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BAPTÊME DANS L’ÉGLISE LATINE DEPUIS LE VIIIe SIÈCLE 232

per ablutionem exteriorem corporis sub invocatione sanctse TrinitatUhomospiritualiterregeneratur.lla.TteT, Tlteol. dogm. compend., Inspruck, 1891, t. iii, p. 26(5.

II. Institution.

La plupart des scolastiques ne s’arrêtent pas à prouver en détail que le baptême est un sacrement, ni qu’il a été institut directement par Jésus-Christ. Ils se contentent de reproduire, avec de sobres commentaires, les textes de l’Écriture et des Pères qui sont donnés plus haut. Voir Baptême dans la sainte Écriture et chez les Pères. En revanche, les théologiens étudient généralement ici deux autres questions : l’époque de l’institution du baptême et la cause de cette institution, autrement dit les motifs qui ont déterminé la substitution du sacrement à la circoncision mosaïque. Voir, pour cette seconde question, Sacrements de l’ancienne loi et Circoncision. Les scolastiques, comme les Pères, sont partagés sur l’époque de l’institution du baptême. Nous allons énumérer brièvement, selon l’ordre chronologique, les principales opinions qu’ils ont émises, et nous indiquerons ensuite celle qui nous paraît la plus probable.

Opinions des scolastiques. —

La question ne fut pas traitée ex professo avant le XIIe siècle. Saint Bernard, répondant à Hugues de SaintVictor, qui l’avait consulté sur l’époque de l’obligation du baptême, semble supposer dans sa lettre que le sacrement avait été institué lors de l’entretien de Jésus avec Nicodème. Tract, de bapt., P. L., t. CLXXXII, col. 1031 sq. Il faut remarquer cependant que le saint docteur émet cette opinion d’une manière tout à fait incidente, et ne traite ex professo que la question de l’époque où le baptême est devenu obligatoire. Hugues de Saint-Victor mentionne les divers sentiments qui ont été émis sur l’époque de l’institution ; il est d’avis que le baptême fut d’abord mis en usage par le précurseur, puis par le Christ, ensuite par les disciples du Sauveur, afin qu’on s’habituât peu à peu à cette pratique, car elle ne fut établie d’une manière universelle qu’au moment de la mission donnée aux apôtres par tout l’univers. De sacramentis, 1. ii, part. VI, c. IV, P. L., t. clxxv, col. 449. Roland Bandinelli, Die Sentenzen Rolands, (’dit. Giell, Fribourg-en-Brisgau, 1891, p. 199, tenait cette opinion comme plus probable ; elle est encore soutenue par H. Schell, Katholische Dogmatik, Paderborn, 1893, t. m b, p. 150. Pierre Lombard croit que l’institution du sacrement eut lieu au moment du baptême de Jésus-Christ par le précurseur. Sent., 1. IV, dist. IV, P. L., t. cxcii, col. 815. Au xiiie siècle, Alexandre de Halès, Summa, part. IV, q. viii, m. il, a. 3, 1576, t. iv, fol. 68, et Albert le Grand, In IV Sent., 1. IV, dist. III, a. 3, Opéra, 1651, t. xvi, p. 39, veulent qu’on distingue plusieurs points de vue dans la question. D’après eux, Jésus-Christ aurait déterminé la matière du sacrement lors de son propre baptême ; la forme, dans la mission qu’il donna à ses apôtres, Matth., xxviii, 19 ; la fin, dans son entretien avec Nicodème ; la vertu, sur la croix, quand le sang et l’eau coulèrent de son côté ; enfin V effet salvifique, dans son discours d’adieu aux apôtres. Marc, xvi, 16. Saint Thomas suit l’opinion de Pierre Lombard, Sum. theol., III » , ([. i.xvi, a. 2. et la plupart des thomistes l’adoptent également. Voir Billuart, De baplismo, diss. I, a. 2, S I. Le catéchisme du concile de Trente l’accepte aussi bien que Soto, De justifia < ! jure, I. II, q. v, a. 4, Lyon, 1582, p. 57, et Gonet, Clypeus theologiæ thomisticæ,

-. dit., l’.uis, 1609, t. v, p. 112. Duns Scot croit que le

sacrement fut institué, non au baptême de Jésus-Christ, ni pendant son entretien avec Nicodème, mais tout’luis avant la passion, sans qu’on puisse préciser davantage le moment de l’institution, ht I V Sent., 1. IV, dist. III, q. iv, Opéra, 1639, t. viii, p. 188. C’est aussi l’opinion desscotisteset de quelques autres théologiens modernes, ceux de Wur/.bourg notamment, qui inclinent cependant pour une date moins imprécise, en plaçant l’institution probable du sacrement au moment où J( sus Christ envoya la première fois ses apôtres prêcher et baptiser en Palestine. Theol. Wirceburg., Paris, 1880, t. ix, p. 161. Voir aussi Einig, Tract. de sacramentis, Trêves, 1900, t. i, p. 53-54. Suarez admet que le baptême tut institué avant la passion, mais il a soin d’ajouter que ce n’est pas une vérité de foi, comme quelques-uns se l’imaginent : Soluni est hœc sententia probabilior et Scripturis eonformior, et commuais theologorum. De sacram., disp. XIX, sect. i, n. 4. II croit aussi avec Duns Scot, qu’il n’est pas possible de préciser le moment de l’institution, et qu’il laut en conséquence interpréter l’opinion de saint Thomas de la manière suivante : Hanc sententiam asserentem Christum instituisse sacramentum baptismi quando ipse baptizalus fuit, non esse in hoc rigore hitelligendam. .. ut [baptismus] ex lune haberel suam significationem et virtutem, .., sed tune indicatam esse materiam et formam hujus sacramenti, et paulo post TE M PO RE opponruxo vel facta vel verbis, vel utroque simul, tradidisse Christum hanc inslitutionem. Ibid., sect. ii, n. 4. Cette opinion, la même au tond que celle de Duns Scot, est adoptée par plusieurs théologiens récents, entre autres Billot, De Ecclexisa sacramentis, 2e édit., Rome, 1896, t. i, p. 205, 206 ; Chr. Pesch, Prselect. dogm., Fribourg-en-Brisgau, 1900, t. vi, p. 148.

Conclusion.

Cette variété d’opinions que nous venons d’exposer indique bien que la question ne comporte pas de solution absolue. De fait, aucune d’elles ne peut invoquer en sa faveur des arguments décisifs. —1. Les partisans de l’opinion qui place l’institution du baptême après la résurrection font remarquer que le sacrement n’était pas obligatoire avant cette époque ; que la fondation définitive de l’Eglise remonte seulement à la Pentecôte ; que le Saint-Esprit ne fut pas donné avant la glorification de Jésus, et que d’ailleurs le baptême, tirant toute sa vertu de la passion du Sauveur, n’avait pas du être institué avant le sacrifice de la croix. C’est l’opinion que préfère Schanz, qui expose fort nettement toute cette question. Die Lehre von de » heiligen Sacramenten der kalholischen Kirche, Fribourg-en-Brisgau, 1893, p. 210-215. On leur a répondu que l’obligation d’une loi est distincte de l’institution qui la crée ; que les premiers fondements de l’Eglise existaient avant la passion de Jésus-Christ ; que l’effusion du Saint-Esprit dans toute sa plénitude avait eu lieu, il est vrai, à la Pentecôte, mais sans préjudice d’une effusion partielle antérieure ; qu’enfin le baptême pouvait tirer sa vertu de la passion future de Jésus-Christ, et même de sa vie antérieure qui fut un sacrifice continuel. — 2. L’opinion qui veut que le sacrement ait été institué lors de l’entretien de Jésus avec Nicodème ne repose sur aucune preuve concluante. Autre chose est l’affirmation de la nécessité du baptême, et autre chose son institution. Il ne convenait pas d’ailleurs, ce semble, qu’un sacrement si important eût été institué pour ainsi dire en secret, dans un entrelien nocturne où n’assistait qu’une seule personne, et qui n’avait aucune mission apostolique. Schanz, Commentât" ûber das Evang. des heil. Johannes, Tubingue, 1885, p. 169. — 3. Soutenir que l’institution du sacrement eut lieu d’une façon partielle et successive, est une solution qui peut paraître ingénieuse au premier abord, mais qui n’est pas autre chose, au fond, que celle de la première opinion, puisque c’est la forme qui donne l’être définitif au sacrement, et que cette forme aurait été établie au même moment dans les deux systèmes, c’est-à-dire après la résurrection. — i. L’opinion qui place l’institution du baptême au moment où Jésus-Christ envoya pour la première fois ses apôtres prêcher et baptiser dans la Palestine, est une simple hypothèse, vraisemblable si l’on veut, mais qui n’est prouvée ni par l’Écriture ni par la tradition. On peut en dire à peu pies autant de l’opinion qui prétend que le baptême lut institué avant la passion, mais à une