Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée
321
322
BAPTÊME D’APRÈS LE CONCILE DE TRENTE


D. Par le baptême, l’homme est introduit dans l'Église. — Le concile répète le mot d’Eugène III, Dec. pro Arm., Denzinger, n. 591 : le baptême est la porte par laquelle on entre dans l'Église. Sess. XIV, c. II. 11 fait de l’homme le membre du corps du Christ, loc. cit. Le concile insinue même qu’avant d’avoir reçu le baptême, on ne peut s’approcher d’un autre sacrement : pour quiconque n’est pas baptise, la pénitence n’est jms un sacrement. Sess. XIV, c. i. Nous verrons quelles obligations entraîne cette admission dans l’Eglise et nous constaterons qu’elles s’imposent à tous, même à ceux qui ont reçu, tout enfants, le baptême.

E. Par le baptême l’homme acquiert un droit conditionnel à la récompense du ciel. — a) Un droit est acquis. — Le baptême est le sacrement qui, aux termes mêmes des définitions conciliaires, est nécessaire pour le salut, sess. VII, De bapt., can. 5 ; sess. XIV, c. n ; sans lui, on ne peut acquérir la vie éternelle. Sess. V, can. 4. L’assemblée déclare donc que, selon le mot de saint Paul, Rom., VIII, 17, le chrétien est l’héritier de Dieu, le cohéritier du Christ, sess. V, can. 5 ; l’héritier en espérance de la vie éternelle ; dans le baptême, il a reçu la foi infuse et vivante qui la lui obtient. Loc. cit.

b) Ce droit est conditionnel. — Très souvent, le concile parle de la fragilité du baptisé, de ses fautes, de la perte de la grâce. Sess. VI, c. xiv ; sess. VII, De bapt., can. 10 ; sess. XIV, c. i, II, viii. Sans doute, l’assemblée a déclaré que Dieu ne hait rien dans l’homme régénéré, qu’en lui iln’y a rien qui appelle condamnation ; mais elle a ajouté le mot de l’Apôtre, Rom., viii, 9 : s’il ne vit pas selon la chair ; et, précisément, elle l’a fait pour ne pas donner à entendre que le chrétien est impeccable. De même, le concile affirme que la concupiscence ne nuit pas, mais il a soin de dire : à condition que l’homme ne cède pas, résiste vaillamment à ses sollicitations. Seas. V, can. 5. Enfin, l’assemblée définit.que la grâce une fois reçue peut être perdue. Sess. VI, can. '23. Voir Justification. — Bien plus, comme les protestants, les luthériens surtout, n’exigeaient de la part du baptisé que la foi, l’assemblée a dû déclarer que d’autres conditions niées par les réformateurs sont nécessaires : observation des commandements de Dieu et de l'Église, respect des vœux que le chrétien s’est imposés, réception de la pénitence si le fidèle a péché. — Le concile ne nie pas que la foi soit nécessaire ; mais il définit que le baptisé n’est pas seulement obligé de croire, sess. VII, De bapt., can. 7 ; que la foi n’est pas le seul acte commandé par Dieu au chrétien, sess. VI, can. 19 ; que Jésus-Christ n’est pas seulement le rédempteur en qui nous devons nous confier, sess. VI, can. 21 ; que le baptisé peut perdre la foi par d’autres fautes que par le péché d’infidélité. Sess. VI, c. xv, can. 27 ; sess. VII, De bapt., can. 6. Voir Justification. — Il doit encore respecter la loi. Le catéchumène s’y est engagé ; une des dispositions que le concile exige de lui, c’est la résolution d’observer les préceptes de Dieu, sess. VI, c. vi, et l’assemblée observe que la liturgie du baptême invite le fidèle à respecter les commandements. Sess. VI, c. Vil. Enfin le concile ne laisse place à aucun doute. Il définit que le Christ a été proposé aux hommes comme un législateur auquel ils doivent obéir, sess. VI, can. 21 ; que le baptisé est obligé de se soumettre à toute la loi chrétienne, sess. VII, De bapt., can. 7 ; que l’homme justifié, le chrétien est tenu de respecter les commandements de Dieu, le décalogue. Sess. VI, c. x, can. 19, 20. Voir Justification. — Mêmes déclarations sur le respect du aux ordres de la société chrétienne. Il est défini que l’homme justifié doit les observer, sess. VI, c. x, can. 20 ; que le baptisé est obligé de se soumettre à tous les commandements de l'Église, loin écrites ou traditions, et qu’il n’est pas seulement tenu de les respecter si cela lui plaît. Sess. VII, De bapt., can. 8. Voir JUSTIFICATION.

Restent les engagements personnels. Contre les réformateurs, surtout contre les luthériens, le concile rappelle la doctrine de l'Église. Il est de foi qu’on n’a pas à rappeler aux hommes le souvenir de leur baptême pour leur faire comprendre la nullité des vœux qu’ils ont contractés, après avoir reçu ce sacrement, sess. VII, De bapt., can. 9, et par conséquent pour engager les prêtres à se marier, les religieux à quitter le cloître. Si le concile donne cet enseignement, c’est qu'à ses yeux la principale objection des réformateurs contre les vœux des chrétiens est dépourvue de valeur. Les voeux ne portent pas atteinte au baptême et à la foi professée par le catéchumène, les promesses de ce sacrement n’annulent jias les engagements dît chrétien.

Mais le fidèle peut manquer à ces diverses obligations. S’il tombe, lui suffira-t-il de se dire, avec foi : Je suis baptisé, Dieu s’est engagé à ne plus voir mes fautes, à les pardonner ? C'était l’opinion de Luther et de Calvin. Le concile la condamne très énergiquement et à plusieurs reprises. Il délinit qu’autre est le sacrement de baptême, autre celui de pénitence, et que le chrétien coupable de fautes graves doit recourir à ce dernier. L’assemblée prend la peine d’indiquer longuement les différences qui séparent les deux rites institués pour la réconciliation du pécheur. Matière et forme ne sont pas du tout les mêmes dans le baptême et dans la pénitence. Sess. XIV, c. il. Le rôle du ministre est très différent ; seul, celui qui réconcilie le chrétien coupable fait office de juge, seul il absout. Loc. cit., sess. VI, c. xiv. Certains actes sont exigés du chrétien pénitent et non de l’infidèle : confession, satisfaction. Sess. VI, c. xiv ; sess. XIV, c. vin. Cette pleine et entière rémission des péchés, des peines éternelles et temporelles qu’accorde le baptême, le chrétien qui s’approche de la pénitence ne l’obtient pas, du moins pas toujours, du moins pas à des conditions aussi faciles. Sess. XIV, c. n ; sess. VI, c. xiv. Le premier sacrement ne doit pas être réitéré, le second peut l'être. Sess. XIV, c. xi. Le concile a donc le droit d’enseigner que la pénitence du chrétien déchu est bien différente de celle de l’infidèle, sess. VI, c. xiv ; de définir que les deux sacrements sont distincts, ne doivent pas être confondus, que le baptême n’est pas le sacrement de pénitence. Sess. XIV, can. 2. Si l’assemblée tient tant à montrer la différence qui sépare les deux rites, c’est afin de déclarer que les péchés du baptisé ne lui sont pas pardonnes en vertu de sa seule qualité de chrétien. Il est défini que le seul souvenir du baptême et la foi ne remettent pas, ne rendent pas vénielles les fautes commises après la réception de ce sacrement. Sess. VII, De bapt., can. 10 ; sess. VI, can. 29. Il est de foi que la pénitence est le remède institué par Dieu pour la réconciliation des chrétiens tombés, que par elle, il applique aux fidèles déchus les mérites de la passion, que l’emploi de ce sacrement est nécessaire pour le salut de l’homme régénéré, mais tombé. Sess. VI, c. xiv, can. 29 ; sess. XIV, c. i. II. Et le concile définit que la pénitence a été nommée justement une seconde planche de salut. Sess. VI, c. xiv ; sess. XIV, can. 2. Voir Pénitence.

Baptême du Christ et baptême de Jean.

Les

déclarations du concile sur les effets du sacrement laissent déjà supposer qu'à ses yeux le rite chrétien l’emporte sur le baptême de Jean. L’assemblée a pris soin d’ailleurs de s’expliquer sur ce sujet. Les légats avaient indiqué parmi les erreurs à condamner cette proposition de Luther : Jésus-Christ n’a pas aboli le baptême de Jean, mais par la parole de la promesse, il l’a amené à sa perfection, Tkeol. Abhandl. r. d. Taufe des Gesetzes, Joh. und Chr, , t, x, p. 2613 ; et cette affirmation de Mélanchthon, tirée des Loci communes : le baptême de Jean et celui du Christ avaient même efficacité ; seulement celui qui recevait le premier devait croire au Messie futur, celui qui s’approchait du second au Christ déjà