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BENOIT XII — BENOIT XIII


si peu qu’on puisse rebaptiser un chrétien, qu’ils font précisément un grief à leurs accusateurs d’avoir agi de la sorte en Arménie à l'égard de gens qui avaient reçu le baptême suivant l’usage du pays. Dans l’administration de ce sacrement, ils se servent de l’eau comme matière, et comme forme de ces paroles : Talis venicns a catechumeno ad baptismum, baptizetur in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancli. Les explications données à l’occasion de ces articles contiennent d’utiles renseignements sur la façon dont les Arméniens conféraient le baptême, la continuation et l’eucharistie. L’usage qu’ils avaient de donner toujours en même temps ces trois sacrements fait comprendre, sans la justifier, l’accusation portée contre eux d’ignorer la confirmation ou de ne reconnaître comme ministres du baptême que les évêques et les prêtres. Cf. Galano, op. cit., t. ii, p. 491 sq. ; L. Petit, loc. cit., col. 1955.

10. Pénitence, a. 40, 51, 82, 84, col. 488, 494, 519, 521. — Les prêtres ont vraiment le pouvoir de remettre les péchés. Si, avant l’union avec Rome, on se servait en Arménie de cette formule : Deus dimittat peccata tua, ou de cette autre : Ego dimitto tibi peccata tua in terra, et Deus dimittat tibi in cœlo, les confesseurs n’en avaient pas moins l’intention d’absoudre le pénitent. Tous les péchés sont rémissibles, et sans une confession spécifique nul pécheur ne doit se présenter à la sainte table. Personne n’ignore en Arménie que les évêques ont un pouvoir plus grand que les prêtres, mais ce n’est pas l’usage de restreindre la juridiction au for sacramentel. Cf. Galano, op. cit., t. ii, p. 604 sq. ; L. Petit, loc. cit., col. 1956 sq.

11. Eucharistie, a. 66, 67, col. 506 sq. — « Tous les Arméniens croient et affirment que le pain et le vin sont véritablement changés au corps et au sang de Jésus-Christ par les paroles du Sauveur qui se trouvent au canon de la messe, alors que le prêtre tenant en sa main le pain dit à haute voix : Accipite et bibile ex eo omnes : Hic est sanguis novi testamenti, etc. Il est vrai que dans le missel de saint Athanase dont nous nous servons, comme dans celui de saint Jean Chrysostome, on dit encore après les paroles du Christ : eliam faciens panein hune pretiosum corpus Christi tui, et vinum hoc pretiosum sanguinem Christi tui… ; mais nous ne croyons pas, comme on le dit, que la consécration ait lieu à ce moment, elle est déjà faite. » La transsubstantiation est ensuite énergiquement affirmée, et appuyée sur le canon de la messe arménienne. Cf. Galano, op. cit., t. il, p. 538 sq. ; L. Petit, loc. cit., col. 1956.

12. Ordre, a. 92-94, col. 525 sq. — Les trois ordinations arméniennes équivalent aux sept du rite latin ; car le degré d’acolyte comprend aussi ceux de portier et de lecteur, et le sous-diacre est en même temps exorciste. Avant le sous-diaconat, les clercs peuvent se marier ; ils ne le peuvent plus ensuite. Les prêtres n’ont pas le pouvoir d’ordonner les diacres. En ce qui concerne les élections ecclésiastiques, les Pères du concile de Sis rappellent les circonstances difficiles où se trouve l’Arménie, surtout la Grande-Arménie ; mais ils affirment que la confirmation, donnée au catholicos d’Ariane et à l’archevêque d’Agthamar par l’empereur païen des Tartares, ne concerne que leur autorité temporel^.

13. Mariage, a. 19, col. 466. — Les Arméniens tiennent le mariage pour un état saint ; ils ne déclarent les rapports conjugaux coupables que dans les cas où ils n’ont pas de motif légitime. Si Adam n’avait pas péché, les hommes se seraient multipliés comme maintenant, mais sans la concupiscence, sine vitio. Les évêques reconnaissent que les autres accusations relatives au mariage touchent, en général, des abus véritables, mais traités comme tels, au moins dans la Petite-Arménie. Cf. Galano, op. cit., t. ii, p. 709 sq. ; L. Petit, loc. cit., col. 1958.

14. Eschatologie, a. 7, 8, 17, col. 453 sq., 460, 462 sq. — L'Église arménienne ne fait pas siennes toutes ces. fausses opinions ou imaginations sur la prédication du Christ aux damnés, la destruction de l’enfer proprement dit, le séjour des âmes sur la terre ou dans les airs, la résurrection des corps sans différence sexuelle. JésusChrist n’a détruit que les limbes des anciens Pères. Les âmes pécheresses descendent en enfer ; les âmes justes vont toutes à la vie éternelle, comme il est dit souvent dans la liturgie. Ce n’est pas seulement la clarté de Dieu, mais son essence que les âmes voient au ciel. En ce qui concerne le purgatoire, il faut distinguer entre le motet la chose ; le mot lui-même est d’usage récent parmi les Arméniens, mais la doctrine est ancienne ; les prières de la liturgie en font foi. Cf. Galano, op. cit., t. ii, p. 39 sq. ; Nève, op. cit., p. 212 sq., 247 ; L. Petit, loc. cit., col. 1952 sq.

15. Fêtes, pratiques et observances religieuses. —Les Arméniens unis ont réformé les usages qui déplaisaient à Rome ; d’autres, qui subsistent encore, ont été mal compris ou dénaturés par les dénonciateurs. A l’article 74, qui signalait l’absence de crucifix et d’images saintes dans la Grande-Arménie, cette réponse est donnée, col. 513 : Le fait, en ce qu’il a d’esact, s’explique par la crainte des Sarrasins qui tiennent cette contrée sous leur domination et montrent un véritable acharnement contre les saintes images et leurs possesseurs. La réponse se termine par un symbole, que les Pères du concile de Sis donnent pour l’expression de la vraie foi qu’ils ont reçue de la sainte Église, catholique et apostolique, par l’entremise de saint Grégoire l’Illuminateur. Le Filioque y est inséré.

Quand les actes du concile de Sis parvinrent à la cour d’Avignon, le pape Benoit XII était mort. Clément VI, son successeur, accueillit avec bienveillance les ambassadeurs arméniens ; il écrivit une lettre de félicitation à leurs évêques et au patriarche qu’il désigne sous le nom de Consolator. Pour affermir et perfectionner les résultats obtenus, il nomma deux légats qui devaient se rendre en Arménie et, plus tard, posa diverses questions au catholicos et aux évêques pour faire disparaître d’autres erreurs ou faire préciser les points particulièrement importants. Raynaldi, an. 1316, n. 68 sq. ; an. 1351, n. 2-17, t. vi, p. 423, 527 sq.

Outre les documents et les ouvrages déjà cités, voir : Le Quien, Oriens christianus, in-iol., Paris, 1740, t. i, col. 1363 sq., 1407 ; J. de Serpos, Compendio storico di Memorie cronologiche concernenti la religione et la morale délia nazione armena, in-8", Venise, 1786, t. ii, p. 466 sq. ; Rohrbacher, Histoire universelle de l'Église catholique, 2e édit., Paris, 1851, t. XX, p. 258 sq., traduction de divers passages du mémoire arménien ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1911, t. vi, g 707, résumé (parfois inexact) des principaux articles du Libellus et des réponses correspondantes ; A. Balgy, Historia doctrinal catholiae inter Armenos unionisque eorum cum Ecclesia romana in concilio Florentino, in-8° Vienne, 1878, p. 79 sq. Voir aussi, sous le rapport dogmatico-polémique, Richard d’Armagh (Armacanus), Summa in questionibus Armenorum, ouvrage en dix-neuf livres composé sous le pontificat de Clément VI, in-4°, Paris, 1511 ; Gui de Perpignan (Guido Carmelita), Summa de hxresibus et eorum confutationibus, in-fol., Paris 1528, p. 30 sq.

X. Le Bachelet.

13. BENOIT XIII, pape d’Avignon. Voir PIERRE DE Luna.

14. BENOIT XIII, pape, successeur d’Innocent XIII, élu le 29 mai 1724, mort le 21 février 1730.

Pierre-François, des ducs Orsini-Gravina, naquit à Gravina le 2 lévrier 1649, entra contre la volonté de ses parents dans l’ordre des frères prêcheurs le 12 août 1667, au couvent de Saint-Dominique de Castella à Venise et fit profession à Rome au couvent de Sainte-Sabine, le 13 lévrier 1668. Après avoir fait de brillantes études, il fut nommé professeur de philosophie à Brescia et il