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WARD — WAZON DE LIÈGE


du premier Eirenikon, Ward avait écrit à Pusey qu’il combattrait fortement ses idées. Cf. Liddon, Life of E.-P. Pusey, t. iv, p. 119. Il tint parole. Ses articles sur ce sujet, publiés dans la Revue de Dublin, sont réunis en volume sous le titre : Essays on devotional and scriptural subjects, Londres, 1879.

Après 1870, il reprit les controverses philosophiques, qu’il avait entamées alors qu’il était professeur à Saint-Edmond, contre Stuart Mill, Herbert Spencer et Bain qui, en psychologie, prônaient plus ou moins un déterminisme imbu de panthéisme. Ses travaux sur ce sujet ont été réunis par son fils Wilfrid, sous le titre : Essays on the philosophy of Theism, 2 vol., in-8°, Londres, 1884. Il y tente la reconstruction d’une métaphysique en opposition avec l’empirisme qui régnait alors. « Dans ces remarquables prolégomènes, il substitue à l’appel à l’expérience un canon de certitude essentiellement cartésien, mais tandis qu’il maintient que Vultimately indubitable est nécessairement vrai, il refuse d’admettre que Vultimately inconceivable soit nécessairement faux. Avec Kant (par coïncidence plutôt que par dépendance), il insiste sur les présupposés universels de l’expérience et de la science expérimentale : il place le fondement de la morale dans une intention de « bonté morale » et les « axiomes moraux » qui en résultent. Sur la question de la liberté et de la nécessité, il adopte un moyen terme, admettant le déterminisme pour autant que la volonté obéit à l’impulsion spontanée prédominante, mais trouvant place pour la liberté dans l’effort anti-impulsif ». J.-M. Rigg, W.-G. Ward, dans Dictionary of national Biography, t. lix, p. 347. Contre Tyndall, il publia un volume intitulé Science, Prayer, Free Will and Miracles, Londres, 2e éd., 1881. D’autres travaux sur divers sujets furent édités par son fils : Essays on Religion and Literature ; Witness on the Unseen, Londres, 1893.

Ward mourut à Londres le 6 juillet 1882, laissant le souvenir d’un défenseur des droits de l’Église et du Saint-Siège. On grava sur sa tombe l’inscription : Fidei propugnator acerrimus. L’intransigeance qu’il mit à défendre ses thèses les plus extrêmes ne nuisit pas à ses relations, grâce à son rare talent de société. Il était à la fois « le meilleur et le plus irritant des hommes, homme de chaude amitié et loyal à ses amis ». F.-W. Cornish, A History of the English Church in the nineteenth Century, t. i, p. 287. Aussi laissa-t-il une nombreuse correspondance, provenant des hommes les plus instruits d’Angleterre. Ce fut là une mine précieuse de renseignements pour son fils Wilfrid qui composa sa biographie. Ses mérites réels furent reconnus et loués par les évêques d’Angleterre, par Pie IX qui lui octroya le grade de docteur en philosophie, par Léon XIII qui lui conféra les insignes de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.

Pour ce qui touche les relations de Ward avec le mouvement tractarien, voir la bibliographie des articles Oxford et Puseyisme. Wilfrid Ward, William George Word and the Oxford Movement, Londres, 1889 ; du même, W.-G. Ward and the Catholic Revival, Londres, 1893 ; du même, The Life and Times of card. Wiseman, 2 vol., Londres, 1897 ; A. Bellesheim, art. W.-G. Word, dans Kirchenlexikon, 2e éd., t.xii, col. 1213-1215, Fribourg, 1901 ; du même, II.-E. cardinal Manning, Mayence, 1892 ; E.-S. Purcell, Life of cardinal Manning, 2 vol., Londres, 1895 ; H. Hemmer, Vie du cardinal Manning, Paris, 1896 ; P. Thureau-Dangin, La Renaissance catholique en Angleterre au XIXe siècle, 3 vol., 9e éd., Paris, 1913 ; F. Warre Cornish, A History of the English Church in the nineteenth Centurꝟ. 2 vol., Londres, 1933-1935 ; J.-M. Rigg, W.-G. Ward, dans Dictionary of national Biography, t. lix, p. 344-348, Londres, 1899.

L. Marchal.


WARTENBERGER Laurent, chartreux, écrivain ascétique (xviie siècle). — Né à Magdebourg, dans la Saxe, vers 1591, de parents luthériens, il fut envoyé à Rome, au Collège romain, où il étudia la philosophie, la théologie, le droit canon et la jurisprudence civile. Il rentra en Allemagne avec le bonnet de docteur en théologie et en l’un et l’autre droit, et obtint un canonicat dans l’église collégiale d’Halberstadt. Il parlait facilement le latin et le grec, l’hébreu et l’italien, le français et l’espagnol. La connaissance de ces idiomes lui permit de faire de grands voyages en Europe, en Asie et en Afrique. Les princes d’Allemagne et surtout l’Électeur de Mayence l’estimaient beaucoup à cause de sa vaste science et de sa grande prudence. En 1643, il quitta le monde et se fit novice à la chartreuse de Gemnitz, au diocèse de Passau, en Autriche, où il prononça ses vœux le 10 août de l’année suivante. L’ordre le nomma successivement prieur des maisons de Walditz, dans la Bohême, d’Erfurth, de Snals, dans le Tyrol, et de Prùll, près de Ratisbonne. Rentré, sur sa demande, comme simple religieux à la chartreuse de Gemnitz, il s’occupa de composer des traités spirituels, qui, selon le témoignage de ses confrères, sont remplis de dévotion affectueuse. Il décéda pieusement le 7 juillet 1667.

1. In vitam Christi priecipuaque fidei christianse mysleria contemplaliones, publiées par Pez, dans la Bibliotheca ascetica, t. vi, p. 215-302. Ces méditations formaient l’avant-dernier traité d’un grand ouvrage divisé en sept traités sous le titre général de Philosophia seu Contemplatio cartusiana, qui se trouvait encore à Gemnitz en 1724. Les cinq premiers traités renfermaient des méditations sur les créatures, le septième s’occupait de Dieu et de ses perfections, et le sixième était suivi d’un traité complémentaire intitulé : Christi patientis zodiacus pœnalis, où les contemplations étaient plus prolixes. Dans la composition de ces traités, l’auteur profita des œuvres manuscrites de dom Matthias Mittner, également chartreux. — 2. Betrachtungen ùber das Leben und Leiden Jesu Christi, Einsiedeln, 2e éd., 1871, in-18, 430 pages. Traduction allemande des méditations sur la vie et la passion de N.-S. Jésus-Christ, par dom Gall Morel, O. S. B., qui les a extraites d’un ouvrage intitulé : Paradisus animée christianx. Il est probable que ce Paradisus est le même ouvrage que la Philosophia notée ci-dessus sous un titre différent. Qn a fait la même conjecture d’un autre grand ouvrage de Wartenberger intitulé : Grammatica spiritualis qui, au xviie siècle, était conservé à la chartreuse de Ratisbonne. — Les autres ouvrages de Wartenberger, composés en latin et tous inédits, traitaient de l’imitation des saints et surtout de saint Bruno, de la passion de N.-S., de la préparation au saint sacrifice de la messe, de sainte Marie-Madeleine, etc. Il y avait un commentaire assez diffus sur la Genèse, dont il ne restait qu’une partie comprenant les deux premiers chapitres et iii, 1-11 ; une paraphrase de l’oraison dominicale, de la salutation angélique et du Salve Regina ; un grand nombre de méditations et d’aspirations pieuses ; un traité, où l’auteur faisait la comparaison entre Jésus-Christ et le courtisan, etc.

Lettre latine de dom Léopold Wideman, chartreux de Gemnitz, à dom Bernard Pez, publiée, en 1898, à la fin du t. n des Mathiee Mittner, cartusiani, Opiiseula, et la préface du t. v de la Bibliotheca ascetica de dom B. Pez.

S. Autore.


WAZON DE LIÈGE, évêque de cette ville de 1042 à 1048 ; un des personnages ecclésiastiques les plus représentatifs de la première moitié du xie siècle.

— Nous sommes amplement renseignés sur lui par une biographie très détaillée et d’apparence très