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BASILE D’ACHRIDA — BASILE D’ANCYRE


du moine Nicétas do Thessaloniquo, dans les codices 28, 66 et 256 de Munich. Beaucoup de critiques avaient identifié l’interlocuteur latin de Basile avec Henri, archevêque de Bénévent ; mais J. Schmidt, qui a édité les deux conférences, Des Basilius mis Achrida Erzbisckofs von Thessalonich, bisher unedicrte Dialoge, dans Veroffentlichungen aus déni Kircltenhistorisc/ien Seminar Mûnchen, n. 7, in-8°, Munich, 1901, d’accord avec Vasilievsky, désigne Anselme, évêque d’Havelberg, comme l’antagoniste de l’archevêque de Thessalonique. Ces deux critiques fixent même en 1155 la date de ces courts entretiens. Mais les jours indiqués par M. Schmidt, à savoir les 9 et 10 avril, sont inexacts, car la première conférence ayant eu lieu le deuxième samedi de Luc, ce serait en 1155, le samedi 1 er octobre, qu’elle se serait tenue. Si, d’autre part, il est vrai qu’Anselme était déjà de retour à Modène le 5 mai 1155, il faut reporter les deux conférences à l’année 1154. D’ailleurs, elles n’apportent aucun élément nouveau pour l’histoire de la controverse dogmatique entre les deux Églises grecque et latine. Basile écrivit une oraison funèbre de l’impératrice Irène, première femme de Manuel, née comtesse de Sulzbach et sœur de la femme de Conrad III. Le Code du droit gréco-romain, p. 309, 408, rapporte un avis de Basile touchant les mariages entre consanguins.

Krumbacher, Byzantinische Litteraturgescldclite, 2° édit., Munich, 18’J7, p. 88 ; J. Schmidt, op. cit.

C. Verschaffel.

    1. BASILE D’ANCYRE##


7. BASILE D’ANCYRE, évêque de cette ville de Galatie, personnage célèbre dans l’histoire de l’arianisme. D’abord médecin, au rapport de saint Jérôme, il fut choisi, en 336, parles eusébiens pour remplacer l’évêque Marcel, déposé au synode de Constantinople ; l’érudition et l’éloquence de Basile assuraient au parti un puissant auxiliaire. Sozomène, II. E., il, 33, P. G., t. lxvii, col. 1030. Mais les orthodoxes tinrent cette élection pour illégitime ; en 344, au concile de Sardique, Marcel lut réhabilité, et Basile, retiré à Philippopolis avec la minorité schismatique, déclaré intrus et excommunié ; sentence dont l’exécution occasionna un vrai tumulte dans Ancyre. Socrate, H. E., ii, 23, P. G., t. lxvii, col. 258. Basile eut sa revanche en 350. Après la mort de l’empereur Constant, Marcel fut chassé et son compétiteur rétabli. A partir de cette époque, la vie de Basile est si étroitement liée à l’histoire de l’arianisme sous le règne de Constance, qu’on en peut suivre toute la trame dans l’article relatif à cette hérésie. Voir t. I, col. 1825 sq. Vers la fin de 351, il assiste et prend une part importante au synode où fut rédigée la première des formules de foi dites de Sirmium. Le disciple de Marcel d’Ancyre, Photin, précédemment évêque de Sirmium, mais déposé pour ses tendances sabelliennes, voulut se justifier dans cette assemblée, et ce fut Basile qu’on lui donna pour adversaire ; après une discussion longue et acharnée, Photin fut vaincu et banni à perpétuité. Socrate, H. E., H, 30, P. G., t. lxvii, col. 290 sq. ; S. Épiphane, Hxr., lxxi, 1, P. G., t. xlii, col. 374 sq.

La coalition anti-nicéenne s’étant alors fractionnée, Basile devint le principal chef du groupe modéré, oî à|j.ipi BcuriXetov, les homéousiens ou semi-ariens. Après le manifeste lancé, en 357, à Sirmium par Ursace de Singidunum, Valons de Mursa et autres ariens déterminés, l’évêque d’Ancyre profita de la consécration d’une église dans sa ville épiscopale, pour y tenir, durant le carême de 358, la fameuse assemblée qui. dans sa lettre synodale, proclama la charte du parti homéousien, Voir Arunisme, t. i, col. 1022, 1824. Basile obtint ensuite de l’empereur la réunion d’un nouveau concile ; de là cette troisième formule de Sirmium, à laquelle se rattache la question de la chute du pape Libère. Sozomène, II. E., iv, 15, P. G., t. lxvii, col. 1150 sq. Basile et son parti profitèrent alors de leur influence sur l’esprit de Constance et auprès des dames

de la cour, pour faire une active propagande en faveur de leur doctrine et abattre leurs adversaires ; soixante-dix anoméens, y compris leur chef Aétius, auraient été bannis, si l’on en croit l’historien de la secte, sujet à caution quand il parle de Basile. Philostorge, Epitome historiée cales., iv, 8-10 ; cf. iii, 10 ; iv, 6, P. G., t. lxv, col. 522 sq.. 508, 520. Dans son projet de réunir un concile général d’abord à Nicomédie, puis à Nicée, Constance eut pour principal conseiller l’évêque d’Ancyre ; mais les anoméens, revenus bientôt d’exil, réussirent à faire substituer au projet d’un concile général celui de deux assemblées, l’une à Rimini pour les Occidentaux, l’autre à Séleucie pour les Orientaux. Sur l’ordre de l’empereur, les chefs des deux partis durent même en venir à cette sorte de compromis dogmatique qui porte le nom de quatrième formule de Sirmium ou de « credo daté » . Mais, souscrivant à l’acte après Valence de Mursa et mis en défiance par son attitude, le chef des homéousiens fit suivre sa signature de cette déclaration : « Moi Basile, évêque d’Ancyre, je crois, et j’adhère à ce qui est écrit ci-dessus, confessant que le Fils est en tout semblable au Père. En tout, c’est-à-dire non seulement quant à la volonté, mais aussi quant à la substance, et quant à l’existence, et quant à l’être, àXÀà xatà tt, v îJTiô’jTaTiv, xai xarà tt, v 31rap ? iv, v.al y.arà tô sïvat. Et cela, parce que, suivant l’enseignement des divines Écritures, il est Fils, esprit d’esprit, vie de vie, lumière de lumière, Dieu de Dieu, vrai fils d’un vrai père, sagesse née du Dieu sage ; en un mot, comme fils, absolument semblable au Père en tout, xa6aTta| xarà Trâvra tov ulov ojxoiov tô> navp’i,  ; yiôv iratp’i. Que si quelqu’un prétend soutenir qu’il ne lui est pas semblable en tout, mais seulement en quelque chose, je le tiens pour séparé de l’Église catholique, comme ne croyant pas le Fils semblable au Père selon les Écritures. » S. Epiphane, Hxr., lxxiii, 22, P. G., t. xlii, col. 444. Basile ne se contenta pas de cette déclaration ; de concert avec Georges de Laodicée et d’autres membres du parti homéousien, il développa sa croyance plus longuement dans la dissertation théologique, rapportée par saint Épiphane après la lettre du synode d’Ancyre. Ibid., col. 425-442. Voir Arianisme, t. i, col. 1825, et J. F. Bethune-Baker, The mcaning of Homoousios in the « Constantinapotitan » Creed, p. 32-34, 8081, dans Texts and sludies, Cambridge. 1901, t. vii, n. 1. Malgré ces réserves et ces précautions, le compromis politique accepté par les semi-ariens devait avoir pour eux les plus graves conséquences. Basile triompha, il est vrai, au concile de Séleucie et confirma, avec la majorité de cette assemblée, le symbole eusébien du concile d’Antioche in encœniis. Mais l’évêque de Césarée, le politique et versatile Acace, fit schisme ; méprisant la sentence de déposition portée contre lui, le nouveau chef de groupe prévint ses adversaires et gagna l’empereur à sa cause. Basile ne put ressaisir à la cour son ancienne inlluence, ni faire agréer les représentations qu’il essaya de faire. Théodoret, H. E., il, 23, P. G., t. lxxxii, col. 1045. Devant les emportements et les menaces de César, les députés homéousiens de Séleucie sacrifièrent leur éiioioûaioç, non moins que 1’6[jiooj<tio ; nicéen, en signant la formule de Bimini-Niké. C’est aussi vers cette époque que semble avoir eu lieu la dispute entre Aétius et Basile d’Ancyre, dont parle Philostorgo, iv. 12, /’. G., t. lxv, col. 525. L’historien anoméen attribue une victoire éclatante au chef de son parti, mais son récit est invraisemblable et trouve du reste un correctif dans la narration toute différente de Sozomène, iv, 23, P. G., t. lxvii, col. 1188. La ruine de Basile et de ses partisans s’acheva en 360, au concile acacien de Constantinople. On porta contre l’évêque d’Ancyre diverses accusations, la plupart relatives à la conduite arbitraire et violente qu’il aurait tenue à l’époque de sa toute-puissance. Sozomène, iv, 24, ibid., col. 1190 sq.