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BENOIT DE NURSIE


règlements destinés à préciser ou à modifier l’intelligence de la sainte règle, sont devenus un tout ajouté au texte même de la règle, et qui a reçu le nom tantôt de déclarations, lorsque ces additions étaient placées à la suite du chapitre dont elles étaient le complément naturel, tantôt de, constitutions, lorsqu’on les a réunies après le texte entier dans un corps de lois distinct.

Tradition du texte.

L’autographe de saint Benoit,

emporté à Rome après la destruction du Mont-Cassin et rapporté dans ce monastère par l’abbé Pétronax, disparut en 896 dans l’incendie du monastère de Teano, où les moines du Mont-Cassin s’étaient réfugiés à cause de l’incursion des Sarrasins. Mais des manuscrits anciens ont été conservés : celui d’Oxford (VIIe ou VIIIe siècle), celui de Tegernsee, aujourd’hui à la bibliothèque de Munich, cod. lat. 19108 (vme siècle) ; celui de Saint-Emmeran de Ratisbonne, à Munich également, cod. lat., 29169 (vine siècle) ; celui de Saint-Gall, cod. 914 (commencement du ixe siècle) ; et le -texte donné par Hildemardans son commentaire (848), etc. Ces textes présentent des divergences venant d’interpolations postérieures à saint Benoit. Traube, Textgeschichte der Régula S. Benedicti, Munich, 1898 ; Chapman, Le texte de la règle de S. Benoit, dans la Revue bénédictine, 1898, p. 503512. Cf. Revue bénéd., 1902, p. 279-280, 314-317.

Un certain nombre d’éditeurs se sont préoccupés de nous donner soit l’un de ces textes anciens soit une édition critique. On peut signaler les éditions de Beaudouin Moreau, Cologne, 1620 ; de Ferrariis, moine du Mont-Cassin, Naples, 1659 ; de Martène, 1690 ; de dom Vicente, Madrid, 1790 ; de dom Schmidt, Vita et régula S. Benedicti, Ratisbonne, 1880 ; 2e édit., 1893 ; des moines d’Einsiedeln, 1895 ; de Wôlfllin, Benedicti régula monachorum, Leipzig, 1895 ; de Sievers, Die Oxforder Benedictincr-Begel, Tubingue, 1887, reproduisant le cod. 237 de la Bodléienne du xiie au xive siècle, et Regulæ S. Benedicti traditio codicum mss Cassinensiuma prsestantissimo teste usque repetita codice Sangallensi 914, Mont-Cassin, 1900, par dom G. Morin. Une édition critique est préparée par Héribert Plenkers pour le Corpus script, latin, de Vienne.

Traductions.

Il y a eu de nombreuses traductions

de la règle de saint Benoit. Quelques-unes méritent d’être citées : la traduction en vers français par Nichole, publiée d’après un ms. du XIIIe siècle provenant de Jumièges par Tougard, Paris, 1895 ; celle de Guy Jouvenceaux, Paris, 1500, 1501, 1505. Nos dépôts de manuscrits conservent de nombreuses et intéressantes traductions françaises, sur lesquelles il y aurait une utile étude à taire. Une traduction provençale du XIVe siècle a été éditée. Spicilegium cassinense, Mont-Cassin, 1895, t. iv. Une traduction allemande d’après un manuscrit d’Engeiberg du xiiie siècle, publiée par dom Trexler, Einsiedeln, 1884 ; une autre, publiée par les bénédictins de l’abbaye d’Emaùs à Prague, avec la vie de saint Benoit par saint Grégoire le Grand, 1902 ; D r Schrôer, Die Winteney Version der Begida S. Benedicti lateinisch undenglisch, Halle, 1888 ; cf. J. Tachauer, DieLaute und Flexionen der « Winteney-Versionti der Régula S. Benedicti, Wurzbourg, 1900 ; Logeman, The ride of S 1 Benêt, latin and anglo-saxon interlinear version, Londres, 1888. Trois versions en middle-english ont été éditées en 1903, par VEarly english Text sociely, Original séries.

Sur les sources de la règle de saint Benoit on peut consulter dom Schmidt, Ueber die wissenscha/tliche Bidlung des ht. Benedict, dans les Studien de Raigern, t. îx, p. 57-63 ; t. xii, p. 299 ; dom Spreitzenhiifer, Die historischen Voraussetzimgen der Regel des heil. Benedict von Nursia, Vienne, 1895 ; Wôlfllin, Benedict von Nursia und seine Mônchsregel, Munich, 1895.

Commentaires.

La règle de saint Benoît a été

l’objet de très nombreux commentaires. Beaucoup sont imprimés ; d’autres restent manuscrits. Nous ne pou vons citer que les plus importants. Le plus ancien est celui de Hildemar, édité par dom Miltermuller, Ratisbonne, 1880. Au Mont-Cassin, on le revendique pour Paul Diacre, édition du Mont-Cassin, 1880. Ceux de Smaragde, abbé de Saint-Mihiel (ix s siècle), P. L., t. lii, col. 689, de Rupert de Deutz, P. L., t. clxx, col. 447 ; de sainte Hildegarde, P. L., t. clxxxvii ; de Pierre Boyer, évoque d’Orvieto(1316) ; de Bernard du Mont-Cassin († 1282), édité par dom Caplet, Mont-Cassin ; de l’abbé Trithème, Valenciennes, 1608 ; de Torquemada, Cologne, 1575 ; d’Antonio Perez, 2 vol., Barcelone, 1632 ; de Caramuel, Francfort, 1646 ; Lyon, 1665 ; de dom Mège, Paris, 1687 ; de l’abbé de Rancé, Paris, 1689 ; de la mère Angélique Arnauld, Paris, 1736 ; de dom Martène, Paris, 1690 ; de dom Calmet, 2 vol., Paris, 1731, traduit en latin, Linz, 1750, en italien, Arezzo, 1751 ; de dom Brandès, Einsiedeln, 1858 ; de dom Schneider, Ratisbonne, 1879 ; d’un bénédictin de Saint-Maur de Glanfeuil fdom Lhuillier], 2 in-12, Paris, 1901. Voir aussi dom B. Sauter, Colloquien ïiber die heilige Regel, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1901. La règle avec un commentaire latin se trouve P. L., t. lxvi, col. 215-932.

Adaptations et additions.

La règle de saint Benoît

est entrée dans le corps des trois règles suivantes : la règle de saint Donat de Besançon peur les femmes, où l’on trouve fondues en une les règles de saint Benoit, de saint Colomban et de saint Césaire, P. L., t. lxxxvii, col. 267 ; la Régula magistri, qui mêle la règle de saint Benoît à une foule d’usages locaux, vie siècle, P. L., t. lxxxviii, col. 943, et la Régula solilariorum de Grimlaïc, qui est une adaptation de la règle bénédictine à la vie des reclus, P. L., t. cxxix, col. 863.

Elle a reçu au cours des siècles de nombreuses additions. Les documents où elles sont consignées offrent le plus grand intérêt pour l’histoire de la discipline monastique en Occident et de son évolution. Voici quelques-uns des plus importants : la lettre où Théodemar, abbé du Mont-Cassin (778-797), rend compte à Charlemagne des observances de son monastère ; un Ordo conversationis monaslicse, faussement attribué à saint Benoit, P. L., t. lxvi, col. 957 ; les Actes du concile d’Aix-la-Chapelle (817) ; les statuts d’Adhalard pour son monastère de Corbie, édit. Levillain, Paris, 1900 ; les Capitula des moines de Saint-Gall et d’IIirsauge (818) ; la Concordia regularis attribuée à saint Dunstan (Reyner, Apostolalus benedic/inus, Douai, 1626, p. 77 sq.) ; les Consuetudines de Cluny, d’Udalric et de Bernard ; les Consuetudines Farfenses, édit. Albers, Stuttgart, 1901 ; celles de Sahagun, de Fleury ; les principaux monastères eurent ainsi les leurs ; les Statuta de Lanfranc, les Us de Citeaux ; ceux des ordres fondés au moyen âge sous la règle de saint Benoît ; les statuts des chapitres provinciaux, les constitutions et déclarations des congrégations de l’ordre de Saint-Benoit, et celles de plusieurs abbayes particulières.

Dom Calmet donne la bibliographie des auteurs qui ont écrit sur la règle de saint Benoit, dans son Commentaire, 1. 1, p. 7390, 592-597 ; Ziegelbauer, Historia rei litterarix O. S. fi., t. iii, p. 12-91 ; Haften, Disquisitiones monastiese, Anvers, 1644 ; S. Benoit d’Aniane, Concordia regularum, édit. Ménard, Paris, 1638, P. L., t. ciii, et Codex regularum, édit. Holsten, Rome, 1661 ; Brockie, Codex regularum, 6 in-fol., Augsbourg, 1759.

III. Ordre.

I. diffusion de plus en plus étendue de la REGLE. — L’ordre de Saint-Benoit n’a pas existé à l’origine dans le sens que l’on donne habituellement à ce mot. On peut néanmoins comprendre sous cette désignation les monastères qui ont suivi sa règle, bien qu’ils n’aient été liés entre eux par aucune organisation générale. La diffusion de cette règle se fit peu à peu dans toutes les Eglises de l’Occident. Personne ne la seconda plus que saint Grégoire le Grand. Les monastères basilicaux de Rome l’adoptèrent de bonne heure. L’abbé Pétronax la ramena au Mont-Cassin, sous le pape Za-