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BAPTÊME PAR LE FEU — BAPTÊME POUR LES MORTS


etiam baplismum in paradisi vestibulv… quo purificentur qui in paradisum redire cupiebant. Il se fera per igueiv. Siquidem post consummationem sseculi missis angelis qui segregent bonos et malos, hoc futurum est baplisma, quando per caminum ignis inii /uilas exuretur, nt in regno Del fulgeant justi sicut sol ipse in regno patris siti. Et si aliquis sanctus ut Petrus sit, ut J cannes, baptizatur hoc igni… Ce feu brûlera les péchés. Qui ergo per igncm transierit, intrat in requiem. Autre est le feu réservé au diable et à ses anges. In Ps. cxviii exposit., serm. iii, n. 14-17, P. L., t. xv, col. 1227-1228. Cf. In Ps. xxxvi cnar., n. 26, P. L., t. xiv, col. 980-981. Saint Jérôme, Comment, in Ev.Matth., 1. I, P. L., t. xxvi, col. 30, donne deux explications de la parole de saint Jean-Baptiste : il l’entend du Saint-Esprit qui est descendu au jour de la Pentecôte sur les apôtres, quasi ignis, ou il distingue deux baptêmes, sive quia in pressenti Spiritit baptizamur, et in futuro, igné. Mais ailleurs, Comment, in Amos, 1. III, P. L., t. xxv, col. 1071, il expose la doctrine du feu qui, au jugement dernier, dévorera les péchés de toute sorte et atteindra les saints eux-mêmes qui sont la part du Seigneur. La même idée avait été exprimée dans les Oracula Sibyllina, 1. II, v. 252-255, 313-316, édit., J. Gefleken, Leipzig, 1902, p. 40, 43 :

Kat tote Bt] TrâvTS ; Sià a’Ooasvou Trora^oto v.où tpXoyb ; àirëîtJTOvi SieXe-JcrovÔ’- o" te Scxaiot rcâvreç o’(o(jr 1 (TovT’âcjEêEÏ ; S’È7t toîctiv ôÀoOvTat e !  ; aîcova ; SXou ;, Ô7tdt701 -/.axa Ttpôaôsv k’ps^av.

Toù ; ô’aXXoy ;, ôttôtoiç te Zif.-r xaXâ r’Ep-fa [xÉ[aïiXev ꝟ. 8è xat vj’jîoi-fi te SixaiÔTaroi te Xo-fta-fiot, ayyEXot aîpd|j.Evoe 8t’aî80 ; j.svou iroTap.oïo et ; ?<5 ; ot ?o - j(jtv xat et ; Çur/jv à^.Épt[j.vov.

Cf. ibid., 1. VIII, v. 411, p. 168. L’éditeur attribue ces passages au fonds juif, œuvre du premier tiers du nie siècle, remanié plus tard par une main chrétienne. Cf. J. Geffeken, Kompositiou und Entstehungskeit der Oracula Sibyllina, dans Texte und Vntersuchungen, Leipzig, 1902, nouv. série, t. viii, fasc. 1, p. 52. Mais tous les apocryphes juifs, auxquels l’éditeur renvoit, Oracula Sibyllina, p. 40, ne parlent du feu de l’enfer que pour les hommes coupables. Il résulte de ce qui précède que l’idée de faire passer les justes eux-mêmes par le feu purificateur est chrétienne. Elle a donc plutôt été insérée par un chrétien dans le fonds juif du livre II des oracles sibyllins. Sur tout l’ensemble, voir Huet, Origeniana, 1. II, c. ii, q. ix, P. G., t. xvii, col. 999-1007 ; L. Atzberger, Geschiclde der christl. Eschatologie innerhalb der vomicànischen Zeit, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 406-408, 504, 605.

Cette doctrine particulière de quelques écrivains ecclésiastiques a été abandonnée. Déjà saint Basile, Adv. Eunom., 1. Y, P. G., t. xxix, col. 740, entend ce feu du leu de l’enfer. « Jésus-Christ, dit-il, baptise dans l’Esprit ceux qui sont dignes de sanctification ; mais il envoie les indignes dans le feu. » Au moyen âge, on a y reconnu ou bien le feu de la tribulation ou bien le feu du purgatoire. Baban Maur, Comment, in Malth., 1. I, c. iii, jP. L., t. cvii, col. 773 ; Walafrid Strabon, Glossa ordinaria, Ev. Matlli., P. L., t. cxiv, col. 82 ; Anselme de Laon, Enar. in Matlh., iii, P. L., t. clxii, col. 1266. Ce genre d’interprétation ne manque pas de vraisemblance, et on peut légitimement dire que si le baptême spirituel désigne la régénération des bons, le feu est le symbole, sinon le moyen, du jugement de Dieu sur les méchants. Jean-Baptiste, en effet, ajoute que Jésus, qui a le van dans sa main pour nettoyer son aire, brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteindra pas. Matth., m, 12 ; Luc, iii, 17. Il semble très naturel que la métaphore du feu ait la même signification dans des versets si rapprochés. A. Loisy, Les Évangiles synoptiques, p. 95 ;

V. Bose, Etudes sur les Évangiles, 2e édit., Paris, 1902, p. 87, 88. Cf. Coleridge, La vie de notre vie, trad. franc., Paris, 1890, t. iv, p. 34-36. Toutefois, cette explication soulève de réelles difficultés. Fillion, Évangile selon S. Matthieu, Paris, 1878, p. 74. Aussi la plupart des exégètes, depuis l’auteur du traité De rebaptismale, 17, P. L., t. iii, col. 1202-1203, ont vu dans le feu du baptême chrétien, soit une antithèse pour marquer la supériorité de ce baptême sur celui de saint Jean, soit une apposition à l’Esprit afin de désigner son efficacité dans l’âme des baptisés. Maldonat, Comment, in quatuor evangelistas, Paris, 1617, p. 41 ; Fillion, loc. cit. ; limbenbauer, Ev. sec. Malth., Paris, 1892, p. 130-132 ; Id., Ev. sec. Luc, Paris, 1896, p. 163 ; Bacuez, Manuel biblique, 10e édit., Paris, 1900, t. iv, p. 17-18 ; Schanz, Die Lehre von den heil. Sacramenten, Fribourg-en-Brisgau, 1893, p. 215. Voir col. 170.

Catmet, Ditsertation sur le baptême, a. 3, dans le Commentaire littéral, 2e édit., Paris, 1726, t. vii, p. 293-294 ; Ansaldi, De baptismate in Spiritu Sancto et igni commentarius sacer philulogico-criticus, Milan, 1752 ; G. Olearius, De baptismo Spiritus Sancti et ignis, Leipzig, 1706 ; J. Gorblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 211-215.

E. Mangenot.

    1. BAPTÊME POUR LES MORTS##


6. BAPTÊME POUR LES MORTS. - I. A Corinthe au temps de saint Paul. IL Dans les sectes hérétiques. III. Chez les catholiques.

I. A CORINTHE AU TEMPS DE SAINT PAUL.

Aux

preuves directes que saint Paul avait exposées pour démontrer la future résurrection des morts, il ajoute un argument indirect qui a paru obscur aux exégètes et qu’ils ont expliqué de manières très divergentes. Il écrit aux Corinthiens : « D’ailleurs (s’il n’en est pas ainsi), que feront ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne doivent pas du tout ressusciter, pourquoi se font-ils baptiser pour eux ? » ICor., xv, 29. A prendre les termes dans leur signification propre, l’Apôtre parle d’une pratique usitée à Corinthe. Quelques chrétiens se faisaient baptiser à la place, ou mieux, en faveur de leurs parents ou amis qui étaient morts sans avoir reçu le baptême ; ils pensaient les rendre ainsi dignes de la résurrection glorieuse. Sans approuver ni blâmer cette coutume, saint Paul s’en sert pour démontrer sa thèse et il conclut qu’elle suppose la foi à la résurrection. Tertullien ne fait pas de difficulté pour accepter libéralement le texte de saint Paul et admettre le fait visé par l’Apôtre ; car il écrit : Si autem et baptizantur quidam pro mortuis, videbimus an ratione, certe illa prœsumptione hoc eos instituisse contenait (saint Paul), qua alii etiam carni, ut vicarium baptisma profuturum existimarent ad spem resurrectionis ; quse nisi corporalïs, non alias hic baptismate corporali obligaretur. Quid et ipsos baptizari, ait, si non qux baptizantur corpora resurgunt ? Anima enim, non lavatione, sed responsione sancitur. De resur. car., xlviii, P. L., t. ii, col. 864, 865. C’est pourquoi Tertullien n’hésita pas à opposer à Marcion, qui niait la résurrection des corps, le texte de saint Paul. Il part de cette institution qu’il compare à la coutume païenne de prier pour les morts au mois de février. Viderit institutio ista, dit-il. Kalendse si forte februarise respondebunt illi, pro mortuis petere. Noli ergo Apostolum novum statim auctorem aut confirmatorem ejus denotare, ut tanto magis sisleret carnis resurrectionem, quanto illi qui vane pro mortuis baptizarentur, fide resurrectionis hoc facerent. Habemus illum alicubi (Eph., iv, 5) unius baptismi definitorem. Igitur et pro mortuis lingui, pro corporibus est tingui ; morluiim enim corpus ostendimus. Quid facient qui pro corporibus baptizantur, si corpora non resurgunt ? Adv. Marciori., 1. V, c. x, P. L., t. ii, col. 494, 495. Il suppose donc qu’il était d’usage parmi les Corinthiens de pratiquer ce baptême par procuration et, comme saint Paul, il s’en sert pour