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CANADA (CATHOLIClS.Mi :
171’qu’ils fussent à l’avenir. Dans la II’partie, il déclare

qu’à dater de la capitulation de Montréal le chapitre msidéra comme revenu à l’ancien droit suivant lequel l’évéque était élu par le clergé de l’Église vacante et confirmé par le pape, sont e bon plaisir du souverain ; que l’évoque -le Québec, depuis 1770. a toujours eu un coadjuteur cam fulura luccessione, proposé par lui, agréé par le gouverneur, confirmé par le saintsiège ; que tous ses prédécesseurs ont fait preuve de la loyauté la plus scrupuleuse envers l’Angleterre ; que leur autorité étant toute spirituelle et s’exerçant seulement sur les sujets catholiques, on ne leur avait jamais contesté, en fait, jusqu’à ces dernières années, ni leurjuridiction, ni leur titre d’évéques. Il réclamait, dans la III’partie, le maintien des mêmes droits et leur reconnaissance officielle ; et, comme conséquence, le droit de propriété pour lui et ses successeurs.

On en était là quand éclata la guerre entre la Grande-Dretagne et les États-Unis (1812). Ma » Plessis visitait alors les extrémités de son diocèse. En son absence, ses vicaires généraux écrivirent des mandements pour inviter le peuple à la fidélité et au courage contre l’ennemi. Lui-même, à son retour, n’épargna rien pour aider à la défense du pays. Ce ne fut pas en vain. Les américains des États-Unis, vaincus en plusieurs rencontres, se retirèrent. L’évéque put transmettre à ses curés « la parfaite satisfaction du gouverneur pour l’assistance qu’il a reçue de leur part, tant pour la levée des milices, que dans le maintien de la subordination parmi elles ». Sir George Prévost fit plus ; il obtint du prince régent la reconnaissance officielle du titre d’évéque catholique de Québec pour Mo’Plessis avec 20 000 francs d’appointements. A l’évéque anglican qui protestait contre une telle faveur, lord Bathurst répondit : « Ce n’est point quand les Canadiens se battent pour l’Angleterre qu’il faut agiter de pareilles questions. » Ainsi, après quinze ans de luttes, étaient reconnus l’indépendance et les droits de l’évéque.

Pagnuelo, Études sur la liberté religieuse en Canada, c. ixxi, p. 80-120 ; J.Guérard, La France canadienne, dans Le correspondant, avril 1877 ; Garneau, Hist. du Canada, t. iii, 1. X11I, c. il ; t. XIV, c. i ; Mandements des évêques de Québec, t. m ; Conversations entre sir Craig et M" Plessis. p. 59 ; Mémoire au gouverneur, p. 79 ; L.-O. David. Biographies et portraits. Montréal, 1876, M" Plessis. p. 80 ; H. Gliristie, History of Canada, 5 in-8° Québec, 1848-1854 ; Montréal, 1855, t. vi ; French, Biographical notice of J. O. Plessis, bisliop of Québec, in-8’, Québec, 1*04 ; c’est une traduction d’un ouvrage français par l’abbé Ferland ; Le Foyer canadien, t. i, p. 149-230 ; Bédard, Histoire de cinquante ans (H91-1811), in-8-, Québec, 1809,

C. IV, V.

Lord Sherbrooke, qui succéda à sir George Prévost. reçut des instructions secrètes du gouvernement anglais pour se concilier l’évéque catholique. A ce litre, AbuPlessis entra au conseil législatif, en dépit des protestations de Sewell qui voyait là une mesure tendant à établir la suprématie du pape (1817), et lord Bathurst consentit à reconnaître un coadjuteur cum fulura successions, quand l’évéque l’aurait désigné.

La même année (1817), le saint-siège érigea la Nouvelle-Ecosse en vicariat apostolique. M’.' r E. Burke y fut préposé avec le titre d’évéque de Sion. F.n 1818, lord Castlereagh engagea la cour de Home, comme le (’clamait M a’Plessis, à créer deux autres vicariats, l’un du Haut-Canada, l’autre comprenant le Nouveau-Brunswick, l’Ile du Prince-Edouard et les iles de la Madeleine. Le prélat jugeait nécessaire de placer aussi un évéque dans le district de Montréal et un autre dans le territoire du

Nord-Ouest,

Pour hâter la conclusion de ces affaires il passa en Angleterre. Arrivé a Londres, il apprit par une lettre du

Canada que, peu d’heures après son départ, on avait

reçu des bulles (lu saint-siège le nommant archevêque de Québec el érigeant son Eglise en métropole et lui

donnant pour lilflraganU M’r Mac Donell, vicaire >| tolique du liant-Canada, et M’Mac Bâchera apostolique du Nouveau-Brunswick et de l’Ile du Prii Edouard, M i" Plessis remil i lord Bathurst trois mémoires : le premier, pour obtenir l’agrément du mil tre ausujetdes deux divisions nouvi

Montréal et le territoire du Nord-Ouest, qu il se proposait de solliciter du saint-siègi. le second, pour mander des lettres patentes pour le séminaire de Nicole !

le troisième, au sujet dès biens de Saint-Sulpii

Montréal. Le prélat obtint ce qu il désirait et partit | Rome, où Pie VII lui accorda la permission de ne point prendre le titre de métropolitain, tant que le gouvernement anglais s’j opposerait, et signa les bulles de Ma’Provencher, pour le Nord-Ouest, et de Ms> Lart :. sulpicien, pour le district de Montréal. Le premier eut le titre d’évéque de Juliopolis ; le second, d’évéqui Telmesse (1820).

Cette protection accordée à l’Église catholique n’allait pas sans susciter des mécontentements parmi les principaux protestants du Canada. l"n groupe de fanât : résolut d’anéantir la constitution de 1791. qui avait paré le Haut-Canada du lias-Canada, et de provoquer l’union des deux provinces, sur les bases les plus iniques, et dans le but de détruire la population catholique et française. On se promettait d’abolir la langue française graduellement, et. tout en garantissant la liberté du culte catholique, on l’assujettissait à la suprématie du roi, que l’on affirmait de suite en lui conlerant la nomination aux cures et la collation des bénéfices. Garneau, Hist. du Canada, t. iii, p. 228 ; Christie, t. n. p. 385. Ce complot trouva en Angleterre un agent puissant dans un nommé Ellice, qui réussit à faire présenter un bill dans ce but à la Chambre des communes 1829 Le bill eût passé presque inaperçu si un certain Parker, ennemi d’Ellice, n’eût mis en garde le ministère. Les Canadiens informés de cette tentative secrète à -nient fu rent indignés. Mgr Plessis et le clergé encouragèrent le peuple à protester et à signer des requêtes pour empêcher la mesure. Plus de 60 000 signatures couvrirent protestations. Munis de ces pièces, l’apineau et Neilson, conseillers législatifs, partirent pour Londres. Leur mission eut plein succès. Le bill fut retiré. D’ail ! par l’influence de l’évéque de Québec, le conseil latif canadien, bien qu’en majorité protestant, avait lui-même rejeté cette iniquité. Deux ans plus tard. 1824, le gouverneur Dalhousie essaya de faire revivre les querelles religieuses ; mais il ne trouva d’écho nulle part. Garneau, t. m. p. 239. Pendant que le clergé, son évéque en tête, ralliait toutes les forces du pays, hommes politiques, publicistes. et le peuple, pour résister aux Anglo-protestants, l’Église croissait avec le nombre même de ses enfants. En 1831, 1e nombre des Canadiens français atteignait 380000 ; en 17M. ils étaient 106 000 ; ils avaient donc, en 17 ans, réalisé un accroissement de 274 000 âmes ou de 2, 60 p. 100 par an. proportion qui représente un progrès de 0, 40 p. 100 par an sur la période précédente. Cette marche en avant n’< tait pas de nature à rassurer le parti exclusif et intolérant, qui existait du côté des Anglais, ni à inspirer la modération aux Canadiens conscients de leur force. Apres la mort de M-" Plessis, plusieurs membres influents du corps législatif, désertant le terrain sur de la résistance 1< j -lissèrent sur la pente révolutionnaire, rejetèrent avec hauteur les tentatives de conciliation du gouvernement anglais et soufflèrent la révolte par leurs philippiques indignées. Alors éclatèrent les troubles de t887-’vraie guerre civile ou l’on vit quelques centain paysans, égarés par des tribuns, courir aux armes. Indociles a la VOIX de leurs pasteurs, qui maintinrent cependant dans la soumission à l’autorité la niasse du peuple, ces malheureux se tirent décimer par les troupes

anglaises. Ce qui fut pis. c’est que ce mouvement in-