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BÉNÉDICTION — BÉNÉDICTION NUPTIALE


long de discuter ici, ne nous a pas paru être clairement et solidement démontrée.

Indépendamment des grâces spirituelles et temporelles obtenues à l’occasion des bénédictions ecclésiastiques en raison de l’impétration de l'Église, d’autres faveurs peuvent être accordées aux fidèles en raison de leurs dispositions personnelles dans la réception de ces bénédictions ou dans l’usage qu’ils t’ont des objets bénits. Elles le sont ex devotione utentium, comme dit Bellarmin, De cultu sanctorum, 1. III, c. vii, dans Con-Irovers. , Lyon, 1590, t. I, col. 1649, ou ex opère operantium, selon l’expression d’autres théologiens. La réception des bénédictions ecclésiastiques et l’emploi des objets bénits peuvent faire naître chez les pieux fidèles des sentiments de religion et de piété, qui mériteront les faveurs divines. Mais ces grâces actuelles ne seraient pas accordées aux chrétiens qui, par superstition, se serviraient des objets bénits dans le dessein de se procurer des avantages spirituels ou temporels, contraires aux effets que l'Église veut faire obtenir par le moyen de ces objets. L'Église entend favoriser par ses bénédictions la véritable piété, et non de vaines superstitions.

J. Gretser, De benedictionibus libri duo, quibus tertius de maledictionibus adjunctus, Ingolstadt, 1615 ; ou dans Opéra omnia, Ratisbonne, 1734-1741, t. V ; Quarti, De procession ibus ecclesiasticis et de litaniis sanctorum, ac de benedictionibus deque rébus benedictione sacratis, tractatus duo, Venise, 1727 ; F. Probst, Kirchliche Benedictionen und ihre Verwaltung, Tubingue, 1857 ; Id., Sacramente und Sacramentalien in den drei ersten christlichen Jahrhunderten, Tubingue, 1872, p. 62-96 ; J. B. Pighi, Liturgia sacramentalium ex prsescripto ritualis romani servanda, Vérone, 1891 ; F. Schmid, Die Sacramentalien der katholischen Kirche in ihrer Eigenart, Brixen, 1896 ; G. Arendt, De sacramentalibus disquisitio scholastico-dogmatica, 2e édit., Rome, 1900. La plupart des traités des sacrements en général s’occupent des sacramentaux. Voir en particulier P. Schanz, Die Lehre von den heiligen Sacramenten der katholischen Kirche, Fribourg-en-Brisgau, 1893, p. 7689 ; P. Hilaire de Sexten, Tractatus pastoralis de sacramentis, Mayence, 1895, p. 68-70. — Les liturgistes traitent aussi des bénédictions en général, mais surtout des bénédictions en particulier. Voir Catalani, Pontificale romanum, Paris, 1857, t. il ; Ici. Cxremoniale episcoporum, 2 in-4°, Paris, 1860 ; G. Kozma de Papi, Liturgia sacra catholica, 2e édit., Ratisbonne, 1873, p. 410-451 ; J.-B. de Herdt, Sacr.r. liturgix praxis, 6e édit., Louvain, 1877, t. iii, p. 375-404 ; Lerosey, Explication des rubriques, Paris, 1889, p. 433-450 ; Ferraris, Prompta bibliotheca, édit. Migne, Paris, 1863, t. I, col. 1033-1062 ; Barbier de Montault, Œuvres complètes, Paris, 1892, t. v, p. 10-59 ; Many, Prxlectiones de missa, Paris, 1903 ; Id., De locis sacris, etc., Paris, 1903, passim. Beaucoup de décisions canoniepæs sur un certain nombre de bénédictions sont rapportées par S. Pallottini, Collectio omnium conclusion uni et resolutionum qux in causis propositis apud S. C. cardinalium S. Concilii tridentini interpretum prodierunt, Rome, 1869, t. III, p. 4-50. Consulter aussi les Décréta authentica Cong. sac. Rituum, 4 in-4° Rome, 1898-1900, à l’aide de V Index generalis, Rome, 1901, aux mots : Benedicere, Benedictiones, etc., p. 30-46.

E. Mangenot.

    1. BÉNÉDICTION DES ABBÉS ET ABBESSES##


2. BÉNÉDICTION DES ABBÉS ET ABBESSES. "Voir Abbés et Abbesses, t. i, col. 12-13, 18.

    1. BÉNÉDICTION NUPTIALE##


3. BÉNÉDICTION NUPTIALE. - I. Historique. II. Bénédiction simple. III. Bénédiction solennelle.

I. Historique.

La bénédiction du mariage des chrétiens n’est pas partie essentielle du sacrement. Ce point est aujourd’hui hors de discussion. Mais on ne peut nier d’autre part la très haute antiquité de cette bénédiction.

Voici d’abord des témoignages patristiques. Saint Ignace martyr († 107) écrit à saint Polycarpe : « Il convient aux hommes et aux femmes qui se marient de faire cette alliance suivant le jugement de l'évêque, afin que le mariage soit selon le Seigneur. » Ad Polyc, c. v, P. G., t. v, col. 723. Tertullien (n Ie siècle) est plus précis : « Comment pourrions-nous décrire la félicité de ce mariage que l'Église concilie, que l’oblation confirme, que

scelle la bénédiction, obsignat benedictio, que les anges proclament, que le Père céleste ratifie ? » Ad uxorem, 1. II, c. IX, P. L., t. I, col. 1415. Le même écrivain blâme les mariages qui ne sont pas célébrés en présence de l'Église, non prius apud Ecclesiam professée, en observant que de telles unions courent risque de passer pour débauche. De pudieïtia, c. iv, P. L., t. il, col. 1038. Saint Ambroise (ive siècle), voulant détourner les chrétiens d'épouser des infidèles, fait appel au caractère de sainteté du mariage que manifeste aux yeux de tous la bénédiction du prêtre : Cum ipsum conjugium velamine sacerdutali et benedictione sanctificari oporteat, cjiiomodo potest conjugium dici ubi non est fidei concordia. Epist., xix, ad Vigilium, P. L., t. xvi, col. 984. Saint Cyrille d’Alexandrie (ve siècle) recherche la raison fondamentale de la bénédiction des époux : « Il convenait, écrit-il, que le rénovateur de la nature humaine donnât sa bénédiction non seulement à ceux qui avaient déjà la vie, mais aussi à ceux qui devaient naître, en sanctiliant par sa grâce la source même de la vie. » In Joa., 1. II, c. il, P. G., t. lxxiii, col. 223.

L’ancienne discipline canonique n’est pas moins concluante. On trouvera plusieurs décrets qui commandent la bénédiction des époux, ou du moins la supposent dans le décret de Gratien, part. II, causa XXX q. v. Qu’il nous suffise de citer les suivants : Can. 1, Aliter, faussement attribué au pape saint Évariste(ii 1 e siècle) : Aliter legitimum non sit conjugium nisi… uxor pelalur… et suo tempore sacerdotaliter, ut mosest, cum precibus et oblationibus a sacerdote benedicatur. — Can. 2, Nullus, du pape Hormisdas (VIe siècle) : Nullus fidelis cujuscumque conditionis sit, occulte nuptias facial, sed benedictione accepta a sacerdote, publiée nubat in Domino. — Can. 5, Sponsus, du IVe concile de Carthage (390) : Sponsus et sponsa cum benedicendi sunt a sacerdote, aparentibus suis vel paranymphis ofjerantur.Qui cum benedictionem acceperint, eadem nocte pro reverentia ipsius benedictionis in virginitate permaneant. Hardouin, Acta conciliorum, Paris, 1714, t. i, col. 980.

Les anciens livres liturgiques, depuis le sacramentaire dit de saint Gélase, qui remonte au plus au VIIe siècle, renferment les cérémonies de la bénédiction nuptiale, sous des titres qui varient : actio nuptialis, de benedictione nubenlium, ordo ad sponsam benedicendam, ordo celebrandi malrimonium, dans les missels, rituels et livres pontificaux des Latins ; officium coronationis nuptiarum, dans les euchologes des Grecs. Voir Martène, De antiquis Ecclesiæ ritibus, 1. 1, part. II, c. IX, a. 5, Houen, 1700, t. ii, p. 614-664. Résumant toute cette tradition, le concile de Trente a pu dire, en parlant des mariages célébrés sans bénédiction, sess. XXIV, c. i, De réf. matrimonii : « La sainte Église de Dieu, pour de très justes causes, les a de tout temps détestés et prohibés. »

Les formules de bénédiction varièrent selon les époques et les diocèses. Il est facile de s’en rendre compte, en parcourant les textes que publie Martène, loc. cit. Dans la liturgie romaine actuelle, la bénédiction intégrale des époux comprend deux parties. La première est au rituel, sous le titre : Ritus celebrandi matrimonii sacramentum : nous pouvons l’appeler bénédiction simple. La seconde est au missel, dans la messe pro sponso et sponsa : c’est la bénédiction dite solennelle.

IL Bénédiction simple. — I. forme. — Conc. de Trente, sess. XXIV, c. i, De réf. matrimonii : « Après que le curé aura interrogé l’homme et la femme et compris l'échange mutuel de leur consentement, qu’il dise : Ego vos in matrimonium conjungo, in nomine Palris et Filii et Spiritus Sancti ; ou bien qu’il se serve d’autres paroles selon l’usage reyu de chaque province. » Rituel romain : « Après avoir compris le consentement mutuel des contractants, le prêtre leur commande de joindre l’un et l’autre la main droite et dit : Ego vos in