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CÉRÉMONIES

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xxt, col. 1168-1196 ; Honoriua d’Autan déjfi cité,

P. L, i. ci.xmi, col. 5M-736 ; Innocent lll. le plu » pro fond de tons, De tacro al P t., I. ccxviii

col. 763-916, Témoin de tradition auxquelles il almi i férer, il écril : i Nous ne pouvons pas toujours donner l.i raison de tout ce qu’ont introduit les anciens dans les rites sacn -. je crois cependant que dans ces rites Boni cachés de profonds mystères. » L. VI. c. ix. Le concile de Trente ne se borne pas a faire sienne la pensée du grand pape du moyen âge, il exige que le sens mystique des cérémonies soit expliqué aux Qdeles par les pasteurs. Après avoir déclaré qu’elles contiennent magnant populi fidelis erudilioneni, il ajoute : Mandat modu » pmtorïbut et tingulis curam animarum gerentibus ut fréquenter inter mUsarum celebralienem vel per se ri’l per aliosex iisquæ m missa legunlvralvquid exponant atque inter cetera sanctissimi hujus sacrificii mysterium aliquod déclarent, diebus prsesertim doniinicis et festis. Sess. XXIi, c. vin.

Pour nier le symbolisme des cérémonies, il ne suffit pas de prétendre et de montrer que telle ou telle a des précédents et des origines dans les liturgies païennes. A ce compte, les mains jointes et la génuflexion ne seraient plus des signes de prière parce qu’elles l’étaient incontestablement dans les rites païens. Mais, pour avoir été mêlées au paganisme, certaines cérémonies n’expriment pas nécessairement pour cela des erreurs païennes, étant ou le symbole naturel de vérités religieuses ou des restes de la tradition primitive. L’Église reconnaît et prend, où elle la trouve, la vérité dont elle est l’infaillible gardienne, et elle a en effet jugé avantageux pour le plus grand bien des fidèles de consacrer, en les purifiant de toute erreur, certaines traditions.

Les rites essentiels des sacrements, surtout ceux d’eucharistie, étant symboliques, il convenait, pour entrer dans l’esprit de leur divin fondateur que les cérémonies ecclésiastiques le fussent aussi. L’Église continue ainsi la même méthode d’enseignement, qui est du reste celle des paraboles : l’exemple précédant la leçon, un fait concret et sensible éveillant l’attention pour mieux disposer l’esprit à connaître et à se rappeler quelque réalité invisible ou une vérité doctrinale. Méthode d’enseignement essentiellement populaire et apostolique, d’autant plus efficace qu’excitant davantage la curiosité par l’attrait du mystère, elle incline l’initié à faire montre de science en le révélant à d’autres. Tels auditeurs qui ne prêteraient pas attention à l’exposé d’une doctrine religieuse, aimeront à entendre expliquer longuement comment un ancien rite ou la mystérieuse disposition d’une église du moyen âge la symbolisent, n’en perdront plus le souvenir et, à l’occasion, trouveront plaisir à être, eux aussi, sous cette forme, professeurs de religion.

Le symbolisme n’étant qu’une fin secondaire, subordonnée à la fin principale de l’institution du sacrifice et des sacrements, les cérémonies n’ont pas toutes nécessairement un but symbolique. La fin principale à atteindre a pu et dû plusieurs fois exclure une intention symbolique, ainsi la grande élévation de l’hostie et du calice immédiatement après la consécration s’est introduite dans l’Église un pm avant le xiue siècle, non comme symbole d’une des circonstances de la passion, mais probablement comme acte de foi à la présence réelle et i la transsubstantiation pour protester contre les erreurs de Bérenger de’l’ours. Voir col. ~ M).

Lîien que toutes les cérémonies n’aient pas été instituées

dans un but symbolique, il n’y a pas de doute que

beaucoup d’entre elles n’aient une signification particulière ; pour d’autres, il > a plus ou moins grande probabilité selon que la tradition e~i plus ou moins constante,

l’explication plus ou moins plausible. Mais, de même

que les grandes lignes et des détails d’architecture, nécessités inévitables de construction, telles que assises Buperposées, portes, fenêtres, colonnes, ont été m 1erI

comme des lymbol et les do.

et par l’Église elle-mémi notamment

dans l’office de la D de même des cérémi

qu’on ne pi ut prouver avoir été instituées pour uri> mhi de symbolisme, ont reçu postérieurement à bur institution des significations mystiques. Ce genre d’interprétation peut être très utile, mais aux conditions suivantes aussi essentielles que souvent oubliées. Les sens mystiques des cérémonies doivent s’harmon

entre eux et avec le Symbolisme traditionnel poui

mer un tout suivi sans surcharges fatigantes, ni subtilités raffinées. Ils doivent, de plu-, être appropriés aux circonstances. Il ne suffit pas de reproduire la doctrine des principaux litargistesdu moyen âge, il faut la rendre

il. le et profitable aux âmes, travail considéra !. délicat qu’ils ont fait pour leur temps et que les teins doivent entreprendre pour le notre comme le ait le concile de Trente. Les cérémonies sont dans la pensée de l’Église une somme illustrée dont le prêtre doit commenter le texte et expliquer les images comme on commente la Somme de saint Thomas dans les cours de théologie. Par cela même qu’un commentaire convient parfaitement pour une époque, il n’est point absolument tout ce qu’il faut pour une autre. Les an commentateurs aident beaucoup à comprendre la pensée du maître, mais ils laissent à faire aux successeurs tout le travail d’assimilation personnelle et d’appropriation. L’harmonieuse unité des explications mystiques pas ce qui préoccupe avant tout les grands liturgistes du moen âge, elle est même parfois brisée et obscurcie par de multiples et longues considérations historiques, théologiques et morales. Ainsi Innocent III, ne voulant manquer aucune occasion d instruire, ne craint pas d’interrompre l’explication des cérémonies pour consacrer 12 chapitres à l’oraison dominicale. La forme de l’enseignement était toujours subordonnée aux besoins spirituels et au goût des contemporains.

Nous ajoutons deux remarques très importantes pour les esprits modernes facilement prévenus contre les. des auteurs du moyen âge et rendus de jour en jour plus exigeants par la rigueur des méthodes scientifiques. 1° Il n’y a ni raffinement, ni contradiction à attribuer à une même cérémonie plusieurs significations mystiq si elle en est véritablement le type ou si une des choses signifiées est le type et le complément de l’autre. Ainsi la communion du prêtre et des ministres sacrés symbolise à la fois et la cène dont elle achève de compléter la représentation et le repas des disciples d’Emmaûs avec le Christ qu’ils reconnurent à la fraction du pain. 2° La nécessité de suivre l’ordre historique fait que souvent dans les cérémonies de la messe, particulièrement dans le canon, « les paroles signifient une chose et les sien représentent une autre, les paroles se rapportant avant tout à la consécration de l’eucharistie et les si( (spécialement les signes de croix et leurs nombres mystiques ) à l’histoire des diverses circonstances de la | sion. » Innocent 111. I. V, c. n. xiv. En effet, si le canon n’avait comme but que de représenter la passion, il devrait se terminer par l’immolation imstique, par la consécration qui rappelle en la renouvelant sous une forme non sanglante l’immolation du Calvaire. Mais la cène ayant précédé cette immolation, l’Église, cuvant l’ordre historique, représente seulement à la lin du canon le crucifiement et la mort du Christ par la petite élévation, immédiatement suivie du Pater et du mélange de la parcelle d’hostie au précieux sang, symbole de la résurrection. Généralement, ce n’est point par les paroles qu’est marque le symbolisme, mais par les gestes, l’attitude et les mouvements des minis sacrés, par la place qu’ils occupent à l’autel et dans le sanctuaire, par leur silence ou l’élévation de la voix, en un mot par tout ce qui frappe les srns. Innocent III, I. V, c. xv. Cela s explique facilement. Les paroles du-