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    1. TRINITE##


TRINITE. PIERRE LOMBARD

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e) Existe-t-il un lien de dépendance, doctrine et plan, entre les Sentences et le sermon xxxiv, In festivitate sanctæ Trinitatis de saint Martin de Léon († 1202), P. L., t. ccviii, col. 1269 ? À lire ce « sermon », qui n’a rien d’un morceau oratoire, mais qui a tout d’un traité didactique, on serait tenté de l’admettre. L’auteur espagnol, du moins, puise à la même source principale, saint Augustin, et développe son exposé suivant un plan similaire. De plus on y retrouve la doctrine du Saint-Esprit, charité de Dieu dans l’âme, col. 1302 D-1305 A.

Voici le résumé de l’ouvrage :
1. Preuves de la Trinité par l’Écriture, Ancien et Nouveau Testament, col. 12711274 D ;
2. Vestiges de la Trinité dans les créatures et image dans l’àme, col. 1274-1280 A ;
3. Exposé du mystère et terminologie à garder, col. 1280-1282 C ;
4. Vérité, immutabilité, simplicité de l’essence divine qui ne possède rien qui ne soit elle-même, col. 1282-1290 B ;
5. L’Esprit-Saint, amour du Père et du Fils, procède éternellement de l’un et de l’autre, quoi qu’en disent les Grecs, et cette procession n’est pas une génération, col. 1290-1294 G ;
6. Mission visible et invisible du Saint-Esprit dans le monde et dans les âmes, col. 1294-1297 G ;
7. Mission du Fils comparée à celle de l’Esprit, col. 1297-1301 B ;
8. Du don de l’Esprit-Saint à l’àme par la charité, col. 1301-1306 D ;
9. Égalité des trois personnes dans leurs perfections, col. 1307-1310 A ;
10. Les propriétés personnelles, col. 1310-13Il B. —
Le reste du « sermon », tout comme la fin du t. I, r des Sentences concerne la nature divine comme telle (intelligence, science, prédestination, volonté). L’ouvrage se clôt par la profession de foi de Nicée longuement commentée, col. 1326 B1328 G et par une exhortation aux Juifs incrédules à revenir à la foi d’Abraham à qui aurait été révélée la Trinité, et à croire en Jésus-Christ, Messie envoyé par Dieu et Fils de Dieu, col. 1350.

2. Auteurs indépendants.

D’autres écrits, de caractères et de genres très divers, ne semblent pas avoir subi l’influence des Sentences.

a) Achard de Saint-Victor († 1171). —

On lui attribuait un De Trinitate dont, semblait-il, il ne restait plus trace. Voir t. I, col. 310 et Ceillier, op. cit., p. 709. Avec quelque vraisemblance on a aujourd’hui identifié ce traité avec le commentaire du pseudo-Bède sur le De Trinitate de Boèce, P. L., t. xcv, col. 391-411. La rédaction de ce commentaire accuse une certaine habitude de la scolastique, encore que la doctrine exposée ne présente aucun relief et se traîne dans des généralités entrecoupées de remarques historiques, grammaticales ou étymologiques. Le dernier paragraphe seul présente quelque intérêt en raison de la définition de la personne donnée par Boèce et qu’il s’agit d’appliquer à la Trinité : il faut, de toute nécessité, déclare l’auteur, entendre le mot subslantia dans le sens à’hyposlasis, col. 4Il C. Le commentaire se clôt sur une curieuse hésitation, l’auteur n’osant ni affirmer ni nier que les trois personnes soient coéternelles, ne voulant pas paraître accorder au Fils et au Saint-Esprit une sorte d’autorité sur le Père, se re fuant néanmoins à dire qu’ils ne sont pas éti nuls comme lui, col. 4Il D.

b) Hugues d’Amiens, archevêque de Rouen († 1164). —

Hugues écrit sur la Trinité en un tout autre genre, L’( xposé du mystère est contenu dans le I. I or de ses Dialogues, où il est aussi question « le l’incarnation. L’auteur procède par interrogations et réponses.

Dieu est le Souverain Bien, un dans son essence, trine dans ses personnes (I). La Trinité ne s’oppose pus à l.i simplicité (IV) ni à l’éternité (V), ni l’unité à la distinction dis personnes (VI-V1II). L’image de la Trinité est dans l’Ame : intelligence, mémoire, amour (IX). Le Fils est engendré et l’Esprit-Saint procède du l’ère et du Fils (X) Comme tous ses contemporains. Hugues trouve des preuves teriptnratfea de la Trinité dans la Genèse ; mais, sur la connaissance du mystère, sa doctrine est ferme : la raison humaine ne

peut l’acquérir et c’est la foi seule qui nous permet d’y atteindre. P. L., t. cxcii, col. 1141-1147. Voir aussi De memoria, t. I, col. 1301-1308 ; De fide catholica et oratione dominica, passim, col. 1323 sq. ; cf. ici, t. vii, col. 205 sq.

c) Adam Scot (fin du XIIe siècle) est plutôt un mystique. Voir t. i, col. 389. Son traité De tripartito tabernaculo et la lettre aux prémontrés qui le suit, P. L., t. cxcviii, apportent cependant une contribution non négligeable a l’histoire du dogme trinitaire. Le traité est divisé en trois parties : 1. Explication, au sens littéral, du tabernacle de Moïse ; 2. Au sens allégorique, interprétation de ce tabernacle par rapport à l’âme devenue image de la Trinité dans l’imitation de la passion du Christ. C’est dans cette partie que se trouvent les emprunts au dogme trinitaire. Voir surtout col. 762 BC. Dans la lettre, De triplici génère conlemplationis, Adam décrit l’image de la Trinité dans l’esprit créé, part. I, § xxi-xxx, col. 805 sq., en marquant combien la Trinité, par sa transcendance même, se différencie des faibles images qu’on en peut avoir ; l’auteur est ainsi amené à faire l’exposé du mystère. La deuxième partie est consacrée à l’adoption de l’âme par les personnes de la Trinité, ce qui permet à l’auteur de revenir, au § xvi, sur l’image de la Trinité dans l’âme, col. 833 CD, et sur les processions divines en même temps que sur la distinction des personnes, § xvii, col. 835.

d) Pour clore cette série, citons quelques lettres, essais, sermons, d’un intérêt non négligeable.

Des sermons attribués à Hildebert de Lavardin, voir t. vi, col. 2466, bien peu sont authentiques. Le sermon De Trinitate, P. L., t. clxxi, col. 595, doit être restitué à Pierre Comestor († 1178). — Le cardinal Henri de Marsi († 1188), dans le De peregrinante civitate Dei, P. L., t. cciv, touche à plusieurs reprises aux questions trinitaires : opérations communes aux trois personnes et cependant appropriations légitimes, tract. I, col. 262-263 ; image de la Trinité dans la créature, tract. II, col. 270-271 ; témoignage rendu par la Trinité à ses amis qui, par là, se distinguent des fils et des serviteurs, tract. III, col. 275 sq. — Baudoin, archevêque de. Cantorbéry († 1188) parle en mystique de la Trinité : habitation de la Trinité dans l’âme par la charité, serm. xiii, P. L., t. cciv, col. 528 ; vie de la Trinité, une dans les trois personnes distinctes, idéal de la vie cénobitique, serm. xv, col. 545 sq. ; témoignage rendu par la Trinité (cf. I Joa., v. 7) à ses amis, Liber de commendatione fidei, col. 614 sq., cꝟ. 619 B, 628 BC, 634 CD. — Pierre de Blois († 1200) a, sur la Trinité, P. L., t. cevn, col. 637-641, un sermon où l’on relève une formule expressive au sujet de l’unité divine simplex et unissima, col. 640 B ; du même auteur signalons une poésie, Tractalus de sacrosanctis venerabilis sacramenti eucharistiie musteriis, col. 1135 sq., dont le prologue, écrit en vers léonins, est constitué par une triple invocation au l’ère, au Fils et au Saint-Esprit, col. 1 135 B-1138 C. — D’Alain de Lille († 1202), qu’on retrouvera plus loin, outre les doxologies trinitaires terminant la plupart de sis sermons, on Indiquera les sermons iv, t. ccx, col, ao ?D-a08 lï.etvm, eol.218Bsq.( les MtmoraHlia, col. 254 AF » ; le s 7 lirologictr reguttr, rcg. i-lxi, col. 621lee Distinctionrs dictionum thrologicarum, V 7rinitas, col. 980 B. Tous ces textes renferment des observations ou (L i exposée utiles.

Enfin, après deux anonymes, auto urs de commentaires sur le symbole des apôtres et sur le Quiciimque, P. L., t. ccxiii, col. 728-730, 735-744 (ers réfén nc< s concernent la Trinité), terminons par le curieux seTmon de daniier, évlque de Langrea (t van 1198), De tanekêitBia Trinttata, P. L., t. c.cv, col. 710-721 i et auditeurs langrois devaient être habitués aux subti-