Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/421

Cette page n’a pas encore été corrigée
833
834
BIEN (LE)


Augustin et Boèce que l’on peut trouver une suite d’idées. Nous parcourrons donc successivement : 1° les Pères grecs ; 2° les Pères latins ; 3° saint Augustin ; 4° Boèce ; 5° les hérésies et les décisions canoniques.

Pères grecs.

Clément d’Alexandrie († 215) : « Dieu est le bien, non pas dans le sens où avoir une

vertu est un bien : mais dans le sens où la justice est dite être bonne, non parce qu’elle possède une vertu, car elle est elle-même une vertu, mais parce qu’elle est elle-même bonne de soi et par soi, xaô' a-jtï)v xoù oc' avTï)v. » Pœdag., 1. I, c. viii, P. G., t. vui, col. 326. — Saint Grégoire de Nazianze († 389) sur le texte, nemo bonus, Luc, xviii, 19 : « Être souverainement bon n’appartient qu'à Dieu : et cependant l’homme partage ce nom. » Orat., xxx, 13, P. G., t. xxxvi, col. 121. — Saint Jean Chrysostome († 407) : « Le ciel, la terre, la mer, tout pour nous ! n’est-ce pas là œuvre de bonté, dis-moi ? » Homil., iii, in epist. ad Philem., P. G., t. lxii, col. 718. — Saint Grégoire de Nysse (f395) : « Cette nature qui dépasse toute notion de bien et de perfection, qui n’a besoin d’aucune des choses qui concernent le bien, étant elle-même la plénitude, 7T>r ( p<o(j.a, du bien, n'étant, pour être bonne, tributaire d’aucun bien, mais la nature même du bien…, ne saurait rien désirer. » De anim. et resurr. dialogus, P. G., t. xlvi, col. 92-94 ; cf. table du t. xlvi, col. 1252. « Le bien suprême, comme il est véritablement (àXr)6â> ;) bien, ainsi a-t-il donné le bien à ce qui est par lui. » Homil., vil, in Eccl., P. G., t. xliv, col. 725. « Quel est le caractère de la véritable bonté?… n’est-ce pas d'être bon (/.a).ôv) par soi, selon sa propre nature, pour tous et toujours bonne ? » Orat. de mortuis, P. G., t. xlvi, col. 500. — Synésius († 413) veut que le nom de bon, appliqué à Dieu par le consentement de tous les peuples, ne signifie pas un attribut absolu, mais exprime la qualité d’auteur des biens. De regno, P. G., t. lxvi, col. 10(57. — Cyrille d’Alexandrie († 444) insiste sur la sincérité et la substantialité de la bonté divine. Dial., i, de Trin., P. G., t. lxxv, col. 704. « C’est le bien, dit-il encore, qui amène du non-être à l'être, et fait être ce qui n’a pas encore l’avantage d'être. » Dial., IV, de Trin., col. 892. — Saint Jean Damascène loue la doctrine du pseudo-Denys, qui fait du bien le premier nom de Dieu, « car, dit-il, il n’est pas permis de dire que Dieu est, ensuite qu’il est bon, » De fide orthod., 1. I, c. xii, P. G., t. xciv, col. 8 ; néanmoins il tient que le nom du bien ne manifeste pas, comme le nom d'être, l’essence divine, toôs àyaOôv xai Sîxaiov… itapsuovTai ty) cp-jcrsi, oùx a’j-ï|V tt)V O’jai’av 3ï)Aoï. Ibid., c. X, col. 838. — Saint Maxime († 062), scoliaste du pseudo-Denys, répète que Dieu n’a pas la bonté accidentellement, comme nous avons les vertus, mais qu’il est la substance même du Bien. In c. IV De div. nom., P. G., t. IV, p. 240.

Pères latins.

Tertullien : Bonus natura Drus

solus, i/iii cum quod est sine inilio habel, non instilutione habet illud sed nalnra. Adv. Marcion., 1. ii, c. ni, /'. L., t. il, col. 287. — Lactance († 340) loue Euclide de M égare d’avoir dit que le souverain Bien est toujours semblable et identique, etc. Inst., 1. III, n.ll, 12, /'. /, ., I. vi, col. 380, etc. — Saint Ambroise († 397) : Quod divinum est, id boniim est, el ijuoil bonum dirinum. De / » .'/" ssec., vi, P. L., t. xiv, col. 386. Proprium Dei est ni bonus sit. In l’s. cxviii, litt. ix, /'. L., t. xv, col. 1326. — Saint Léon Ici ir.unt ( [ iiil) : Deus omnipotens el démens cujus natura bonitas. Serm., ii, de Nativ., P. /, ., 1. 1 iv, col. 194. — Saint Prosper d’Aquitaine (Jiii.'i) : Quantum et i/uale bonum sit Drus etiam ex lior évidente ? OStenditUr quod niilli al> eo rrcedente bonum est.Invug. Sent., Wt, P.L., i. li, col. 470. — Saint Fulgenee (y 533) : Et quia summe bonus est, dédit omnibus naturis, quas feeit, ut bons sunt, non tamen tantiim honte, quantum Creator omnium bonorum qui non sutitm summe bonus, sed eliam summum atque

incommutabile bonum est. De fide ad Petrum, c. iii, P. L., t. lxv, col. 083. — Isidore de Séville († 436) commence en ces termes son livre dit De summo bono : Summum bonum Deus est quia incommutabilis est et corrumpi omnino non potest. Créât ura vero bonum sed non summum est quia mutabilis est, etc. Sent., 1. 1, c. i, n. 1, P. L., t. lxxxiii, col. 537. — Bichard de Saint-Victor († 1 173 ; résume la pensée des Pères en rattachant la bonté divine à sa perfection et en déduisant d’elle tous les genres de biens. De Trinit., . II. Cf. Petau, loc.cit., ^). 501. — Pierre Lombard († 1164) : Quiomnium quse sunt auctor est, el ad cujus bonitatem pertinet ut sit omne quod est, boni tantummodo causa est. Sent., 1. I, dist. XCXI, n. 12. Cf. Joh. Nep. Espenberger, Die Philosophie des Petrus Lombardus, Munster, 1901, p. 132-133.

3° Saint Augustin (-f 430). — SontraitéDe natura boni, P. L., t. XLII, traite la question sous presque tous ses aspects. Au premier abord, il est difficile de ne pas voir un écho des formules néoplatoniciennes dans la sentence si souvent utilisée par saint Thomas, et. Sum. theol., I a, q. v, vi, et lieux parallèles : Quia Deus bonus est sumus ; et in quantum sumus boni sumus. De doct. christ., 1. I, 32, P. L., t. xxxiv, col. 32. Mais pour saint Augustin l'être convient formellement à Dieu comme le bien : Vere enim ipse est quia incommunicabilis est… Ei ergo qui summe est non potest esse conlrarium nisi quod non est : ac per hoc sicut ab illo est omne quod bonum est, sic ab illo est omne quod naturaliler est ; quoniam omne quod naturaliter est, bonum est. De nat. boni, c. xix ; cf. c. i, xii, xiii, P. L., t. xlii, col. 551, 555, 558. Bonum bona faciens sicuti est proprie sic et bonum proprie… sublatis de medio omnibus quibus appellari possit et dici, Deus ipsum esse se vocari res pondit ; et tanquam hoc essel ei nomen : Hoc dices eis, inquit : Qui est misit me… Est enim est, sicut bonorum bonum bonum est. Enar. in Ps. cxxxiv, n. 4, P. L., t. xxxvii, col. 1741 ; cf. De Trin., I. VII, 5, P. L., t. xlii, col. 942. — De ces textes on peut conclure également que les créatures sont bonnes. Cf. De nat. boni, c. xxxvi, P. L., t. xlii, col. 562. Leur bonté consiste dans la mesure, la spécification et l’ordination, modus, species et ordo, dont le mal n’est autre chose que la corruption, De nat. boni, c. ni, col. 533 ; c’est leur bonté d’intégrité : omnes creaturæ habent quoddam bonum suum, integritatis suæ et perfectionis suæ naturse. In Ps. eu, P. L., t. xxxvii, col. 1322. Le mal n’est donc pas un principe (contre les manichéens), mais une privation ; l’inégalité des êtres n’est pas la conséquence d’une faute (contre Origène). De civ. Dei, 1. XI, 22-23, P. L., t. xi.i, col. 335-336. - La littérature augustinienne de la question est trop considérable pour qu’on puisse la citer. Cf. la table, P. L., t. xlvi, col. 118-123, et Petau, loc. cit. Aux textes rapportés, qui sont essentiels, ajouter celui-ci qui résume toute la doctrine : Bonum hoc et bonum illud : toile hoc et illud ri vide ipsum bonum si potes : ita Drum videbis moi alto bono bonum, sed bonum munis boni. Dr Trinil., 1. VIII, c. iii, P. L., t. xlii, col. 950 ; cf. t. XXXII, col. 1265-1274.

4° Borre († 525). — Ce n’est pas tant par les proses de la Consolation philosophique, où se trouvent au sujet du bien spécialement en Dieu de nombreux passages relevés par Petau, Dogm, theol., 1. VI, c. i-iv, Paris, 1865, p. 488-518, que lioèce a influencé la théologie du bien, mais par un petit traitée authentique » , Bardenhewer, Les Pères de l'Église, Paris, 1899, t. iii, p. 161, connu sous le nom de Dr hebdomadibus au moyen âge, commenté par Gilbert de la Porrée, /'. L., t. i.xiv, col. 1314, Alberl le Grand (Echard, Script. O. P., t. i, p. 181, Logicalia, n. 49, m lib. Boet. de divisionibus) et saint Thomas, édit. Piuna, Opusc, lxix ; ('dit. Parme, 1861, t. XVII, p. 339. Son litre : Quomodo substantif