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BAPTÊME D’APRÈS LE CONCILE DE TRENTE


pour le renouveler ; d’autre part, l’homme se sait engagé à ressusciter. Le cœur est lavé. La grâce est « versée » , l'âme est sanctifiée, les dons de l’Esprit sont accordés. Néanmoins, la chair demeure pécheresse : mais le pardon est assuré : le baptême donne au chrétien l’assurance que Dieu ne veut plus voir, imputer, condamner ses fautes, quelque graves qu’elles soient. Si l’homme tombe, il n’a, pour faire pénitence, qu'à se souvenir avec foi de son baptême. Cat. maj., loc. cit. ; Pred. v. d. heil. Taufe, n. 45, t. x, p. 2544 ; Pred. am. Ev. am Sonnt. Trinit., n. 13 sq., t. xi, p. 1561. Luther ne reste pas moins fidèle à ses premières déclarations sur la liberté chrétienne. Les commandements de l’Eglise, les lois mosaïques et même le Décalogue ne doivent plus inquiéter, condamner le chrétien ; ils sont abrogés par le Christ. On peut se servir de la loi comme d’un moyen pédagogique, pour amener à l’obéissance les enfants et les hommes grossiers. On doit même prêcher la loi à tous les hommes, afin de leur faire constater leur impuissance à la pratiquer. Mais, la voix qui parle au chrétien, lorsque l’Esprit a fait de lui un homme nouveau, c’est l'Évangile, et cet Evangile n’est pas une loi, mais l’appel à la confiance en Jésus-Christ rédempteur. D’ailleurs, le chrétien n’a pas besoin d'être tenu de faire le bien, il le fait. L’art suprême du fidèle est d’ignorer la loi. Ces thèses sont souvent développées par Luther : voir, par exemple, le commentaire sur l'épître aux Galates de 1535, t. viii, p. 1513 sq.

La conception de Zwingle se rapproche beaucoup plus de celle des anabaptistes que de celle de Luther. Les sacrements n’ont pas la vertu de purifier, ils sont seulement des signes qui rappellent le salut, excitent à la foi, témoignent que le chrétien appartient à l'Église du Christ. De vera et falsa relig., édit. Schuler et Schulthess, Zurich, 1828-1842, t. iii, p. 229, 231 sq. Par le baptême, l’homme s’enrôle parmi les soldats du Christ, il s’engage par un signe symbolique à être son disciple, à appartenir au peuple de Dieu. C’est un rite d’initiation, tout à fait semblable à la circoncision. Seules, la grâce de Dieu, la foi justifient. Le baptême d’eau ne communique pas le Saint-Esprit, ne fait pas de l’homme une nouvelle créature. Il ne remet pas les péchés ; d’ailleurs, il n’y a pas de faute originelle proprement dite. La nature est corrompue, malade. Mais cette tendance au mal n’est pas un péché qui entraîne condamnation. Fidei ratio ad Car. V, t. iv, p. 6 ; De peccato originali ad Urb. Rhegium, t. iii, p. 627 sq., 643 ; Vom Touf, vom Widertouf und vom Kinderlouf, t. ii, "2, p. 230, 297 sq.

Calvin n’admet pas que le baptême soit simplement un rite d’initiation, une protession de toi, une marque distinctive. Il l’est, c’est vrai ; par lui l’homme entre dans l'Église et appartient au peuple de Dieu ; mais le sacrement fait plus. Inst. chr., c. xvii, n. 1, 13, 15, 20, p. 957, 964, 965, 969. Sans doute, il ne possède pas une vertu mystérieuse, ne contient pas la grâce. N. 14, p. 965 ; c. xvi, n. 9, p. 944. Mais c’est un message, un diplôme qui nous montre que nous sommes crucifiés avec le Christ, que nous participons à tous ses biens. C. xvii, n. 5, 6, p. 960. Surtout, il nous donne l’assurance que par le sang du Sauveur, nos péchés sont pardonnes. Sans doute, ils ne sont pas enlevés, la concupiscence demeure en nous et est odieuse à Dieu ; mais il s’est engagé à ne plus l’imputer. Et comme on est baptisé pour la vie entière, comme le péché ne détruit pas le sacrement, le chrétien qui tombe n’a pas à recourir au pouvoir des clefs, à un rite nouveau. Le baptême, c’est la pénitence. C. xvii, n. 1-4, 10, 11, p. 957-963. Le chrétien jouit encore d’un autre avantage : soumis au Christ, il est élevé au-dessus de la loi, il obéit spontanément, fait naturellement ce qu’elle commande et peut à son gré user ou ne pas user des choses indifférentes. C. xvii, n. 12, p. 964 ; c. xii, n. 2 sq., p. 829 sq. Mais le sacrement

n’est efficace que chez les élus, les prédestinés : en eux seuls, se trouve la foi sans laquelle le signe resterait vide, en eux seuls l’Esprit agit pendant que le rite s’accomplit. C. xvii, n. 15, 16, 37, 41, p. 965, 967, 981, 983 ; c. xvi, n. 6, 9, 15, 17, p. 941, 944, 948, 950.

2. Doctrine catholique.

A. Le baptême est un sacrement de la nouvelle loi. Son mode d’efficacité. — Le concile a défini, sess. VII, De sacr. in gen., can. 1, que le baptême est un sacrement de la nouvelle loi. Expliqué par les canons suivants, ce simple mot dit beaucoup. Il est la négation de toutes les théories protestantes sur le mode d’efficacité du baptême. Ce sacrement n’est pas seulement le signe qui distingue extérieurement le chrétien, le symbole de la grâce reçue par la foi, un aliment de cette foi. Can. 5, 6. Ce qui obtient la grâce baptismale, ce n’est pas uniquement la confiance en la promesse de Dieu. Can. 8. Bien supérieur aux sacrements de l’antique alliance, can. 2, le baptême signifie, contient la grâce, la confère à ceux qui ne font pas obstacle à sa venue, can. 6, il la donne ex opère operato, par le fait que le rite est accompli, accorde à tous, du moins pour ce qui est de Dieu. Can. 8. Des notions complémentaires sur le mode d’efficacité du baptême sont éparses ailleurs et méritent d'être recueillies. Auteur de la grâce, c’est Dieu qui est le ministre principal du sacrement : c’est lui « qui lave et sanctifie » , sess. VI, c. vu ; le baptême ne tire pas sa valeur de la sainteté de l’homme qui le confère, puisque l’hérétique baptise validement. Sess. VII, De bapt., can. 4. Voir plus loin. D’autre part, l’eau n’a pas d’efficacité rédemptrice par elle-même, elle ne fait qu’appliquer les mérites du Christ. A plusieurs reprises, le concile affirme cette proposition, et on peut dire qu’il la définit. Sous peine d’anathème, il est défendu de soutenir que le péché originel est enlevé par un remède autre que le mérite de l’unique médiateur, Jésus-Christ ; il est défendu de nier que ce mérite du Christ Jésus est appliqué par le baptême… Suivent les textes de l'Écriture affirmant que Notre-Seigneur nous a sauvés, a effacé les péchés du monde et qu'être baptisé, c’est revêtir le Christ. Sess. V, can. 3. A la session VIe, la même idée est exprimée : dans la régénération chrétienne, la grâce est donnée par le mérite de la passion, c. ni, et il est affirmé que Jésus-Christ par sa passion nous a mérité la justification. C. vu. On comprend sans peine l’insistance des Pères sur ce point : ils avaient à cœur d’affirmer que le baptême catholique n’est pas un rite purement extérieur, comme le disaient les réformateurs, qu’il n’a pas une efficacité « magique » , comme on le prétend parfois. Ce qui achève de mettre la doctrine du concile à l’abri de ce reproche, c’est le rôle reconnu par lui aux dispositions de l’homme. Sans doute, l’assemblée s’est refusée à dire que le péché originel est remis par le mérite de Jésus-Christ appliqué par le baptême et la foi, sess. V, can. 7, elle n’a pas voulu assimiler l'œuvre de l’homme et celle de Dieu ; elle a même déclaré que seule la foi ne justifie pas. Mais elle enseigne que les sacrements produisent la grâce si l’homme ne fait pas opposition à leur efficacité. Sess. VII, De sacr., can. 6. Or précisément notre perversité peut faire obstacle à la vertu du baptême, et il est nécessaire qu’elle soit corrigée et chassée par la pénitence. Sess. XIV, c. i. Des dispositions sont donc requises pour que le sacrement soit fructueux : elles seront énumérées plus loin ; ici, il fallait indiquer leur rôle. Parmi les actes qui composent ou préparent cette pénitence présupposée par la régénération, la foi semble mériter une place d’honneur : le concile n’appelle-t-il pas le baptême, le sacrement de la foi"? sess. VI, c. vu ; ne dit-il pas que Dieu nous a proposé Jésus-Christ comme le rédempteur qui apporte la propitiation par la foi en son sang ? Sess. VI, c. n. Il est vrai que le concile a pu décerner ce nom au baptême, pour d’autres motifs : le néophjte