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VITAL DU FOUR

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alla curia celestis simul, a été éditée, ibid., p. 454-458. Fidèle à la position qu’il avait adoptée dans la q. viii du quodl. I, Vital ne met pas en doute que l’âme du Christ ne surpasse en gloire toute la cour céleste et qu’elle ne soit à elle seule plus agréable à Dieu que celles de tous les bienheureux réunis. Quant à l’âme de la Vierge, le maître franciscain conclut : Mariée anima sua gratia et gloria major omnibus aliis beatis et cujuscumque beati.

c. Quodlibel III. — Même ms.Todi 95, fol. 89 6104 d. Quinze questions, liste dans Delorme, ibid., p. 443. Seule la q. iv : Utrum sicut corpora humana difjerunt per gradus mixtionis et complexionis ita anime perficientes corpora différant per gradus nature a été éditée par Delorme, ibid., 458-471. Elle traite de l’inégalité originelle des âmes et prouve (p. 470) que les âmes sont inégales : a. sous le rapport de la substance (l’âme du Christ l’emporte à ce point de vue sur toute autre) ; b. sous le rapport des facultés. Les facultés découlant de la substance des âmes sont, elles aussi, Inégales comme les âmes elles-mêmes, l’expérience quotidienne démontre que telle âme est douée de plus d’intelligence que telle autre, etc. ; c. sous le rapport des actes produits par ces mêmes facultés ; certains de ces actes dépendent du corps, d’autres non, par conséquent il est clair que l’état de perfection ou d’imperfection des organes sensibles possède une influence sur les actes de l’âme.

Les q. v, vi, vu abordent la possibilité de la création, les raisons séminales et l’action instantanée.

d. De productione creaturarum. — Du ꝟ. 24 6 à 27 c le ms. de Todi contient une autre question de Vital qui, elle aussi, a trait au premier principe des choses et est isolée dans le ms. Inc. : Questio est utrum productione creaturarum… Cf. F. Delorme, ibid., p. 431-432.

e. De anima et ejus potentiis. — Même ms., fol. 27 c51 6. Six questions disputées sur l’âme et ses facultés, liste dans Delorme, ibid., p. 432-433. Ces six questions sont la reproduction quasi-littérale des q. vu à xii du De rerum principio, apocryphe scotiste (cf. ici t. iv, col. 1868, dont l’auteur admet à tort l’authenticité). Nous en parlerons plus loin. Les trois premières questions traitent des substances spirituelles et de leur composition substantielle. Dans la q. ii, l’auteur expose et adopte la doctrine d’Avicebron sur l’existence et l’unité de la matière dans toutes les essences corporelles et spirituelles. À noter que c’est à Vital du Four qu’il faut attribuer la phrase célèbre, si insidieusement détournée de son sens adéquat : Ego autem ad positionem Avicebroni redeo (Todi 95, fol. 430), tant exploitée contre D. Scot. Les trois dernières questions sont relatives à l’âme sensitive et à son mode d’existence dans le corps.

I. De cognitione.

Même ms., fol. 58 6-89 a, et Rome, Collège Saint-Isidore, 1 15, fol. 97 6-126 6. Huit questions disputées sur le mécanisme de la connaissance qui se rattachent aux six précédentes : De anima et ejus potentiis. Le ms. de Todi contient ces huit questions De cognitione à la file. Cf. F. Delorme, L’Œuvre scol., dans France francise, t. ix, 1926, p. 440. Le ms. de Saint-Isidore reproduit seulement les q. i, ii et iv. Ces trois questions ont paru dans le De rerum principio, sous les n. xiii, xiv, xv, cf. B..1. D. Scoti… Quæst. disput., De rerum principio, édit. M. Fernandez Garcia, Quaracchi, 1910, p. 323420. Le P. F. Delorme les a publiées, sous le nom de Vital du Four, dans les Arch. d’hist. doctr. et litt. du M. A., t. ii, 1927, p. 156-336.

Bien que Vital dans le De cognitione ait cherché à faire œuvre personnelle, il n’en est pas moins resté tributaire de sa méthode ordinaire de compilation et de plagiat, si bien que l’on entend, et parfois s’exprimant en des termes exactement semblables, la

voix de Vital et celles aussi de Jean Peckam, Mathieu d’Aquasparta, Roger Marston, Henri de Gand et Gilles de Rome, voire P.-J. Olieu. Nous nous bornerons donc à signaler certaines particularités propres à Vital dans le De cognitione.

La q. i, F. Delorme, Arch. d’hist., loc. cit., p. 156185, traite, de façon originale et personnelle, de l’intellection des singuliers matériels par l’esprit humain. En opposition avec saint Thomas, Vital du Four enseigne la connaissance directe du singulier matériel par l’intelligence. Le maître franciscain distingue entre les species universales, grâce auxquelles l’intellect humain atteint l’universel, et les species particulares qui lui donnent prise sur le singulier. D’après lui, l’intellect atteint l’existence actuelle des objets singuliers sensibles. À propos de cette saisie intuitive de l’objet par l’esprit, l’élève de Jacques du Quesnoy examine soigneusement les rapports de la connaissance qui provient des sens avec la connaissance acquise par l’intellect et il se plaît à insister sur le rôle intermédiaire joué par la connaissance sensible. « Le singulier, enseigne-t-il, est toujours le premier connu grâce à l’intuition actuelle, dont nous venons de parler, laquelle porte sur son existence. » En d’autres termes, Vital du Four, comme son confrère et prédécesseur Mathieu d’Aquasparta (De cognitione, q. iv, t. x, col. 383), admet une connaissance des singuliers matériels au moyen des species particulares, mais, de plus, il se rallie à une connaissance intellectuelle d’ordre intuitif portant sur l’existence actuelle des-objets. Une fois en possession de ces données, notre philosophe établit la possibilité pour l’intellect d’abstraire par collatio et refiexio soit l’universel s’il ne recourt pas au phantasme, soit le singulier qui est fourni par l’imagination et d’où également il est possible d’atteindre l’universel. Cf. H.-D. Simonin, La connaissance humaine des singuliers matériels d’après les maîtres franciscains de la fin du xiii* s., dans Mélanges Mandonnel, t. ii, 1930. p. 289-303.

Ces positions établies, Vital démontre, à la suite de Gilles de Rome, que, du moins pendant cette vie, l’entendement humain comprend l’universel ou le particulier au moyen des espèces impresses sans préjudice de ce qui pourra survenir après la mort. Q. ii, p. 185-211. À noter que tout en démontrant, q. iii, p. 211-232, que cette espèce impresse, qui lui est nécessaire pour connaître, l’intellect la reçoit de l’objet, mais qu’informé par elle, il n’est cependant poussé que par lui-même à l’acte d’intelligence qui lui est propre, le futur cardinal s’insurge contre la théorie de l’intellect agent, entendue au sens d’Aristote. Il va plus loin et se croit en droit de nier, par voie de conséquence, l’activité naturelle humaine : anima non habet quo actionem sibi naturaliter debitam eliciat. Q. iii, ibid., p. 212.

Après être tombé dans cette confusion regrettable. Vital établit (q. iv, p. 232-252) que l’âme se connaît intuitivement elle-même ainsi que ses facultés, au moyen d’une espèce exprimée dans l’esprit du sujet se pensant et s’entendant, puis il aborde ce problème : « Les choses qui n’ont pas d’être ou d’existence peuvent-elles, par une opération purement naturelle, nous être connues ? » Q. vi, p. 272-295. Rejetant la distinction réelle entre l’essence et l’existence et empruntant à Henri de Gand cette distinction d’intention, qui bientôt se nommera formelle, le futur cardinal répond par l’affirmative et admet que nous concevons fort bien des êtres seulement possibles, mais n’existant pas de facto actuellement et aussi d’autres êtres qui, non seulement n’existent pas présentement, mais n’existeront jamais du fait qu’ils n’ont pas en Dieu l’exemplaire qui rendrait possible leur existence. Continuant à s’inspirer du maître