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CATÉCHÈSE


résurrection future, sur le jugement dernier et sur la sanction éternelle du bien et du mal ; mettre en garde l’infirmité de cet illettré contre les scandales du dehors et du dedans ; lui rappeler brièvement et convenablement les préceptes de la vie chrétienne. Et si alors il accepte d’entrer dans la voie du salut, qu’il n’en rapporte qu’à Dieu tout le mérite, qu’il aime Dieu et son prochain à cause de Dieu, car Dieu qui l’a aimé ennemi le justifiera ami.

2. S’agit-il d’un homme possédant déjà quelques notions de la sainte écriture et des lettres chrétiennes ? — Être très bref sur tout ce qui touche à l’Écriture sainte ou aux lettres chrétiennes ; n’avoir pas l’air d’apprendre à cet homme ce qu’il sait déjà, mais énumérer, comme s’il le savait, tout ce qu’on dit en pareil cas aux rudes et aux indocti, car cela fournit l’occasion de lui apprendre ce qu’il ignore. Il n’est certes pas inutile de l’interroger, lui aussi, pour savoir à quels livres, à quels traités en particulier il attribue son désir de conversion. Si on les connaît, les louer ; mais s’ils sont l’œuvre d’hérétiques, leur opposer l’autorité de l’Église universelle, en faisant remarquer que même les bons peuvent parfois se tromper ou donner lieu, quand ils sont mal compris, à ce que d’autres se trompent ; car il en est qui se trompent dans l’interprétation de l’Écriture. Par là, lui éviter toute présomption. Quant au reste, c’est-à-dire pour ce qui regarde les conclusions pratiques, en parler comme plus haut aux ignorants.

3. S’agit-il enfin d’esprits cultivés au point de vue littéraire, mais ignorants au point de vue de la foi ? — A ceux-là, plus encore qu’aux illettrés, recommander la retenue et l’humilité pour les empêcher de mépriser ceux qui évitent plus facilement les fautes de conduite que l’incorrection du langage ; leur apprendre surtout à s’instruire dans les Ecritures, à ne pas les considérer à un point de vue purement humain et comme des livres ordinaires, à adhérer plus au sens qu’aux termes, à l’esprit qu’à la lettre, à l’âme qu’au corps ; à en écouter les explications vraies plus que celles qui sont directes, sans s’arrêter au langage incorrect ou barbare de celui qui les interprète, car à l’église on n’est pas au barreau. Quant au sacrement à recevoir, il suffit aux plus entendus de comprendre ce qu’il signifie ; vis-à-vis des plus lents, user d’explications et de comparaisons pour qu’ils ne méprisent pas ce qu’ils voient.

Après la théorie, la pratique ; après le conseil, l’exemple. Saint Augustin ajoute, en effet, le modèle suivant propre à agir sur l’esprit et la volonté d’un illettré, non de la campagne mais de la ville, qui avoue vouloir se faire chrétien en vue de la vie future. Exorde : C’est très bien, on lui dire, et je vous félicite. Car le bonheur n’est qu’en Dieu et non dans les biens de la vie présente ; ceux-.ci sont faux et nous livrent à un Dieu qui juge et punit. La vraie félicité, même dans les épreuves d’iciest dans l’amour des préceptes de celui qui l’a promise, dans une bonne conscience. Se faire chrétien pour un motif intéressé ou d’ordre temporel, c’est courir à la réprobation ; on fait sans doute ainsi partie de l’Église, mais comme la paille fait partie de l’aire, d’où un coup de vent peut la chasser. Celui, au contraire, qui se fait chrétien en vue de l’éternelle félicité en Dieu, est dans la bonne voie ; il est en garde contre la tentation, ne se e ni corrompre par la prospérité, ni abattre par l’adversité ; il est modeste et tempérant dans l’abondance, fort et prudent dans la tribulation. — Nar ratio : une de l’histoire du monde, création, chute, réparation future par l’incarnation du Verbe, Ce dernier ntrevn et cru d’avance a sauvé les saints comme il nous sauvera nous-mêmes ; le Verbe s’est incarné et nous a rachetés. Il y a sur la terre deux cités, où les bons sont mêlés aux méchants ; mais elles seront révélées au jour du jugement. Tout, dans les cinq âges

précédents, a été une figure de ce qui s’est accompli dans le sixième, le nôtre, celui où Jésus est venu, où il est mort, où il est ressuscité, d’où il est monté au ciel pour nous envoyer le Saint-Esprit, celui où vivent désormais ceux qui mettent leur foi en Dieu, pratiquent la charité, comptent sur les récompenses éternelles, composent actuellement l’Église, celui où l’Église vit dans les troubles et les épreuves. Or tout cela a été annoncé ; nous le voyons accompli sous nos yeux ; et cette réalisation du passé est un gage de l’accomplissement des événements futurs, tels que la résurrection, le jugement et la vie éternelle. — Conclusion : Croire fermement à ces choses, sans se laisser déconcerter ; se tenir en garde contre les démons et leurs suppôts, qu’ils soient païens, juifs ou même chrétiens ; s’attacher de préférence aux bons, sans mettre son espoir en eux, car il ne faut le mettre qu’en Dieu ; et ce faisant, persévérer dans la foi en dépit des tribulations ; conserver l’humilité, car Dieu ne permet pas qu’on soit tenté au-dessus de ses forces.

Ce qu’il y a de remarquable dans ce modèle de catéchèse, rédigé d’après la formule précitée, ce n’est pas seulement la manière dont saint Augustin envisage la suite des âges comme une sorte de philosophie religieuse de l’histoire, où éclatent, dans une série ininterrompue, les attentions de Dieu à l’égard de l’homme, et fait de la personne du Christ le point central de l’histoire du monde, c’est encore l’habileté avec laquelle il y enseigne les articles du symbole, sans révéler qu’ils fassent partie de la formule de foi, et y rattache toute la morale chrétienne ; c’est surtout le but très précis qu’il poursuit d’inspirer la foi, l’espérance et la charité. Aussi n’hésite-t-il pas à revenir à plusieurs reprises soit sur les récompenses promises aux fidèles, soit sur les châtiments réservés aux impies et aux mauvais chrétiens ; moyen excellent d’inspirer par la crainte un commencement d’amour de Dieu. Et c’est bien là le genre de la catéchèse, adressée pendant la période patristique à ceux qui demandaient à entrer dans le catéchuménat en vue de la future initiation chrétienne.

La catéchèse des catcchumrncs.

Une fois admis au rang des catéchumènes, tant que durait le premier stage de sa probation, le futur baptisé devait apprendre à mieux connaître la doctrine et la pratique chrétiennes. Or l’homélie ordinaire ou l’instruction qui, au commencement du service divin, servait d’explication au passage de l’Écriture sainte dont on venait de faire la lecture, était insuffisante à raison de la réserve et de la discrétion qui étaient inspirées par la loi du secret depuis l’institution du catéchuménat. Certains sujets, en effet, étaient de parti pris passés sous silence. Dans cet enseignement public on ne traitait que des questions générales de foi ou de morale, ou bien on se bornait à de simples allusions, à des explications sommaires, que saisissaient fort bien les initiés, mais qui restaient de pures énigmes pour les non-initiés. Les catéchumènes avaient donc besoin d’un supplément d’information.

D’autre part, s’ils lisaient les livres de l’Ancien Testament, même les deutérocanoniques, Origène, In Num., homil. XXVII, 1, P. G., t. XII, col. 780, ou certains ouvrages tels que la Ditlaché et le Pasteur d’IIermas, S. Athanase, Epist. lest., xxxix, P. G., t. xxvi, col. 1437, ils étaient certainement loin d’en saisir la portée ou d’en comprendre la doctrine : de là encore la nécessité d’un enseignement supplémentaire et spécial. Mais cet enseignement lui-même, confié à des didascales, docteurs ou catéchistes, laïques ou clercs, diacres ou prêtres, devait naturellement se proportionner aux besoins actuels des catéchumènes, l’.t comme ceux-ci n’étaient initiés que peu à peu, progressivement, selon le degré de leur probation, il s’ensuit que l’enseignement approprié qu’ils recevaient était forcement lui-