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BAPTÊME D’APRÈS LE CONCILE DE TRENTE


venu. De bapt., t. xxii, p. 459. Luther, qui d’abord avait pensé autrement, loc. cit., soutint cette proposition, en 1540. Zwey Pred. ùber d. 3 cap. de Ev. Matlh. Dessau. Erst. Pred., n. 31, t. vii, p. 1000. Calvin lui aussi attribue même vertu au baptême de Jean et à celui du Christ. Inst., c. xvii, n. 7, 8, 18, t. i, p. 961, 962, 967. Les théologiens et les Pères du concile discutèrent longuement sur les deux affirmations dont les légats désiraient la condamnation. On ne se décida à définir que cette proposition : Le baptême du Christ et celui de .Iran n’ont pas même vertu. Sess. VII, De bapt-, can. 1. Chemnitz trouve que c’est encore trop. Op. cit., part. II, De bapt., p. 34. Il est facile de constater que ce problème, peu important en lui-même, est tout simplement une manière de poser une question très grave, celle du mode d’efficacité des sacrements. Les réformateurs identifient les baptêmes du Christ et de Jean parce qu’à leurs yeux, c’est la foi qui justifie. Le concile fait une distinction parce qu’il croit à la causalité ex opère operato, à l’efficacité du rite sacramentel. Le sujet est plus important qu’il ne le parait.

Ministre.

Luther affirme toujours que l’hérétique

et l’impie baptisent validement ; il soutient pour ce motit contre les anabaptistes, que le baptême des catholiques n’est pas nul ; il reconnaît que toute personne peut, en cas de nécessité, conférer le sacrement. De capt. BabyL, n. 94, t. xix, p. 74 ; Pred. v. d. heil. Taiife, 1535, n. 20, 97, t. X, p. 2526 sq., 2577 sq. A ses yeux en effet, non seulement le baptême est conféré au nom de Dieu ; mais Dieu est l’unique ministre de la sanctification et de l’acte extérieur lui-même : aussi, l’homme par lequel la Trinité baptise, n’a pas besoin d’avoir l’intention de bien faire, il peut même agir par plaisanterie. Le diable lui-même, s’il baptisait, conférerait le sacrement. Pred. v. d. heil. Taufe, 1535, n. 33, t. x, p. 2536 ; Schrift v. d. Winkelmesse, 1533, n. 1Il sq., t. xix, p. 1548 sq. Les anabaptistes avaient soutenu, tout au contraire, que, si le ministre n’a pas la foi, le baptême donné par lui est nul, et c’était un des motifs pour lesquels ils conféraient de nouveau le sacrement à ceux qui l’avaient reçu de la main des papistes. Cf. Luther, loc. cit. ; Calvin, Inst., c. xvii, n. 16, p. 966. ;

Le concile définit que l’hérétique baptise validement, s’il prononce la vraie formule et a l’intention de faire ce que fait l’Église. Sess., VII, De bapt., can. 4. C’est condamner à la fois les anabaptistes et Luther et déclarer que, pour la validité du rite, la foi du ministre n’est pas requise, mais que l’intention est nécessaire. Sur le sens des mots intention de faire ce que fait l’Église, voir Sacrements. Le canon est calqué sur une phrase du décret pour les arméniens. Denzinger, n. 591.

Sujet.

1. Erreurs. — Les anabaptistes déclaraient

illicite et sans valeur le baptême des enfants. Nous connaissons leurs arguments par les réfutations qu’en ont faites les protestants. L’enfant n’a pas la raison, ne comprend pas, ne ratifie pas l’acte qu’on accomplit en son nom, ne peut être initié à la société chrétienne. Il n’a pas la foi et par conséquent il manque des dispositions requises pour recevoir avec fruit le baptême. Comme, d’autre part, le péché originel n’existe pas, il n’y a pas de raison de conférer le sacrement aux enfants. Aussi l’Écriture ne dit-elle pas qu’on lui ait jamais donné le baptême ni qu’on doive le faire. Luther, Briefan zweyPfarrh.v.d. Wiedertaufe, n.3I, t. xvii, p.2658sq. ; Mélanchthon, Loci comm., De bapt., t. xxii, p. 16 sq. ; judic. de anab., t. I, p. 932 ; De anab., t. i, p. 962 sq. ; Adv. anab., t. iii, p. 33 sq. ; Calvin, Inst. chrét., c. xvii, n. 26, 33, t. i, p. 973, 978. Ils voulaient donc que l’homme ne fût pas baptisé avant d’être adulte, avant d’avoir trente ans, disaient quelques-uns sous le prétexte qu’à cet âge Jésus-Christ avait reçu le baptême de Jean. Aussi conféraient-ils le sacrement de nouveau à Cuux qui l’avaient reçu enfants. Luther, loc. cit. ; Mé | lanchthon, loc. cit. ; Calvin, Inst. chrét., loc. cit., et n. 47, p. 987.

Luther a toujours combattu très énergiquement les anabaptistes. Dès le début, il enseigne que le baptême est destiné à tous. Sermo v. d. Sak. d. Taufe, 1519, n. 6, t. x, p. 2596. Souvent, il discute une à une toutes les objections faites contre le pédobaptisme. Brief an zwey Pfarrh. v. d. Wiedert., n. 31 sq., t. xvii, p. 2658 sq. ; Ausleg. der Ev. am drit. Sonnt. nach d. Erscheïn. Chr., t. xi, p. 671 sq. ; Catech. major, De bapt., t. x, p. 159. Mais il entend bien aussi se séparer sur ce point des papistes. Il leur reproche de baptiser l’enfant à cause d’une foi étrangère, celle de l’Église, des parrains ou des parents. Personne ne peut être sauvé par la foi d’autrui. Ausleg. der Ev. am drit. Sonnt. n. d. Erschein. Chr., n. 20, 22, t. xi, p. 666 sq. La pensée qu’il exprime souvent est celle-ci : L’enfant est présenté par les parents, ils intercèdent pour lui ainsi que l’Église. A cause de cette prière et de cette confiance, Dieu met en l’enfant une foi propre, personnelle, et le justifie. Sans doute, le petit baptisé n’a pas la raison ; mais n’est-ce pas cette faculté qui est le grand obstacle à la foi ? Loc. cit.

C’est la même pensée qu’exprime la formule de concorde de Wittemberg, 1536. Luther, Werke, t. xvii, p. 2531. Assurément, les enfants n’ont pas la raison, mais ils éprouvent des mouvements semblables à ceux que ressentit Jean dans le sein d’Elisabeth, mouvements analogues d’une certaine manière à des actes de foi et d’amour. Quant aux enfants morts sans baptême, si selon Luther il n’y a pas à désespérer de leur salut, on ne peut leur donner le sacrement. Il faut alors prier Dieu qu’il les fasse participer à sa miséricorde. A cause de l’intercession des parents l’enfant ne sera pas perdu, mais reçu en grâce. Bedenk. v. d. Taufe so v. Weib, i. d. Noth geschieht, t. x, p. 2617. Cf. Tischreden, V. d. h. Taufe, n. 13, 25 sq., t. xxii, p. 856, 859 sq. Luther admet aussi une exception assez semblable en faveur des adultes. S’il déclare que le baptême est nécessaire, que le négliger, c’est mépriser, le Christ et la foi, il obsene que Dieu, n’étant pas lié par ses sacrements, peut sans eux ce qu’il peut par eux ; il est donc capable de donner son esprit à un homme qui n’étant pas baptisé croit l’être, il ne condamne pas celui qui. ayant la foi ne peut recourir au sacrement. Eine and. Pred. v. d. Hârtigkeit der JùngerJesu, n. 62, 64, t. xi, p. 1333, 1334. Quant aux dispositions requises, Luther n’en connaît qu’une : la foi à la promesse du Christ. De capt. BabyL, n. 83, 97 sq., t. xix, p. 66, 67, 76 sq.

Selon Zwingle, le baptême n’est pas nécessaire pour le salut, ni pour la rémission de la faute originelle ; et néanmoins, il faut absolument le donner aux enfants. C’est la circoncision nouvelle, elle est indispensable comme l’ancienne ; il faut que par elle l’homme soit introduit dans le peuple de Dieu. Zwingle se croyait d’autant plus fondé à exiger qu’on baptisât les enfants, qu’il faisait du sacrement un rite purement extérieur. V. Touf, v. Widertoufu.v. Kindertouf, l.u, % p. 230, 297.

Calvin, lui aussi, combat les thèses anabaptistes. Inst, chrét., c. xvii, n. 21 sq., p. 970 sq. Pourtant d’après lui, l’enfant des fidèles tire sa sanctification de son origine : Dieu a promis de bénir la race des chrétiens, n. 33, p. 978. Et néanmoins il faut conférer le sacrement à l’enfant. D’abord, Dieu le veut. Puis le rite extérieur introduira l’enfant dans l’Église, confirmera la foi des parents, rendra le petit baptisé plus cher à la communauté chrétienne et assurera davantage son éducation religieuse, n. 21 sq., p. 970 sq. Mais si, sans qu’il y ait mépris de la loi, l’enfant ne peut recevoir le sacrement, son salut n’est pas en danger ; car, dès sa naissance, le fils du chrétien appartient au corps du Christ. C. xviii, n. 71, p. 1038. Dieu donne-t-il à cet enfant une foi semblable à la notre ? Calvin n’ose l’affirmer ; il dit seulement que Dieu, qui, au ciel, se fait connaître pleinement des en-