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VIN DE MESSE — VINCENT DE BEA UVAIS
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fraîchement pressés, cet usage ne saurait plus être approuvé ni toléré ; —

2. bien purifié, c’est-à-dire séparé des lies soit au moyen de soutirages, soit par des collages modérés ; —

3. parfaitement loyal, sans mélange de substances étrangères. Des quantités minimes ou infimes peuvent être tolérées pour une juste cause. Mais une quantité notable rendrait la matière douteuse : Uti dubia reputanda erit maleria, nec proinde adhibenda, si … notabilis quantitas sil ipsi (vino) admixta. Instr. S. C. des Sacrements, 26 mars 1929, Acta apost. Sedis, t. xxi, p. 632. S’il s’agit de l’eau, les auteurs (S. Alphonse, t. VI, n. 240 ; Gasparri, De eucharislia, n. 821 ; Capello, op. cit., n. 271) estiment qu’un tiers est une quantité notable. Nous avons dit ailleurs ce qu’il faut penser de l’addition d’alcool (vinage) soit au moût, soit au vin. Le mélange de substances étrangères, telles que aromates, eau, liqueurs, cidre, etc. rendent le vin de messe illicite, si l’addition est faite sans cause légitime, même en petite quantité : Si admixta fuerit aqua rosacea seu alterius distillationis, conflcitur sacramenium, sed conficiens graviter peccat. Rubr. mis., De deject., tit. iv, n. 2. Pour une cause juste, on tolère une addition de 3 à 4 ° d’eau au moût ou de 3 ° au vin déjà fait, de même une addition de 2 à 3 ° de sucre, pour corriger un vin trop doux et trop généreux, ou au contraire trop vert ou acide. Cf. Capello, De sacramentis, t. i, n. 273.

4. Le vin de messe sera convenablement alcoolisé. En général, un vin qui titre moins de 6° 9 d’alcool (sauf si les raisins manquaient de maturité) et plus de 18° 2 est suspect et présumé frelaté.

5. On écartera le vin aigri ou qui commence à s’aigrir (vin qui pique). La gravité de la faute dépendra du degré de corruption. Nous avons dit que le traitement de ce vin au bicarbonate de chaux ou de soude ou au tartre ne rendait pas ce vin plus licite, au contraire. Nous devons noter cependant l’opinion de saint Alphonse qui, « à défaut d’autre viii, autorise l’usage d’un vin à peine aigri ou pas trop acide », vinum tantum parum acescens, sive non nolabililer acidum, même pour une messe de dévotion. Theol. mor., t. VI, n. 207. C’est dire qu’en cas de nécessité, on pourrait encore user de vin passablement aigri, pourvu que ce liquide demeure certainement du vin.

Il va de soi que, si l’acidité provient non de la corruption, mais du défaut de maturité du raisin (verdeur), le vin sera parfaitement licite. De même si le vin pique » parce qu’il fermente de nouveau, ce n’est pas du vin aigri et l’absence de clarté à ce moment est plutôt un signe d’authenticité.

4° Le meilleur moyen de s’assurer une matière valide et licite est de s’adresser, pour l’achat, à des producteurs ou revendeurs dont la compétence et l’honnêteté sont reconnues de tous et, au besoin, garanties par une attestation de l’Ordinaire du lieu. Avant de donner cette attestation, celui-ci s’assurera que ceux qui ont charge de préparer la matière du sacrifice ont connaissance des normes de l’Église sur ce point.

5° Parmi les moyens de conservation recommandés par l’instruction de la S. C. des Sacrements de 1929, signalons la précaution recommandée de ne pas laisser séjourner le vin de messe soit en tonneau non rempli ou non fermé, soit en bouteilles ouvertes ou à moitié vides, tant à cause du danger d’altération que de celui de falsification par l’addition d’eau.

Outre les manueli de théologie morale ou les imités canoniques (Génlcot-Salsmans, Vermeersch, Gasparri, Capello, M. Conte a Coronata, etc.), on consultera avec profil les ouvrages spéciaux ou articles de revues suivants :

Corblet, Histoire du tacrement de VeucharUtle, t. i, Paris, 1885 ; L. Mathieu, Vinification scientifique, Paris, 1924 ; E. Chancrin, Le vin. Procédés mo<lernes de préparation, amélioration et conservation, Paris, 1924 ; Fattinger, Pastoralchemie, FriboUrg, 1930 ; Cimetier, Consultations canoniques, 1°’série, Lyon, 1942 ; Ferraris, Prompta bibliotheca, au mot Vinum ; Nouvelle revue théologique, t. lii, 192.5, p. 89-93 ; t. i.m, 1926, p. 423-447 ; t. lxii, 1935, p. 5.5-75 ; t. lvii, 1930, p. 48-60 ; L’ami du clergé, années 1911, 1921, 1922, 1923, 1928, 1930 (principalement ) ; Periodica, t. VI, 1912, supplément xviii, p..57 ; t. xvii, 1928, p. 79, Rome.

A. Bride.


VINCENT DE BEAUVAIS, frère prêcheur du couvent de Beauvais (11907-1264).
I. Vie.
II. Écrits.
III. Intérêt de son œuvre.

I. Vie.

On sait peu de choses certaines sur sa biographie. Son œuvre importante et qui eut un retentissement considérable a fait penser à plusieurs auteurs qu’il avait dû être aussi un personnage considérable ; mais vraisemblablement, son existence fut celle d’un moine érudit et silencieux dans son couvent de Beauvais. Ce couvent fut fondé aux environs de 1230, Vincent appartenait-il auparavant au couvent de Saint-Jacques de Paris, fondé en 1218, qui devait devenir si célèbre par la suite ? On l’ignore. On n’a retrouvé son nom sur aucune liste de gradués des écoles parisiennes. Sans raison sérieuse on lui a attribué une origine bourguignonne et le qualificatif de Burgundus figure accolé à son nom. Il ne fut certainement pas évêque de Beauvais. Un document nous le montre, en 1240, sous-prieur du monastère : il fut en effet à cette date chargé conjointement avec Garin, archidiacre de Beauvais, de fixer les constitutions des frères et sœurs de l’hôpital ; les deux délégués adoptèrent les constitutions élaborées en 1233 par Geoffroy, évêque d’Amiens pour l’hôpital de cette ville. L. d’Achery, Spicilegium, t.xii, Paris, 1675, p. 54 sq.

La tradition a retenu que Vincent fut en relations suivies avec saint Louis, qu’il jouit de la confiance et de l’amitié du roi : elle fait de lui le « lecteur » de celui-ci, son bibliothécaire, et le précepteur des enfants royaux. Cette tradition accueillie dans des ouvrages de vulgarisation historique et même ï)x(’c en des œuvres d’art, n’est pas tout à fait une légende. Elle se fonde sur des expressions de Vincent lui-même, mais qui ont besoin d’être expliquées. Qu’il ait composé plusieurs ouvrages d’éducation à l’usage de la famille royale, c’est un fait, mais Vincent ne se donne jamais la qualité de précepteur et dans l’un de ces ouvrages nomme le clerc Simon comme ernditor de Philippe : per tnanum Simonis clerici videlicet eruditoris PJiilippi bons indolis fllii vestri. C’est par l’entremise de Simon qu’il fait parvenir son traité à la reine Marguerite et il ajoute : quoique vos enfants ne soient pas encore en état de le lire et de le comprendre par eux-mêmes, leurs maîtres ou professeurs (ipsorum didascali sive magislri) pourront l’utiliser… De erudilione filiorum regalium, proi. La rédaction de ses ouvrages, lui aurait été grandement facilitée par sa fonction de bibliothécaire du roi. Mais cette bibliothèque de saint Louis ne fut organisée, à la Sainte-Chapelle, qu’après 1253, au retour de la croisade ; saint Louis en aurait conçu la pensée à l’imitation d’un sultan amateur de livres ; à cette date de 1253. les grands ouvrages de Vincent étaient déjà rédigés ; si le projet d’une bibliothèque fut proposé a son appréciation, il ne put que l’approuver, et sans doute, donner des indications utiles, mais cette bibliothèque est sise à Paris et il habite Beauvais ; il ne peut en avoir été le conservateur an sens précis du mot.

Ce qui est exact, c’est que Vincent fut aidé linan cièrement par saint Louis dans les dépenses que tl(