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BERNARDIN DE SIENNE (SAINT)

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se termine par quelques opuscules relatifs à la vie religieuse et franciscaine, dont l’un très curieux est en vers et est intitulé : Dialogus inter religionem et mundum interlocutores et summum pontificem judicem. Le t. v renferme les Commentarii in Apocalypsim. Malheureusement l'édition du P. de la Haye laisse beaucoup à désirer ; le texte n’est pas pur, et certaines parties sont d’une authenticité douteuse. En particulier, le Dialogus inter religionem et mundum pourrait bien être d’un autre auteur ; les Commentarii in Apocalypsim sont d’un franciscain de l'école du saint, mais il n’est pas certain qu’ils soient du saint lui-même.

Un sermon, que L. Pastor, Geschiclite der Pâpste seit dem Ausgang des Millelalters, 2e édit., Fribourgen-Brisgau, 1891, t. i, p. 17, note 2, trad. F. Raynaud, Paris, 1888, t. i, p. 22, note 4, cite comme inédit, parait se confondre avec celui que le P. de la Haye a publié, S. Bernardini Senensis opéra, Paris, 1635, t. il, p. 579596. Le sermon sur l’immaculée conception, publié sous le nom de saint Bernardin, par le P. Pierre de Alva et Astorga, dans ses Monumenta anliqua seraphica pro immaculata conceplione Virginis Marim, Louvain, 1655, cf. Acta sanctorum, Paris, 1867, maii t. vii, p. 808, n’est pas authentique : il n’est pas établi que le saint ait composé sur l’immaculée conception un traité distinct du sermon publié par le P. de la Haye, t. iv, p. 105115. Cf. A. Maria da Venezia, Vita di S. Bernardino da Siena, Rome, 1826, p. 350-352.

111. Doctrines. — Il est quatre questions que Bernardin a traitées de telle sorte qu’il y a comme imprimé sa marque personnelle, et qu’il est devenu presque impossible de les reprendre sans passer par lui. — 1° Apôtre de la dévotion au nom de Jésus, il en dit l’excellence et en montra la légitimité. Opéra, 1. 1, p. 408 ; t. ii, p. 801811 ; t. iii, p. 376-384, 439-441 ; t. iv, p. 124 ; t. v, p. 39. Sur la nature de ce culte, cf. principalement t. iii, p. 382. Le mouvement déterminé par Bernardin aboutit à l’institution de la fête du saint nom de Jésus. Cf. Benoit XIV, De festis D. N. Jesu Christi, 1. I, c. ni, n. 9-11, Opéra omnia, Bassano, 1767, t. ix, p. 25. — 2° Il a parlé beaucoup et très bien de la sainte Vierge. Cf. les principaux textes théologiques relevés par le P. J.-B. Terrien, La mère de Dieu et la mère des hommes d’après les Pères et la théologie, Paris [1900J, t. i, p. 161-162, 323 ; t. ii, p. 22-23, 47 (des exagérations), 253 ; Paris [1902], t. iii, p. 149-150, 165, 179, 223, 350-351, 356-357, 375-376, 508509, 574, 592-593 ; t. iv, p. 96-97. Quelques-uns de ces passages concernent le rôle de Marie dans la distribution des grâces ; Bernardin enseigne que toute grâce nous vient par Marie, et Léon XIII, dans l’encyclique Jucunda semper, du 8 septembre 1894, a expliqué « cette loi de la miséricorde et de la prière que saint Bernardin de Sienne a formulée en ces termes : Onmis gratia, quse huic sseculo communicatur, triplicem habet processum, nam a Dco in Cltristum, a Christo in Virginem, a Virgine in nos ordinalissime dispensatur » . Serm., vi, in festis B. M. V., de Annunc, a. 1, n. 2, t. iv, p. 122. — 3° Bernardin a été l’un des promoteurs du culte de saint Joseph. Serm., i, desanctis, I. IV, p. 296-302. Il a posé admirablement, p. 296, le principe d’où le reste découle : Quandocumque divina gratta eligit aliquem ad aliquam gratiam singularan, seu a<l aliquem snhlimem statum, omnia rliarismata douai qum illi personse sic elcclse et ejus of/icio necessaria sunt, atque illam copiose décorant. Il admet comme pouvant être admise pieusement l’assomption de saint Joseph, pie credendum est non tamen asserendum, t. iv, p. 301. Cf. X. Barbier de Montault, Œuvres complètes, Poitiers, 1893, t, viii, p. 553-554. — 4° Il a traité non seulement de l’existence et des tourments du purgatoire, t. H, p. 949956, 958-959, 966-967, m ; iis encore de ses joies, t. ii, p. 960-962, 966-966 bis, qu’il énumère au nombre de douze : confirmation en grâce, certitude du salut, amour

de Dieu et de sa justice, visites des anges, secours puisés dans la communion des saints et connaissance qu’ont les âmes du purgatoire des suffrages de leurs proches, affection mutuelle, etc. Et il conclut, p. 960 : Licet ki qui in purgatorio sunt gravissimapaliantur tormenta, tamen melior est et felicior status eorum quam illorum qui sunt in mundo.

Quelques autres points valent la peine d'être indiqués. Nous avons de saint Bernardin, sous ce titre Adventuale de inspirationibus, t. iii, p. 156-202, cinq sermons qui forment un excellent petit traité de théologie mystique ; les règles du « discernement des esprits » y sont bien exposées. Il admet l’infaillibilité du pape, et, chose curieuse, il l'établit en donnant du Tu es Petrus une explication qu’on trouve chez quelques Pères, mais qui était justement tombée en désuétude, t. iii, p. 208 : Si papa erraret ut papa, Christus errarct. Nonne ait Christus : Tu es Petrus et super hanc petram, id est super me Christo, œdificabo Ecclesiam meam, quia petra illa est Christus. Il admet, t. iii, p. 428, cf. p. 226, que cuilibet animse datur unus angélus bonus et viius malus. Nous avons vu qu’il combattit la croyance à la prochaine venue de l’Antéchrist ; cf. t. il, p. 461 ; t. iii, p. 174 ; dans un fort intéressant sermon prêché à Padoue, t. iii, p. 475-481, il déclara lui aussi que le temps de l’Antéchrist arrivait. Il regarde, t. iii, p. 237 ; cf. t. il, p. 472, l’astrologie comme une science véritable, qui donne des probabilités, mais sans aboutira la certitude. Il tient pour le petit nombre des élus, t. ii, p. 577-578, et interprète dans son sens le plus strict la maxime : Hors de l'Église point de salut, excluant du ciel tous les infidèles, tous les schismatiques, tous les hérétiques, y compris ceux qui ont enduré toutes sortes de tourments, utique propter Deum se omnia suslinere dicentes, et eliamin corde, sicut credimus, hoc habentes, t. ii, p. 574 ; cf. t. iii, p. 226. Sa morale est parfois un peu sévère.

I. Œuvres. — Le P. J. de la Haye a publié S. Bernardini Senensis ordinis seraphici minorum opéra omnia, 5 in-fol., Paris, 1635 ; Lyon, 1650 ; nouv. édit., Venise, 1745 ; des extraits en ont été édités par le cardinal Fr. J. Vives, sous ce titre : Bernardini Senensis de dominica passione, resurrectione et ss. nomine Jesu contemplationes, Rome, 1903. Dix des 45 sermons en langue italienne, prêches à Sienne en 1427, ont été publiés par G. Milanesi, Prediche volgari di S. Bernardino da Siena, Sienne, 1853 ; la station entière a été publiée par L. Banchi, Le prediche volgari di S. Bernardino, 3 vol., Sienne, 1880, 1884, 1888. Voir d’autres indications dans L. Pastor, Geschiclite der Pàpste, 2- édit., t. ii, p. 193, note 2 ; trad. franc., t. I, p. 244, note 1.

II. Vie.

Sources anciennes.

Les principales sources

sont indiquées par les bollandistes, Bibliutheca hagiographica latina antiquse et medix œtatis, Bruxelles, 1898, lasc. 1°, p. 178180 ; y joindre la vie du saint par Léonard Benvoglienti, publiée par F. Van Ortroy, Analecta bollandiana, Bruxelles, 1902, t. xxi, p. 58-80. Parmi les autres sources anciennes, voir une vie inédite, composée par Santi Buoncuore, frère mineur contemporain du saint, Rome, bibliothèque des Lincei, manuscrit 788, côté 39. K. 9 ; Vespasien de Bicci, Vite detjl' uumini illustri, dans Mai, Spicileg. roman., Borne, 1839, t. i, p. 244-253 ; Bobert Caracciolo de Lecce, Opus de laudibus sanctorum, Venise, 1489, a la fin du volume. — 2° Travaux modernes. — L. Wading, Annales minorum, Borne, 2- édit., 1734, t. x, p. 33-35, 113-118, 187-191 ; Acta sanctorum, Paris, 1866, maii t. v, p. 87"-93" ; 1867, maii t. vii, p. 350-352 ; Bruxelles, 1861, octobris t. x, p. 318-323 ; A. Maria da Venezia, Vita di S. Bernardino da Siena, 2e édit., Rome, 1826 ;.1. P. Toussaint, Das Leben des h. Bernardin von Siena, Ratisbonne, 1*73 ; Apollinaire do Valence, Étude SUT la Uie et les œuvres de S. Bernardin de Sienne, Paris, 1882 ; F. Vernet, Martin Y et Bernardin île Sienne, dans l.'imirersité rat Indique. nouv. série, Lyon, 1890, t. iv, p, 563-594 ; S. Bernardin de

Sienne intime, ibid., 1894, t. xvii.p, 161-184 ; Les prédications

de S. Bernardin de Sienne, ibid., p. 347-365 ; P. Thureau-Dangin, S. Bernardin de Sienne, Paris, 1896 ; P. Humer, Le nom

de Jésus employé cannatype sur les monuments numisma ti<iues tin xv siècle, Bruxelles, 1807 ; F. Alesaio, Storia <'/ s. Bernardino da Sienae delsuo tempo, Mondovi, 1899 ; P, PierreBaptiste, /. saint nom de Jésus d’après S. Itemardin de Sienne, Palis, 1901. On a Imprimé, à Home, en 1877, les pièces.