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WADDING Luc, théologien et historien franciscain, 1588-1657. — I. Vie et activité. II. Œuvres.

I. Vie et activité. —

Luc Wadding naquit le 16 octobre 1588 à Waterford, en Irlande, au sein d’une famille connue pour son dévouement à la foi catholique et à la cause irlandaise. Son père, Walter, était un patriote intransigeant ; sa mère, Anastasie Lombard, appartenait à la famille de Pierre Lombard, archevêque d’Armagh. Les frères et cousins de Luc embrassèrent la vie religieuse et se signalèrent par leur science et leurs vertus ; Ambroise Wadding, frère de Luc, se fit jésuite et enseigna la philosophie à Tubingue ; un cousin, Pierre Wadding, jésuite également, 1580-1644, a laissé un traité De incarnatione ; deux autres cousins, Richard, augustin, et Michel, jésuite (voir notice suivante), se firent eux aussi une renommée.

Luc Wadding commençait ses études de philosophie lorsque les événements dont l’Irlande fut alors le théâtre obligèrent sa famille à se réfugier en Espagne. Peu après, Walter Wadding envoya ses fils Luc et Matthieu continuer leurs études au séminaire irlandais de Lisbonne (1603). Luc y resta peu de temps et entra, vraisemblablement en 1604, au noviciat franciscain du couvent de l’Immaculée-Conception à Matozinhos, près d’Oporto. Profès en 1605, il fut envoyé à la maison d’études de son ordre à Liria ; il y termina sa philosophie et étudia tout particulièrement la doctrine de Duns Scot dont il devait être, sa vie durant, un partisan déterminé. En 1607, Wadding se rendit à Lisbonne suivre des cours de théologie ; il étudia ensuite à l’université de Coïmbre. Il fut ordonné prêtre en 1613 et envoyé à Salamanque enseigner la théologie.

Wadding attira bien vite l’attention de ses supérieurs. En 1618, Antoine de Trejo, évêque de Carthagène et vicaire général de l’ordre des frères mineurs, ambassadeur extraordinaire de Philippe III auprès du Saint-Siège, le choisit pour l’accompagner à Rome. Une des missions d’Antoine de Trejo était d’obtenir du souverain pontife la définition de l’Immaculée Conception. Wadding fut chargé de rassembler la documentation patristique et conciliaire relative à l’Immaculée Conception et de fournir à l’ambassadeur des arguments théologiques propres à assurer le succès de la mission ; il y aida de toute son intelligence. Il a écrit l’historique de ces négociations sous le titre : npeaêsîoc sive legatio Philippi III et IV, Hispaniarum regum ad summos pontifices Paulum V, Gregorium XV et Urbanum VIII pro definienda controversia immaculatæ conceptionis B. M. V., Louvain, 1624, in-fol., Anvers, 1641 (cf. Embajadas de Felipe III a Roma pidiendo la définition de la I. Conception de Maria, dans Archivo ibero-americano, t. xxxv (1932), passim, et Roskovâny, B. V. M. in suo conceptu immaculata, t. ii, passim, t. iii, p. 283284).

Antoine de Trejo quitta Rome en mai 1620, mais y laissa Wadding. Celui-ci s’était fait une place dans la Ville éternelle et avait gagné la confiance de son

ministre général : il avait été chargé, dès 1619, de rassembler tous documents relatifs aux origines et à l’histoire des trois ordres franciscains ; on a de bonnes raisons de penser que Wadding avait provoqué cette décision du ministre général. Tous les moyens furent mis en œuvre pour aider à son travail ; les couvents de l’ordre furent invités à lui envoyer leurs documents ; des collaborateurs, notamment les PP. Barthélémy Cimarelli et Jacques Poli, lui furent adjoints. C’est cette entreprise qui nous a valu les célèbres Annales ordinis minorum que nous examinerons plus loin.

Wadding ne se contenta pas d’être un historien. Fondateur du collège irlandais de Rome, procureur de son ordre (1630-1634), commissaire général pour la France et l’Allemagne (1645-1648), prédicateur de la Cour pontificale, membre de la commission de réforme du bréviaire et des livres liturgiques, qualificateur du Saint-Office, consulteur des Congrégations de l’Index, de la Propagande et des Rites, il eut une activité débordante. Il fut l’un des consulteurs nommés par le Saint-Siège pour l’examen des erreurs de Jansénius ; sa bonne foi fut un moment surprise, mais il se rétracta avec beaucoup d’humilité. Certains historiens lui reprochent cette défaillance, ainsi que ses interventions dans le domaine politique à l’occasion des révoltes irlandaises. Wadding n’en conserva pas moins la confiance papale : la pourpre cardinalice lui fut offerte, mais il déclina cet honneur. Il mourut à Rome le 16 novembre 1657.

IL Œuvres. — Wadding a beaucoup écrit. Si la partie la plus considérable et la plus connue de son œuvre est constituée par ses travaux historiques, plusieurs de ses ouvrages intéressent la théologie — et plus spécialement la mariologie — la philosophie ou traitent de sujets assez divers. On trouvera ici les indications concernant les œuvres les plus dignes d’intérêt.

Travaux historiques.

1. Annales ordinis minorum,

Lyon et Rome, in-fol. ; t. i, 1625, des origines de l’ordre (1208) à 1250 ; t. ii, 1628, de 1250 à 1300 ; t. iii, 1635, de 1300 à 1350 ; t. iv, 1637, de 1350 à 1400 ; t. v, 1642, de 1400 à 1450 ; t. vi, 1647, de 1450 à 1475 ; t. vii, 1648, de 1475 à 1500 ; t. viii, de 1500 à 1540. Un abrégé, en latin, dû au P. Hérold, biographe de Wadding, parut à Rome, 1662, 2 vol. infol.

le P. Silvestre Castet publia un abrégé en français,

sous le titre Annales des frères mineurs abrégées et traduites en françois, Toulouse, 1680-1683, 4 vol. Le P. Melissan corrigea les erreurs et omissions de Wadding dans un Supplementum, Turin, 1710, infol.

Salamanque, 1728, 2 vol. in-fol. Une deuxième

édition des Annales revue, corrigée et, augmentée, fut publiée à Rome par le P. Fonseca à partir de 1731, in-fol. ; les seize premiers volumes comprennent la vie de Wadding et les Annales rédigées par lui ; le t. xvii, 1741, est dû à J.-M. d’Ancône ; le t. xviii, 1741, à Jean de Lucques ; le t. xix, 1745, à J.-M. d’Ancône ; le t. xx, 1794, à Gaétan Michelesi ; les t. xxi, Ancône, 1844, et xxii, Naples, 1847, sont dus à Stanislas Melchiori da Cerreto ; t. xxiii, Ancône,