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377 BAPTÊME (SORT DES ENFANTS MORTS SANS) — BAPTISTE DE SALE 378

ment naturel. » Didiot, Morts sans baptême, Lille, 1896, p. 98-100, 125-126.

2e objection. — Dieu est injuste, dit-on, d’appeler à l’existence des enfants qui n’ont même pas la possibilité de se sauver, et qui sont fatalement destinés à la damnation éternelle. — Réponse. Si l’on entend par damnation les peines afflictives de l’enfer, même aussi mitigées que possible, j’accorde volontiers que l’objection est insoluble ; et c’est là précisément la grande raison qui milite contre la doctrine augustinienne. Mais si par damnation éternelle des enfants morts sans baptême on entend simplement, comme on peut et comme on doit le faire, l’exclusion de la vision béatifique, c’est-à-dire la privation d’un bien qui surpasse infiniment les exigences et les aspirations de toute créature, mais non la privation des biens naturels des limbes qui assurent à ces enfants un si large bonheur, Dieu ne saurait vraiment être taxé d’injustice, parce qu’il n’accorde pas à tous ce qu’il ne doit à personne. Maître absolu de sa gloire, il a le droit d’y mettre les conditions qu’il lui plait. Or, au premier rang de ces conditions, il a mis le concours de la liberté humaine et le fonctionnement normal des causes secondes en général. Il aurait pu, sans doute, se passer du concours de notre liberté, et intervenir directement lui-même pour préserver de tout accident mortel les enfants non baptisés. Mais il n’a pas jugé à propos, pour des raisons très sages, de changer le cours normal des choses, et de bouleverser sans cesse, à coups de miracles, le gouvernement régulier de sa providence générale. Ne devant les joies du ciel à personne, il est libre de les donner à qui lui plait et comme il lui plait. Après tout, d’ailleurs, les enfants morts sans baptême jouissent d’un bonheur qui n’est pas à dédaigner, et qui mérite une vraie reconnaissance.

3e objection. — La bonté de Dieu, dit-on, plus encore que sa justice, est inconciliable dans le cas présent, avec la doctrine catholique. D’une part, en elï’et, la foi nous enseigne que Dieu veut le salut de tous les hommes, et que J.-C. est mort pour tous ; d’autre part, les faits quotidiens nous montrent plusieurs enfants visibb’inent exclus de la règle, puisqu’ils sont dans l’impossibilité matérielle de bénéficier de la rédemption. — Réponse. Que les enfants morts sans baptême échappent à la règle générale, c’est un fait incontestable ; mais que Dieu soit responsable de cet accident, soit parce qu’il a voulu créer une exception à la loi de la rédemption universelle, soit parce qu’il serait tenu de procurer à tout prix le salut éternel des enfants en question, c’est là une affirmation insoutenable. Dieu veut sincèrement le salut des enfants comme des adultes, mais à la condition, nous l’avons dit plus haut, que les hommes et les causes secondes en général lui prètentleur concours. Voir Eranzelin, Tractalus de Deo uno secundum naturam, th. LUI, 2e édit., Rome, 1876, p. 547-560. S’il y a, par exemple, faute ou négligence de la part des parents ou d’autres personnes, il est clair que Dieu n’est tenu à aucun tilrede parer aux suites de ces négligences par une intervention miraculeuse. Or, certains théologiens n’hésitent pas à dire que la mort prématurée des enfants est toujours le résultat d’une faute de ce genre. Mais nous reconnaissons volontiers que cette opinion est peu probable, parce qu’elle est a la fois cruelle pour les parents chrétiens, contraire au sentiment commun des fidèles, et en contradiction avec les faits d’expérience, qui nous montrent souvent les enfants victimes d’accidents dus, en apparence tout au moins, au seul jeu des causes naturelles, sans que la responsabilité individuelle paraisse engagée. C’est là précisément que glt la grosse difficulté de la question. On a proposé différentes solutions au problème. Voir, entre autres, le système du P. Straub dans les Études religieuses, Paris, 1888, p. 526-547. Franzelin, loc. cit., dit que Dieu ne veut pas directement les effets par lesquels les causes secondes, morales

ou physiques, empêchent l’administration du baptême à ces enfants, il les permet seulement. Sa volonté d’appliquer à tous les enlants, qui meurent sans avoir reçu le baptême, les mérites de Jésus-Christ que leur conférait le baptême, est antécédente à la prévision des obstacles que les causes secondes opposeront à l’administration du sacrement. Quant il a prévu ces obstacles, il permet que l’ordre naturel ait son cours régulier et que par suite ces enfants meurent sans baptême. L’explication la plus rationnelle et la plus vraisemblable nous parait être celle que l’abbé J.-B. Jaugey a exposée dans la Science catltolique, 1888, t. il, p. 390-396. D’après lui, Dieu accorde à tous les hommes une somme de grâces actuelles, destinées à diriger leurs déterminations libres, telle que, en toute hypothèse, même celle des accidents les plus imprévus et les plus fortuits en apparence, elle suffirait largement à empêcher la mort prématurée des enfants, si cette grâce était utilisée comme il faut. A ceux qui n’utilisent pas volontairement ces grâces, et à eux seuls, incombe donc la responsabilité de la mort des enfants sans baptême. « Supposons, dit l’abbé Jaugey, que Dieu ait disposé les grâces actuelles, destinées à diriger les hommes dans leurs actes libres, de manière à prévenir toute mort prématurée d’enfant ; considérons ensuite que l’homme a conscience, lorsqu’il résiste à l’impulsion des grâces actuelles, de ne pas faire tout ce que Dieu demande de lui pour le parfait accomplissement de sa divine volonté, et alors l’explication du mystère de la mort prématurée des enfants se présentera sous un jour nouveau. En effet, puisque le salut des enfants est attaché, d’après les décrets divins, à l’accomplissement de la volonté divine que l’homme refuse de réaliser, c’est la volonté de ce dernier qui cause librement la mort éternelle des enfants morts sans baptême. Il est vrai qu’en résistant à la grâce actuelle, l’homme ne prévoit pas que sa résistance aura cet effet particulier : la mort prématurée d’un enfant ; mais il prévoit d’une manière générale qu’elle aura pour résultat d’empêcher, par omission, un bien qui était dans les desseins de Dieu, un accroissement désiré de sa gloire qui pouvait consister dans le salut éternel de tel ou tel enfant. Cette intention vague, mais réelle, de ne pas coopérer aux desseins de Dieu ne suffit-elle pas pour que le non-accomplissement de la volonté divine par rapport au salut des enfants soit imputable à l’action de la liberté humaine ? » Loc. cit., p. 395-396. Cette explication, sans doute, n’est qu’une hypothèse, mais c’est une hypothèse rationnelle et qui satisfait bien aux conditions du problème à résoudre. Elle ne supprime pas, bien entendu, toute difficulté, puisqu’il s’agit, au fond, d’une question très mystérieuse, celle de l’inégale distribution de la grâce, dont Dieu s’est réservé le secret. Néanmoins, telle qu’on vient de l’exposer, elle peut aider l’apologiste à venger la providence des attaques imméritées dont elle est souvent l’objet.

Bùlgeni, Statu de’bambini morti senza battesimo, 2 in-8’, Rome, 1824 ; De Rubeis, De peccato originali, c. i.xxiv, Venise, 1757 ; Perrone, Prselectiones theologicss, Paris, 1852, t. i, p. 872883, 451-452, 1382-1380 ; Falmieri, Tractalus de Dca créante et élevante, Rome, 1878, p. 649-667 ; Mazzella, De Deo créante, Rome, 1880, [i. 755-704 ; Méric, La cliute originelle et la responsabilité humaine, Paris, 1885, p. 150-100 ; Pesch, Prtelectiones dogmatiese, Fribourg-en-Brisgau, 1899, t. iii, p. 149-150 ; Didiot, Morts sans baptême, Lille, 1806 ; Le Raclielet, Le péché originel dans Adam et ses descendants, 2* partie, Paris, 1900, p. 36-44.

J. Bellamy.

    1. BAPTISTA Jean##


BAPTISTA Jean, médecin juif converti au catholicisme, vivait au xv siècle. Son ouvrage De confutatione hebraicæ sectes, d’abord écrit en hébreu, fut ensuite traduit en latin et publié à Strasbourg, in-4°, 1500.

Hœfer, Nouvelle biographie universelle, Paris, 1853, t. h.

V. Oiii.kt.

    1. BAPTISTE DE SALE (de Salis)##


BAPTISTE DE SALE (de Salis), ou BAPTISTE TROVAMALA, dont ou a fait souvent deux auteurs