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CAUSSIN — CAVE
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CAUSSIN Nicolas, jésuite, né à Troyes le 27 mai 1583, mourut à Paris, à la maison professe, le 2 juillet 1651 (et non le 15, ainsi que le porte à tort son épitaplie dans les cryptes de Saint-Paul-Saint-Louis). Très renommé en son temps, comme prédicateur et comme écrivain, il est surtout connu aujourd’hui par son rôle à la cour de Louis XIII. Confesseur du roi en 1637, il fit opposition au cardinal de Richelieu et s’attira une disgrâce retentissante qui lui valut six ans d’exil à Quimper-Corentin (1637-1613). Mais s’il n’avait pas réussi à convaincre le monarque des dangers de l’alliance militaire de la France avec les. États protestants, non plus que de la grave responsahilité encourue par sa conscience à raison des charges écrasantes de ses sujets et de la misère du peuple occasionnée par des guerres sans fin, il fut du moins assez heureux pour le réconcilier avec son épouse. On sait que grâce à l’intervention de M lle de La Fayette, devenue à la Visitation de Paris sœur Angélique de la Miséricorde, Louis XIII consentit à se rapprocher d’Anne d’Autriche. Bientôt la naissance de Louis XIV était saluée par la France comme un bonheur inespéré.

Le P. Nicolas Caussin fut également le confesseur du duc d’Enghien, le futur grand Condé, et le directeur d’une partie de la haute société. Paris et la province se pressèrent tour à tour au pied de sa chaire, attirés soit par une éloquence rappelant par certains côtés lu manière fleurie et pittoresque du saint évêque de Genève, soit par des ouvrages ascétiques fort répandus, tels que la Journée chrestienne (1628), le Traité de la conduite spirituelle selon l’esprit du B. François de Sales (1637) et surtout la Cour sainte (1624 ou 1625) si souvent réimprimée.

On a discuté de nos jours la question de savoir si Caussin fut un des réformateurs de l’éloquence sacrée et un précurseur de la prédication classique par ses Eloquenliee sacrée et humanse parallela (1619). II est certain qu’il aperçut et critiqua les défauts des orateurs de son temps et qu’il formula même d’excellents principes ; mais il est douteux que ce traité de rhétorique ait exercé, malgré de réels mérites et huit éditions, une influence efficace et étendue. D’ailleurs l’auteur n’avait pas joint suffisamment l’exemple au précepte, ainsi qu’en témoignent contre lui ses recueils de sermons, tels que la Sagesse évangélique pour le carême (1635) et pour l’avent (1644), son Buisson ardent (164-7 ; et son Année sainte (1666) publiée après sa mort.

Humaniste distingué et auteur de tragédies de collège, Caussin eut la bonne fortune d’apprécier comme helléniste précoce le jeune Armand Le Bouthillier de llancé. Il devina les talents du réformateur de la Trappe et intervint heureusement en sa faveur auprès de Louis XIII.

Controversiste, le P. Nicolas Caussin défendit avec modération contre les attaques du ministre Drelincourt son Impiété domptée par les fleurs de lys (1629) et il ne craignit pas de s’attaquer à la Théologie morale des jésuites, ces Provinciales avant la lettre lancées par le grand Arnauld en 1644. Les deux répliques du jésuite, l’une Y Apologie pour les religieux de la Compagnie de Jésus, l’autre la Response au libelle intitulé la Théologie iront le jour coup sur coup en cette même année 1644. Elles contiennent, sous une forme qui n’est pas toujours surannée, la substance des meilleures réfutations parues depuis contre les jansénistes et les autres détracteurs des casuistes.

Mais le principal titre d’honneur de Caussin est sa Cour sainte. Ce vaste ouvrage renferme à la fois une exposition de la doctrine catholique et une sorte de politique sacrée. Plusieurs des idées de l’auteur en matière de gouvernement chrétien furent reprises par lui dans son Rcgnum Dei (1650). Il y souhaite de voir admis au conseil privé du roi des ecclésiastiques, pieux

et capables, fidèles au souverain et dévoués au bien du peuple. C’était définir sa propre attitude à la cour, où il s’était comporté, écrit Bayle, comme doit faire un homme de bien. Enfin il applaudit, avec son Angélus pacis (1650), aux bienfaits de la paix procurée par le traité de Westphalie.

Éloge du H. P. Caussin, en tête de la Cour sainte ; Bayle, Dictionnaire critique, art. Caussin /Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. ii, col. 902-927 ; t. IX, col. 14-15 ; Ch. Daniel, Une vocation et une disgrâce à la cour de Louis XIII, dans les Études de théologie, de philosophie et d’histoire, 1861, p. 353-395 ; Etienne Georges, Notice sur Nicolas Caussin, in-8% Troyes, 1887 ; Nicolas Caussin, dans la Revue Uourdaloue, 19(12, p. 414-426 ; manuscrits inédits.

H. ClIKROT.

    1. CAVALCANTI Augustin##


CAVALCANTI Augustin, religieux théatin, ne à Cosenza, fut nommé en 1743 supérieur général de sa congrégation et mourut en 1748. On a de lui : Vindiciss romanorum pontificum, Rome, 1749.

Vezzosi, / scrittori dei chicrici regolari delti Tealini, Rome, 1780, t. I, p. 257-259 ; Hurter, Nomenclator, t. ii, col. 1305.

A. Palmiilui.

    1. CAVE Guillaume##


CAVE Guillaume, savant critique ecclésiastique anglais, né le 30 décembre 1637àPicvell, comté de Leicester, mort le 4 août 1713 à Windsor. L’histoire de sa vie n’est guère que l’histoire de ses travaux. Fils d’un ministre anglican, il fut ministre anglican comme son père, après avoir suivi les cours de Saint-Jean de Cambridge de 1653 à 1660. Il occupa successivement à Londres les cures d’Islington en 1662 et d’Allballovv’s the Grcat en 1679. En 1691 il était nommé recteur d’Isleworlh, paroisse aux portes de Londres, et il acceptait ce poste pour trouver les loisirs nécessaires à ses travaux, sans s’éloigner des bibliothèques de la capitale. Dans l’intervalle il avait été nommé chapelain du roi Charles II et chanoine de Windsor.

Ses ouvrages sont nombreux. La plupart recherchent dans les Pères et dans les écrivains ecclésiastiques la tradition qui est, suivant la doctrine catholique en partie conservée par l’Eglise anglicane, l’une des sources de la vérité dogmatique. Voici les principaux : 1° Primitive christianity, or tlte religion of the ancient christians in the first âges of the Gospel, in-8°, Londres, 1672 ; 5e édit., 1689, dédié à l’évêque d’Oxford, traduit en allemand sous ce titre : Ersles Cliristenthum oder Gotlesdienst der allen Cliristen avec une préface de Witsius, Leipzig, 1694, et en français : Le christianisme primitif ou la religion des anciens chrétiens, 2 in-12, Amsterdam, 1712. Cet ouvrage comprend trois parties. La I re répond à cette question : Comment les premiers chrétiens furentils jugés par leurs adversaires ? La IIe montre l’influence du christianisme sur les premières communautés chrétiennes, quelles vertus elles pratiquaient, etc. ; la III » expose quels furent leurs rapports avec leurs contemporains. Elle a quelque analogie avec le livre de Eleury : Mœurs des chrétiens. — 2° Tabulée ecclesiasticx, in-8°, Londres, 1674, catalogue des anciens écrivains ecclésiastiques avec un sommaire de leurs ouvrages. Plus tard Cave refondit ce livre et le poursuivit. Telle est l’origine du Carlophylax ecclesiaslicus, in-8°, Londres, 1685, qui donne une courte notice sur tous les écrivains ecclésiastiques des origines du christianisme à Luther. Cave s’arrête en effet à 1517. Le Cartoplnjlax doit beaucoup aux Dissertations du P. Labbe sur le traité de Bellarmin, De scriptoribus ecclesiasticis. Colomiès y lit des suppléments. — 3° Anliquilates apostolicm, or the history of Christ, the apostlesand saint Mark and saint Lu lie, etc., in-fol., Londres, 1675 ; 5e édit., 1681, qui est comme un ooinplémentdes Tabulas. Dans la préface Cave étudie les trois âges successifs, patriarcal, mosaïque el évangélique, île l’Eglise, et la condition des âmes sous chacun d’eux. Il y reproduit aussi la vie du Christ que Jérémie Talor avait publiée en 1653 sous ce titre : The great e.remplar of sanctity or the life of Christ. — 4° Aposlolici ur history