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VITAL DU FOUR


hist., t. XXI, 1928, p. 357, 358 ; P. Glorieux, D’Alex, de Halès à P. Auriol. La suite des maîtres franc, de Paris au XIIIe s., ibid., t. xxvi, 1933, p. 260, 261, 263, 264, 267, 277, 278). Pour nous, nous ralliant aux travaux les plus récents, nous admettons que Vital lut les Sentences sous la régence de Jacques du Quesnoy (1291-1292), qu’il fut lui-même régent à Paris vers 1292-1294 avant d’être nommé lecteur au Studium générale de Montpellier en 1295. Dans cette ville, alors capitale de la médecine, Vital du Four s’initia à l’art d’Esculape sans pourtant avoir suivi les cours à la faculté. Pendant son séjour à Montpellier, il réédita (1295-1296) la Lectura de son maître Jacques du Quesnoy. À partir de 1298, après la mort d’Olieu, maître Vital prit, sur l’ordre des généraux Jean de Murro et Gonzalve de Valboa, une part active aux débats théologiques et aux mesures de coercition qui préludèrent à la condamnation définitive de l’olivarisme. Cf. ici t. xi, col. 984 ; S. Belmond, La défense du libre arbitre par J.-P. Olive dans France francise, t. x (1927), p. 37 ; L. Amoros, Séries condemnat. et processuum contra doctrinam et sequaces P.-J. Olivi…, dans Arch. franc, hist., t. xxiv, 1931, p. 506. En 1300, il est iecteur à Toulouse. Vers 1305, il publie son Spéculum morale tolius Sacrse Scripturse. Élu en 1307 provincial d’Aquitaine, il est en 1309 l’un des quatre maîtres en théologie chargés de répondre, dans l’affaire de la communauté et des spirituels, aux quatre questions posées à l’ordre par Clément V et de démontrer la fausseté des doctrines d’Olieu. Voir ici t. xiv, col. 2535. Mis en évidence, Vital du Four est délégué, le 28 juin 1310, par son compatriote, le pape Clément V, pour recevoir des témoignages dans le procès qui avait été intenté, à la requête de Philippe le Bel, roi de France, contre la mémoire de Boniface VIII. Ces délicates fonctions ne l’empêchent pas de collaborer, à partir du mois d’août 1311, à la réponse (Religiosi viri) faite au Rolulus d’Ubertin de Casale. Enfin avant l’ouverture du concile de Vienne (16 octobre 1311), frère Vital est désigné pour être l’un des quatorze ministres provinciaux ou maîtres en théologie de l’ordre des mineurs qui devaient prendre part aux assemblées conciliaires. En dépit de tous ces travaux Vital du Four trouve encore le temps de se livrer à la prédication. Le jour de Noël 13Il il prononce à Toulouse un sermon qui détermine la conversion d’un grand nombre « de filles folles » de la ville et pousse les auditeurs à leur assurer de leurs deniers un asile de pénitence : le prieuré des augustines de Saint-Sernin. Cf. A. du Mège, Hist. des institutions relig., polit., judic. et litt. de la ville de Toulouse, t. iv, p. 573, Toulouse-Paris, 1846. L’année suivante, mêlé après l’édit pontifical du

23 juillet 1312 (Bull, franc, t. v, p. 203) à la déposition du provincial et de onze supérieurs de Provence, chargé, en qualité de vicaire général de l’ordre, de faire exécuter par Bonagratia de Bergame la bulle fulminée contre celui-ci le 31 juillet 1312 (Bull, franc, t. v, p. 89), le reléguant au couvent de Valcabrère, près Comminges, le ministre d’Aquitaine fut, le

24 décembre 1312, promu cardinal-prêtre du titre de Saiut-Martin in montibus. Clément V lui concéda, en outre, la commende de nombreux monastères en Gascogne, en Espagne, dans le royaume de Naples, plus l’administration de l’église Sainte-Croix de Jérusalem in Urbe et une pension annuelle de 200 florins d’or. Le pape continua d’employer Vital du Four dans les affaires de l’ordre séraphique. Le 8 juillet 1313, le cardinal écrivit au chapitre général tenu à Narbonne une lettre dont nous donnerons l’analyse ci-dessous. Le 29 mars 1314, Clément V († 20 avril 1314) nomma un conservateur des privilèges apostoliques antérieurement concédés au cardinal. Pendant la

vacance du Saint-Siège, Vital, comme il appert d’une lettre envoyée le 18 avril 1315 à Jacques II le Juste, roi d’Aragon, par son représentant en Avignon, prit en main les intérêts de ce pays. Cf. H. Funke, Act. arayon., t. i, p. 355, Berlin, 1908. Le cardinal de Saint-Martin travailla, cependant, surtout à l’élection de Jean XXII (7 août 1316) ; aussi, dès le mois de septembre de la même année, le nouveau pontife le combla-t-il de faveurs lui et tous les clercs de sa maison. L’agitation continua sous Jean XXII chez les spirituels de Provence. Par une lettre en date du 22 avril 1317, le pape chargea le cardinal du Four, de concert avec les cardinaux Jacques de Via et Napoléon Orsini, de ramener les spirituels de Narbonne et de Béziers dans les voies de l’obéissance (texte dans Arch. franc hist., t. xiv, 1921, p. 432). La bulle Quorumdam exigit (7 octobre 1317, Bull, franc, t. v, p. 128) qui favorisait les mitigés fut peut-être obtenue du pape par le cardinal qui se fit accorder par Jean XXII le 25 octobre suivant la permission de tester.

La publication de la bulle Quorumdam provoqua de la part des spirituels une réplique en trois articles : 1° personne, pas même le pape, ne peut toucher à la pauvreté évangélico-minoritique ; 2° le faisant, la bulle Quorumdam n’est pas acceptable ; 3° il n’y a donc pas lieu d’obéir sur ce point au pape et aux prélats. Tels sont du moins les sentiments que Vital du Four et dix autres maîtres en théologie prêtent aux rigoristes dans leurs Vota quorumdam magistrorum theologiæ contra très articulos partis fratrum ordinis minorum, publiés avant le Il juin 1318. H. Denifle, Chart. Univ. Paris., t. ii, p. 215-218. En cette même année, lors du procès intenté aux soixante-quatre spirituels de Provence (cf. t. xiv, col. 2540), le cardinal se déchaîna surtout contre frère Bernard Délicieux, leur avocat, qui le tenait pour celui des quatre cardinaux de Curie le plus opposé à sa personne et à sa cause. Peu de temps après (entre le Il juin 1318 et le 3 septembre 1320), Vital fit partie de la commission chargée d’examiner les propositions tirées de la postille d’Olieu sur l’Apocalypse. H. Denifle, Chart. Univ. Paris., t. ii, p. 238.

En 1319, le 8 novembre, en l’église des mineurs à Marseille, Vital du Four assiste à la translation des cendres de saint Louis de Toulouse élevées du chœur sur le maître-autel (G. Letonnelier, Mandement de François I et pour la réparation du couv. des Cordeliers de Marseille, dans Rev. d’hist. francise, t. iv, 1927, p. 3) ; en décembre il commence à prendre une part active aux négociations engagées par Jean XXII avec le neveu de Clément V, Bertrand de Got, vicomte de Loumagne, accusé de conserver un dépôt de 614 000 florins que son oncle lui avait confié en vue d’une croisade. En juin 1321, peu de temps avant qu’il n’eût fait signer, le 21 juillet, une transaction entre le pape et le vicomte de Loumagne, le négociateur fut promu cardinal-évêque d’Albano.

Il était très en faveur lorsque éclata en avril 1322 la controverse sur la pauvreté du Christ et de ses Apôtres, mais il tomba en disgrâce pour s’être prononcé, contre le sentiment de Jean XXII, pour la pauvreté absolue. Vital du Four n’en écrivit pas moins, le 30 mai 1322, au chapitre général ouvert à Pérouse pour prier le ministre général, Michel de Césène, de faire examiner à nouveau la question de la pauvreté du Christ et des Apôtres par des docteurs de l’ordre et d’envoyer le résultat de cette consultation au pape. Lui-même rédigea, en 1323, sur ce sujet une longue réponse à la question posée par Jean XXII. Ce fut en vain et il dut se soumettre, Arch. franc hist., t. xxxi, 1938, p. 170. Il eut également l’occasion, en avril 1323, de donner au pape une Consultation sur la