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CANON DES LIVRES SAINTS


décide qu’on ne doit pas lire à l’église àxavovio-ra |31 » >Xta, àXXà [j.ova Ta xavovixà tîjç xaivi, ; xai TtaXaîa ; 8ta8^xir|ç. Mansi, Concil., t. H, col. 574. Saint Amphiloque, lambi ad Seleucum, 318 319, édit. Combefis, Paris, 1624, p. 134, ou dans S. Grégoire de Nazianze, Carm., 1. II, ii, 8, P. G., t. xxxvii, col. 1598, conclut son catalogue des Livres saints par ces mots : Où-roç ocJ/EuSéaTaroç xaviôv av giV] tiôv Ôeotcve-jotijov ypaçwv. La Synopse, qui a été attribuée à saint Athanase, mais qui lui est postérieure, reproduit une liste des Livres saints, apparentée à celle de l’évêque d’Alexandrie, et emploie les expressions : xExavoviajxéva, xavoviÇôtxsva, où xavovt-Ç 6|j.eva pour désigner les livres canoniques et non canoniques. P. G., t. xxviii, col. 284, 289, 293. Si les termes xavùv, xavovixdç, xavovcÇôiiEva étaient nouveaux, ils exprimaient cependant des idées anciennes, énoncées avec des expressions équivalentes. Aussi leur emploi ne fut pas d’abord très fréquent ; on continuait à employer les anciens termes. On finit par réunir ceuxci avec les expressions nouvelles pour marquer leur équivalence. Ainsi un anonyme, contemporain de saint Chrysostome, dont l’homélie figure dans les œuvres de ce docteur, P. G., t. lvi, col. 424, parlant des trois Epitres de saint Jean, dit : Tûv 8é èxxXrgtrtaÇoiiivcov, où tûv àrcoxpùîptov (j.Èv ï] 7rpajTï] £7tiGroXiî, Tr, v yàp SeuTÉpav xa’t rpi-^v o ! TtarE’ps ; à7roy.avov : ^ouTcv. Vers 530, Léonce de Byzance, De sectis, ii, 1, 4, P. G., t. lxxxvi, col. 1200, 1201, emploie indistinctement Ta ExxXïjcrtao-rtxà PiêXi’a et rà xavoviÇo’fj.Eva fSioXia Èv xrj’ExxXrja-ia. Au IXe siècle, le patriarche de Constantinople, Nicéphore, dresse une liste slichométrique des Livres saints, qu’il appelle ÔEtai ypaçai ExxXïia-iaÇo’iJ.Evai xai xExavoviajjivai ; il leur oppose les àvTiXsyovTai xai oùx èxxXïiTiâÇovTai el les â-oV.puça. P. G., t. c, col. 1056, 1057, 1060.

Telle est l’origine de l’application du mot grec xaviôv à la Bible entière. Quel en est le sens précis ? Les Livres saints appartiennent au canon, quand ils ont été canonisés, xavovcÇo’tj.cva, x£xavovi<r[j.éva, et qu’ils sont devenus ainsi canoniques, xavovixô, tandis que les livres, qui ne sont pas au canon, n’ont pas été canonisés, où xavov.Çôfj.eva, àxavdvurTa. Les livres sont donc mis au canon ou hors du canon par un acte qui est exprimé par les verbes xavovi’ÇEtv et aTroxavovîÇeiv et qui les rend, oui ou non, canoniques. Le sens premier du mot xavtdv et de ses dérivés, appliqués aux Livres saints, est ainsi clair et certain. Il ne veut pas dire « règle, mesure » et ne présente pas les livres comme une autorité régulatrice ou la règle de la vérité inspirée par Dieu. Ce ne sont pas eux, ni leur contenu, qui sont xaviov ou règle ; ils sont eux-mêmes, au contraire, l’objet d’une action qui les introduit au canon ; ils sont « canonisés » et ils deviennent « canoniques » . Le mot xaviov, appliqué à la collection des Livres saints, n’a donc pas eu primitivement la signification active de règle et de mesure ; il a eu plutôt la signification passive de collection « réglée, définie » dont l’étendue était déterminée par la tradition ou l’autorité. La forme passive des participes ou adjectifs verbaux dérivés de xavcôv et usités au milieu du IVe siècle impose cette signification. Kaviôv, appliqué à la Bible entière, a donc eu primitivement le sens de xaTrfXoyoc, ou de « liste » des livres reconnus dans l’Église comme inspirés. Le mot xaTaXoyo ; était employé par Eusèbe, II. E., ni, 25 ; vi, 25, P. G., t. xx, col. 269, 580, et Rufin, dans le dernier passage cité, le traduit par canon. Le livre canonique est donc un livre « canonisé » .

2° Priorité, de Vidée sur lr mot. — L’idée, exprimée par le mot xaviôv, d’une collection déterminée d’écrils inspirés, avait précédé l’emploi de ce mot. A partir de Clément d’Alexandrie, cette collection se nommait BfftÔTJxii), le Testament, et comprenait deux parties, l’Ancien, TraXati, el le Nouveau Testament, xaiv^i SiaO^xi). Le livre qui en faisait partie était évSiâQqxo ;. Origène,

De oratione, 14, P. G., t. XI, col. 461 ; Eusèbe, H. E., m, 3, 25 ; vi, 14, P. G., t. xx, col. 216, 269, 549 ; le traducteur latin de In epist. S. Pelri secundam enarratio, deDidyme, P. G., t. xxxix, col. 1774, cf. col. 1742, a traduit plus tard ce mot par l’expression latine équivalente : in canone est. Saint Basile, Sermo de ascelica disciplina, , P. G., t. xxxi, col. 619 ; saint Épiphane, De mensuris et ponderibus, 3, 10, P. G., t, xun, col. 214, 253 ; CosmasIndicopleusles, 70po§r.cvm/., 1. VII, P. G., t. lxxxviii, col. 372, remplacent Èv$iâ&ï)xoç par èvSiâŒroç. Avant l’emploi du nom de Sia9r, xï], la collection biblique était désignée par le pluriel : al ypatpai (rarement tj Ypaiprj, qui était ordinairement appliqué à un livre scripturaire en particulier) avec ou sans les épithètes : â’ytai, Upai, 8sîai, xvpiaxat. On la désignait encore en indiquant les livres principaux dont elle était composée : « la Loi et l’Évangile, » « les Prophètes et l’Apôtre, » ou par opposition à la littérature païenne « nos écrits » , « notre littérature. » On entendait par là, non pas tous les écrits chrétiens, mais seulement ceux qui étaient reçus publiquement dans l’Église comme divins. A. Loisy, Histoire du canon du N. T., Paris, 1891, p. 123-125. Ces livres publics différaient par là même des livres apocryphes. Voir t. i, col. 14981500. On admet généralement que Jésus-Christ et les apôtres ont laissé et transmis à l’Église le corps des Livres sacrés de l’Ancien Testament, non pas seulement de la Bible hébraïque, mais de la Bible hellénique ou des Septante. Franzelin, Tractatus de divitia traditionc et Scriptura, 3° édit., Rome, 1882, p. 326-329 ; Didiot, Logique surnaturelle objective, théorème lxxvii, Lille, 1892, p. 523-531. Toutefois, il est évident qu’ils ont fixé le canon de l’Ancien Testament, non par une décision expresse dont les Églises n’ont jamais entendu parler, mais par l’usage qu’ils ont fait de la Bible grecque, usage qui s’est transmis dans l’Église. De l’histoire du canon du Nouveau Testament, il résulte qu’à partir de l’an 130 la collection des quatre Évangiles et d’eux seuls est constituée en fait et répandue partout ; que dans le premier quart du IIe siècle, les Épitres de saint Paul sont réunies au nombre de treize au moins et lues dans l’Église entière. A ces deux collections se rattachent les Actes et l’Epitre aux Hébreux. Les autres écrits canoniques du Nouveau Testament ne forment pas encore, au début du IIe siècle, une collection ; mais ils sont déjà plus ou moins répandus et ils servent à l’usage ecclésiastique en même temps que d’autres livres qui seront plus tard exclus du canon scripturaire. En tous cas, les deux collections des quatre Evangiles et des treize Epitres de saint Paul formaient à cette époque le noyau ferme de ce qu’on a appelé plus tard le canon du Nouveau Testament. A. Loisy, Histoire du canon du Nouveau Testament, Paris, 1891, p. 40-46, 139. Voir col. 1583.

Nouvelle signification du mot.

Les anciens écrivains grecs ont maintenu la signification primitive du mot canon. Mais les Syriens, les Latins et les Grecs plus récents ont donné à ce mot un sens actif, celui de « règle » , même lorsqu’ils ont conservé la signification première de « catalogue » . Le traducteur syriaque de la xxxix lettre festale de saint Athanase mélange peut-être déjà les deux significations. Le titre de l’extrait grec de cette même lettre dit que l’évêque d’Alexandrie a fixé xavovix&c, c’est-à-dire comme règle canonique, quels étaient les Livres saints reçus dans l’Église. Saint Isidore de Péluse, Epist., 1. IV, epist. exiv, P. G., t. î.xxviii, col. 1185, considère la Bible elle-même comme « la régie de la vérité » : xôv xavôvarr, ; i’/r/lsiaç, rà ; (iEia ; ç/]|aé ypaçà ;. Macarius Magnés, Apocr., IV, 10, la nomme aussi tôv xàvôva ttj< xatvrje 5ta8^xir)(. Au xiie siècle, Zonaras, en commentant la lettre de saint Athanase, remplace l’expression originale par le tenue moderne et entend le canon comme une règle. P. G.,