Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

197

BAPTÊME D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

198

tirées de sa nature. En remontant à l’origine du monde, il remarque que l’eau est anliqua substantia, divini Spiritus sedes, et par suite, gratior scilicet cœleris lune démentis. Quid quod exinde dispositio mundi modulatricibus quodam modo aquis Deo constilit… Prunus liquor quod viveret edidit ne mirum sit, in baptismo, si aqux animare noverunt. L’eau n’a pas seulement produit les premiers êtres vivants ; elle a encore concouru à la formation du corps de l’homme qui n’a pu être modelé que dans une terre humectée. Tertullien conclut : Vereorne laudes aquæ potius quant baptismi raliones videar congregasse. Au c. iv, ibid., col. 1203-1201, il indique les raisons d’être du baptême. La première qu’il trouve est la figure du baptême, déjà rappelée, à savoir : Dei Spiritum, qui ab initio supervectabatur super aquas, intinclos reformalurum. Le Saint-Esprit sanctifiait l’eau et lui donnait la vertu de produire la sainteté, lia de Sancto sancti/icata natura aquarum, cl ipsa sanctificare concepit. Qu’on n’objecte pas : Nous ne sommes pas baptisés dans les eaux qui existaient au commencement du monde. Ce qui appartient au genre appartient aux espèces. Igitur omnes aquse de pristina originis prærogativa sacramentum sa71ctificationis consequuntur, invocato Deo. Après avoir parlé des lustrations usitées dans les initiations païennes, Tertullien trouve une autre figure du baptême dans la piscine de Béthesda, dans laquelle était guéri le premier malade qui y descendait après le mouvement de l’eau. Figura ista médicinal corpordlis spiritalem medicinam canebal, ea forma qua semper carnalia in figura spirilalium antecedunt. Et il montre la supériorité de la réalité sur la figure : non seulement l’esprit est guéri et le salut éternel conféré par le baptême, ce remède et ce don sont accordés quotidie, tandis que la guérison des maladies corporelles ne pouvait être obtenue à la piscine probatique que semel in anno. C. v, col. 12051206. Au baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain, le Saint-Esprit descend sur les eaux du fleuve, tanquam pristinam sedem recognoscens, et il y paraît sous forme de colombe, ne hoc quidem sine argumento prsecedentis figurée. Quemadmodum enim post aquas diluvii, qiiibus iniquitas aiiliqua purgata est, post baptismum (ut ita dixerim) mundi pacem cselestis iras præco columba terris adnunliavil dimissa ex arca et cum olea reversa… Le monde ayant péché après le déluge, le baptême est comparé au déluge. C. viii, col. 1208-1209. Le passage de la mer Rouge par les Hébreux pour échapper à la servitude du roi d’Egypte est une nouvelle figure du baptême : Liberantur de sœcidonationes peraquam scilicet, et diabolum, dominatorem pristinum, in aqua oppressum, derelinqvunl. Autres figures du baptême : Item aqua de amariludinis vitio in suum commodum suavitatis Mosei ligno remediatur. Lignum illud erat Cltrislus, venenalse et amaræ retio naturœvenas insaluberrimas, aquas baplismi scilicet, ex sesc remedians. 11sec est aqua, quse de comité petra popido defluebat. Si enim pelra Christus, sine dubio aqua in Cliristo baptismum videmus benedici. C. ix, col. 1209-1210. Saint Cyprien renchérit encore sur Tertullien et va jusqu’à dire : Quotiescumqueaquasola in Scriptuns sanctis nominatur, baplisma prædicatur. Il trouve dans Isaïe, xliii, 18-21 ; xlviii, 21, des prophéties symboliques du baptême. Epist., Lxiii, n. 8, P. L., t. iv, col. 379-380. Dans sa lettre Ad Magnum, n. 2, P. L., t. iii, col. 1140, l’évêque de Carthage expose que l’arche de Noé était le type de l’Église ; il considère le déluge comme le baptême du monde et il lui compare le baptême chrétien. De l’unité de l’arche il conclut même, par suite d’une comparaison trop rigoureuse, qu’on nepeutètre revivifié que par le baptême, conféré dans l’unique Église de Dieu. Plusloin, n. 15, col. 1150-1151, il voit, après saint Paul, une figure du baptême dans le passage de la mer Rouge. Par l’eau salutaire du baptême, scire debemus et fidere quia illic diabolus opprimitur, et homo Deo dicatus divina indulgenlia liberatur. Origène, In Exod., homil. v, P. G., t. XII, col. 326, s’appuyant sur saint Paul, I Cor., x, 2, voit dans le passage de la mer Rouge une image du baptême. Le passage du Jourdain a la’même signification, et la réalisation de ces deux figures s’est faite au baptême de ses auditeurs qui ont passé des ténèbres de l’idolâtrie à la connaissance de la loi divine et qui, dans la fontaine mystique du baptême, ont été initiés par les prêtres et les lévites aux plus sacrés mystères. In lib. Jesu Nave, homil. iv, n. 1, 2, ibid., col. 842-844. Pour saint Hippolyte, Susanne est l’image typique de l’Église. Le jour où elle se baigne, dit-il, préfigure la fête pascale où, dans le jardin de l’Église, lebain est préparé aux catéchumènes brûlant de désir. In Daniel., i, 16, édit. Bonwetsch, Leipzig, 1897, p. 26, 27 ; Saint Cyrille de Jérusalem, Cat., iii, n. 5, P. G., t. xxviii, col. 432-433, recherche dans l’Écriture les raisons du choix de l’eau comme instrument de la grâce dans le baptême. Outre que l’eau est le meilleur des éléments, le baptême a été figuré dans l’ancienne alliance. A l’origine l’Esprit était porté sur les eaux, desquelles sont sortis le ciel et la terre.’Ap/f, to0 /.ôctu.ov xb -j’Scop, xal àpyy] -iâ>v E-jayyeÀctov ô TopSdew, ;. Israël fut délivré de la servitude de Pharaon par le moyen de la mer ; le monde a été délivré des péchés par le bain de l’eau dans la parole de Dieu. L’eau scelle toutes les alliances. Celle de Dieu avec Noé a été conclue après le déluge ; celle avec Israël au mont Sinaï a été manifestée par l’aspersion de l’eau. Élie ne monte au ciel qu’après avoir traversé le Jourdain. Aaron a pris un bain avant d’être institué grand-prêtre. Le bassin placé devant le tabernacle était aussi un symbole du baptême. Saint Grégoire de Nysse, De bapt., P. G., t. xlvi, col. 420-421, exhorte éloquemment ceux qui retardent le baptême à passer le Jourdain, dont les eaux ont été adoucies par la venue de l’Esprit comme les eaux amères devenues douces grâce au morceau de bois jeté en elles. Il leur propose l’exemple de Josué et leur demande de quitter le désert et de mener la vie chrétienne, figurée par la fertilité de la Terre promise. Saint Grégoire de Nazianze, Orat., xxxix, 17, P. G., t. xxxvi, col. 353, rappelle les différentes espèces de baptême : Moïse a baptisé dans l’eau, et aussi dans la nuée et la mer ; ce qui, au témoignage de saint Paul, (’tait figuratif. La mer Rouge représentait l’eau, la nuée l’Esprit, et la manne le pain de vie. Saint Chrysostome, In dictum Pauli : Nolo vos ignorare, n. 3, 4, P. G., t. li, col. 247-248, développe longuement le caractère figuratif du passage de la mer Rouge. Dans le type et l’antitype, on trouve le même élément ; la piscine remplace là mer ; dans les deux cas, tous entrent dans l’eau. Ici, ils sont délivrés de l’Egypte, là, de l’idolâtrie ; ici, Pharaon est submergé, là, c’est le diable ; ici, les Égyptiens sont étouffés, là, c’est le vieil homme avec ses péchés. La réalité l’emporte sur la figure. Ailleurs, InJoa., homil. xxxvi, 1, P. G., t. lix, col. 203, c’est la piscine probatique qui est une figure du baptême, si puissant et’si bienfaisant, du baptême qui ellàce tous les péchés et rend la vie aux morts.

Si nous revenons en Occident, les Pères ont la même doctrine que ceux de l’Orient. Saint Optât, De sc/iism. donat., v, 1, P. L., t. xi, col. 1045-1046, conclut à l’unité du baptême, de l’unité du déluge et de la circoncision, et il dit du déluge : Erat quidem imago baptismatis, ut inquinatus tolus orbis, demersis peccatoribus, lavacro interveniente, in faciem pristinam mundaretur. Le pseudo-Ambroise, De sacram., I, 4-6, P. L., t. xvi, col. 420-424, compare les mystères des Juifs à ceux des chrétiens et il expose le caractère figuratif du passage de la mer Rouge, de la guérison de Naaman et du déluge. Saint Ambroise traite des mêmes figures, De myst :, 4, ibid., col. 394-396, en y ajoutant le miracle de la piscine probatique. Saint Jérôme, Epiât., lxix, 6, P. L., t. xxui,