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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. L’ÉPOQUE CAROLINGIENNE

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col. 452 sq. ; Denz.-Bamvw., n. 275 sq. On y trouve exprimée la génération éternelle du Fils consubstantiel au Père, ainsi que sa filiation naturelle et non adoptive, n. 276 ; la consubstantialité du Saint-Esprit au Père et au Fils dont il procède et par lesquels il est envoyé, comme le Fils est envoyé par le Père, lui-même étant cependant égal à l’un et à l’autre, n. 277. La foi nous oblige à parler de Dieu trine et non de Dieu triple, car c’est par leurs relations et non par leur substance que les personnes se distinguent entre elles. — Ici, un progrès est manifeste : la doctrine de la relation est présentée comme un élément dogmatique, voir Relations divines, t. xiii, col. 2139. En sorte que nous distinguons les personnes sans diviser la déité ; in hoc solum numerum insinuant, quod ad invicem sunt, n. 278-280. Impossible donc de concevoir les personnes sans leurs relations mutuelles ni de les séparer, bien que chacune garde sa propriété : « Le Père a l’éternité sans naissance ; le Fils a l’éternité et est engendré ; le Saint-Esprit procède, sans naissance, de toute éternité », n. 281. Le reste du symbole concerne l’incarnation.

Le XIIe concile (681) se contente de proclamer la foi du symbole de Nicée-Constantinople. P. L. t. lxxxiv, col. 470. Même rappel au XIIIe concile (683).

Le XIVe concile devait provoquer l’incident auquel on a fait allusion plus haut. Saint Julien avait envoyé au pape Benoît II la relation officielle de ce concile. Le texte de sa synodique ne nous est pas parvenu et nous n’en savons que ce qu’en font connaître les critiques et les répliques auxquelles certains passages ont donné lieu. En ce qui concerne la Trinité, Benoît II y avait relevé, comme répréhensible ou tout au moins contraire à l’usage, l’expression voluntas gentil voluntatem, appliquée à la génération du Verbe. L’interprétation en bonne part de la formule douteuse fut donnée par Julien lui-même dans la synodique du XVe concile (688). On en trouve la partie principale dans Denz.-Bannw. , n. 294. Voir l’interprétation à Julien de Tolède, t. viii, col. 1941. Cf. Th. de Régnon, Études de théologie positive sur la Sainte-Trinité, t. iii, p. 552 sq.

Dans une longue profession de foi, le XVIe concile revient encore sur la même question et confirme l’interprétation donnée. P. L., t. lxxxiv, col. 531 sq. L’essentiel est dans Denz.-Bannw., n. 296. Le XVIIe concile (694) se contente du symbole de la foi. P. L., t. lxxxiv, col. 555. Quant aux actes du XVIIIe et dernier concile (701), ils sont perdus. Voir l’art. Tolède (Conciles de), supra col. 1189.

L’époque carolingienne.

1. Le problème trinitaire à la renaissance carolingienne. —

La renaissance carolingienne ne. connaît pas encore la théologie systématisée. Néanmoins l’étude des Écritures et des Pères ou les nécessités de la controverse provoquent parfois, au sujet du mystère de la Trinité, une heureuse alliance du raisonnement et des données positives. Cf. J. de Ghellinck, Le mouvement théologique an xiii tiède, Paris, 1914, p. 8 sq.

a) Alcuin (+ 804). —

Le point de départ des travaux d’Alcuin sur la Trinité fut l’apologie du Filioque pour répondre aux observations faites par les Orientaux au coneile de Gentilly (767). Dans le De processione Sancti Spiritus, P. L., t. ci, col. 64-82, Alcuin utilise, fort incomplètement d’ailleurs, les travaux de saint Augustin et d’autres écrivains Intins post/rieurs. — Trois ans après le IIe concile de Nlcée. Alcuin se retrouva devant le même problème en raison del actes de ee coneile, dans lesquels on avait remarqué l’omission du F II toque, t’n nouveau travail de ce théologien est publié, au nom de Charlemagne, dans les Livres carolinx, t. III, c. iii, P. L., t. xcviii, col. 11171121. S’appuyant sur les textes déjà utilisés par les Pères des ive et ve siècles, Alcuin affirme d’abord la divinité du Saint-Esprit et aborde ensuite la question de sa procession. Ni les preuves scripturaires alléguées, ni les raisonnements proposés n’apportent d’élément nouveau.

La théologie didactique de la Trinité a inspiré à Alcuin, vers la fin de sa vie, le De fide S. Trinitatis en trois livres, P. L.., t. ci, col. 11-54, suivi d’une invocation à la Trinité et d’un long symbole de foi. Trinité et incarnation y sont exposées en formules qui s’apparentent au Quicumque. Signalons également les 28 questions De Trinilate ad Fredegisum, col. 57-64. Ces œuvres sont « d’un théologien fort sûr ». É. Amann, L’époque carolingienne, dans Fliche-Martin, Histoire de l’Église, t. vi, p. 99.

b) Paulin d’Aquilée (f vers 802).

C’est au concile du Frioul (796) que Paulin rappelle la doctrine catholique promulguée à Nicée et à Constantinople sur la Trinité, n. 6, 7. Il insiste sur la procession du Saint-Esprit, à la fois du Père et du Fils, puisque le Père et le Fils sont inséparables (Joa., xiv, 9, 10), n. 8. Ce texte scripturaire, peu ad rem, est heureusement corroboré par d’autres allégations plus pertinentes. Joa., xx, 22 ; xvi, 7 ; xiv, 26. L’exposé qui suit est relatif au mystère lui-même et englobe tout le dogme catholique, n. 8-11. Il se termine par un long symbole de foi, n. 12-13, P. L., t. xcix, col. 283-295. Cf. É. Amann, op. cit., p. 177 sq.

c) Agobard de Lyon († 840). —

Comme Paulin, Agobard défendit la doctrine catholique contre l’adoptianisme. C’est donc d’une manière occasionnelle qu’il parle de la Trinité. Le début du Sermo exhortatorius ad plebem de fidei veritate et totius boni institutione est consacré à un bel exposé de ce dogme, n. 3-4. Sur la procession du Saint-Esprit, on trouve cette précision qui prélude à la formule : tanquam ab uno principio t « Le Saint-Esprit procède du Père et du Fils… ; il ne procède pas d’abord du Père dans le Fils, ensuite du Fils pour répandre dans le cœur des fidèles le don de la charité, mais simultanément de l’un et de l’autre. » P. L., t. civ, col. 269 BC.

d) Théodulphe d’Orléans († 821). —

Au début du ixe siècle, une communauté de moines francs à Jérusalem chantait le symbole avec l’addition du Filioque. Accusés d’hérésie par les Grecs, ils écrivirent à Léon III pour lui demander une décision. Le pape transmit leur lettre à Charlemagne, en l’invitant à prendre leur défense. Théodulphe fut chargé d’étudier la question. Son travail fut lu devant le concile d’Aixla-Chapelle (809) et reçut l’approbation complète des évêques. Sur cette démarche des moines francs, voir Le Quicn, Dissert, damasc, diss. I, n. 13 sq., P. G., t. xciv, col. 205 sq. — Dans le De Spirifu sancto de l’évêque d’Orléans, P. L., t. cv, col. 239-276, la preuve scripturaire est nulle, mais la preuve patristique prend un développement que ne lui avait pas donné Alcuin. L’enquête est faite sur des bases plus larges. Sans doute la liste des textes n’est pas de tout point irréprochable ; elle constitue cependant un réel progrès pour la théologie du Saint-Esprit.

2. Controverses postérieures à Photius.

Le débat du Filioque rebondit en 867 après le réquisitoire de Photius. Voir t.xii, eol. 1574. Le pape Nicolas 1° invita les évêques francs à répondre aux accusations venues de Constantinople. P. /… t. exix, col. 1 1 52. Une fois de plus, le Filioque fut l’occasion de proposer non seulement la procession ob ntroqne, mais encore le dogme tout entier. Les évêques de Germanie, réunis a Worms (868). publièrent un De fidr Trinitatis contra Grn’corum h/rresim, P. L., t. exix, col. 1201-1212. OdOîl de B< BUvnis répondit également aux Grecs ; cf. Flodoard, llisl. Fret. Itrmrnsis, I. III, c. xxiii, P. L., t. cxxxv, T. — XV. — 54.