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BAPTÊME DANS L'ÉGLISE ANCxLICANE


tains, des signes efficaces de la grâce et de la bonne volonté divine à notre égard, par lesquels Dieu agit efficacement en nous, et non seulement excite, mais confirme notre foi en lui » (a. 25). L’article 27 est ainsi conçu : « Le baptême n’est pas seulement un signe de profession ou une marque instinctive, discernant les chrétiens des autres hommes. C’est aussi le signe de la régénération ou nouvelle naissance, par lequel, comme par un instrument, ceux qui reçoivent dûment le baptême sont insérés dans l'Église ; par lequel aussi les promesses du pardon des péchés et notre adoption comme enfants de Dieu par le Saint-Esprit sont visiblement signifiées et scellées, la foi est confirmée et la grâce accrue par la vertu de la prière adressée à Dieu. Le baptême des jeunes chrétiens doit absolument être conservé dans l'Église, comme agréant très bien avec l’institution du Christ. »

Au xviiie siècle, grâce à l’indifférence religieuse et au rationalisme, on en vint dans l'Église anglicane à regarder le baptême comme un rite sans importance. Mais en 1835, lors du mouvement d’Oxford, l’attention fut vivement reportée sur ce sacrement par les tracts 67, 68, 69, Scriptural trie tes of holy baptism, où le D r Pusey établissait savamment la doctrine de la régénération baptismale et « déterminait la place du sacrement de baptême dans le système vivant de l'Église anglicane, que les négations et le vague du parti evangelical avaient mis en grand péril » . Church, The Oxford movenient, 3e édit., p. 263. Les evangelicals eurent leur revanche dans l’affaire Gorham. En 1848, l'évêque d’Exeter, le D r H. Phillpotts, refusa l’institution au Rév. G. C. Gorham, qui lui avait été présenté pour un bénéfice, en donnant pour raison que Gorham « tenait des doctrines contraires à la véritable foi chrétienne, contraires aux doctrines contenues dans les articles et formulaires de l'Église unie d’Angleterre et d’Irlande, et spécialement dans le Livre de la prière commune, dans le mode d’administration de ce sacrement et dans les autres rites et cérémonies » . D’après l'évêque, Gorham « tenait et persistait à tenir que la régénération spirituelle n’est pas donnée ni conférée dans ce saint sacrement, et en particulier que les enfants n’y sont pas faits membres du Christ et enfants de Dieu » . Gorham niait ce dernier grief. Le tribunal ecclésiastique de la province de Cantorbéry, la Cour des Arches, donna raison à l'évêque d’Exeter. La cause fut alors portée par Gorham devant le comité judiciaire du Conseil privé, tribunal laïque, qui condamna l'évêque. Le jugement, rendu le 8 mars 1850, résume ainsi la doctrine de Gorham : « Le baptême est un sacrement en général nécessaire au salut ; mais la grâce de la régénération n’accompagne pas l’acte du baptême d’une manière tellement nécessaire que la régénération ait invariablement lieu dans le baptême ; la grâce peut être accordée avant, dans ou après le baptême. Le baptême est un signe efficace de la grâce, par lequel Dieu agit invisiblement en nous, mais seulement dans ceux qui le reçoivent dignement ; dans ceux-là seuls, il a un effet salutaire. Il n’est pas en luimême, indépendamment des dispositions de celui qui le reçoit, un signe efficace de grâce. Les enfants baptisés, qui meurent avant tout péché actuel, sont sûrement sauvés ; mais, dans aucun cas, la régénération n’a lieu dans le baptême sans certaines conditions. » Les juges décidèrent que cette doctrine « n’est pas contraire ni opposée à la doctrine déclarée de l'Église d’Angleterre, telle qu’elle est établie par la loi » . Times, 9 mars 1850. — Cette décision souleva une vive émotion dans le parti qu’elle frappait ; elle amena la conversion de Manning. Depuis lors, la doctrine catholique n’a pas cessé de faire des progrès dans l'Église d’Angleterre : on trouve des ouvrages anglicans qui, sur le baptême, renvoient au concile de Trente. Mais l'évangélicalisme a toujours ses représentants.

La rubrique du P rayer book recommande que les enfants soient baptisés le dimanche ou les jours de fêtes, en présence des fidèles assemblés. Tout garçon doit avoir deux parrains et une marraine ; toute fille, un parrain et deux marraines. La cérémonie commence par diverses prières ou exhortations, et par la lecture du passage où saint Marc, x, 13-16, raconte la bénédiction des enfants par le Sauveur. Puis, les parrains et les marraines déclarent, au nom de l’enfant, « renoncer au démon et à ses œuvres, à la vaine pompe et à la gloire du monde… ; » ils affirment leur croyance au symbole des apôtres et leur désir du baptême. Le prêtre fait alors la bénédiction de l’eau. Puis, il administre le sacrement en versant de l’eau sur l’enfant et en prononçant les paroles : « N., je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen. » Il marque ensuite d’un signe de croix le front de l’enfant, récite l’oraison dominicale avec les fidèles présents, et termine en rappelant aux parrains et marraines qu’ils doivent veiller à l'éducation chrétienne de l’enfant.

Le texte du Prayer book ne dit pas nettement que les laïques puissent administrer validement le baptême ; mais l’usage et divers jugements rendus par les tribunaux tranchent la question dans le sens catholique. Tout enfant, baptisé en danger de mort, doit, s’il survit, être porté à l'église, où le ministre demande par qui et en présence de qui, avec quelle matière et quelles paroles l’enfant a été baptisé. Si les réponses données ne sont pas satisfaisantes, le ministre confère le baptême sous condition. — Pour le baptême des adultes, la lecture de l'Évangile est prise du dialogue de Notre-Seigneur avec Nicodème. Joa., ni, 1-8. Lorsqu’un membre des sectes dissidentes se convertit à l’anglicanisme, il n’est admis à la confirmation que s’il établit qu’il a reçu un baptême valide, et comme le plus souvent la preuve ne peut être faite, on le baptise sous condition.

D. Stone, Holy baptism, 1901 ; Pusey, Scriptural views of holy baptism ; J. H. Blunt, The annotated book of common prayer ; E. H. Browne, An exposition of the thirty-nine articles ; Phillimore, Ecclesiastical law of the Cliurch of England ; L’administration du baptême dans l'Église anglicane, documents dans la Revue anglo-romaine, Paris, 1896, t. ii, p. 801-812.

II. Chez les luthériens et les réformés. — 1° Doctrine.

Nous recueillerons d’abord quelques

indications doctrinales dans les textes liturgiques actuellement en usage ; nous citerons ensuite diverses opinions de théologiens.

1. Textes liturgiques.

Les textes liturgiques n’ont pas subi de changements importants ; on y retrouve les vieilles doctrines protestantes. La Liturgie des Églises réformées de France, Paris et Nancy, 1897, adoptée par le synode général officieux de Sedan en 1896, est l'œuvre du parti orthodoxe. Cf. E. Stapfer, Une nouvelle liturgie, dans la Revue chrétienne, 1897, p. 321 sq. Elle s’exprime ainsi : « Jésus-Christ est mort et ressuscité pour nous : unis à lui par la foi, nous mourons au péché et nous ressuscitons à une vie nouvelle. Nous devenons ainsi, par le pardon de nos péchés et le changement de nos cœurs, les enfants de Dieu. Dans le sacrement de baptême, nous avons un gage certain de cette double grâce. Dieu nous déclare qu’il veut être notre père et nous pardonner toutes nos fautes ; comme l’eau nettoie nos corps, sa grâce purifie nos âmes. » Dans le formulaire pour le baptême d’un enfant malade, le ministre lit aux parents ce qui suit : « Ce n’e-l pas il ans une cérémonie extérieure que vous vous confiez pour le salut éternel de votre enfant, mais dans la grâce tl<' Dieu que ce sacrement représente… Le seul baptême qui régénère et qui sauve est celui que donne le Seigneur par l’effusion de son Saint-Esprit. » — La Liturgie ou manière de célébrer l’office divin dans l'Église de la Confession d’Augsbourg, Nancy, 1881-, a deux formulaires pour le