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BERNARD (SAINT !

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Vita prima, r. imposée de cinq ou même de six livres et qui a pour auteurs Guillaume de Saint-Thierry (1. 1), Ernuud de Bonneval il. Il » , Geoffroy, secrétaire de saint Bernard (1. 111-Yi, témoins oculaires ou contemporains ; le Liber sextus de la Vita primo est également l’œuvre de témoins oculaires, entre autres de Geoffroy. La > — i vita, due à la plume d’Alain d’Auxerre (entre 1167 el 1170), résume et modifie légèrement la Vita prima. Puis vient une Vita tertia qui n’est autre qu’une ébauche de Geoffroy, utilisée par les auteurs de la Vita prima. Ajoutons une Vita quarto de.lean l’Ermite, le Liber miraculorum de Herbert, et VEscordium magnum cisterciense, qui sont un peu postérieurs et qui contiennent certains traits d’un caractère légendaire. Tous ces ouvrages ont été plusieurs fois imprimés. Migne les a reproduits, P. L., t. CLXXXV, col. 225 sq. La valeur de ces sources a été’examinée à fond par G. Huiler, Der heilige Berrmt Clairvaux, eine Darstellung seines Lebens u » d Wirkens, t. i (Vorstudien), Munster, 1886, et par E. Vacandard, Vie de saint Bernard, 1895, t. i. Introduction, p. ix-liv.

II. Œuvres.

I. SERMONS. —

L’abbé de Clairvaux a laissé un grand nombre d’ouvrages, au premier rang desquels il convient de placer ses sermons, qui se répartissent chronologiquement entre 1115 et 1153. Ces sermons peinent se diviser en quatre séries :
1° Sermones de tempore ;
2° Sermones de sanctis ;
3° Sermones de diversis ;
4° Sermones in Cantica.

l°Les Sermones de tempore, P. L., t. clxxxui, col. 35360, sont au nombre de quatre-vingt-six, auxquels il faut joindre un fragment de sermon, découvert par M. Georg Huiler, Der heilige Bernard von Clairvaux, Munster, 1886, p. 237 sq. Ce groupe comprend, outre les sermons des dimanches et des fêtes, les quatre sermons De laudibus Virginia saper M issus est, un sermon sur les saints Innocents et dix-sept sermons sur le Psaume XC, Qui habitat, prêches probablement pendant le carême de l’année 1140. Au point de vue théologique, il y a lieu de signaler la discussion des motifs pour lesquels l’Église rend un culte aux saints Innocents. « Le martyre qu’ils endurèrent à cause du Christ suffit à leur sanctification, … comme le baptême suffit aujourd’hui aux autres enfants sans aucun usage de la volonté propre… Si vous cherchez quels étaient leurs mérites devant Dieu pour être couronnés, cherchez aussi quels étaient leurs crimes devant Hérode pour être massacrés… Hérode aurait pu mettre à mort des innocents ; et le Christ n’aurait pu couronner ces innocents, tués à cause de lui ? » In nativit. Innocent., c. il. Le sermon xii sur le Psaume XC fournit aussi une théorie sur les anges gardiens que nous aurons occasion d’examiner plus loin.

2° Les sermons De sanctis, P. L., t. clxxxui, col. 360-536, sont au nombre de quarante-trois ; ils contiennent l’éloge de plusieurs saints et surtout ils exposent les principaux mystères de la vie de la sainte Vierge. Le sermon sur la Nativité de Marie est intitulé : De a/juxductu. C’est le plus important de ceux que Bernard prononça sur les prérogatives de la mère de Dieu ; toute sa théorie de la médiation de la sainte Vierge y est développée. Dans les panégyriques de saint Victor, de saint Malachie, du bienheureux Humbert, on trouve exposée sa doctrine sur l’intercession des saints. On pourrait rattacher au groupe des panégyriques l’éloge funèbre que Bernard lit de son frère Gérard dans son commentaire du Cantique des Cantiques, Servi., XXVI, /’. /.., t. CLXXXUI, col. 903 sq.

3° Les serinons De diversis, P. L., t. clxxxui, col. 537-71s. généralement beaucoup plus courts que les précédents, sont au nombre de cent vingt-cinq. Mais il faut réduire ce chiffre à cent dix-sept : les sermons VI, VII, xxi sont de Nicolas de Clairvaux ; les sermons viii, xxvin sniii attribués communément à Guerric d’Igny, il se peut cependant qu’ils soient de saint Bernard ; cf. Vacandard, Vie de saint Bernard, l ro édit., t. I, p. 451, note ! t ; les sermons XL et XI I onl une origine douteuse, et le sermon lxviii est un doublet de xxxii.

4° Bernard composa une série de sermons sur le Cantique des Cantiques..Son commentaire s’arrête aux mots In leclulo meo quæsivi, ni, 1. Les vingt-quatre premiers sermons ont été prononcés de l’Avent 1135 à 1138. Après une interruption assez prolongée, il reprit son thème. Le sermon lxxx est de 1113. Les six sermons suivants ont précédé sa mort de peu de temps. Cela forme un total de quatre-vingt-six sermons. P. L., t. clxxxui, col. 785-1193. Gilbert, abbé de Swinshed (ou de Hoilandia), a continué, après Bernard, le commentaire interrompu, sans pouvoir l’achever, P. L., t. clxxxiv, col. 1 1252. Sun XLVIII" et dernier sermon s’arrête au verset : Dilectus meus candidus, , 10. Le commentaire de Bernard est avant tout une œuvre mystique. Ça et là cependant l’auteur développe ses théories dogmatiques. C’est ainsi par exemple que, dans le sermon v, il étudie les différentes sortes d’esprits ; il en distingue quatre : l’esprit divin, l’esprit angélique, l’esprit humain et l’esprit de la bête. Le sermon vin est consacré à l’étude du Saint-Esprit. Dans le sermon xix Bernard traite des anges et de leur hiérarchie. Il examine, sermon XXVII, l’origine de l’âme, et l’on sait que Bérenger (voir Bérenuer Pierre) lui a vivement reproché sa doctrine. Dans le sermon xli est exposée la théorie de la contemplation, que nous étudierons plus loin. Même thème dans le sermon lu. Ayant à expliquer le texte : Capite nobis vulpes parvulas quse demoliuntur vineas, ii, 15, Bernard en prend occasion pour combattre les hérésies manichéennes dont le prévôt de Steinfeld, Evervin, lui avait signalé les ravages à Cologne : c’est le sujet des sermons lxiv-lxvi. En quoi consiste l’unité du Père et du Fils, le sermon lxxi l’explique. Le sermon lxxiv décrit les visites que le Verbe fait à l’âme qui est devenue son épouse. On trouve dans le sermon lxxx une réfutation des théories trinitaires de Gilbert de la Porrée, évêque de Poitiers. Le sermon lxxxiii est un hymne à l’amour divin qui embrase l’âme humaine ; il y aura lieu de revenir sur ce sujet en exposant le mjsticisrne de l’abbé de Clairvaux.

On a pu croire jadis que le fameux manuscrit des Feuillants, maintenant à Paris, Bibliothèque nationale, n. 21768 du fonds français, contenait une édition originale des sermons prononcés en français par saint Bernard pendant le cours de l’année liturgique, d’après la rubrique initiale : « Ci encomencent li sermon saint bei naît k’il feit de l’Avent et des altres lestes parmei l’an. « Il est aujourd’hui démontré que Li sermon saint Bernarl sont une traduction en dialecte lorrain, voire messin, du texte latin que nous possédons. Cl.W. Furster, Li sermon saint Bernart : Atteste franzôsische Vebersetzung der lateinischen Predigten Bernard von Clairvaux, nach der Feuillantines Handschrift in Paris, Erlangen, 1885. Ces sermons sont au nombre de quarante-cinq. M. Fœrster a fait voir, p. x-xi, que la traduction se traîne sur le latin, dont elle ne peut rendre les jeux de mots. A quelle époque furent-ils traduits ? M. Fœrster pense, avec assez de raison, que Li sermon saint Bernart sont compris dans la condamnation portée en 1109, par le pape Innocent III, contre les traductions de la Bible et des Pères, qui lui avaient été signalées par l’évéque de Metz. Ils seraient donc de la fin du xiie siècle.

Les quarante-cinq sermons correspondent à la période de l’année liturgique comprise entre l’Avent et l’Annonciation. En 1889, von Tobler signala l’existence d’un second recueil de sermons français de saint Bernard à la Bibliothèque royale de Berlin, bw romanischen Meerman-H andsclirif tendes sir Thomas Phillipps, n.’20. Ce manuscrit comprend quarante-trois sermons de la seconde période de l’année, de l’Annonciation à l’Assomption. Les trois premiers correspondent aux trois derniers du manuscrit des Feuillants, Il faudrait, si Ion Tobler, en faire remonter la traduction à la fin du xiie siècle ou au commencement du xiii". Tous les sermons se retrouvent dans les éditions latines des œuvres