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BAPTÊME D’APRÈS LES MONUMENTS DE L’ANTIQUITÉ

rale de cette scène très ancienne et très fréquente a été exposée, t. i, col. 2007-2008. La signification particulière, comme symbole du baptême, est clairement exprimée par les artistes, par exemple, dans la chapelle des sacrements a2 Wilpert, Malereien der Sakramentskapellen, p. 16, fig. 9, où le pêcheur évangélique retire le poisson, symbole du chrétien, de l’eau même qui sort directement du rocher (fig. 2). Sur un sarcophage de Soissons, Le Blant, Sarcophages de la Gaule, p. 14, Moïse frappant le rocher fait pendant à la scène réelle du baptême du Christ.

4. Le paralytique qui emporte son grabat, se rencontre dès le IIe siècle dans la chapelle grecque, la chapelle des sacrements a3, etc. Les Pères parlent surtout de celui qui a été guéri dans la piscine de Bethsaïde, Joa., v, 1-16, dans laquelle ils voient une figure des eaux salutaires du baptême. On pourrait peut-être se demander quel paralytique est représenté sur les monuments ; mais le doute cesse quand on voit apparaître, comme sur un sarcophage du Vatican, aujourd’hui au Latran, Garrucci, Storia, t. v, p. 28, pl. 314, 5 ; Martigny, op. cit., p. 652, les eaux ou les portiques, où gisent d’autres malades, ? ou quand cette scène fait pendant à quelque autre composition baptismale. »
2. ― Le pêcheur tirant le poisson de l’eau. D’après P. Allard, Rome souterraine, 2e  édit., pl. vi, n. 1.

5. L’aveugle-né, dont la guérison, d’après Corblet, op. cit., t. ii, p. 515, symboliserait la guérison de l’aveuglement spirituel par le baptême. Ce symbole nous parait bien douteux. Voir Symbolisme de l’art chrétien.

6. Le baptême du Christ, d’après Nuovo bullett., 1897, t. iii, p. 132 ; 1901, t. vii, p. 206-207 ; Wilpert, op. cit., p. 16, 17, etc. Les Pères aiment à rapprocher le baptême du Christ de celui des chrétiens, ses disciples. Les artistes chrétiens établissent aussi ce rapprochement par certains détails de composition non historiques et par des scènes symboliques juxtaposées. Ainsi à la chapelle des sacrements a2, à la suite du baptême de Jésus, on voit des scènes eucharistiques, ou bien sur un sarcophage du ive siècle récemment découvert au forum romain, où la scène du baptême fait suite à une pêche symbolique. Nuovo bullett., 1901, t. vii, p. 205-216, pl. vi. Voici le thème ordinaire : le Christ, de petite taille et nu, est en partie plongé dans les eaux ; saint Jean, revêtu de la tunica exomis ou d’un autre costume particulier, est sur la rive du fleuve et procède au baptême. Dans la plus ancienne peinture, à la crypte de Lucine, il tend la main à Jésus pour l’aider à sortir de l’eau. Ailleurs il lui pose la main sur la fête. D’autres fois l’eau descend du ciel, ou coule du liée de la colombe mystique planant au-dessus de Jésus. Au ve siècle apparaissent les anges et le Jourdain personnifié ; au vie, le Père éternel. J. Strzygowski, Iconographie der Taufe Christi, Munich, 1885 ; de Waal, Die Taufe Christi auf vorkonstantinischen Gemälden, dans Römische Quartalschrift, 1896, t. x, p. 335-319.

Autres figures symboliques ou allégoriques.

1. Le cerf. — Il est l’image du catéchumène qui soupire après la régénération. Il a cette signification quand il se désaltère aux eaux du Jourdain, par exemple, au baptistère de la catacombe de Saint-Pontien, Garrucci, op. cit., t. ii, p. 90-99, pl. 86-88 ; Perret, Les catacombes, t. iii, pl. 52 ; ou quand il s’approche d’un vase d’eau, comme sur un sarcophage de Ravenne, Ciampini, op. cit., t. ii, pl. 3 ; Corblet, op. cit., t. ii, p. 517 ; Martigny, op. cit., p. 79, n. 7 ; Kraus, Real-Encyclopädie, t. ii, p. 666 ; Paciaudi, De sacris christian. balneis, 2e édit., Rome, 1758, p. 154. Ce symbole ne paraît que dans la dernière phase de l’art chrétien primitif, en particulier, dans les baptistères. Cf. Kraus, Geschichte der christi. Kunst, t. i, p. 114-115.

2. La pêche. — S’appuyant sur les paroles de Jésus, Matth., iv, 19 ; xiii, 47, 48 ; Marc, i, 17 ; Luc, v, 10, les Pères s’accordent à voir dans le pêcheur « l’apôtre qui convertit, et spécialement Pierre, et à identifier l’homme baptisé avec le poisson qui est tiré de l’eau » . Clément d’Alexandrie Pædag., iii, 11, P. G., t. viii, col. 633, dit : « Si l’on voit représenté un pêcheur, que l’on se souvienne de l’apôtre et des enfants qui sont tirés de l’eau. » Cf. ibid., 12, col. 681. De même Paulin de Noie, Epist., xx, ad Delph., 6, 7, P.L., t. lxi, col. 249, 250. Saint Ambroise, Hexæm., v, 6, 7, P. L., t. xiv, col. 212, 213, s’écrie : « Ne crains pas, à bon poisson, l’hameçon de Pierre : il ne tue pas, il consacre…, bondis à la surface de l’eau, ô homme, puisque tu es poisson : que les flots de ce siècle ne t’écrasent plus… » C’est donc sous la forme allégorique du pêcheur qu’on se figure le prêtre chrétien administrant le baptême. Cette signitication symbolique est indiquée aussi par les monuments, où la série des scènes ne laisse aucun doute sur les intentions de l’artiste, par exemple, dans les deux chapelles des sacrements a2 et a3 à Domitille, sur une fresque du ier siècle, Bullett., 1865, p. 44, sur le célèbre sarcophage de la Gayolle, du iie siècle, Le Blant, op. cit., p. 157-160, pl. lix, 1, et sur un fragment de sarcophage trouvé à Saint-Valentin. Nuov. bullett., 1897, t. iii, p. 103 sq., pl. iv. — Quant aux autres symboles que citent Corblet, de Waal, etc., leur signification nous paraît plus que douteuse. Plus généralement ces symboles s’expliquent autrement, par exemple, par les nécessités de la décoration. Kraus, Geschichte der christi. Kunst, t, i, p. 112. Notons enfin que pour juger, avec sûreté, de la signification de ces symboles, il faut observer les règles indiquées ailleurs, t. i, col. 2004, 2005, et Symbolisme de l’art chrétien.

II. Valeur théologique.

Ces représentations réelles ou figurées du baptême donnent lieu à d’importantes conclusions théologiques, que les inscriptions viennent confirmer et corroborer.