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CIIASTEAU — CHASTETÉ


Le moine confus, c’est-à-dire la Réfutation du moine liégeois F. Louys du Chasleau. Celui-ci répliqua par un autre livre, dont le titre un peu long suffit à indiquer la violence de la discussion : Le Cliaslcau du moine opposé à la Babel de Hochedé Nembrolh De La Vigne, c’est-à-dire réplique de F. Louis du Chasleau, pour un sien livret imprimé l’an 1019 sous le tiltre de La religion prétendue… contre la prétendue réfutation d’iceluy, sortie de la plume d’un ignorant, qui se dit pasteur des Wallons et François calvinisez à Dordrccht. En la quelle sont traictées plusieurs matières importantes et sur tout louchant l’Escriture, la foy et l’Eglise, in-8°, Liège, 1622.

Wadding, Annales minorum, an. 1308, n. 39 ; Franchini, Bibliosofta e memorie di scrittori conventuali, Modéne, 1693, p. 403 ; Sbaralea, Supplementum et castir/atio ad scriptores ord. minorum, Rome, 180U ; Migne, Dictionnaire de bibliographie, t. m.

P. Edouard d’Alençon.

CH ASTEL marie-Ange, né à Corseul (Côtes-du-Nord), le 12 février 1801, entra dans la Compagnie de Jésus le 17 novembre 1827, et mourut à Paris, le 4 février 1861. Il prit une part assez marquante aux controverses du milieu du XIXe siècle, sur l’origine et la valeur des connaissances humaines, et défendit les droits de la raison, d’après la vraie tradition catholique, contre les exagérations des traditionalistes. Voici les titres de ses principales publications sur ce sujet : Les rationalistes et les traditionalistes, ou les écoles philosophiques depuis vingt ans, Paris, 18Ô0 ; De l’autorité et du respect qui lui est dû, Paris, 1851 ; L’Eglise et les systèmes de philosophie moderne, Paris, 1852 ; De l’origine des connaissances humaines d’après l’Écriture sainte, ou les révélalionistes contraires à la révélation interprétée par la tradition, Paris, 1852 ; De la valeur de la raison humaine, ou ce que peut la raison par elle seule, Paris, 1851.

De Backer-Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. ii, col. 1089-1091.

.1. Brijeker.

    1. CHASTETÉ##


CHASTETÉ. - I. Vertu. II. Conseil. III. Vœu.

I. Vertf.

Définition.

Considérée comme vertu spéciale, la chasleté incline à s’abstenir de toute délectation charnelle volontaire, mémo permise dans l’étal du mariage ou du moins à en régler l’usage selon les préceptes di ins. — 1. Ce n’est donc qu’une subdivision de la vertu de tempérance dont l’objet général est de régler conformément à la raison les délectations des sens, principalement celles du toucher. S. Thomas, Sum. theol., II a II", q. CXLI, a. 1-1. — 2. La délectation charnelle, sur laquelle s’exerce la vertu de chasteté, est spécifiquement caractérisée par son terme final, l’acte conjugal, en dehors duquel elle reste toujours rigoureusement interdite. Défendue en sa pleine consommation, elle l’est enpore dans son stage initial, comme tout danger grave d’entraînement au péché. La simple délectation sensible peut aussi tomber sous la même interdiction, si par la fragilité individuelle ou la tyrannie de l’habitude elle devient, d’une façon coupable, cause d’une délectation charnelle suffisamment voulue et consentie. Lehmkuhl, Theologia moralis, t. i, n. 861 sq. ; Génicot, Theologiæ moralis institutiones, t. i, n. 389. Pleinement involontaire, la délectation charnelle ne peut détruire la vertu morale qui relève uniquement de la volonté. S. Augustin, De continentia, c. il, P. L., t. XL, col. 352 ; Pierre Lombard, Sent., t. IV, dist. XXXIII, n. ô ; s. Thomas. i theol., Il » II’, q. cil, a. I. ad 2um. — 3. Cette vertu peut s’appuyer sur un motif purement rationnel, tel que le commandement de la toi naturelle, le respect de la ité humaine et les multiples avantagea résultant dune intègre <[ persévérante fidélité. Vertu purement naturelle dans son motif, mais cependant très précieuse si elle a été acquise par une lutte généreuse où se sont

affaiblies les inclinations opposées et s’est affermie la maîtrise de la volonté sur les sens. La vertu surnaturelle de chasteté puise dans l’enseignement de la foi un motif plus relevé ; l’espérance de la gloire corporelle du ciel, l’exemple et l’enseignement de Jésus-Christ, le respect surnaturel du corps consacré par l’inhabitalion du Saint-Esprit et par la réception de la divine eucharistie. Cette vertu surnaturelle peut être ou non accompagnée de l’habitude acquise qui seule comporte l’atfaiblissement ou la destruction des inclinations contraires. — 4. Ainsi caractérisée, cette vertu se distingue spécifiquement de toute autre, particulièrement de l’abstinence ou de la tempérance commune. Car son objet moral, la juste répression des délectations de la fonction génératrice, diffère notablement de cette maîtrise des délectations de l’acte nutritif qu’est la simple abstinence. Celles-ci se règlent assez facilement, tandis que celles-là, par leur particulière véhémence et par l’obscurcissement qu’elles projettent sur la raison, opposent une plus forte résistance. S. Thomas, Sum. theol.. IIa-IIæ, q. CLT, a. 3.

Subdivisions principales.

1. Chasteté parfaite.

— Ce qui la constitue au point de vue moral, c’est la ferme volonté de s’abstenir perpétuellement de toute délectation charnelle, même permise dans l’état du mariage. S. Thomas, ibid., q. CLH, a. 3. Cette vertu morale n’est aucunement atteinte par la perte involontaire de l’intégrité matérielle. S. Thomas, ibid., q. CLII, a. 1, ad 3° m. Cette permanente volonté est-elle suffisamment garantie par une ferme et inébranlable résolution ou exige-t-elle l’appui d’un vœu ? Bien que le vœu assure une plus parfaite stabilité’, rien ne démontre son absolue nécessité même en cette délicate matière. S. Thomas, ibid., q. CLII, a. 3 ; Dominique Soto, In IV Sent., t. IV, dist. XLIX, q. v, a. 2, concl. 2, Douai, 1613, p. 947 ; Salmanticenses, Cursus theologiæ moralis, tr. XXXI, n. 54 sq. ; Lessius, De justilia et jure, ceterisque virtutibus cardinalibus, t. IV, c. ii, dub. XIV, n. 101, Paris, 1606, p. 666. Cependant cette ferme et inébranlable volonté n’étant ordinairement exprimée que par un vœu, l’on peut dire pratiquement : virginitas secundum guod esi virtus importât proposilum voto fimiatum integritatis perpeluo colendw. S. Thomas, ibid.., q. CLII, a. 3, ad 4° m.

Cette chasteté parfaite s’identifie avec la vertu morale de virginité, si celle-ci n’est que la ferme et perpétuelle volonté de s’abstenir de toute délectation charnelle même permise dans l’état du mariage, volonté d’ailleurs toujours subsistante maigri’- la perte involontaire de l’intégrité matérielle : In virginitate est sicut formule et completivum propositum perpétua abslinendi a delectatione venerea. S. Thomas, ibid., q. CLII, a. 3. Unde virginitas secundum (puni est virtus nunquam amittitur nisi per peccalum. Loc. cil., ad 4um.

La vertu morale de virginité ou de chasteté parfaite se distingue de l’état de virginité’et de la virginité matériellement intègre. L’état de virginité est la condition fixe d’une personne irrévocablement engagée vis-à-vis de Dieu à s’abstenir perpétuellement des délectations charnelles permises dans le mariage. Pratiquement, le vieil de chasteté’parfaite est la seule expression de cet

irrévocable engagement et constitue seul l’état de continenee parfaite ou de virginité 1. S. Thomas, ibul., q. ci. xxxvi, a.’t. La virginité matériellement intègre ou virginité matérielle consiste dans la permanence de l’intégrité organique ou dans le fait constant de l’absence de toute délectation charnelle, s. Thomas, ibid., q. ci.n, a. 3. Cette intégrité se perd irrévocablement même eu dehors de toute faute ; elle ne peut être rétablie par le seul repentir, s. Thomas, loc, cit., ad 3 am, Cependant les privilèges spéciaux promis à la virginité’, comme l’auréole, voir t. i, col. 2571 sq., ne sont point refusés à qui perd Beulement l’intégrité matéi ielle sans perdre la vertu. S. Thomas, Sutn. theol., Suppl., q. xevi, a..">, ad V"".