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BAILLET — BAIUS


ou permis dans l’Église catholique ; Topographie des saints où l’on rapporte les lieux devenus célèbres par la naissance, la demeure, la mort, la sépulture et le culte des saints ; Chronologie des saints où les points principaux de la vie et de la mort de ceux que l’Église honore d’un culte public se trouvent rangés selon l’ordre des temps. Baillet a encore écrit, avec la même intempérance de critique, un in-12 sur La dévotion à la Vierge et le culte qui lui est dû, avec l’avis salutaire de la Bienheureuse Vierge Marie à ses dévots indiscrets et une lettre pastorale de M. de Choiseul, evêque deTournay, sur ces avis, Paris, 1691 ; Tournai, 1712. Dés son apparition, ce livre provoqua de vives réclamations. La Sorbonne, loin de le condamner, censura le livre de Marie d’Agréda et les pratiques qui y sont contenues. En revanche, la S. C. du Saint-Ofiice, par décrets du 4 août 1694 et du 6 juillet 1701, a frappé le second ouvrage de Baillet, donec corrigatur. En s’attaquant aux lausses dévotions et aux abus superstitieux, l’érudit avait maladroitement étendu ses reproches à des usages autorisés ou tout au moins tolérés par l’Église. Il niait aussi très catégoriquement l’immaculée conception et l’assomption glorieuse de la sainte Vierge. En dehors de la longue série d’écrits polémiques, historiques et bibliographiques qui ont paru sous son nom ou sous des pseudonymes, Baillet a enfin composé un traité des devoirs d’un directeur et de la soumission qui lui est due : De la conduite des âmes, in-12, Paris, 1695.

Abrégé de la vie de M. Baillet, dans Jugemens des savants sur les principaux ouvrages des auteurs, 2’édit., Amsterdam, 1725, t. I, p. xxiii-xliii ; Dupin, Bibliotlièque des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1698, t.xviii, p. 284-296 ; Journal des savants, t. xxix, p. 579-595, 627 ; t. xxxv, p. 208-216 ; Michaud, Bibliographie universelle, Paris, 1811, t. iii, p. 226 ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1893, t. ii, col. 887-891.

C. Toussaint.

    1. BAILLY Louis##


BAILLY Louis, né en 1730 près de Beaune, devint chanoine de Dijon où il enseigna la théologie dogmatique, depuis la suppression de la Compagnie de Jésus en 1763, jusqu’à la Bévolution, pendant laquelle il se réfugia en Suisse. Rentré en France après la tourmente révolutionnaire, il retusa la dignité de vicaire général et se consacra au modeste service de l’hospice de Beaune. Il mourut en 1808. On a de lui : 1° Theologia dogntatica et moralis, 8 in-8°, 1789 ; 8 in-12, Lyon, 1804 ; ouvrage souvent réédité, auquel on a habituellement joint un 9e volume contenant des appendices sur les notes de l’Église et sur les lois civiles. D’une morale très rigide, malgré les retouches postérieures, faites dans l’édition Beceveur, cet ouvrage, qui était depuis près d’un demi-siècle le manuel de la plupart des séminaires de France, fut condamné par l’Index le 7 décembre 1852, donec corrigatur. — 2° Tractatus de vera religione, G" édit., 2 in-12, Dijon, 1758. — 3° Tractatus de Ecclesia, 21n-8°, Dijon, 1771, 1776, 1780, dans lequel sont soutenus les principes de la déclaration gallicane de 1682. — 4° Principes de la foi catholique, que Bailly composa pendant son exil en Suisse à l’époque de la Bévolution.

Hurter, Nomenclator literarius, 2’édit., 1895, t. iii, col. 507 sq. ; Rohrbacher, Histoire universelle de l’Église catholique, Paris, 1848, t. xxvii, p. 375 sq.

E. DUBLANCHY.

    1. BAIUS Jacques##


1. BAIUS Jacques, théologien belge catholique, neveu du célèbre Michel Baius, naquit à Melin en Hainaut et mourut doyen de la collégiale de Saint-Pierre de Louvain le 9 octobre 1614. Il avait étudié à l’université de cette ville et s’y était fait recevoir docteur en 1586. Il a laissé divers ouvrages : De eucharislise sacramento et de sacrificio niissse libri 111, in-8°, Louvain, 1605 ; Institutionum christianæ rcligiortis libri IV, in-fol., Cologne, 1620. Voir col. 56 et 57.

Valére André, Bibliotheca belgica, in-8° Louvain, 1643, p. 401 ; Hurter, Nomenclator literarius, t. i, col. 66.

B. HEURTEI3IZE.

    1. BAIUS Michel##


2. BAIUS Michel. La biographie de ce célèbre théologien précédera le commentaire de ses propositions condamnées par saint Pie V.

I. BAIUS. Biographie. — Michel Baius ou de Bay, théologien de l’université de Louvain, que ses erreurs sur la grâce et le libre arbitre ont fait appeler le précurseur de Jansénius. — I. Commencements. II. Doctrine. III. Première condamnation en 1567. IV. Apologies. V. Deuxième condamnation de Baius en 1579. VI. Le baianisme après Baius.

I. Commencements.

Né en 1513, à Melin, petite localité des environs d’Ath en Hainaut, Michel de Bay fit ses études à l’université de Louvain, très célèbre à cette époque par le renom de ses docteurs et leurs luttes contre le protestantisme. Admis en 1533 dans le collège de Standonk ou Maison des pauvres, il suivit les cours de philosophie pendant trois ans au collège du Porc ; sorti troisième, avec le titre de maître es arts, il obtint une bourse dans le collège du pape Adrien VI et y resta cinq ans en théologie. Ses talents et la dignité de sa vie lui méritèrent d’être nommé, en 1541, principal du collège de Standonk. Trois ans après, il fut admis, en qualité de membre de la faculté des arls, au conseil de l’université ; en même temps on lui confia une régence de philosophie au collège du Porc. Il remplit cette charge avec beaucoup de succès jusqu’en 1550. Dès cette époque il nous apparaît uni par une étroite amitié et par une conformité générale de sentiments avec l’un de ses condisciples, Jean Hessels, né à Louvain en 1522, et devenu licencié en 1541. Une lettre écrite plus tard par le cardinal Commendon nous fait connaître le jugement que portail sur les deux amis leur professeur de théologie, Buard Tapper, alors chancelier de l’université ; tout en les reconnaissant du reste bons et modestes, il les trouvait trop attachés à leur sens et redoutait l’union du talent et de l’audace qu’il voyait en eux ; aussi retarda-t-il leur admission au doctorat. Pallavicini, Histoire du concile de Trente, 1. XV, c. vii, n. 9. Jean de Louvain ne parvint à cette dignité qu’en 1556 ; Baius l’obtint le 15 juillet 1550. Il fut alors nommé à la présidence du collège Adrien, charge qu’il conserva toute sa vie ; puis, comme Jean Léonard van der Eycken, dit Hasselius du nom de Hasselt, sa ville natale, avait été député au concile de Trente avec Buard Tapper et Josse de Bavestein, Baius fut choisi pour le remplacer. Hasselius étant mort à Trente, le 5 janvier 1552, le suppléant devint titulaire de la chaire royale d’Écriture sainte.

C’est alors que le nouveau professeur et son ami Hessels sortirent nettement des sentiers battus et commencèrent à créer dans l’université un sérieux mouvement d’opinion. Deux choses sont à distinguer dans la controverse qu’ils provoquèrent : la méthode et la doctrine. Dans sa lettre au cardinal Simonetta, écrite en 1569, Baius s’explique ainsi sur le genre d’enseignement qu’il avait adopté : « Quand, il y a plus de dix-huit ans déjà, je commençai à enseigner publiquement la théologie dans nos écoles, la considération des hérétiques qui rejettent toute autorité, sauf la sainte Écriture et les écrits des anciens Pères, l’exemple aussi de mon collègue Jean Hessels, homme de bien et de grand savoir, m’engagèrent à prendre une méthode d’enseignement dont je ne me suis pas départi ; après lecture de Pierre Lombard et tle quelque docteur scolastique, je me suis efforcé de ramener aussitôt l’étude de la théologie à l’Écriture sainte et aux écrits des anciens Pères, ceux du moins qui jouissent encore de quelque crédit auprès des hérétiques, comme Cyprien, Ambroise, Jérôme, Augustin, Léon, Prosper, Grégoire et pareils. » Mais pour les deux amis, le maître par excellence fut l’évêque d’Hippone, dont Baius lut, dit-on, tous les écrits neuf fois, et soixante-dix lois ceux qui concernent la grâce. L’intention était bonne. Dans leurs discussions avec