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CATÉCHUMÉNAT


pratiques ascétiques, quand il adresse les recommandations suivantes aux çiotpôjievoi : « Préparez votre cœur pour participer aux mystères ; priez plus souvent ; mettez votre âme à l’abri de la tentation, Procat., 16 ; dépouillez le vieil homme par la confession de vos péchés passés, Cat., i, 2, car le temps des catéchèses est un temps de confession, Cat., i, 5, 12 ; il faut laver ses péchés par la pénitence et les confesser avec la certitude de les voir pardonnes. » P. G., t. xxxiir, col. 361, 372, 376, 400. Il consacre à ce dernier point toute sa seconde catéchèse. Cette préparation au grand pardon que devait conférer le baptême exigeait naturellement que le compétent commençât par pardonner aux autres. Cat., I, 6, col. 377. La plupart de ces pratiques ascétiques préparatoires à l’initiation baptismale sont signalées par le pseudo-Augustin : Omnia sacramenta quæ acta sunt et aguntur in vobis perministerhtm servorum Dei, exorcismis, orationibus, canticis spirilualibus, insuf/lationibus, cilicio, inclinalione cervïcam, humilitate pedum, etc. De symbolo ad catech., iv, 1, P. L., t. XL, col. 660. Ces trois derniers usages marquent avec quels sentiments d’humilité devaient se préparer les compétents.

Préparation catéchétique.

L’un des buts principaux de la préparation immédiate au baptême était l’instruction des candidats. Jusqu’à son admission au nombre des compétents, le catéchumène, malgré son assistance aux lectures et aux homélies, malgré le supplément d’information qu’il puisait auprès de son catéchiste, restait encore trop étranger à ce qui constituait le fond intime et les détails précis de la doctrine et de la vie chrétienne. Sans doute, au moment de son entrée dans le catéchuménat, il avait été mis en garde contre les dangers de la superstition, contre l’absurdité de la mythologie et contre les erreurs de la philosophie païenne ; il avait appris, en outre, quelques-uns des dogmes principaux de la foi, tels que celui de l’unité de Dieu, du jugement dernier et de la résurrection générale ; sans doute encore, la prédication homilétique, aidée des catéchèses auxquelles il assistait pendant la durée de son premier stage, lui rappelait ces principes de la foi ainsi que ceux de la morale évangélique ; sans doute enfin, au moment même de son admission parmi les compétents, il avait reçu des conseils plus précis ; mais c’était insuffisant. Ne pouvant assister ni à la liturgie eucharistique, ni à l’initiation solennelle, il ignorait la nature, le rôle et l’importance des sacrements. Rien n’est plus connu que la missa caleclntmenorum au moment de la célébration des mystères. Cf. Brightman, Liturgies eastern and ivestern, 2 in-8°, Oxford, 1896. D’autre part, l’organisation systématique du catéchuménat avait introduit dans la prédication publique des habitudes de discrétion qui ne laissaient rien deviner des points capitaux de la foi à quiconque n’était pas initié : de là, en particulier, l’ignorance où se trouvait le catéchumène sur 1> - ilogmes de la trinité, de l’incarnation, de la rédemption, sur le symbole, l’oraison dominicale, etc.

Au il* et même au ine siècle, l’enseignement ésotérique n’existait pas encore dans l’Église ; la discipline du i t était inconnue des catholiques. Saint Irénée la constate, au contraire, chez les hérétiques et la condamne. Cont. hier., I, iv, 3 ; xxiv, 6, P. G., t. vii, col. 481, 679. Tertullien la reproche, en particulier, aux valentiniene et la raille. Adv. Valent., i, P. L., t. ii, col. 543. C’est ce qui permettait à Origène d’écrire contre Celse : « Nous ne cachons pas la Bainteté de notre principe. .. Nous enseignons les premiers venus… Nous coni vangiles et les écrits apostoliques à qui pont hs entendre. > Cont. Cels., 111, xv, P. (, ’., t. xi, col. 9’10. C’est aussi ce qui avait permis à saint Justin de parler tant île liberté des mystères chrétiens, notamment de l’eucharistie, dans sa première Apologie. Mais, à partir du iv siècle, il n’en fut plus de même ; car alors,

par une conséquence de l’organisation pédagogique du catéchuménat, l’enseignement public des Pères est plein de réticences voulues ou d’allusions voilées sur les sacrements et les dogmes. C’est la discipline du secret qui est en vigueur et à laquelle font allusion saint Cyrille de Jérusalem, Procat., 5 ; Cat., v, 12 ; vi, 29 ; xix, 1, P. G., t. xxxiii, col. 341-343, 351, 589, 1065 ; les Constitutions apostoliques, II, lvii, P. G., 1. 1, col. 733 ; la Pere~ grinatio Silvise, 46, édit. Geyer, Vienne, 1898, p. 97. C’est pourquoi saint Épiphane reproche comme un scandale aux marcionites la pratique où ils sont de célébrer les saints mystères sous les yeux des catéchumènes. User., xlii, 3, P. G., t. xli, col. 700. Saint Grégoire de Nazianze, après avoir fait un abrégé de ce que le futur illuminé doit croire sur la trinité, l’incarnation et le reste du symbole, termine en disant : « Voilà ce que tu peux savoir en dehors du mystère, ce qu’il est permis de porter à l’oreille du profane. Quant au reste, grâce à la Trinité, tu l’apprendras dans l’intimité et tu le garderas devers toi comme tout ce qui est gardé sous le sceau du secret. » Orat., xl, 45, P. G., t. xxxvi, col. 424, 425. Saint Chrysostome, qui fait souvent allusion à cette discipline du secret, In Gen., homil. xxvii, 8, P. G., t. Lin, col. 251 ; Ad illum., homil. i, 1, P. G., t. xiix, col. 224, s’exprime ainsi dans son commentaire sur l’Épitre aux Corinthiens : « Je voudrais bien parler ouvertement, mais je n’ose, à cause des non-initiés. Ce sont eux qui nous rendent l’explication difficile, en nous mettant dans la nécessité d’employer des termes obscurs ou de leur exposer les mystères. Je parlerai néanmoins, autant qu’il me sera possible, en respectant les saintes obscurités. » In I Cor., homil. XL, 1, P. G., t. lxi, col. 347. Saint Augustin répète souvent dans ses sermons l’expression : Norton fidèles. A propos de ces paroles de l’Évangile de saint Jean, vi, 56 : Caro mea verc esca est, et sanguis meus vere potus est, il remarque que leur sens, compris des fidèles, échappe à l’intelligence des non-initiés, simples auditeurs ou catéchumènes. « Cela vous est voilé, dit-il à ces derniers ; mais si vous le voulez, cela vous sera révélé. Accède ad professionem et solvisti queestionem ; voici Pâques, donnez votre nom pour le baptême. Si la fête ne vous sollicite pas, que la curiosité vous pousse, et alors vous comprendrez le sens de ces paroles. » Serm., cxxxii, 1, P. L., t. xxxviii, col. 734. Le pape Innocent I er, dans sa lettre à l’évêque d’Eugubio du 19 mars 416, répond en termes voilés pour ne point paraître révéler des mystères ; il s’en expliquera m’e u x de vive voix. Jalfé, Rcgesta, . i, n. 311. On connaît le sentiment auquel obéit plus tard Sozoméne quand il se refuse à insérer dans son histoire le texte du symbole : c’est un texte réservé à la connaissance des seuls initiés, H. E., i, 20, P. G., t. lxvii, col. 920 ; scrupule que ne partagea pas son contemporain Socrate, II. E., i, 8, ibid., col. 68. Ce qui revient à dire que, déjà vers le milieu du Ve siècle, cette discipline tombe on désuétude et ne va pas tarder à disparaître. Voir Aiîcane, t. i, col. 1738-1758. Quoi qu’il en soit, elle a été en vigueur pendant le rve siècle et la première moitié du ve, et c’est ce qui a donné ? à la catéchèse une importance singulière, justifiant pleinement la remarque de saint Cyrille de Jérusalem, quand il dit que la catéchèse n’est pas une homélie ordinaire. Procat., 11, P. G., t. xxxiii, col. 352.

Le but de la catéchèse étant, en général, de conduire à la foi, d’après Clément d’Alexandrie, Pxdag., I, VI, P. G., t. viii, col. 285, il fallait donc, au moment de la préparation immédiate au baptême, insister tout d’abord avec plus de précision sur les connaissances déjà acquises. Car c’est surtout à la veille de son initiation baplismale que le catéchumène doit connaître définitivement qux fuies et qualis rite debeat esse christiani. S. Augustin, De /ide et oper., VI, 9. P. L., t. xi„ col. 202. Quod autem /il per omne tempus, quo in Ecclesia sala-