Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/128

Cette page n’a pas encore été corrigée

237

BAPTÊME D’APRÈS LES MONUMENTS DE L’ANTIQUITÉ

238

I. NATURE DU BAPTÊME.

L’ablution baptismale est une action symbolique qui. par une vertu supérieure, produit un ellet surnaturel dans l’àme du baptisé. Cela est indiqué : 1° Par l’origine de l’eau dont on se sert pour l’iniusion. Dans les deux chapelles des sacrements a 2 et a 3, et ailleurs, cette eau sort du rocher mystique, qui est le Christ, par la vertu ou la puissance sacerdotale de son représentant Moïse-Pierre, fondement et chef de son Église ; le pécheur en tire le poisson, symbole du chrétien baptisé, et c’est dans cette eau qu’on administre le baptême (fig. 2). Cette connexion était certainement voulue par le peintre de ces deux chapelles. — La même conclusion est fournie par les eaux qui descendent du ciel, comme sur la pierre d’Aquilée (lig. 1), où le ciel est figuré par le cercle rempli d’étoiles, ou par celles qui sortent du bec de la colombe mystique, comme st>r la cuiller d’Aquilée, et sur un bon nombre de représentations du baptême du Christ, par exemple, au baptistère catholique de Ravenne, où les rayons partant du bec de la colombe ont la couleur verdàtre de l’eau. Cowe et Cavalcaselle, Histoire de la peinture italienne, édit. allem. de Jordan, 1869, t. I, p. 23. Sur d’autres monuments cités par de Rossi, c’est sûrement « de l’eau qu’elle (la colombe) répand sur le.Sauveur et non des rayons de lumière comme on le suppose communément. Sur un bas-relief de Monza, du vu siècle, elle verse l’eau au moyen d’un urceolus (burette) qu’elle tient à son bec. » De Rossi, Bullelt., édit. franc., 1876, p. 15. La conclusion serait identique, si la colombe ne lançait que des rayons, symbole de la grâce, d’après le poète Juvence du ive siècle. P. L., t. xix, col. 110 sq. De cette façon on marque que l’eau du baptême n’est pas une eau ordinaire, mais un /lumen cœleste, De Rossi, Inscript, chriit., t. ii, p. 135, 6 ; p. 247, 11, qui tire du Saint-Esprit et du ciel sa vertu génératrice. — 2° Par le nimbe, qui se trouve sur quelques monuments, par exemple, la pierre d’Aquilée (fig. 1). Le nimbe symbolise « l’autorité divine au nom de laquelle le ministre du baptême prononce la formule et accomplit le rite de la régénération » . Il est réservé dans l’art chrétien au Christ, aux anges et plus tard aux saints. De Rossi, Bullett., 1876, p. 14, regarde donc le personnage qui en est orné comme ministre du sacrement et comme tel investi d’une puissance surnaturelle et divine. Car quel que soit le ministre, c’est toujours le Christ qui baptise. Augustin, In Joa., tr. VI, c. i, n. 7, P. L., t. xxxv, col. 1428. — 3° Par les effets qu’on attribue à cette ablution et par certains symboles qu’on emploie. En choisissant celui du paralytique, les artistes montrent le caractère auguste et miraculeux qu’ils reconnaissent à l’action du baptême. De même que l’ange descendait dans la piscine pour communiquer à l’eau la vertu de guérir, de même « le Saint-Esprit pénètre l’eau du baptême et lui donne la vertu de guérir le néophyte de sa maladie spirituelle, le péché » . — 4° Par la juxtaposition des scènes du baptême à d’autres scènes représentant réellement ou symboliquement l’eucharistie, comme à la crypte de Lucine, à la chapelle grecque, etc.

II. MODE DE COLLATION. —

Durant les premiers siècles, le baptême s’administrait de deux façons, par immersion et par infusion. La première manière était d’un usage plus répandu, probablement parce qu’elle symbolisait plus sensiblement la mort et la résurrection du baptisé avec le Christ. Cependant l’infusion, dont la validité a été l’objet de graves et d’ardentes discussions, était aussi employée. Voir plus haut. L’immersion complète n’est représentée dans sa réalité nulle part, si ce n’est dans une miniature, de date postérieure, d’un pontifical de la bibliothèque Casanate, à Rome. D’Agincoui t, Histoire de Varl par les monuments, Paris, 1823, t. v, pi. 39. Mais on y fait probablement allusion soit dans les différentes scènes de la pêche, où le poisson symbolique est retiré de l’eau, soit dans la main du baptiseur posée sur la tête du baptisé, qui, d’après l’interprétation commune, signifie l’immersion à laquelle le ministre va procéder et non pas l’imposition des mains, qui n’avait lieu qu’au moment où le baptisé sortait de l’eau. Strzygowski, op. cit., p. 8. — La simple infusion, au contraire, et l’infusion avec immersion partielle se rencontrent fréquemment, par exemple, dans les chapelles des sacrements a 2 et a 3, sur le verre de Rome et le marbre d’Aquilée (fig. 1). D’aucuns, par exemple, Kraus, Real-Encyclopûdie, t. ii, p. 828, ont objecté que les règles de l’art s’opposent à la représentation d’une immersion complète et que les représentations d’immersion partielle doivent être interprétées comme reproduisant l’immersion totale. Mais l’intention de l’artiste est évidente : qu’il représente le baptême du Christ ou celui d’un fidèle, il a voulu indiquer l’infusion, quand il fait descendre l’eau soit du ciel, soit du bec de la colombe, soit d’un vase suspendu et renversé, ou bien quand il la fait verser par le ministre tenant la coupe dans sa main. Pareille cérémonie était tout à fait inutile après une immersion complète. D’autres preuves peuvent encore être apportées en faveur de l’infusion. D’après De Rossi, Bullett., édit. franc., 1881, p. 136 sq., un urceolus en terre cuite, trouvé à Carthage en 1880 et provenant d’un antique baptistère, aurait servi à verser l’eau sur la tête du néophyte. On suppose que la coupe en bronze du musée Iurcher avait le même usage. Garrucci, op. cit., t. vi, p. 89, pl. 461, 1-3 ; de Rossi, Bullett., 1861, p. 58 ; 1867, p. 88. L’eau coulait d’en haut dans certains baptistères, par exemple, dans celui de Milan décrit par Ennode. Epigr., il, 149, édit. Sirmond, Venise, t. I, p. 1145. Ces monuments, il est vrai, sont en dehors de l’époque qui nous occupe (Yurceolus, par exemple, est de la fin du Ve siècle) ; mais les petites dimensions des vasques dessinées sur les deux monuments d’Aquilée et sur la peinture de Sainte-Pudentienne excluent par elles-mêmes l’immersion complète. Quant aux antiques baptistères visibles encore aujourd’hui aux catacombes de Sainte-Félicité, Marucchi, Éléments, t. ii, p. 304, et de Priscille, Nuov. bullett., 1901, t. vii, p. 73, et surtout à la basilique Saint-Etienne, sur la voie Latine, leur disposition et leur peu de profondeur semblent peu favoriser l’hypothèse d’une immersion complète. Sans recourir à une analogie avec les taurobolies et les criobolies, où il ne peut être question d’immersion, nous pouvons donc dire que les monuments prouvent plutôt en laveur de l’infusion ou de l’intusion unie à l’immersion partielle qu’en faveur de l’immersion totale et montrent, du moins d’une certaine façon, « l’importance donnée à l’infusion de l’eau dans un temps où beaucoup s’imaginent qu’on baptisait seulement par immersion ; point fort important dans la controverse avec les Grecs modernes. » De Rossi, Roma sottcr., t. il, p. 334. — Dans l’infusion, il faut que l’eau coule sur une partie essentielle du corps, de préférence sur la tête, la pars in qua vigent omnes sensus et manifestantur opéra animæ. S. Thomas, Sum. theol., III a, q. lxvi, a. 7. Les monuments justifient cette prescription. Le baptisé est non seulement parfois debout dans l’eau qui coule, mais l’infusion sur la tête est souvent telle que tout le corps, dépouillé de vêtements, en est inondé (lig. 1). A la chapelle des sacrements a-, l’enfant est debout dans l’eau qui vient de passer en grande abondance sur sa tête. Dans tout cela nous avons vraiment l’ablution dont parle l’inscription de deux époux sur un sarcophage de Tolentino : … quos Probianus sacerdos la vit et unxit, De Rossi, Bullett., édit. franc., 1869, p. 23, et que mentionnent d’autres inscriptions par les termes : unda, amnis, flumen, fluentum, lavacrum, liquor, etc.

III. LE MINISTRE. —

C’est le prêtre, évêque ou simple prêtre, quelquefois le diacre. Le prêtre est ministre du baptême sur les monuments. Sur la plus