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VŒUX DE RELIGION — VOL

Dictionn. d’archéol. chrét. et de liturg., t. ii, col. 3090 sq. ; R. P. Lavaud, L’obéissance religieuse…, dans Vie spirituelle, 1929 ; d’Hulst, Conférences de Notre-Dame, 1893 ; Janvier, Conférences de Notre-Dame, 1923 ; Vermeersch, De religiosis.

P. Séjourné.


VOISIN (Joseph de), conseiller au parlement de Bordeaux, puis prêtre et prédicateur du prince de Condé, mort en 1685. Très versé dans les langues orientales, il a écrit de nombreux ouvrages, entre autres une Théologie des juifs, Paris, 1650, in-8o (en latin), mais il est surtout connu par sa traduction française du missel romain : Le missel romain, selon le règlement du concile de Trente, etc., Paris, 1660, 4 vol. in-12, 1668 ; 6 vol. in-12. L’Assemblée du clergé en interdit la lecture sous peine d’excommunication par décision du 7 décembre 1660 ; cette décision fut confirmée par arrêt du conseil en date du 16 janvier 1661 ; le pape Alexandre VII condamna également l’ouvrage la même année. L’intention de Joseph de Voisin était de faire dire la messe en français.

Moréri, Le grand dictionnaire historique, 1759, t. x, p. 696-697 ; Michaud, Biographie universelle, t. xliv, p. 48 ; Fabricius, Catalogue des auteurs qui ont écrit pour et contre la vérité de la religion chrétienne, p. 594 ; Peignot, Dictionnaire critique… des principaux livres condamnés au feu, t. ii, Paris, 1806, p. 184 ; Morin, Exercitationes biblicæ, p. 291 ; H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. ix, 1932, p. 178-179.

Jacques Mercier.


VOIT Edmond, de la Compagnie de Jésus (1707-1780). — Né à Neustadt-sur-la-Saale, le 27 septembre 1707, il entra dans la Compagnie le Il juillet 1727. il commença par professer la philosophie à Wurzbourg, puis la théologie à Bamberg, en 1746-1747. Rentré à Wurzbourg, il y enseigne l’Écriture sainte, puis la morale, avant d’être pendant onze ans recteur du noviciat de Mayence. Le 21 mars 1771, il est nommé provincial du Rhin-Supérieur, et meurt à Neustadt-sur-le-Hardt, le 29 octobre 1780.

Son professorat de philosophie l’a amené à écrire une Veritas philosophiæ peripatctico-christianæ ex contrariis doctrinis elucescens, in-4o, Wurzbourg, 1740. — Exégète, il a composé un Exercitium hebraicum quo ex Veteris Testamenti textu originali contra Judæos ostenditur pluralitas personarum divinarum et unitas naturæ divinæ, in-8o, ibid., 1748. Mais c’est surtout son enseignement de moraliste qui lui a donné quelque notoriété : une Theologia moralis parut d’abord, ibid., 1750, en un seul volume in-8o, puis en deux volumes en 1754 et 1757. L’œuvre prend sa forme définitive en 1760 : Theologia moralis ex solidis probatorum anthorum principiis et variorum casuum fictorum et factorum resolutionibus ; pars Ia : De conscientia, legibus, fide, spe ac caritade, præceplis Dei et Ecclesiæ, in-8o, 780 p. ; pars IIa : De sacramentis in genere et specie, item de censuris ecclesiasticis et irregularitatibus, 1078 p. Il ne manquait à cette théologie morale, pour être complète, que le traité De actibus humanis ; il fut ajouté dans une édition parue à Bassano, 1766, 2 vol., 592-671 p., qui fut rééditée à Rome la même année, et à Wurzbourg en 1769. Ces éditions ne devaient pas épuiser le succès de l’ouvrage. Le xixe siècle en a vu paraître plusieurs autres, à Turin, 1833, à Rome, 1838, à Ancône, en 1841. La France connaîtra à son tour l’ouvrage du P. Voit : Theologia moralis, editio duodecima, accurate emendata cui accedunt notæ amplissimæ, accommodatæ juri gallico, cura et studio domini Min. Gauthier, et tractatu prodromo de Actibus humanis, syllabo definitiotnum atgue aliis plurimis accessionibus locupletata, 1 vol. in-8°, xxvii-626 et 719 p., Paris, 1843 ; réédition à Lyon en 1850. Dix ans plus tard, la Theologia moralis reparaissait encore à Wurzbourg ; sur les entrefaites il s’en publiait en espagnol une traduction, Madrid, 1852. On voit que, pendant plus d’un siècle, la théologie en question a contribué à former nombre de prêtres en divers pays. Au jugement de Gury, elle est d’un probabilisme modéré, et les solutions casuistiques qu’elle donne seraient dans l’ensemble recommandables ; on y désirerait seulement une exposition plus nette et un ordre plus méthodique.

Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. viii, col. 893-894 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. v. col. 234.

É. Amann.


VOL. — Cette étude sur le vol ne comprendra pas toutes les questions qui intéressent le sujet, mais seulement celles qui ne sont pas spécialement traitées dans d’autres articles du Dictionnaire. C’est ainsi que nous ne nous occuperons que de la nature de ce péché, donc de sa définition et de sa malice, et des causes qui autorisent certaines apparences de vol, tandis que nous écarterons la coopération au vol et l’obligation de restituer les choses volées. Voir les art. Coopération et Restitution.
I. Notion.
II. Malice (col. 3285).
III. Causes pouvant autoriser la soustraction du bien d’autrui (col. 3295).

I. Notion du vol.

Comme le sait tout théologien, vol, voler, voleur se disent en latin furtum, furari, fur, dont les étymologistes font remonter l’origine, non aux’mots furvum, fuscum comme le pense Isidore de Séville, Etym., t. X, P. L., t. lxxxii. col. 378, et comme l’adopte saint Thomas, II » — !  ! *, q. lxvi, a. 5, pour la raison que le vol se commet volontiers la nuit quand il fait sombre, mais au grec çcop signifiant voleur et dérivant de la racine cpépco d’où sort le verbe latin ferre au sens d’enlever, emporter. Le mot français vol en son sens secondaire d’enlèvement du bien d’autrui vient sans doute du latin volare qui signifie se mouvoir en l’air au moyen d’ailes ; mais c’est par un singulier détour qu’à la fin du xvie siècle il s’introduisit dans la langue et qu’il évinça peu à peu les termes alors en usage rober, larroner, embler. Le Dictionnaire de la langue française de Littré enseigne que voler, après embler, a d’abord traduit le verbe actif involare qui se disait du faucon ou autres rapaces chassant les oiseaux, puis bientôt du chasseur chassant au faucon ; finalement voler prit la signification dérivée et figurée de dérober ou d’enlever injustement.

Définition.

Les définitions qu’on donne du mot vol sont assez souvent restreintes et excluent des injustices que le bon sens populaire et la langue honnête qualifient de vol. Il est explicable que les formules d’un code pénal s’ingénient à différencier telle violation de biens matériels de telle autre injustice de même ordre, et qu’ainsi l’article 379 du code pénal français doive s’entendre strictement et uniquement du délit de soustraction frauduleuse de la chose d’autrui sans pouvoir s’étendre aux délits de rapine, d’escroquerie ou de contrat frauduleux. Mais il est permis de s’étonner que des définitions théologiques restent attachées à la substance de la définition de saint Thomas : occulta acceptio rei aliéner, q. lxvi, a. 3, laquelle ne touche que le larcin commis furtivement, en cachette et sans violence, et ne comprennent pas le concept de rapine ou vol commis publiquement et avec violence. Au temps de saint Thomas on avait de graves raisons de séparer vol et rapine et de condamner celle-ci plus sévèrement, parce que le brigandage seigneurial était la plaie sociale de l’époque, à laquelle il fallait remédier même par le moyen de la théologie. Il n’y a pas lieu aujourd’hui d’appuyer sur cette distinction, tandis qu’il nous paraît opportun et avantageux d’élargir la définition en y introduisant, non seulement la