans la permission du pape. En promulguant à nouveau, avec un peu de raideur sans doute, cette ancienne doctrine, le pape ne croyait pas faire injure aux rois ; il continua d'écrire amicalement à Philippe. Mais en Angleterre, Edouard procéda contre les prélats récalcitrants, bien que dans la suite il ait dû admettre qu’aucun nouvel impôt ne fut exigé des trois États sans leur consente-