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CIEL


à Jésus-Christ. Kaufmann, op. cit., p. 124-140 ; Garrucci, op. cit., t. il, tav. xxi. Le Christ apparaît aussi environné de ses anges, et il en est de même de Marie, la reine des cieux. Cf. Stuhlfauth, Die Engel in der altcliristlichen Kunst, Fribourg-en-Brisgau, 1897, dans Archœologische Studien zum christliclten Altertum und Mittelalter de J. Ficker, fasc. 3, p. 203 sq.

Sous le symbole de la vigne se dégage l’idée de la terre promise, de la patrie céleste, comme sous la figure d’une maison dont l’entrée est en vedette se traduit la pensée de la commune demeure des saints. Sur une fresque du cimetière de Cyriaque se dessine la silhouette d’un martyr qui soulève doucement le rideau de la porte. Un fragment d’inscription au musée de Latran laisse entrevoir dans l’intérieur un profil de colonnes. Marucchi, op. cit., 1. 1, p. 307-308. Ce séjour apparaît nettement comme le lieu du rafraîchissement, suivant le sens consacré de ce mot et sous l’image du festin qui exprime, ordinairement cette idée. Aux saints martyrs de Numidie, Jacques, Marien et leurs compagnons, apparaît Agapius assis à un joyeux festin. « Réjouissez-vous grandement, leur dit un jeune martyr de la veille, couronné de roses et tenant la palme : demain vous serez avec nous les convives du festin. » Passio SS. Jacobi, Mariayii et aliorum plurimorum marlxjrum inNumidia, c.xi, dans Ruinart, op. cit., p. 230. Sur les parois des cryptes et des chambres sépulcrales des catacombes romaines, ce sujet est maintes fois reproduit par les fresques. Aringhi, Roma subterranea novissima, Rome, 1651, t. i, p. 77, 83. On trouve aussi le vase comme symbole simplifié du rafraîchissement de l’âme au paradis. Il rappelle ainsi les acclamations si souvent répétées par les inscriptions : In refrigerio. Deus refrigeret. Marucchi, op. cit., t. I, p. 163, 276. Il était plus difficile à la peinture de représenter le ciel comme le séjour de la lumière. Des lampes ardentes traduisent parfois cette idée. Sur une mosaïque découverte à Tabarca et décrite par le P. Delattre, une chrétienne nommée Cresconia est conduite par des colombes vers un jardin céleste où des torches allumées brillent parmi les arbustes et les Heurs. Cette représentation s’inspire évidemment de la vision de Satur. Bulletin des antiquités africaines, 1885, t. iii, p. 7-10. Le ciel, demeure de la paix, est figuré par la colombe au repos sur une branche fleurie et tenant dans son bec le rameau d’olivier. Le monogramme du Christ l’accompagne fréquemment. Parfois c’est une figure extatique qui apparaît à côté de la légende : In pace. Martigny, op. cit., p. 188 ; Kraus, op. cit., t. il, col. 820. La gloire est manifestée à son tour dans les riches vêtements et les parures précieuses, colliers, bracelets, anneaux, dont sont ornés les saints, surtout les vierges admises aux noces de l’agneau. Boldetti, Osserrazioni sopra i cimiterï de SS. martyri ed anlichi christiani di Roma, Rome, 1720, p. 194, tav. ni. Enfin la charité qui unit les bienheureux et la commune joie qui accueille au ciel fis (lus se trouvent gracieusement exprimées dans un arcosolium découvert au cimetière de Cyriaque, dans une fresque du cimetière de Domitille et sur d’autres monuments iconographiques. Une orante apparaît debout entre deux personnages qui l’accueillent avec une bonté souriante et qui écartent devant elle une élégante tenture pour l’introduire au séjour de l’éternelle gloire. Martigny, op. cit., p. 575 ; De Rossi, Bulletiino di arch. crist., 1863, p. 76 ; Garrucci, op. cit., t. ii, p. 147, tav. ci.xxx.

5 Liturgie. — Dans le langage religieux de l’Kglise, lixi’dans ses livres de prières, reparaissent avec plus de précision encore les mémos données traditionnelles, cette fois comme l’expression authentique et officielle de la croyance catholique.

1. Liturgie romaine.

Les expressions consacrée par le Missel ou ! < Rituel romains, dans leur rédaction actuelle, pour désigner le ciel et les différents biens qui

s’y rattachent, sont très voisines, quand elles ne les reproduisent pas exactement, de celles qui figurent dans les plus anciens documents de la liturgie latine, dans le Missel gothique comme dans les sacramentaires grégorien, gélasien ou léonien, attestant par là que non seulement les doctrines étaient fixées dès la première heure, mais les formules mêmes qui les expriment. L’Église demande qu’il soit donné aux fidèles de parvenir au royaume des cieux, dans la demeure céleste, in cœlesti regno, in caslesti sede. Missale romanum, Orationes pro defuncto episcopo, pro defuncto sacerdote, à la messe des morts. Csclestia régna conscendere. Missale gotliicum, collecte de la Missa prima die sanctum Paschæ. Muratori, Liturgia romana velus, Venise, 1748, t. ii, col. 595. In csslesti sede. Sacramentarium Iconianum, Oralio super defunclus, dans Muratori, ibid., col. 454. In cxlo vivere. Sacramentarium Gelasianum, lxiii, Orat. et precesin Asccnsa Domini, Muratori, ibid., col. 588. Il faut remarquer toutefois que, sous cette désignation directe, la mention du ciel est relativement rare dans les textes liturgiques primitifs. Mais on ne peut se méprendre sur la pensée. Le ciel est décrit comme le séjour de l’éternelle béatitude, in seterna beatitudine, ad perpétuée beatitudinis consortium, des joies futures qui font tressaillir, in sede gloriosa semper c.rsultet. Missale rom., Orat. pro defunctosacerdote à la messe des défunts ; Breviarium rom., Officium defunclorum, oraison de vêpres. Futura gaudia compreliendant ; ad summa bona pervenirc ; in sede gloriosa semper exsultet. Sacram. leon., ibid., col. 293, 298, 454. Ad socielatem cselestium gaudiorum. Sacram. gelas., XVIII, ibid., col. 582. Dans une prière liturgique composée à l’époque des persécutions et publiée par Bone en 1850, il est tait mention des joies de la béatitude, Defunctorum fidelium animée quæ beatitudinem gaudent. Marucchi, op. cit., t. I, p. 196.

Au canon de la messe, le Mémento des morts désigne le ciel comme le lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix, in loco refrigerii, lucis ctpacis, et l’oraison de la messe des défunts, in anniversario die, accentue et précise cette pensée en implorant pour les trépassés le lieu du rafraîchissement, la félicité du repos et la clarté de la lumière. Le Mémento des défunts fait défaut dans quelques anciens exemplaires du canon, par exemple dans le sacramentaire gélasien. Cette lacune s’explique assez naturellement par ce fait que les diptyques des morts, auxquels celle formule servait de cadre, se lisaient sur un texte à part, rouleau spécial ou tablettes. Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1898, p. 174. Le Missale gothicum, à la messe dominicale, Post nomina, Muratori, ibid., t. il, col. 646, reproduit les mêmes expressions, que l’on retrouve fréquemment dans d’autres prières. Locum lucidum, locum refrigerii et quietis. Sacrant, gelas., xli, Oralio post obitum hominis, Muratori, ibid., t. i, col. 742. Quietis ac lucis œternsc beatitudinem. Sacramentarium Gregorianum, ibid., t. il, col.’21 i.

L’Kglise semble insister avec prédilection sur la vie affective qui est celle des élus et qui constitue l’une des grandes joies du ciel. Da nobis in seterna beatitudine de eorum societale gaudere. Missale rom., oraison du commun des martyrs. Cum omnibus sanctis tuis ad perpetuæ beatitudinis consortium pervenire concédas. Ibid., oraison de la messe des morts. Perpétua sanctornm tuoruni societale Uetetur. Sacram. Icon., Commemoratio sancti Silvestri, Muratori, op. cit., t. I, col. 454 ; cf. Sacram. gregor., Orat. in agenda morluorum, ibid., t. il, col. 21 i. Les prières liturgiques n’omettent pas d’attirer l’attention sur le bonheur spécial qu’auront les saints à retrouver leurs parents et leurs proches. Meque eos in seterna : claritalis gaudio far vider e. Meque cum illis felicitati sanctorum conjunge. Missale rom., à la messe des défunts, oraison et secrète pro pâtre et