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CÉRÉMONIES

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cl l’ameublement » ]< « églises, tout ce qui cache, mutile, supprime une cérémonie symbolique, ou une marque Oc respect, mutile ou Bupprime une explication lllustn e du Credo, diminue le respect et I intelligence d’une chose sacrée,

L’art chrétien appartient donc à la théologie par le lien éiroit qui le rend tributaire des cérémonies liturgiques el du culte divin. Il convient d autant moins de l’oublier qu’elles onl attiré et attirent encore à l’unité de l’Église de nobles âmes, l’élite du peuple anglais. Cf. Thureau-Dangin, Le mouvement d’Oxford.

Sur la vie d’oraison.

La prière mentale, plus parfaite que la prière vocale, est nécessaire à la perfection chrétienne. Or, la liturgie et les cérémonies religieuses sont, au jugement de dom Guéranger, un des meilleurs moyens de se préparer à la prière mentale. ( Pour l’homme de contemplation, la prière liturgique est tantôt le principe, tantôt le résultat des visites du Sii-neur. » Année liturgique, préface générale, p. xiv. Cette préparation est nécessaire, et même la seule possible pour les enfants, pour les élèves dans les maisons d’éducation et en généra) pour tous les chrétiens qui n’ont ni l’âge, ni le temps d’être formés à la prière mentale par un enseignement didactique dans le recueillement et la solitude de sérieuses retraites. Mais, même pour les âmes plus favorisées, l’importance des cérémonies et des prières liturgiques est si grande que l’illustre auteur mystique, Alvarez de Paz, y consacre plus de 10 chapitres dans son grand ouvrage, De inquisitione pacis sive studio oralionis, par exemple les c. iv-vii surles heures canoniques. Non seulement saint Ignace les recommande expressément à celui qui vient d’achever les Exercices spirituels, régulée aliquot ut cum orthodoxa ecclesia sentianius, mais pendant la retraite elle-même, il lui conseille d’habiter à proximité d’une église où il puisse aller facilement chaque jour à la messe, aux vêpres et même à matines, comme l’a ajouté au texte primitif, du vivant même de saint Ignace, le texte des Exercices spirituels usité depuis plus de trois siècles. Il donne comme raison de ne pas chanter les offices dans les chapelles de son Institut, non pas leur peu d’utilité pour la vie spirituelle, mais, outre les travaux et les fréquents déplacements nécessités parles ministères apostoliques, la facilité d’aller les entendreailleurs, quanduquidem illis quos ad ea audienda devolio moverit aliunde suppetet ut sibi ipsis satisfaciant. Constit., part. VI, c. iii, § 81. Il veillait avec le plus grand soin à tout ce qui touche au culte divin et il imposa à ses prêtres l’observation exacte, sans lenteur et sans hâte, de toutes les cérémonies de la messe romaine. Il faut lire le mémorial du bienheureux Pierre Lefèvre, que saint Ignace recommandait entre tous comme un maitre dans l’art de former les âmes à la vie intérieure, pour comprendre à quel point la vie liturgique de l’Église l’aidait à s’unir à Dieu, combien il tenait à s’en inspirer, témoin son vif désir d’obtenir l’esprit des prières solennelles du jour du Seigneur : Venit milti in mentent spéciale desideriuni, quod Dominus noster faceret » ic sentire illud Gloriain excelsis Deo dominicale et Kyrieeleison, dando mihi spiritum convenientem diei dominicali, id est ipsins Domini. Memoriale B. Pétri Fabri, Paris, 1873, p. 87. Une des plus belles œuvres de saint François de Borgia, ses méditations, a pour objet les dimanches et fêtes de l’année liturgique, spécialement chaque évangile ; la prière pour obtenir la grâce particulière de chaque méditation est l’oraison du jour.

Cette influence des cérémonies religieuses sur la vie spirituelle est facile à comprendre. L’Ame, ne formant ici-bas qu’un seul être avec le corps, doit exprime ! ses actes intérieurs de religion par des cérémonies extérieures et tout ensemble y trouver un moyen île s’élever à la vie intérieure. Notre activité spirituelle dans l’état d’union dame et du corps, ne pouvanl pas ne pas être

précédée de l’exercice de la de sensitlTeel accompagnée d images, doit en ressenti i toujours profondément I influence. Si l’intelligence et la volonté- posaient ici-bas

se suffire à elles-mêmes leur séparation absolue d

l’imagination et les sens serait le moyen pariait. :

illir pour vivre en Dieu ; cette indépendance étant impossible, il faut se faire un moyen de la vis p., mqu’elle ne devienne pas un obstacle. Or, les c monies liturgiques, particulièrement celles qui sont célébrées avec des chants, peuvent précisément se définir : l’activité de tout l’homme, esprit et sens, en Liieu. Elles sont donc de tous les moyens extérieurs le plus puissant pour aider l’âme à s’élever jusqu’aux réalités invisibles surnaturelles, étant un monde nouveau qui rappelle et symbolise les miséricordes et les prom< du rédempteur comme la terre et le ciel racontent la gloire du créateur. Bon gré, mal gré, l’imagination conserve vivante, trop impérieusement souvent, la représentation du monde où nous avons vécu, d’autant plus vivante que nous avons plus souvent vu le même spectacle, entendu les mêmes paroles et les mêmes chants. C’est pourquoi l’assistance régulière à la messe chantée les dimanches et fêtes prépare si bien les élèves dans les maisons d’éducation, les fidèles dans les paroisses, à suivre chaque jour avec piété les cérémonies de la messe basse. Pendant les retraites, c’est un lait d’expérience, la psalmodie soit du grand oflice, soit du petit oflice de la sainte Vierge est un des bons moyens de favoriser le recueillement. Les religieux eux-mêmes dans le silence de leurs cellules sont d’autant moins empêchés de se recueillir que leur imagination a été dès l’enfance plus profondément imprégnée de religion par les cérémonies liturgiques, et peut plus facilement aux heures de lassitude et de tristesse revivre les consolations du passé par le souvenir des chants et des rites sacrés dont elles sont comme des notes harmoniques d’ordre moral.

Sur les habitudes religieuses.

On a remarqué qu’il y a coïncidence entre la décadence de la piété et celle de la part prise par les fidèles aux cérémonies religieuses. Quand les fidèles ne s’associent pas au culte, notamment pendant la célébration solennelle du saint sacrifice, il manque quelque chose à l’hommage social, et cet hommage devient d’autant plus incomplet, qu’à moins de circonstances et de grâces exceptionnelles, les peuples qui, le dimanche, ne prennent pas une part active aux offices liturgiques, sont plus expo> l’ennui, à la dissipation et. par conséquent, à la tentation de ne plus revenir à l’église. Cette assistance active aux offices publics a merveilleusement contribué à conserver intactes la foi. la langue, la nationalité des Canadiens français émigrés aux États-Unis par centain mille, et cela au milieu d’une société où des millions d’hommes arrivés catholiques ont fini par perdre tout culte et toute croyance. Pour eux. l’église et, dans l’église, les cérémonies sont le grand lien social. Cf. Ilainon. Le Canadien français dans la Nouvelle-Angleterre, dans les Etudes religieuses, t. li. p. 101-101. I. I offices publics et les cérémonies religieuses à 1 paroissiale sont un des moyens les plus efficaces pour conserver l’esprit chrétien et les pratiques pieuses dans les paroisses anciennes et pour les établir dans les paroisses nouvelles. Itans les patronages et les coll les cérémonies liturgiques sont un des principaux moyens d’éducation chrétienne. Il est d’autant plus i d’en user qu’on prévoit que plus tard la foi sera plus exposée, la fréquentation de l’église plus difficile et plus rare.

l°Surla civilisation. — Les cérémonies ecclésiastiques exercent aussi sur la foule une grande attraction. I sont, les dimanches et les blés, un aurait pour les réunions pieuses, elles rendent plus facile la pratique d’une religion qui parle aui seii>, elles nis,