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BENOIT D’ANIANE — BENOIT BE NURSIE


Vives, t. xii. p. 257-262 ; Von Nicolai, Der h. Benedikt, Grûnder vonvnianeundCornelimùnster, ReformatordesBenedictiner ordens, in-8-, Cologne, 1805-1877 ; Foss, Benedikt von Aniane in-4", Berlin, 1884 ; Seebass, Ueber das Regelbuch Benedikts von Aniane, dans Briegers Zeitschrift fur Etrchengeschichte, 1895, t. x 7, p. 244-260 ; Paulinicr, S. Benoit a" Aniane et la fondation du monastère de ce nom, in-4°, Montpellier, 1871.

J. Besse.

17. BENOÎT DE NURSIE (Saint). - I. Vie. II. Règle. III. Ordre.

I. Vie.

Saint Benoit naquit à Norcia, dans l’Ombrie (480), commença ses études littéraires à Rome, s’enfuit à Enfide pour échapper aux mauvais exemples d’une jeunesse corrompue, s’en alla à Subiaco, où il se retira pour de longues années dans une grotte, après avoir reçu l’habit monastique des mains du moine Romain. A une époque qu’il est impossible de déterminer avec quelque certitude, des disciples vinrent à lui. Ils furent bientôt assez nombreux pour lui permettre de fonder douze monastères de douze moines chacun.

Le désir de se soustraire aux procédés coupables d’un prêtre jaloux le poussa à quitter Subiaco et aller au Mont-Cassin fonder un nouveau monastère (529). Il détruisit en ces lieux les derniers vestiges de l’idolâtrie, convertit les païens qui restaient encore, s’imposa au respect des populations voisines par sa grande charité et l'éclat de ses miracles. Des hommes avec qui il eut des relations, son biographe conserve le souvenir du roi des Goths, Totila, et de saint Germain, évêque de Capoue. Sa sœur, sainte Scholastique, gouvernait au pied du Mont-Cassin à Plumbariola un monastère de femmes. Il mourut le 21 mars 543. Les Lombards détruisirent son monastère en 580. Les moines, qui eurent la vie sauve, s’en allèrent à Rome. Les reliques du saint patriarche et celles de sa sœur furent dérobées au Mont-Cassin et transportées, les premières à Fleury-surLoire, près d’Orléans, les secondes au Mans (633).

Saint Benoit eut pour biographe saint Grégoire le Grand, qui lui consacre le livre II de ses Dialogues. P. L., t. lxvi, col. 120204. Le saint pape raconte de préférence ses miracles et les faveurs extraordinaires dont Dieu le favorisa. C’est accidentellement qu’il fait connaître quelques-uns des traits historiques ayant marqué son existence. Cette vie fut plus tau traduite en grec par le pape saint Zacharie. Ange-Marie Quirini édita ces deux vies : Vitam latino-grxcam S. P. Benedicti, Venise, 1723. CozzaLuzzi en a donné une édition critique annotée, Grotta-Ferrata, 1880. Il y a encore une réédition de la vie de saint Benoit par saint Grégoire dans R. Mittermùller, Vita et régula SS. P. Benedicti, Ratisbonne, 1880. Voir aussi Mège, Vie de saint Benoît, Paris, 1690, P. L., t. lxvi, col. 125-204 ; Cartier, Les Dialogues de saint Grégoire le Grand ; Tornamira, Il palriarcato del P. S. Benedetto, Palerme, 1673 ; MecoUeta, Vida y milagros del glorioso patriarca de los monjes, san Benito, Madrid, 1733 ; De Rivas, Vida de San Benito, Saragosse, 1890 ; Luck, Tlie life and miracles of S. Benedict, Londres, 1880 ; Gasquet, A sketch of the life and mission of S' Benedict, Londres, 1895 ; Potthast, llibtiotheca historica rnedii sévi, Berlin, 1896, t. H, p. 1200-1202 ; lirandès, Leben des lit. Vaters Benedict, Einsiedeln, 1858 ; Griitzmacher, Die Bedeutung Benedicts von Nursia und seiner Hegel, Berlin, 1892 ; Tosti, Dalla vita di S. Benedetto, Mont-Cassin, 1892, trad. franc., Lille, 189y ; Vida y milagros del Smo l 'n <lre San Benito… en laminas gravadas, Rome, 1577 ; Clausse, Origines bénédictines, Subiaco, Mont-Cassin, Mont-Olivel, Paris, 1899 ; Chamard, Les reliques de saint Benoit, Paris, 1882 ; lleurtebize et Tiïger, Sainte Scholastique, patronne du Mans, Solesmes, 1899 ; dum Morin, La translation de S. Benoît et la chronique de Lcno, dans la Revue bénédictine, 1902, p. 337-352.

II. RÈGLE.

Son caraclîrc.

Saint Benoît, usant

du droit de tout fondateur de monastère, donna une règle à ses disciples. Comme les règles pratiquées alors étaient imparfaites et vagues, il la rédigea lui-même. Les traditions monastiques de l’Orient et de l’Occident furent mises à contribution par lui. La règle de saint Baaile, traduite par Rufin, les Institutions de Cassien et la lettre ccxi de saint Augustin sont, avec les divines Écritures, les sources principales auxquelles il a puisé.

Il commença par expérimenter sa règle au milieu de ses disciples avant de lui donner au Mont-Cassin sa rédaction définitive. Cette règle est un résumé très personnel et complet de toute la tradition antérieure. L’auteur se fait remarquer par une discrétion impeccable, un grand sens pratique et un génie organisateur très puissant. Avant lui, le monastère et ses observances avaient quelque chose d’indécis, de flottant. Il leur imprime une forme nette et vraie, répondant aux besoins d’une association religieuse et que les siècles respecteront. Les législateurs de la vie religieuse qui se succéderont lui emprunteront ses traits principaux. Saint Benoit a fait de sa règle un code complet de la vie monastique et de ses obligations. Il organise le monastère, les attributions de l’abbé et la distribution des offices, l’emploi du temps, l’exercice des vertus religieuses et chrétiennes, la liturgie, la répression des fautes, en un mot tout ce qui entre dans la pratique de la vie religieuse. Il expose en même temps une doctrine spirituelle élevée et discrète. Son monastère est 1 école du service divin. Le moine y entre pour la vie entière en contractant l’engagement solennel de sa profession. L’abbé, qui gouverne la communauté, est élu par les religieux ; sa charge est perpétuelle. Il est secondé par des officiers de son choix : le prieur, les doyens, le cellérier, etc. Chacun d’eux préside à un service de la maison, dont il a la responsabilité. Les moines sont toujours ensemble au chœur, au réfectoire, au dortoir, au travail, formant une famille très unie. Leur vie est austère. Ils jeûnent une grande partie de l’année, avec un seul repas. Leur abstinence est perpétuelle. Ils couchent sur une natte. Leur costume se compose d’une tunique, d’une ceinture de cuir, d’une coule, qu’ils remplacent au travail par un scapulaire. Leur pauvreté est absolue. Tantôt étudiant, tantôt travaillant des mains, ils mènent une vie très occupée. Leurs fautes publiques sont punies avec une sévérité miséricordieuse. Le chant des offices leur prend de longues heures. Ils le prolongent surtoul la nuit. Les offices sont distribués dans l’ordre que le bréviaire romain a conservé.

Les moines, formés dans le monastère à la pratique de toutes les vertus religieuses, étaient capables de servir Dieu à l’intérieur du cloître et au dehors. L'Église et la société ont trouvé parmi eux des hommes qui ont su dépenser pour le bien commun une activité, une intelligence et un savoir-taire remarquables. L’histoire est pleine du récit de leurs actions utiles. L’autorité de l’abbé, éclairée par les circonstances et par les aptitudes personnelles de ses sujets, a toujours su leur ménager dans les cadres de l’organisation cénobitique ou à côté le moyen de les produire.

Il y a dans la règle de saint Benoît deux éléments, très mêlés l’un à l’autre : le premier se compose de tout un ensemble de principes sur la vie religieuse, la constitution du monastère et son fonctionnement ; ils forment la doctrine de saint Benoit et ils sont de tous les temps. Le second se compose de règlements précis, qui subissent forcément l’inlluence variable des individus et des milieux ; ils sont de leur nature caduques et condamnés à une évolution, qui finira seulement avec la vie monastique elle-même. Cette évolution a laissé des traces dans une foule de documents, où se trouve consigné l'état de la discipline des monastères et des congrégations. Nous en donnerons une liste plus loin. Mais elle n’a jamais infligé la moindre modification au texte même de la règle.

Saint Benoît se propose uniquement d’organiser le monastère isolé. Il ne prévoit pas ces fédérations de monastères, venues après lui et qui ont reçu les noms d’ordres et de congrégations. Cette union a nécessité une législation nouvelle, qui s’est formée peu à peu sous les yeux et le contrôle du saint-siège. Ces lois, qui ont présidé à l’organisation des monastères entre eux, et les