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CÉSAIRE D’ARLES


l’image du dernier jugement, si bien que l’expression cuite tribunal CUristi, empruntée à saint Paul, II Cor., V, 10, est devenue une marque de son style dans les péroraisons. Serin., xiii, 5, col. 1767 ; lui, 3, col. 1846, etc. 10° Vertus et vices. — Ce qui vient d’être dit nous renseigne sur les théories de Césaire en matière morale. Il suffit d’ajouter qu’on ne trouve pas en général chez lui de classification. Il décrit la charité, la justice, la miséricorde et la chasteté comme un quadrige spirituel qui nous enlève à la patrie céleste. Serm., cclxxxviii,

1, col. 2288. Ailleurs, il mentionne castilatem^ sobrielatem, disciplinant, caritatem. Sermon publié dans le Fausle de M. Engelbrecht, p. 339, 1. 26. Dans une homélie où il a mis la main, il énumère les octo vitia de la tradition ascétique. Homilia sacra, publiée par Elmenhorst, dans son édition de Gennadius, Hambourg, 1614. Ces indications sont subordonnées au but du prédicateur et varient avec les auteurs qu’il décalque. Le plus souvent il oppose dans des listes plus ou inoins longues les vices et les vertus. Soin., xvii, 3, col. 1776 ; xxxiv, 3, col. 1812 ; ccxliv, 3, col. 2195, etc.

Ordinairement, Césaire n’envisage les bonnes œuvres que par leur côté négatif, comme les moyens de racheter les fautes légères ou comme l’opposé de vices condamnables. Cependant il fait au chrétien une obligation du progrès dans la vertu. Mourir dans la pureté baptismale ne suffit pas ; il ne suffit pas de s’abstenir des fautes : Grave malum est si profectum non liabuerit in operibus bonis. Serin., cclxiii, 3, col. 2232.

11° Les sacrements. — Nous avons déjà parlé du baptême et de la pénitence. Dans le baptême, Césaire comprend en général sous le même nom le baptême d’eau et la chrismation : Onines qui ad salulare baplismum consequendum Ecclesise offeruntur, et chrisma et oleum benedictionis accipiunt, ut jam non vasa vacua, sed Deoplenæt lenrplum Dci esse mereantur, Serin., xi.ii,

2, col. 1828 : ce texte paraît attribuer au baptême d’eau l’ablution des péchés, à la chrismation et aux onctions l’infusion du Saint-Esprit. Les autres détails que l’on pourrait relever sur le baptême et la pénitence concernent l’histoire des rits ou de la discipline.

L’eucharistie est un sacrement que l’on ne peut recevoir si l’on a sur la conscience un des peccala capilalia. Les sermons cxv, cxvi, semblent prouver qu’on osait le faire du temps de Césaire ; l’évêque proteste avec la dernière énergie contre cet abus. L’usage était de ne communier qu’aux grandes fêtes : il fallait s’y préparer. Serm., x, .">, col. 1760 ; cxvi, 3, col. 1976 ; cxi.i, 3, col. 2021. Le corps du Christ contient la vie : In Christi corpore vita noslra consistit, Serm., cxv, 1, col. 1973 ; c’est le pain des anges et une nourriture céleste. Serm., cxvi, 2, col. 1976 ; cxi.ix, 2, col. 2035 ; CCLxxxii, 2, col. 2279. En somme, l’eucharistie n’a pas un relief bien grand dans ce qui nous reste de Césaire. Il s’est approprie 1, dans un de ses recueils, une homélie sur le sujet écrite en Gaule au Ve siècle. Morin, Revue bénédictine, t. XVI (1899), p. 341.

Il a au contraire trois textes intéressants sur l’onction des infirmes : Quolies aliqua in/irmitas supervenerit, corpus et san.gu.inem Christi ille qui segrotal accipiat ; et inde corpusculum (synonyme exact de corpus dans lire) suum ungal ; ut illud quod scrvptum est impleatvr in co Mac., v, 14-15) : « Infirmatur aliquis… et si in peccalis sil, dimiltentur ei. » ’idele, fralres, quia qui in in/irmitale ad ccclesiam cucurrerit, et corporit tanilatem recipere et peccatorum indulgentiam merebitur obtinere. Cum ergo duplicia liona possinl in eca inveniri, quare prr præcantalores, etc. Serm., cci. xv, 3, col. 2238-2239. Césaire oppose l’action de l’eucharistie et de l’huile sainte aux sortilèges et aux formules magiques ; même opposition dans 1rs autres pa âges. Dans ce premier texte, nous voyons très claireinent les points suivants : 1° une interprétation des

deux versets de saint Jacques dans le sens d’un rit concret ; 2° l’union de l’eucharistie et de l’huile sainte dans ce rit ; 3° l’application du rit à toute maladie, gère ou grave, puisque le malade est supposé aller lui-même à l’église, puisque le rit est opposé à la médecine ma* gique en général ; 4° l’accomplissement du rit dans l’église. Ce dernier point est aussi sûr que les précédents. Ce texte fait partie d’une série d’exhortations de Césaire à venir à l’église et à s’y tenir convenablement et qui débute par les mots : Omni die dominico ad ecclesiam convenite.

Dans les deux autres passages, en parlant de diverses superstitions, l’évêque vient à mentionner les pratiques des mères qui cherchent à rendre la santé à leurs enfants : Quantum recliuset salubrius erat ut ad ecclesiam carrèrent, corpus et sanguincm Cltrisli acciperent, oleo benedicto et se et suos fidcliler pcrungcrenl, et secundum quod Jacobus aposlolus dicit, nonsolum sanitatem corporttm, sed etiam remissionem acciperent peccatorum. Serm., cclxxix, 5, col. 2273. Césaire cite ensuite saint Jacques. Ici, le malade n’est plus transportable. Mais les parents doivent cependant aller à l’église, y recevoir l’eucharistie, s’oindre eux-mêmes d’huile sacrée et en frotter « les leurs ». Suos ne peut désigner que la famille et spécialement sans doute l’enfant malade. On remarquera que si l’huile est bénite par les prêtres, ce sont les fidèles qui se l’administrent eux-mêmes, comme nous le voyons faire à sainte Geneviève quelques années plus tôt (dans la Vie, § 49, publiée par Kohler, Élude critique sur le texte de la Vie latine de sainte Geneviève de Paris, Paris, 1881, dans la Bibliothèque de V École des hautes études, Sciences philologiques, fasc. 48, p. 44).

Ce dernier détail est confirmé par un passage d’un sermon que dom Morin a publié pour la première fois : Sicut scriptum est (le texte de saint Jacques n’est pas cité), oleo benedicto a presbiteris debereut perunguere el omnem spem suam in Deo ponere : contrario faciunt, et dum salulem requiruntcorporum, nwrtem inveniunt animarum. llomiliaire de Burchard de Wurzbourg ; sermon vi, publié par dom Morin, dans la Revue bénédictine, t. xiu (1896), p. 209.

Des deux premiers textes, il résulte que l’effet de l’onction est double : la santé du corps et la rémission des péchés. M. Pullcr, The anoinling of the sick in Scripture and tradition, Londres, 1904, p. 69, s’est demandé si la rémission des péchés était attribuée à la réception de l’eucharistie ou à l’onction, si les péchés remis étaient capitalia ou minuta ; dans le cas où les péchés capitalia seraient remis par l’onction, comment Césaire peut-il supposer qu’on ira communier d’abord dans cet état ? Il semble que Césaire suit les paroles de saint Jacques d’une manière tout à fait stricte : la rémission des péchés est attribuée par saint Jacques à l’onction, Césaire l’affirme ; de quels péchés ? saint Jacques ne précise pas, Césaire non plus. Manifestement, L’évoque d’Arles ne voulait pas en savoir plus long que son auteur.

Les trois phrases citées placent Césaire troisième interprète des paroles de saint Jacques, après Cyrille d’Alexandrie, De adoratione in spirila et veritalè, t. VI, 7’. G., I. i.xviii, col. 471, entre 112 et 426, et le pape Innocent I", lettre à Decentius d’Eugubium, 19mars416. Epis t., xxv, 8, P. L., t. xx, col. 560.

IV. Conclusion.

La théologie de Césaire n’est pas originale. Elle procède de ses devanciers, souvent par simple transcription d’oeuvres antérieures. Sur les questions de la grâce, Césaire est un augustinien strict. Cependant son témoignage a un intérél historique ou dogmatique pour quelques points : la réalité de la chair el des souffrances du Christ, l’idée du Dieu de p i t i <, la pureté absolue de Marie, la descente aux enfers, la pro-Cession du Saint-Esprit, la valeur des deux Testaments, la distinction et la classification despéchés, la nécessité