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BAPTÊME D’APRÈS LE CONCILE DE TRENTE

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remis par la foi, sans autre explication ; à déclarer qu’il réside en nous, à parler des restes du péché, à nommer la concupiscence maladie. Dieu ne hait pas les baptisés, oui, mais, s’ils ne vivent pas selon la chair. Il faut, il est vrai, baptiser les enfants ; néanmoins, il importe de le remarquer, les fils d’infidèles ne doivent pas recevoir le sacrement malgré leurs parents. Cette fois encore, quelques membres, tout en désavouant les novateurs, prirent la défense d’expressions dont abusaient les protestants. Bonucci demandait qu’on supprimât les mots : « non seulement le péché originel cesse d’être imputé. » Séripandi faisait observer que Dieu hait la concupiscence chez les chrétiens. L’évêque de Lanciano, Marini, l’évêque de Pienza, Piccolomini, Séripandi et Bonucci désiraient qu’on retranchât ou qu’on adoucit les mots : « le baptême enlève tout ce qui a vraiment et à proprement parler le caractère de péché ; » Bertani et d’autres évêques réclamaient le maintien de cette affirmation. Beaucoup de Pères se demandèrent s’il fallait accepter la phrase de saint Augustin : Has peccali reliquias, etc. La majorité la trouvait obscure et dangereuse : il y est parlé de restes du péché qui demeurent en nous et peuvent ressusciter. Mais quelques membres du concile la défendirent : Alepio, Thomas de Saint-Félix, Giacomelli, évêque de Belcastro, Séripandi, et Fiorimonte, évêque d’Aquin.

Les légats essayèrent de retoucher le décret primitivement présenté. De leur propre aveu, ce travail leur coûta beaucoup. Pour le mener à bien, ils résolurent de consulter de nouveau les théologiens. Sur le canon 3e, ils firent les observations suivantes : supprimer la citation : Voici l’agneau de Dieu ; ne nommer comme remède contre la faute d’origine que le baptême et non pas la foi. Les théologiens proposèrent de diviser en deux parties le canon 4e, la première consacrée au baptême des enfants serait terminée par un anathéme placé après la citation : Nisi quis… regnum Dei. Il fut demandé qu’on ne parlât pas exclusivement du baptême des enfants, à cet endroit, et qu’on indiquât la peine dont sont atteints les enfants morts sans avoir reçu le sacrement : privation de la vision intuitive. Le canon 5e avait pour objet de déterminer ce que laisse le sacrement. On fit observer qu’il suffisait de dire ici : « le baptême donne la grâce, » sans ajouter, avec le concile de Florence : « il la contient. » Quelqu’un critiqua encore les mots : « le péché originel ne cesse pas seulement d’être imputé. » Tout le monde fut d’avis que la concupiscence n’est pas un vrai péché, que si l’homme ne consent pas à ses sollicitations, elle ne lui nuit pas ; mais un théologien déclara que Dieu la hait chez les baptisés. Si saint Paul l’appelle un péché, observa-t-on, ce n’est pas seulement parce qu’elle vient du péché et y entraîne, l’Apôtre déclare qu’elle est en opposition à la loi de Dieu, repugnantiam legi Dei. Enfin, il serait bon de lancer l’anathème contre quiconque interprétera au sens protestant les affirmations de saint Paul.

Les légats retouchèrent alors le décret, le nouveau texte fut soumis à Bertani : c’était, à peu de choses près, celui qui fut adopté à la Ve session. Le 14 juin, on le lisait en congrégation générale. Le cardinal Pôle fit observer que les mots : « Dieu ne hait rien dans les baptisés, » pouvaient laisser croire que les chrétiens sont impeccables, plusieurs évéques furent du même avis. D’autres, et surtout Bertani, légitimèrent l’emploi de cette proposition. Quelques membres demandèrent qu’on affirmât l’impuissance des forces humaines, laissées a elles-mêmes, pour la rémission de la faute originelle : solas serait ajouté à vires. Cette proposition fut combattue par d’autres Pères. L’évêque de Majorque, Jean-Baptiste Campeggio, réclamait la phrase que le décret primitif contenait sur les éléments, matériel et formel, du péché d’origine. L’évêque de Feltre, Thomas Campeggio, avait un scrupule : dire que la concupiscence ne nuit pas si

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

on lui résiste vaillamment, n’est-ce pas insinuer qu’elle nuit aux enfants ? Fonseca, évêque de Castellamare, aurait voulu qu’aux mots : « le baptême est le seul remède, » on ajoutât : « sous la loi évangélique. » Lis légats ne crurent devoir tenir compte que de la critique du cardinal Pôle : ils maintinrent les mots : « Dieu ne hait rien dans les baptisés, » mais en ajoutant : « si toutefois ils ne vivent pas selon la chair. » Ils firent aussi quelques retouches de pure forme et aboutirent ainsi au texte que nous lisons aujourd’hui. On le lut dans la congrégation générale du 15 juin et les Pères approuvèrent sans aucune réserve tout ce que le décret contenait sur le baptême.

Le 17 juin, avait lieu la Ve session du concile et le texte élaboré avec tant de soin était unanimement adopté :

3. Si quis hoc Adæ peccatura quod origine unum est, et propagations, nonimitationetransfusum omnibus inest unicuique proprium, vel per humanæ naturæ vires, vel per aliud remedium asserit tolli quam per meritum unius mediatoris Domini nostri Jesu Christi, qui nos Deo reconciliavit in sanguine suo. factus nobis justitia, sanctificatio et redemptio ; aut negat ipsum Christi Jesu meritum per baptismi sacramentum in forma Ecclesiae rite collatum, tam adultis quam parvulis applicari : anathema sit ; quia non est aliud nomen sub coelo datum hominibus in quo oporteat nos salvos fieri. Unde illa vox : Ecce agnus Dei, ecce qui tollit peccata mundi. Et illa : Quicumque baptizati estis, Christum induistis.

4. Si quis parvulos récentes ab uteris matrum baptizandos negat, etiamsi fuerint a baptizatis parentibus orti, aut dicit in remissionem quidem peccatorum eos baptizari, sed nihil ex Adam trahere originalis peccati, quod regenerationis lavacro necesse sitexpiari ad vitum

eternam consequendam, unde

fit consequens ut in eis forma baptismatis in remissionem peccatorum non vera sed falsa intelligatur, anathema sit : quoniam non aliter intelligendum est id quod dixit apostolus : Per unum hominem peccatum intravit in mundum et per peccatum mors et ita in omneshominesmorspertransiit in quo omnes peccaverunt, nisi quemadmodum Ecclesia catholica ubique diffusa semper intellexit. Propter hanc enim regulam fidei extraditione apostolorum, etiam parvuli qui nihil peccatorum in semetipsis adhuc committere potuerunt, ideo in remissionem peccatorum veraciter baptizantur ut in eis regeneratione mundetur quod generatione contraxerunt. Nisi enim quis renatus fuerit ex aqua et Spiritu

Si quelqu’un soutient que ce péché d’Adam, un dans sa source, et qui, transmis à tous, non par imitation mais par propagation, se trouve en nous, propre à un chacun, peut être enlevé soit par les forces de la nature humaine, soit par un remède autre que le mérite de l’unique médiateur Notre-Seigneur Jésus-Christ qui, devenu notre justice, notre sanctification et notre rédemption, nous a réconciliés avec Dieu par son sang ; ou si quelqu’un nie que ce mérite du Christ Jésus soit appliqué tant aux adultes qu’aux enfants par le sacrement de baptême convenablement conféré selon la forme de l’Eglise : qu’il soit anathéme ; car, sous le ciel, nul autre nom n’a été donné aux hommes dans lequel nous devrions être sauvés. De là, cette parole : Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, et cette autre : Vous tous qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Christ.

4. Si quelqu’un nie que les enfants nouveau-nés doivent être baptisés même s’ils sont nés de parents baptisés, si quelqu’un, tout en avouant que ces enfants sont baptisés pour obtenir la rémission des péchés, déclare qu’ils n’ont rien contracté de la faute originelle d’Adam qui doive être expié dans le bain de régénération afin qu’ils puissent obtenir la vie éternelle, d’où il s’ensuivrait qu’appliquée à ces enfants la forme du baptême institué pour la rémission des péchés ne se vérifierait pas, mais serait fausse, qu’il soit anathéme. Car la parole de l’Apôtre : Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et ainsi la mort est passée en tous les hommes, tous ayant péché en un seul, ne peut être comprise autrement que l’a toujours comprise l’Église catholique répandue partout. Or, à cause de cette règle de foi, en vertu d’une tradition apostolique, les petit » enfants qui n’ont pu commettre aucune faute personnelle sont véritablement baptisés pour obtenir la rémission

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