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CKRINTHE — CERTITUDE


thiens. S. Irénée, Cont. hær., III, 11, 8, P. G., t. vii, col. 885 ; S. Épiphane, Haïr., xxviii, 8, P. G., t. xi.i, col. 388. Avec le parti des nazaréens et des ébionites, les cérinthiens consentirent bien à devenir chrétiens, mais à la condition de ne rien abandonner des prescriptions de la loi et de les imposer aux gentils. En conséquence, ils regardaient saint Paul comme un apostat, parce qu’il déclarait que la circoncision n’était plus nécessaire au salut et que la loi de grâce ou de liberté avait remplacé définitivement les prescriptions légales ; ils repoussaient ses Épîtres et ne se servaient que d’un Évangile, l’Évangile selon les Hébreux, e-Jay--fé’/iov >.a0’'Eëpoao’j ?, Pbilastrius, Hær., 36, P. L., t. XII, col. Il52, dont les tendances judéo-chrétiennes étaient nettement marquées, soit dans la rédaction grecque propre aux ébionites, soit dans la rédaction araméenne en usage chez les nazaréens. Les idées courantes dans ce milieu cérinthien, ébionite et nazaréen ne turent pas étrangères à la rédaction des apocryphes pseudo-clémentins qui, à la fin du IIe siècle ou au commencement du IIIe, formèrent toute une littérature, Reconnaissances, Homélies et Epilomc’s, œuvre de propagande et non d’histoire, véritable roman théologique servant de véhiculé aux prétentions ébionites, au syncrétisme judéo-chrétien, dont l’école de Tubingue a cherché à exploiter les données, en leur prêtant un rôle important dans les origines du christianisme, rôle incomplètement justifié. En réalité, les partisans de Cérinthe comme le parti ébionite ou nazaréen furent sans influence marquée. Cantonnés dans quelques centres fermés, ils luttèrent inutilement contre la direction décisive imprimée à l’Église par saint Paul ; leurs protestations restèrent sans écho et leur trace se perd au milieu de tant d’autres sectes gnostiques qui pullulèrent an li< siècle. A la fin du Ve siècle, Gennade signale les cérinthiens parmi ceux qui doivent recevoir le baptême catholique avant d’être admis dans l’Église, De eccles. àogm., 52, P. L., t. lui, col. 991.

Outre les ouvrages cités dans le corps de l’article, Tillemont, Mémoires, Paris, 1701-1709, t. il, p. 54-60, 480-487 ; Kebritz, De jilutonismo pi cerinthianismo redivivo, Halle, 1736 ; Paulus, Historia Cerinthi, Iéna, 1705 ; Franck, Dictionnaire dessciences philosophiques, Paris, j8- ! 5 ; Duchesne, Les origines chrétiennes (lith.), p. 52-54 ; articles de ta Realencyklopàdie, Leipzig, 1896, du Kirchenlexikon, Fribourg-en-Brisgau, 1880, t. iii, col. 19-23, du Dictionary of Christian biograpliy, Londres, 1HT7-1887 ; U. Chevalier, Répertoire des sciences historiques. Bio-bibliographie, col. 420, 2503 ; A. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 3° edit., t. i, p. 234 sq. ; Zahn, Geschichte des neutestamentlichen l(ai<ons, t. i, p. 220-262 ; t. ii, p. 973991, 1021-1022 ; J. Kunze, De historix gnosticismi fontibus questiones criticx, Leipzig, 1894 ; J. Tixeront, Histoire tes dogmes, t. i, La théologie anténicéenne, Paris, 1905, p. 173-175.

G. Bareille.

    1. CERTITUDE##


CERTITUDE. — I. Certitudes spontanées et certitude contrôlées. II. Scepticisme et dogmatisme. III. Le critérium de la certitude. Faut-il le chercher par le doute ? IV. Qualités que doit réunir le critérium de la certitude. V. L’évidence est le critérium des vérités d’ordre idéal. VI. L’évidence est le critérium des vérités d’ordre réel. VII. Variétés d’évidence et de certitude. VIII. Certitude et volonté. IX. Définitions ecclésiastiques. X. La certitude et la foi. XI. La certitude et l’espérance. XII. La certitude et la conscience. XIII. La Certitude morale.

I. Cebtiti des spontanées ET CERTITUDES CONTRÔLÉES.

— 1° Premier fait. — A peine notre intelligence estle spontanément elle tend à connaître el i affirmer. Elle hésite peu à l’origine de sa vie, et traduit le plus souvent son activité par des affirmations oriques, des assentiment ; sûrs d’eux-mêmes, Demandez i I enfant s’il a de bons yeux, s’il est bien sûr que le disque’in il aperçoit là-bas, rond et rouge, est

MOT. Ut. T1ILOL. CAIIIOL.

vraiment là-bas et réellement rond et rouge, comme il le parait. L’enfant, sans hésiter, vous répondra ; « Mais certainement qu’il est ainsi, puisque je le vois. » A l’enfant qui, pour la première fois, voit ce phénomène, montrez un bâton plongé au préalable dans l’eau, et demandez-lui si ce bâton est droit, il vous répondra : « Certainement non, puisque je le vois brisé. » Nous avons tous des certitudes spontanées de cette sorte, qui jaillissent naturellement de la constatation immédiate et simple des choses. On invoque d’ordinaire, pour les affirmer, le sens commun, parce qu’elles se trouvent sans effort ni contrôle, sur les lèvres de tous. Ainsi jadis, au nom du sens commun, pouvait-on affirmer que le soleil tournait autour de la terre. La raison de cette spontanéité d’assentiments et de ces certitudes presque instinctives est dans la nature de notre intelligence qui, étant faite pour le vrai, tend de tout son poids vers la possession la plus complète et la plus paisible du vrai qui est la certitude, et s’y installe volontiers aussitôt que quelque chose lui apparaît sans qu’elle voie aucune raison d’en douter.

Deuxième fait.

Or il arrive qu’avec la marche des découvertes scientifiques, avec l’aide de l’expérience quotidienne de chacun ou de la réflexion, les affirmations catégoriques de l’origine s’ébranlent ou se confirment ; ce que nous attestions comme certain ne nous semble plus tout à fait sûr, ou, au contraire, nous apparaît comme tout à fait fondé, et ainsi, au premier état de certitudes spontanées, en succède un de doutes, de négations, ou de certitudes fortifiées et contrôlées.

Conclusion.

Il y avait donc, dans les affirmations premières, ou bien des vices, des illogismes qui n’avaient pas apparu et dont la constatation a permis de douter ou de nier ; ou bien des fondements réels d’abord ignorés et dont la découverte a renforcé la certitude primitive. Le nœud du problème de la certitude réside précisément entre le premier et le second état que nous venons de signaler. C’est dans le passage de l’un à l’autre que la certitude se justifie ou qu’elle tombe.

II. Scepticisme et dogmatisme.

1° Les sceptiques, ayant constaté que nous avançons primitivement des affirmations que force nous est d’abandonner ensuite, en ont conclu que toutes nos affirmations enferment le même vice. Si elles ne nous apparaissent pas toutes maintenant comme contestables, cela viendra peu à peu avec les progrès de l’esprit humain. liés lors, il est juste de s’en défier a priori, et de leur opposer un cloute universel. Considérée dans son ensemble et dégagée de la multitude infinie des détails dans lesquels elle s’est trop souvent complue et égarée, l’argumentation sceptique peut se ramener à trois chefs principaux : 1. bile récuse la connaissance directe ou intuitive de la réalité. L’intuition sensible (personne ne parlant plus de l’intuition intellectuelle à l’époque où le scepticisme s’est constitué) est jugée par elle radicalement impuissante.

— 2. Elle récuse la connaissance indirecte de la réalité, soit par le raisonnement proprement dit, soit par le principe de causalité. S’altachant, non plus à l’expérience vulgaire, mais à la science telle que la définissent les philosophes, elle s’efforce de démontrer que cette science est impossible. —3. Enfin, se plaçant à un point de vue encore plus général, envisageant non plus l’expérience ou la science, mais l’idée même de la vérité telle que le monde la conçoit, elle veul montrer que cette idée n’a pas d’objet. Par définition, la vérité serait ce qui s’impose à l’esprit ; or, rien, ni en fait, ni en droit, ne s’impose à l’esprit. Brochard, Les sceptiques grecs, conclusion, Paris, 1887, p. 394.

2° Le dogmatisnii 1, au contraire, prétend que si quelques-unes de nos affirmations premières ont succombé sous les coups de la réflexion et du contrôle

tifique, toutes ne sont pas dan que, pour

d’autres, la contre-épreuve a pleinement justifie uno

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