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BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES)

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préceptes de la règle bénédictine il ne cessa d’étudier les saintes Ecritures. Plusieurs commentaires nous sont demeurés de ce saint docteur et son Expositio in librum Job sive Moralium libri XXV, est comme un vaste répertoire des connaissances théologiques de son époque. Un grand nombre de lettres de ce pape sont parvenues jusqu’à nous et elles sont d’une grande utilité pour la connaissance de la discipline ecclésiastique dans les divers pays de la chrétienté. Dans un livre écrit vers 591 et dédié à Jean, archevêque de Ravenne, le Pastoral, Liber requise, pastoralis, il expose les devoirs du ministère sacré et dans les Dialogues il raconte la vie et les miracles de saints personnages du VIe siècle. Si on ne peut entièrement attribuer à saint Grégoire le Grand le Sacramentaire qui porte son nom, il n’en reste pas moins hors de doute que la liturgie de l’Eglise doit beaucoup aux travaux de ce grand pape. Il envoya le moine Augustin (-J- 604) porter la lumière de l’Évangile aux infidèles de la Grande-Bretagne. Celui-ci devint le premier évêque de Cantorbéry. Plusieurs monastères bénédictins ne tardèrent pas à s’élever dans ce pays et à y devenir, au témoignage du Vénérable Bède, des foyers de science et de doctrine. Parmi les religieux qui amenèrent ce résultat il nous faut mentionner saint Benoît Biscop († 690), le fondateur de Wearmouth et de Jarrow, qui établit dans ces monastères de riches bibliothèques, Théodore, archevêque de Cantorbéry († 690), et Adrien, abbé du monastère de Saint-Pierre en la même ville.

2° L’ordre de Saint-Benoit se répand dans les divers pays : peu à peu la règle du patriarche des moines d’Occident supplantera les autres règles et ses disciples travaillent à déraciner les derniers restes du paganisme. Établissant leurs monastères au milieu de populations encore infidèles, ils en font des foyers d’où la lumière se répand au loin et autour desquels les nouveaux convertis viennent se fixer. A la fin du siècle inauguré par saint Grégoire le Grand, un autre bénédictin occupe le siège de saint Pierre, saint Agathon († 681). D’accord avec l’empereur Constantin Pogonat, il réunit à Constantinople le VIe concile œcuménique qu’il fait présider par ses légats et lui adressa deux lettres dogmatiques demeurées célèbres et qui portèrent le coup de mort au monothélisme.

Dans la Grande-Bretagne, saint Adelme, abbé de Malmesbury, puis évêque de Sherborne († 709), s’efforça de ramener les Bretons aux coutumes de l’Église romaine. Il composa en vers et en prose divers traités parmi lesquels un ouvrage De laudibus virginitatis sive de virginilate sanetorum, un livre De septimano, un poème De laudibus virginum. Par sa science et sa sainteté, il acquit une grande réputation et de nombreux disciples vinrent se grouper autour de lui. A la même époque se firent remarquer Otsfer († 692), évêque de Rochester, deux abbés de Jarrow, Céolfrid et Hucbert, et saint Jean de Beverley (-f 721), évêque d’IIagulstad, puis archevêque d’York. Parmi les disciples de ce dernier, on place souvent saint Bède, plus connu sous le nom de Vénérable Bède, et que Léon XIII a mis au nombre des docteurs de l’Église universelle. Moine du monastère de Jarrow, il n’avait rien de plus à cœur, nous dit-il lui-même, que de méditer les saintes Écritures et d’enseigner aux autres la doctrine qui y est renfermée. Il en commenta presque tous les livres et résume fidèlement l’enseignement de ceux qui l’ont précédé. Voir col. 52.’i-527. Il est à noter que son traité sur le prophète Habacuc fut écrit à la demande d’une de ses sœurs religieuse. Les moniales alors, en effet, faisaient, selon les prescriptions de la règle, de la méditation et de l’étude de la Bible une de leurs principales occupations, s’efi’orçant d’y trouver l’aliment de leur piété. Il nous faut nommer encore à cette époque Tobie († 727), évêque de Rochester, elBritwald (-J- 731), archevêque de Cantorbéry.

III. Au viiie siècle. — 1° Abandonnant son nom de Winfrid pour celui de Bonilace, un moine de la Grande-Bretagne va prêcher la foi en Germanie. Son premier soin est d’établir en ce pays des monastères pour lesquels il réclame de la charité des amis qu’il a laissés en Angleterre des copies des Livres saints et les écrits du Vénérable Bède. S’étant rendu à Rome, il y reçut la consécration épiscopale et, en 738, Grégoire III le créa son légat dans la Germanie. En cette qualité il réunit de nombreux conciles parmi lesquels en 742 le premier de Germanie et l’année suivante celui de Liptine. Les canons qui y furent portés règlent la discipline ecclésiastique dans ces pays nouvellement évangélisés. En 744, saint Boniface réunit le concile de Soissons qui rétablit l’autorité des métropolitains et s’efforça de porter remède aux maux communs de la Gaule et de la Germanie. Les lettres et les quelques écrits qui nous ont été conservés de cet apôtre sont une des sources les plus importantes pour l’étude de la discipline ecclésiastique du viiie siècle. Vers 747, il établit son siège métropolitain dans la ville de Mayence près de laquelle il avait fondé l’abbaye de Fulde dont son disciple saint Sturme fut le premier abbé. Saint Boniface fut mis à mort en 755 par les Frisons auxquels il prêchait l’Évangile.

2 Û A Egbert, archevêque d’York, qui mourut en 766, nous devons un Pénitentiel et divers écrits parmi lesquels : Excerptionese dictis et canonibus sanetorum ; Canones de remediis peccatorum, et un dialogue De institutione catliolica.

3° En Italie, le B. Ambroise Autpert († 778), abbé de Saint-Vincent du Vulturne, commente plusieurs livres de la sainte Écriture, parmi lesquels l’Apocalypse, en se servant surtout des œuvres de saint Augustin et de saint Grégoire, et le livre De conflictu vitiorum et rirtutum, placé ordinairement parmi les Spuria de ces deux docteurs, peut lui être justement attribué. De Paul Warnefrid, plus connu sous le nom de Paul Diacre, moine du Mont-Cassin, mort à la fin du viiie siècle, il nous reste un recueil, Honiiliarium pro totius anni circulo ecclesiasticum ex sanctis et anliquis Patribus.

4° Les diverses erreurs qui s’étaient glissées dans l’Église trouvèrent au cours du viiie siècle des adversaires redoutables dans l’ordre de Saint-Benoit. Le Vénérable Bède en divers endroits de ses écrits combat les erreursde Pelage et saint Boniface démasque les doctrines erronées de quelques faux prêtres ou évêques. L’hérésie de l’adoptianisme répandue par Élipand, archevêque de Tolède, et Félix d’Urgel, est dénoncée par Béatus de Liebana, abbé de Valgabado, Ethérius, son disciple, qui devint évêque d’Osma, et Félix, abbé d’Obona. Voir col. 517. Mais son principal adversaire fut alors le célèbre Alcuin, qui la combattit par ses lettres et par divers traités : Libellus adversus liseresim Felicis ; Advesus Felicem libri Vil ; Adrersus Elipandum libri 1 V ; et au concile d’Aix-la-Chapelle (799) il parvint à triompher de l’opiniâtreté de Félix d’Urgel. Originaire de la Grande-Bretagne, Alcuin avait dirigé à York l’école épiscopale. Sur l’invitation de Charlemagne, il vint dans les Gaules et fut mis à la tête de l’école palatine. Le puissant empereur lui donna le gouvernement de plusieurs abbayes, de Ferrières, de Saint-Loup de Troyes, de Saint-Martin de Tours. Fit-il profession sous la règle de saint Benoit ? on ne saurait l’affirmer avec certitude ; mais ce qui est hors de doute, c’est son influence sur l’enseignement dans les monastères dont les écoles prirent un grand développement dans les divers pays du monde chrétien. Voir t. i, col. 687-692.

Un bon nombre des religieux que nous aurons à mentionner dans le cours du IXe siècle remplirent les Jonctions d’écolàtre. Leur principal enseignement était l’interprétation des Livres saints commentés à l’aide des docteurs précédents. Parmi les conseillers de Charle-