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CANISIUS

1516

loquii Wormatensi, an. mtiLVH, Ingolstadt, 1621 ;.Tanssens, op. cit., t. iv, p. 23 sq.

Les novateurs ne manquèrent pas de rejeter sur les catholiques, et sur Canisius en particulier, la responsabilité de cet avortement. Tel était le sens d’un écrit qui parut à Francfort-sur-le-Main, d’abord en allemand, puis en latin sous ce titre : Scriplum collocutorum Atigustanse Confessionis qui in urbe Vangionum fuerunt, donec adversarij colloquium abruperunt, anno 1557. Canisius répondit, au mois de mars de l’année suivante, par un contre-récit intitulé : Vom Abschiedt des Colloquii zu Wormbs. M. D. LVII. Walirlia /Jtiger gegrnbericht auff das Bùchlin zu Frankfurt am Mein den IV. Decembris ausgangen. Epist., t. il, p. 181, 893. Mais cette victoire sur les théologiens protestants, jointe à ses autres succès et surtout au bien fait par la Summa doctrines christianse, valut à ce lerrible canis auslriacus une haine implacable, qui se traduisit dès lors et plus tard par toute une littérature de pamphlets injurieux, parfois ignobles. Ibid., p. 800, 802, 915 ; t. iii, p. 800 sq. ; cf. Janssens, op. cit., t. iv, p. 444 sq. Dans le camp catholique, au contraire, l’autorité du Bienheureux grandit, et le gain fut considérable : beaucoup furent fortifiés dans leur foi ; les princes restèrent convaincus qu’il ne fallait rien attendre de sérieux de ces sortes de colloques, et comprirent quelle force ils trouveraient dans l’union. Canisius profita surtout de la circonstance pour exciter leur zèle : utinam non limeremus imbecilles, écrivait-il au roi Ferdinand. Ibid., p. 173. Deux mois après, en février 1558, il visitait à Nuremberg ce prince, inquiet alors et presque désespéré : encouragé par le Bienheureux, Ferdinand se rendit à la diète de Francfort où, le 24] dn même mois, il fut proclamé empereur.

Au mois de mai, Canisius était à Borne pour l’élection d’un nouveau général. Le pape Paul IV venait de décider l’envoi d’un nonce, Camille Mentuati, à la diète polonaise de Piotrkow ; il désigna le Bienheureux pour l’accompagner comme théologien. Le triste état où se trouvait le royaume de Pologne, gouverné par un prince indolent, la faveur que prêtait aux hérétiques une noblesse hostile aux évêques et défiante à l’égard de Rome, l’impuissance ou le manque de zèle dans le clergé lui-même, paralysèrent l’action du nonce et de son compagnon ; ils empêchèrent du moins qu’on ne prit aucune mesure contre l’Église et qu’on no fit aucune innovation en matière religieuse. Personnellement, Canisius obtint davantage des évêques ; il sema des germes féconds pour la réforme du clergé, et reçut plusieurs demandes de collèges. Epist., t. il, p. 340, 302, 820 sq. De retour en Allemagne, il eut un rôle délicat à remplir, Une nouvelle diète allait s’ouvrir à Augsbourg dans des circonstances difficiles, à cause du conflit survenu entre Paul IV et Ferdinand I er. Blessé de ce qu’on avait agi sans le consulter dans l’élection de Francfort, le pape refusait de reconnaître le nouvel empereur, et les princes hérétiques cherchaient à profiter de l’occasion pour semer la discorde. P’ar ses prédications, par les lettres qu’il adressait à Borne, surtout par son action personnelle sur Ferdinand et les membres catholiques de la dicte, Canisius fut réellement l’ange de la paix. L’empereur fit taire ses ressentiments, ferma l’oreille aux -lions des novateurs et s’engagea avec les évêques dans le plan de réforme que le Bienheureux patronnait. Ibid., p. W9, 502. Le conflit avec Rome s’aplanit à l’avènement de Pie IV, élu pape le 25 décembre 1559. Si la conduite de l’empereur Ferdinand à l’égard du Baint-siège ne fut pas toujours irréprochable, s’il compritet voulut réalisera sa manière la réforme de l’Église,

, i ne peut douter qu’il n’ait conservé dans ses projets, souvent utopistes, un sincère attachement à la religion catholique.

0° Action pour lu réforme du clergé et de l’Église ;

DICT. DE TIILOL. CATIIOL.

concile de Trente ; conférences d’inspruck. — Canisius employa toute son influence auprès des évêques, comme auprès des princes, pour exciter leur zèle et les encourager. Il leur montrait, Epist., t. i, p. 597, les loups à écarter du troupeau, les écoles et les bibliothèques à assainir, les ministres du sanctuaire à préparer, plutôt bons que nombreux, en un mot la réforme à opérer, celle de leurs Eglises et de leur clergé sans doute, mais la leur aussi et d’abord. De là un écrit De officio et reformalione episcopi, composé à Ratisbonne, vers la fin de 1556, sur les instances du cardinal Truchscss. Ni la vénération qu’il portait aux premiers pasteurs, ni l’amitié » dont plusieurs l’honorèrent, ne firent faiblir sa voix, quand il crut devoir parler ; témoin cette lettre apostolique qu’il écrivit au même cardinal, pour lui rappeler l’obligation de la résidence épiscopale et la prohibition portée contre la pluralité des bénéfices. Epist., t. il, p. 228. Il obtint beaucoup des évêques, mais non pas tout ce qu’il aurait voulu : Despcrata cleri consilia, ubi de reformatitme agitur, morbos fatentur, pharmaca respuunt, écrivait-il d’Augsbourg le 20 mai 1559. Ibid., p. 419. Aussi, plus le temps avançait, plus sa pensée allait au concile œcuménique, necessarium Ecclesioi remedium. On suit en lisant sa correspondance les divers sentiments par où il passa, désirs ou regrets, joie ou tristesse, suivant que les obstacles qui en différaient la reprise paraissaient s’aplanir ou s’aggraver. Personnellement il s’appliqua si bien à les faire disparaître, que, dans une lettre pastorale de 1865 sur le Bienheureux, le cardinal Rauscher, archevêque de Vienne, n’a pas craint d’attribuer en grande partie à son influence le succès final. Der selige Canisius, Vienne, p. 46.

Quand le concile se rouvrit, le 18 janvier 1562, Canisius était à Augsbourg, où sa présence semblait indispensable. Mais les légats, Ilosius surtout, insistèrent tellement auprès du cardinal Truchsess qu’il dut leur céder momentanément l’apôtre de son diocèse. Epist., t. iii, p. 753 sq. Des questions allaient se traiter à Trente, qui concernaient particulièrement l’Allemagne, et faisaient partie de tout un ensemble de mesures réclamées par l’empereur Ferdinand : communion sous les deux espèces, mariage des prêtres, mitigation de diverses lois positives, comme celles de l’abstinence, du jeûne et de l’index, réforme de la cour romaine, etc. Ces vues avaient été exposées d’abord dans un écrit présenté le 20 juin 1560 à Hosius, nonce apostolique à Vienne, puis dans un Libellas refomiationis, remis le 7 juin 1562 aux présidents du concile. Résumé dans Havnaldi, Annales, an. 1560, n. 55 ; an. 1562, n. 59, Lucques, 1756, t. xv, p. 86, 234. Texte complet du mémoire de 1560 dans Sickel, Zur Geschichte des Concils von Trient, Vienne, 1872, p. 55 sq. ; du Libellus, dans Archiv fur ôsterreic/tische Geschichte, Vienne, 1871, t. xi.v, p. 35 sq.

Canisius arriva à Trente le li mai. Il n’y resta guère plus d’un mois, mais ce temps lut utilement employé. Sans compter de fréquents entretiens avec le premier orateur impérial, Antoine Brus de Muglitz, archevêque de Prague, et surtout avec le cardinal Hosius, le Bienheureux se trouva mêlé à deux discussions d’inégale importance. Il fut annexé au comité d’évéques et de théologiens chargé d’examiner et de réformer l’index de Paul IV. Son opinion personnelle est connue par ses lettres ; il désirait beaucoup qu’on mitigeât les règles relatives à la lecture des livres hérétiques, Epist., t. iii, p. 27, 490. Beaucoup plus importante fut la discussion de cinq articles sur l’eucharistie, proposés le 6 juin à l’examen des théologiens. Ibid., p. 163. Le 2e et le 3e articles touchaient directement aux questions brûlantes que Ferdinand I" avait soulevées, car on y demandai ! ceci : « Les raisons qui mil amené l’Église à restreindre à une seule espèce la communion « les laïques, excluent-elles la possibilité de toute concession

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