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CALVINISME

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en besogne pour s’en servir, mais anssi qu’il gou leurs conseils et affections, il est auteur de tous maléfices, ri par conséquent que les hommes sont injustement damnés, s’ils exécutent ce que Dieu.1 déterminé, puisqu’ils complaisent.1 ^<>n vouloir : car ils mêlent perversement le commandement de Dieu avec son vouloir secret, vu qu’il appert par exemples infinis qu’il y a bien longue distance et diversité « 1 < l’un b l’auto

1>.i us relie question, rien n’arrêtera Calvin sur la pente où l’entraîne son inexorable logique, car il ira jusqu'à dire que les grâces que les malheureux prédestinés à la damnation rencontrent sur leur chemin dans le cours de leur vie, comme la grâce de la prédication évangélique, ont pour but de leur préparer 1 une plus griève condamnation ». Bien plus, en certains cas, Dieu s’insinue dans leur cœur et leur donne le change sur leurs propres sentiments. « Il v a douille espèce de vocation. Car il y a la vocation universelle qui gît en la prédication extérieure de l'Évangile, par laquelle le Seigneur invile à soi tous hommes indifféremment, voire même ceux auxquels il la propose en odeur de mort et pour matière de plus griefve condamnation. Il y en a une autre spéciale de laquelle il ne fait quasi que les fidèles participants quand par la lumière intérieure de son esprit, il fait que la doctrine soit enracinée en leurs cœurs. » Inst. chrét., I. III, c. xxiv, n. 8 ; cꝟ. t. III, c. 11, n. 1 1. « Pour ce que Dieu, afin de les tenir convaincus et d’autant plus inexcusables, s’insinue en leurs entendements (des réprouvés) etc. » « Nous entendons, s'écrie à ce propos avec une juste indignation Mœhler, Symbolique, t. 1, p. 138-139. Dieu trompe le réprouvé en taisant naître en lui de faux sentiments ; il le trompe non par la parole extérieure, mais en mettant le mensonge dans le fond de son cœur ; il le trompe, non par un intérêt temporel, mais pour le livrer à des tourments sans fin ; il lui dira au dernier jugement : Tu n’as point démêlé les pièges que j’ai tendus à ton ignorance, et tu as pris l’apparence pour la réalité, l’hypocrisie pour la foi ; dans ce moment même, tu ne peux répondre à mon jugement, parce que tu refuses d’accuser mes ruses et mes artifices ; va au feu éternel ! … Comment qualifier ces blasphèmes ? »

Et pourtant ils ne font pas reculer Calvin ; il poursuit l’exposé de sa doctrine.

Institution chrétienne, 1. III. c. xxi, De l'élection éternelle, par laquelle Dieu en a prédestiné les uns au salut, et les autres à condamnation.

N. 1. « Or ce que l’alliance de vie n’est pas également preschée à tout le monde : et mesme où elle est preschée, n’est pas également reçue de tous, en cette diversité il apparaît un secret admirable du jugement de Dieu : car il n’y a nul doute que celle variété ne serve à son bon plaisir. Or si c’est chose évidente que cela sifait par le vouloir de Dieu, que le salul soil offert aux mis et que les.mires en soient forclos : de cela sortent hautes et grandes questions, lesquelles ne se peuvent autrement résoudre, qu’en enseignant les fidèles de ce qu’ils doivent tenir de l'élection et prédestination de Dieu, laquelle matière semble fort entortillée à plusieurs, parce qu’ils ne trouvent nulle raison que Dieu en prédestine les uns à salut, les autres à la mort… l'.n celle Obscurité qui les effraie, nous verrons combien cette doctrine non seulement est utile mais aussi douce et savoureuse au fruit qui en revient. « … Qu’il leur souvienne que quand ils enquièrent de la prédestination, ils entrent au sanctuaire de la sagesse divine : auquel si quelqu’un se fourre et ingère en trop grande confiance et hardiesse, il n’atteindra jamais là de pouvoir rassasier sa curiosité : et entrera en un labyrinlhe où il ne trouvera nulle issue. Car ce est pas raison, que les choses que Dieu a voulu estre cachi es cl dont il B’est retenu la cognoissance, soyent ainsi

espluchéea des hommes : et que la hantewe

pience, laquelle il a voulue tre plutôt adorée de nous

qu’estre comprise (afin de te 1 1 ndre admirable en icelle)

suit assujettie au si-us humain, pour la chercher jus pies à son éternité. »

X. i. « Quant à ceux qui sont si pronvoyabli timides qu’ils voudraient que la prédestination fût du tout abolie, afin de mpoint troubler les âmes dél de quelle couleur, je vous prie, d.' r ui-eront-ils leur orgueil/ Vu qu’obliquement ils taxent Dieu d’une sotte inconsidération, comme s il n’avait point prévu le péril auquel ces outrecuidez pensent Bagement remédier. Par quoi quiconque rend la doctrine de la prédestination odieuse, détracte on mesdil de Dieu ouvertement : comme s’il lui était échappé- par inadvertance de publier ce qui ne peut être que nuisible à l'Église. »

X. ô. « C’est tout confondre de dire que Dieu élit ou rejette selon qu’il prévoit ceci et cela… « .Nous appelons prédestination le conseil éternel de Dieu par lequel il a déterminé ce qu’il voulait faire d’un chacun homme. Car il ne les crée pas tous en pareille condition : mais ordonne les uns à vie éternelle, les autres à éternelle damnation. Ainsi selon la fin à laquelle est créé l’homme nous disons qu’il est prédestiné à mort ou à vie. »

X. 7. « Dieu ne donne point l’esprit de régénération à tous ceux auxquels il offre s ;, parole pour s’allier avec eux. Ainsi, combien qu’ils soient conviés extérieure :  ! ils n’ont point la vertu de persévérer jusqu'à la lin… Xous disons donc, comme l'Écriture le montre évidemment, </i<e Dieu a une fois dé< rêlé par sou conseil uel et immuable, lesquels il roulait prendre à sal lesquels il voulait dévouer à perditi

C. xxii. Confirmation de cette doctrine par témoignages de l’Escrilure.

X. 7. « La somme est que Dieu crée par adoption gratuite ceux qu’il veut avoir pour enfants : et que la cause intrinsèque (comme on dit) de l'élection gist en lui, vu qu’il n’a regard qu'à son bon plaisir. 1

N. 11. « L’apôtre amené une solution toute divi c’est que Dieu suscite lis réprouvés afin d’exalter eu eux sa gloire… Si nous ne pouvons donc assigner autre raison pourquoi c’est que Dieu accepte ses élus sinon pour ce qu’il lui plait. nous n’aurons aussi mille raison pourquoi il rejette les autres, sinon sa volonté. »

C. xxiii. La réfutation des calomnies desquelles on a toujours à tort blâmé cette doctrine.

N. 2. « Quand on demande : Pourquoi est-ce que a fait ainsi'.' Il faut répondre : Pour ce qu’il l’a voulu. Si on passe outre, en demandant : Pourquoi l’a-t-il voulu'.' C’est demander une chose plus grande et plus haute que la volonté de Dieu, ce qui ne se peut trouver. »

X. 3. - Pourtant si quelqu’un nous assaut de ce propos pourquoy c’est que Dieu en a prédestinés aucuns à damnation lesquels ml’avoient point mérité, vu qu’ils n'éloient pas encore : nous lui demanderons d’autre part en quoi c’est qu’il pense Dieu estre redevable à l’homme, s’il l’estime m sa nature. Puisque nous sommes tous corrompus et contaminés de vices, il 1 peut faire que Dieu ne nous ait en haine : et ce n n pas d’une cruauté tvrannique, mais par une équité raisonnable. Si ainsi est que tous hommes, de leur condition naturelle, soient coupables de condann mortelle, « le.nielle iniquité je vous prie se plaindront ceux lesquels Dieu a prédestinés à mort ? Que tous les enfants d’Adam viennent en avant [Hiur conteiidre et débattre contre leur créateur, de ce que par SI providence étemelle, devant leur nativité ils ont été- dé-vou 9 I calamité perpétuelle : quand Dieu au contraire les aura amenés à se reconnaître, que pourront-ils murmurer

contre cela.' S’ils sont tous pris d’une masse corrompue, ce n’est point de merveille s’ils sont assujettis a damnation. Qu’ils n’accusent point donc Dieu d’iniquité, d’an-