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q. xt, a. 1, Paris, 1895, t. xxxiv, p. 421. A plusieurs reprises, ce grand esprit revient sur cette question qui paraît avoir sollicité vivement l’effort de son génie investigateur. Sa pensée est d’ailleurs contenue tout entière en ces mots : Cselum est corpus puruni, natura simplicissimum, essentia subtilissimum, incorruptibilitate solidissimum, quanlitate maximum, maleria purissimu m. Compend. theol. verit., t. II, c. iv, ibid., p. 43-44. C’était en quelque sorte, pour l’harmoniser parfaitement avec sa destination, affiner la matière, spirilualiser encore, si l’on peut dire, le plus immatériel des éléments.

Saint Thomas, dans cette voie, fait un pas de plus. Pour lui, le ciel n’est pas de la même nature que les quatre éléments, comme l’avaient enseigné saint Augustin, saint Basile et d’autres docteurs épris de la philosophie platonicienne. La philosophie péripatéticienne, qui fait consister le ciel en une quintessence, lui parait plus sensée et plus belle : résolument il adopte cette doctrine, qui a pour elle, en outre, l’autorité de saint Denys. Et ideo liane positionem sequens dico quod cœlum non est de natura quatuor elementorum, sed est quintum corpus. In IV Sent., t. II, dist. XIV, q. i, a. 2 ; cf. Quodlib., VI, q. xi, a. 19. Aussi le ciel empyrée est-il de tous les corps le plus lumineux et le plus noble, celui qui est le plus aclué par la forme. Cœluni empyreum in natura sua lucem habet eo quod maxime formate est. In IV Sent., I. II, dist. II, q. il, a. 2.

Cette dernière expression devait être reprise par les tenants de l’école scotiste, mais dans un sens tout autre, qui convenait mieux à leur théorie de la pluralité des formes. Pierre Auriol enseigna que la matière du ciel est le résumé de toutes les formes, le principe d’actuation de la matière terrestre. In IV Sent., t. II, dist. II, q. iii, a. 3, Rome, 1596, t. ii, col. 56-58 ; cf. Werner, Die nachscotistiche Scholastik, Vienne, 1881, p. 178-181. C’était une autre façon de relever la noblesse de la matière appelée à constituer la demeure des élus.

Sur les théories de l’école augustinienne et l’opinion particulière de Gilles de Rome, voir Werner, Dcr Augustinismus in dcr Scholastik des spàteren Mittelallers, Vienne, 1887, p. 100-103.

Propriétés physiques du ciel empyrée.

Bède le Vénérable avait déjà remarqué que les lois qui régissent le mouvement des autres cieux ne s’appliquent point au ciel empyrée, dont le privilège est dès lors un état d’absolue immobilité. Comment, in Penlaleuch., ii, P. L., t. xci, col. 192. Bandinelli observait à son tour que le nom même de ciel empyrée signifiait l’extrême splendeur de ce lieu, Gietl, Die Sentenzen Rolands, p. 88, et Pierre Lombard s’appropriait cette réflexion. Sent., I. II, dist. II, n. 6, P. L., t. cxii, col. 656. Saint Bonaventure ajoute que le ciel doit être aussi partout semblable à lui-même, uniforme dans son aspect lumineux. In IV Sent., t. II, dist. II, part. II, a. 1, q. i, t. ii, p. 72. Ces trois propriétés caractéristiques sont mentionnées par Alhert le Grand, Summa theol., part. I, tr. XVIII, q. i.xxiii, m. ii, a. l, édit. Vives, p. 757. Comme les autres cieux, l’empyrée passait pour incorruptible.

La raison en vertu de laquelle on peut admettre l’existence de cette triple propriété physique du ciel est fournie par saint Thomas d’Aquin, qui l’emprunte d’ailleurs à ses devanciers : c’est l’harmonie qui doit exister dans l’an de la entre l’état glorieux des élus et le caractère de leur séjour. A des êtres qui seront incorruptibles, à l’abri de tout changement, et (’datants de splendeurs, il fallait une demeure en rapport avec CCS dons et avec celle gloire, en dehors de la mobilité

et de toute transformation, apte à répondre magnifiquement à la destinée des saints qui est de contempler Dieu dans son i i la source incréée de toute lumière.

Bum. theol., t », q. l.xvi, a. 3. Suarez, qui est d’ailleurs trèa aflirmatif sur ces questions, s’engagera plus tant

DICT. DE T11ÉOL. CATIIOL.

dans des considérations plus quintessenciées. De opère sex dicrum, t. I, c. iv, n. 4, 5, édit. Vives, t. iii, p. 22, 23. Mais les théologiens du moyen âge s’en tiennent à ces raisons de convenance ou à des raisons analogues de perfection et de beauté de l’univers, sans s’exagérer en rien la valeur de ces problématiques arguments. Cf. Bonaventure, loc. cit. ; Durand de Saint-Pourcain, In IV Sent., 1. IL dist. I, q. i, Lyon, 1569, p. 112.’Un problème qui agitait beaucoup l’École au déclin du moyen âge est celui de l’influence que l’on peul attribuer au ciel empyrée sur le reste de la création matérielle et spécialement sur certains phénomènes de la vie terrestre. Los uns niaient ces influences célestes ou les réduisaient à des effets très lointains de conservation vitale. Cf. S. Bonaventure, ibid., p. 73, 75. Saint Thomas, qui apporte à ce détail la sincérité et la gravité dont il ne cesse de faire preuve dans l’étude des plus hautes questions, a soutenu successivement l’une et l’autre opinion. Apres avoir nié cette influence occulte, on le voit se rétracter et l’admettre avec une grande fermeté, et sans doute il n’est pas oiseux de relever ce fait qui peut servir à faire mieux connaître sur un point la physionomie de ce grand esprit. liespondeo dicendum quod quidam ponunt cælum empyreum von habere influentiam in aliqua corpora, quia mm est institulum ad e/fectus naturelles, sed ad hoc quod sit locus heatorum. Et hoc quidem mihi aliquando visum est. Sed diligenlius considérant ;, magis videtur dicendum quod influât in corpora inferiora. Et ceci en vertu de la grande loi d’unité qui régit la nature des êtres, quia totum universum est unum unilate ordinis. Quodlib., VI, q. xi, a. 19. Mais cette thèse ou hypothèse, reprise par Richard de Middletovvn, Super IV Sent., t. II, dist. II, a. 3, q. iii, Brescia, 1591, t. n. p. 55, ne put rallier tous les suffrages, et c’est aec une pointe légère d’ironie que Durand de Saint-Pour^ain résuma dans son enseignement l’état de la question : Hic est duplex modus dicendi non solum diversorum doctorum, sed uuius et ejusdem in diversis locis (nec mirum), quia cum niltil sciamus de illo cœloansit, nisiper auctoritatem, parum possumus scire si agat vel non m/ul. In IV Sent., t. II, dist. I, q. ii, n. 3, Lyon, 1569, t. ii, p. 113. Au fond, si l’on excepte peut-être quelques spéculatifs à outrance de l’école augustinienne ou de l’école scotiste, cf. Werner, Dcr Augustinismus in der Scholastik des spàteren Mittelalters, Vienne, 1883, p. 103105 ; Die naschscotistiche Scholastik, Vienne, 1883, p. 152-154, c’était bien la pensée qui dirigeait l’enseignement général de L’École. Gabriel Biel en reproduisait assez fidèlement l’esprit, quand il se refusait a prendre parti sur ces questions qui échappent aux prises de notre intellect. Becitabuutur opiniones cum suis mol iris sine determinatione ut eligat quisque quæ s<l>i probabilior videbitur. In IV Sent., t. II, disl. IX, q. ii, Brescia, 1574, t. ii, p. 85.

Ces remarques suffiront peut-être à dissiper, au moins sur ce point, les préjugés couramment répandus sur le dogmatisme de l’École.

IV. Erreurs dogmatiques et décisions de l’Église.

— En dehors de l’organisme et du millénarisme, qui ne rentrent pas directement dans le cadre de cette étude, les erreurs concernant l’existence d’un séjour commun à tous les (’lus n’ont jamais été ni bien nombreuses ni bien importantes, et l’un ne rencontre guère dans l’histoire des doctrines adverses m 1 "’des fantaisies sans originalité ou des négations sans crédit.

l’ourles débuts de l’âge chrétien, il suffi t de mentionner sommairement et pour mémoire les rêveries des gnostiques, dont saint [renée et s. mit Épiphane nous ont transmis scrupuleusement les détails. Les valenliniens admettaient l’existence de sept cieux, doués de vie et d’intelligence et qu ils tenaient pour des anges, des dieux ou des seigneurs, de. éons. Dans cette tlao II. - 79