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VOCATION. LA CULTURE DES VOCATIONS


4. Mais rien n’égale la clarté du texte suivant, qu’on lit dans l’encyclique Mens nostra de Pie XI, en date du 20 décembre 1929, sur les Exercices spirituels. Au sujet des laïques, surtout des jeunes gens, qui fréquentent les retraites fermées, le pape dit : « En se rendant souvent à ces exercices pour être mieux préparés et plus ardents aux combats du Seigneur, ils n’y trouvent pas seulement des forces pour imprimer plus parfaitement dans leur âme le sceau de la vie chrétienne ; mais encore il n’est pas rare qu’ils entendent dans leur creur la voix mystérieuse de Dieu qui les appelle aux fonctions sacrées et au salut des âmes et qui les pousse ainsi à exercer pleinement l’apostolat : verum etiam non raro arcanam Dei vocem corde percipiunt eos ad sacra munia et ad provehenda animarum tuera vocantis atque adeo ad apostolatum plane exercendum impellentis. » Acta ap. Sed., 31 décembre 1929, p. 701.

C’est, on le voit, formellement et en propres termes, que le souverain pontife applique au désir surnaturel du sacerdoce le qualificatif de « voix mystérieuse de Dieu » appelant le jeune homme au sacerdoce et le poussant à l’apostolat. Que faut-il de plus pour que ce désir soit vraiment une vocation intérieure ? Sans doute la grâce en tant que grâce, c’est-à-dire dans son entité surnaturelle, reste imperceptible à la conscience, au moins en dehors des communications mystiques : elle ne nous est connue que par la foi. Mais elle peut s’accompagner d’effets moraux assez significatifs pour que, à l’aide des lumières de la foi, nous y reconnaissions la voix de Dieu.

."). fin fin, ce qui met le sceau à cette doctrine, c’est l’instruction, en date du 27 décembre 1930, envoyée à tous les évêques au nom de Pie XI par la S. Congrégation des Sacrements, sur l’examen des séminaristes avant de les admettre aux ordres. Non seulement il est recommandé aux Ordinaires de refuser, même pour la tonsure et les ordres mineurs, les sujets qui ne seraient pas « appelés de Dieu », mais les candidats aux ordres majeurs doivent, avant d’y être admis, déclarer par écrit et jurer sur les Évangiles qu’ils veulent librement ces ordres et qu’ils » ont conscience d’y être appelés par Dieu ». Ego subsif/natus X. X. lestiftcor meipsum nrdinem (subdiaconalus, diaconalus, presbi/teralus) sponte exoplare ac plena liberuque voluntate eumdern nette cum rxperiar ac sentiam a Deo me esse rcvcru vocatum. Acta ap. Sed., 1° avril 1931, p. 127.

Il n’est pas sans intérêt, à ce propos, de comparer cette notion de vocation intérieure dans son développement théologique et dans son développement liturgique. En théologie, cette notion, issue de l’intention droite, s’est développée jusqu’à devenir un des fadeurs principaux de la préparation au sacerdoce. Dans la liturgie des ordinations, elle n’est même pas mentionnée. Aujourd’hui encore, comme vraisemblablement aux premiers siècles de [’Église, le pontife consécrateur demande à l’archidiacre qui lui présente les candidats : i Savez-vous s’ils sont dignes ? » - il ne demande aucunement s’ils sont appelés de Dieu. En fait, cela revient au même, puisque le désir surnaturel du sacerdoce est l’effet de la grâce prévenante par laquelle Dieu attire au sacerdoce. Mais la liturgie garde encore à l’état d’enveloppement cette notion de vocation intérieure dont la théologie opère devant nous le développement.

Nous pouvons, en effet, marquer à présent les es dans le développement de ce concept doctrinal de la vocation.

a) Vocation extérieure. " D’après les textes

seripturaires. Dieu appelle au sacerdoce par la voix di l’évêque et le rite sacramentel de l’imposition’les

mains ; b. le concile de Trente définit que l’appel de l’évêque n’a pas besoin d’être confirmé par la voix du peuple ou par le pouvoir civil ; c. la décision cardinalice déclare que nul n’a droit à l’ordination i avant d’y avoir été appelé par l’évêque.

b) Vocation intérieure. — a. Les textes seripturaires | ne parlent pas de vocation intérieure, mais seulement

d’intention droite, comme disposition à la vocation par l’évêque. — b. Bientôt les théologiens déduisent la vocation intérieure de l’intention droite, à laquelle elle est sous-jacente comme la grâce prévenante au désir surnaturel. - - c. La commission cardinalice déclare que cette vocation intérieure ne consiste pas ordinairement en des « invites » du Saint-Esprit (sans doute au sens fort et proprement mystique). — d. Cependant, d’après Pie XI, elle est une inspiration ou impulsion de l’Esprit-Saint, une voix secrète de Dieu, produisant dans l’âme la conviction intime qu’on est appelé de Dieu au sacerdoce.

c) Unité des deux vocations. — a. Sans la vocation intérieure, la vocation extérieure serait valide mais pas légitime. — b. Sans la vocation extérieure, la vocation intérieure n’est ni authentique ni opérante.

— c. La vocation totale est intérieure et extérieure, vocans eos inlus et extra.

3° Les canons du Code canonique relatifs à la vocation. -- Voici enfin quelques dispositions du droit canonique relativement à la vocation.

D’après le canon 968, § 1, pour que l’ordination soit licite, il faut que le sujet en soit jugé digne par son propre Ordinaire. C’est donc l’Ordinaire qui est juge de la vocation.

D’après le canon 971, on ne doit forcer personne en aucune manière à embrasser l’état ecclésiastique ; on ne doit non plus en détourner personne s’il y est apte. Donc la vocation est canoniquement libre.

D’après le canon 1353, les prêtres, surtout les curés, doivent s’occuper très particulièrement des enfants qui présenteraient des signes de vocation ecclésiastique : les préserver de la contagion du monde, les former à la piété et aux lettres, enfin favoriser en eux le germe de la vocation divine. Donc, il faut cultiver les vocations.

D’après le canon 1357, § 2, l’évêque devra visiter par lui-même son séminaire diocésain, veiller à la bonne formation des élèves et se rendre compte de leur caractère, de leur piété et de leur vocation. La vocation intérieure, quoiqu’elle ait pour équivalent l’intention droite, ne doit donc pas être considérée comme pédagogiquement négligeable ; il faut bien plutôt en surveiller l’éclosion avec amour. Il semble que l’Eglise la considère comme le germe précieux d’où doit sortir l’arbre de vie que sera un jour le prêtre. Spes messis in seminc

Y. La cultuiu : dks vocations. — 1° Prier pour tes vocations. — C’est une erreur à détruire que le préjugé populaire : i La vocation, il faut que ça vienne tout seul. » La vocation vient de Dieu, et c’est lui qui la fait germer dans l’âme ; mais il veut que nous collaborions à son œuvre, et d’abord par la prière. Jésus nous en avertit dans l’Évangile.

A la vue des foules, il fut ému de compassion sur elles, car elles étaient accablées et gisaient comme des brebis sans pasteur. Alors il dit à ses disciples : i La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers ; priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers a sa moisson. Matlh.. ix. 35-38. Symbole émouvant de la détresse spirituelle que nous axons sous les yeux et que.lésus. a son grand regret, ne peut que très Insuffisamment secourir, faute (le prières assez nombreuses et assez ferventes pour mériter l’envoi par son Père d’un plus grand nombre d’OUVrien sacerdotaux. Ce n’est pas quc le divin