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BASILE (SAINT)


Epist., cccxxxv-ccclix, et la correspondance avec l’empereur Julien. Epist., xxxix-xli, CCCLX. On a douté aussi de celle de Basile avec Apollinaire de Laodicée. Epist., CCCLXi-ccci.xiv. M. Droeseke, Apollinaris von Laod., Leipzig, 1902, la croit authentique ; M. Béthune-Baker, The meaning of Homooitsios in the Constantinopolitan creed, Cambridge, 1901, hésite à se prononcer ; M. Voisin, L’apollinarisme, Louvain, 1901, la rejette comme apocryphe. Comme on le verra, ce sont des raisons de fond plutôt que de forme ou de tradition littéraire qui ont influencé, dans l’un ou dans l’autre sens, ces divers critiques.

Les œuvres de saint Basile ont été plusieurs fois imprimées, en 1520, 1528, 1532, 1535, 1551, 1618. La meilleure édition est celle des bénédictins, 3 in-fol., Paris, 1721-1730 ; les deux premiers volumes furent préparés par dom Garnier, le troisième par dom Maran. Ils sont reproduits, avec quelques additions, dans Migne, P. G., Paris, 1857 (réimpression, 1886-1888), t. xxix-xxxii.

III. Doctrine.

Les caractères' généraux de l’enseignement doctrinal de saint Basile nous paraissent suffisamment expliqués par l’analyse détaillée qui vient d'être faite de ses ouvrages. Nous signalerons spécialement quelques points principaux.

La raison et la révélation.

De sa polémique

avec Eunome, telle que nous l’avons résumée, il résulte qu'à ses yeux la foi par la révélation, la raison par la contemplation des créatures, nous font connaître l’existence de Dieu, mais fie nous font point comprendre son essence. Cf. Fialon, Élude littéraire sur saint Basile, p. 136-145.

La révélation nous est transmise par deux voies, l'Écriture sainte et la tradition. Basile, dans le traité Du Saint-Esprit, s'élève à plusieurs reprises contre ceux « qui exigent à grands cris des preuves tirées des Ecritures, et ne font aucun cas du témoignage non écrit de nos pères » . C. x, P. G., t. xxxii, col. 112. « Des dogmes et des enseignements gardés par l’Eglise, dit-il, il y en a qui nous ont été transmis par l'Écriture, d’autres que nous avons reçus de la tradition mystérieuse des apôtres : les uns et les autres ont la même force pour la piété. » C. XXVII, ibid., col. 188. A la suite de ce passage, saint Basile énumère, à titre d’exemples, un certain nombre de pratiques venues, selon lui, de celle tradition, comme le signe de la croix, la coutume de prier en se tournant vers l’Orient, les paroles de la consécration au saint sacrifice, la triple immersion du baptême, les rites de l’extrême onction.

La Trinité.

Pour faire face aux hérétiques de

son temps et maintenir la doctrine catholique sur le mystère de la sainte Trinité, saint Basile devait démontrer, contre l’erreur sabellienne renouvelée par certains ariens, qu’en Dieu il y a trois personnes distinctes et non pas une seule et même personne qui remplirait trois rôles distincts ; contre les ariens, que le Fils est consubstantiel au Père et n’est pas sa créature ; contre les eunoméens et les macédoniens, que le Saint-Esprit est l'égal des deux autres personnes, dont il procède, et qu’il n’est pas la créature du Fils.

1. La Trinité des personnes dans l’unité de nature. — Comme les autres Pères grecs, saint Basile considère directement dans la Trinité divine les personnes, et il montre qu’elles ont la même et unique nature divine et que les trois personnes ne sont qu’un seul Dieu. En Dieu, il y a trois hypostases réellement distinctes, et ce serait une grave calomnie de laisser dire que quelques catholiques admettent une seule hypostase du Père, du Fils et du Saint-Esprit, tout en reconnaissant la distinction des personnes. Sabellius maintenait cette distinction et disait que Dieu est réellement un en hypostase, quoiqu’il ait voulu TtpoTioTroTroiEÏo-Oai oiaçôpo) ;, se manifester dans l'Écriture sous les différentes figures de Père, de Fils et de Saint-Esprit. « Si donc, ajoute-t-il, quelques-uns d’entre nous disent que le Père, le Fils et

le Saint-Esprit sont un comme suppôt, êv t<3 ûiroxstIxévo), en reconnaissant en même temps seulement trois personnes parfaites, xpia irpdo-wrca xéÀsta, ne sembleront-ils pas fournir une preuve irréfragable à la calomnie des ariens (qui prétendaient que les catholiques enseignaient que le Fils était consubstantiel xatà ty, v jTt^TTairiv)? » Epist., ccxiv, 3, P. G., t. xxxii, col. 788789. En 375, il avait écrit aux notables de Néocésarée, Epist., ccx, 5, ibid., col. 776 : « Il ne suffit pas de compter les personnes différentes, il faut encore confesser que chaque personne existe dans une véritable hypostase. » Ceux qui rejettent les hypostases renouvellent l’erreur de Sabellius. C’est pour maintenir la formule des trois hypostases qu’il soutint constamment et avec force le parti de Mélèce.

La doctrine de l’illustre Cappadocien sur la sainte Trinité était déjà exposée ainsi, dans-une lettre de 360 : « Il faut confesser Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit, comme l’ont enseigné les divines Écritures et ceux qui les ont le plus profondément comprises. Quant à ceux qui nous reprochent d’adorer trois Dieux, que cette réponse suffise : nous confessons un seul Dieu, non par le nombre, mais par l’essence, » ëva Œov où tôS àpiOu.(ô, àXXà Tri <fûaei. Epist., xiii, P. G., t. xxxii, col. 248.

Les trois personnes ont la nature divine et donnent ce qu’elles ont. Le Père, puisqu’il est Père, donne à son Fils toute sa nature et le Fils la transmet au Saint-Esprit. L’unité de nature résulte donc des processions divines. Elle résulte aussi de la communauté des opérations. Cf. Epist., clxxxix, 6, 7, P. G., t. xxxii, col. 692-693. Or le Verbe de Dieu est le coopérateur de Dieu dans la production des êtres matériels, Homil., iii, iti Hexæm., 2, P. G., t. xxix, col. 56, et dans la création de l’homme. Homil., ix, in Hexæm., 6, ibid., col. 201-205. Le Saint-Esprit est le souffle de Dieuqui était porté sur les eaux, Gen., i, 2, ou plutôt, suivant la signification plus expressive du texte syriaque, qui réchauffait et fécondait la nature des eaux comme un oiseau couve ses œufs et leur communique par sa chaleur la force vitale. Homil., II, in Hexæm., 6, ibid., col. 44. Saint Basile caractérise encore mieux l’intervention des personnes divines, dans la création des anges. Le Père est la cause primordiale de tout ; le Fils, la cause opératrice, et le Saint-Esprit, la cause perfectionnante. Toutefois les trois hypostases ne sont pas trois principes ; il n’y a qu’un seul principe des êtres, opérant par le Fils, perfectionnant par l’Esprit. L’opération de chaque personne n’est pas imparfaite. Le Père opère par son seul vouloir, mais il veut par le Fils ; et le Fils agit avec le Père et veut perfectionner par l’Esprit. Il faut considérer ensemble les trois : le Seigneur décrétant, le Verbe opérant, l’Esprit consolidant. De Spiritu Sancto, 16, P. G., t. xxxii, col. 136.

Les trois personnes divines possèdent tellement l’unité de nature que la connaissance de l’une conduit l’intelligence humaine à la connaissance des deux autres. La Trinité des personnes ne détruit pas l’unité de nature, ni le dogme de la monarchie. En effet, les personnes divines ne sont pas subnumérées, et les chrétiens ne comptent pas trois dieux comme font les païens. De Spiritu Sa71cto, 18, ibid., col. 148-153. Le saint docteur s'était demandé auparavant, ibid., 17, col. 144, en quoi consisterait cette subnumération, et il rejette toute espèce de subdivisions. S’il y a en Dieu trois hypostases, nous ne reconnaissons pas trois dieux. Le Père et le Fils sont distincts sous le rapport des propriétés personnelles ; mais sous le rapport commun de la nature, ils sont un seul être. Comment n’y a-t-il pas deux dieux ? Parce que le roi et l’image du roi ne font pas deux rois, à puissance partagée, à gloire divisée. Le Fils est image de son Père par nature ; et le Saint-Esprit est un, autant uni au Père et au Fils que l’unité