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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. GRÉGOIRE DE NAZIANCE

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ment une est la raison objective de la puissance surveillante et inspectante, dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Elle jaillit du Père comme de sa source et est opérée par le Fils qui accomplit le bienfait dans la puissance de l’Esprit. » Qaod non sint très dii, t. xlv, col. 125.

Cette explication est-elle décisive ? Il est permis d’en douter, car nous retrouvons le même problème qui s’était déjà posé tout à l’heure : l’unité d’opération exige-t-el ! e l’unité d’opérant ? et c’est cela qui nous intéresse. Grégoire nous dit bien que les trois personnes divines collaborent à la même œuvre ; que l’action commencée par le Père, passe par le Fils et se termine dans le Saint-Esprit. Une seule action donc, évidemment. Mais pourquoi et comment n’y a-t-il qu’un seul opérateur ? La question n’est pas résolue.

Il est d’ailleurs évident que saint Grégoire de Nysse tient au dogme traditionnel autant que quiconque. Il observe que la caractéristique du christianisme est de se tenir à égale distance du judaïsme et du polythéisme, rejetant de celui-là l’unicité de la personne divine et de celui-ci la pluralité des dieux, pour maintenir l’indivision et l’unité numérique de la divinité : « L’esprit, dit-il, a, dans une certaine mesure, l’intuition secrète de la doctrine relative à la connaissance de Dieu, sans pouvoir toutefois éclaircir par la parole la profondeur inexprimable de ce mystère, ni expliquer comment le même objet peut être dénombré, tout en échappant au dénombrement ; être aperçu dans ses parties distinctes, tout eu étant conçu comme unité ; être divisé par la notion de personne sans admettre de division dans la substance. La notion de personne en effet distingue l’Esprit du Verbe et les distingue à leur tour de celui qui possède le Verbe et l’Esprit. Mais, quand on a compris ce qui les sépare, on voit que l’unité de la nature n’admet pas de partage. Ainsi le pouvoir de la souveraineté unique ne se divise pas en un morcellement de divinités différentes et, d’autre part, la doctrine ne se confond pas avec la croyance juive, mais la vérité tient le milieu entre les deux conceptions ; elle purge de ses erreurs chacune de ces écoles et tire de chacune ce qu’elle renferme de bon. La croyance du Juif est redressée par l’adjonction du Verbe et la foi au Saint-Esprit. La croyance erronée des païens au polythéisme se trouve effacée par le dogme de l’unité de nature qui annule l’idée fantaisiste d’une pluralité. » Orat. catech., iii, 1-2, t. xi.v, col. 17.

Saint Grégoire de Nazianze. —

Saint Grégoire de Nazianze enseigne la même doctrine que les autres Cappadocicns. Lui aussi rencontre sur son passage la difficulté de concilier le monothéisme le plus strict, et l’affirmation des trois personnes divines. « Pour nous, dit-il, un seul Dieu parce qu’une seule divinité et que ceux qui procèdent se rapportent à l’un dont ils procèdent, tout en étant trois suivant la loi. Car l’un n’est {MU plus Dieu, l’autre n’est pas moins Dieu ; l’un n’est pas d’abord, l’autre ensuite. Ils ne sont pas divisés de volonté, séparés en puissance : rien là qui puisse rappeler « ne division. Pour tout dire en un mot, la Divinité est indivise dans les divisés : comme dans trois soleils qui se compénétreraient, unique serait le mélange de la lumière. Donc, lorsque noua visons la divinité, la cause première, la monarchie, l’un nous apparaît ; et lorsque nous visons ceux en qui est la divinité et ceux qui procèdent du principe premier en même éternité et gloire, nous adorons les trois. » Orat., xxxi, 14, P. < :., t. xxxvt.col. 148-149.

Telle est l’affirmation fondamentale. Mais voici aussitôt la difficulté : > Quoi, dira-t-on, est-ce que chez les païens aussi, on n’admet pas une seule divinité, de morne que chez eux la philosophie la plus savante n’admet parmi nous qu’une seule humanité, comprenant tout le genre humain ? Et cependant, il n’y a pas chez eux qu’un seul l>iou ; on en compte plusieurs, comme il y a plusieuis hommes. » Sans le nommer, Grégoire de Nazianze pense Id à son collègue, , et corrige bh doctrine : « En pareil cas, déclare t-il, la communauté n’a formellement d’unité que dans la

pensée. Quant aux individus, ils sont divisés les uns des autres par le temps, les passions, les qualités. Car non seulement nous sommes composés, mais encore opposés aux autres et à nous-mêmes, ne restant pas identiquement les mêmes un seul jour, combien moins toute la vie, soumis dans nos âmes et dans nos corps à des chutes continuelles et à un flux perpétuel. » Orat., xxxi, 15, col. 149. En Dieu il n’en va pas comme dans les créatures. Chacune des personnes est aussi une avec celle qui la joint qu’elle est une avec elle-même, à cause de l’identité de substance et de pouvoir. Ibid., 16, ibid.

Les trois personnes divines ne diffèrent entre elles que par des caractères d’origine : Le Fils n’est pas père, car il y a un seul Père ; mais il est ce qu’est le Père ; l’Esprit n’est pas Fils, parce qu’il procède de Dieu, car il y a un seul Fils unique ; mais il est ce qu’est le Fils. Un sont les trois en divinité ; trois est le un en caractères particularisants. Ce n’est donc ni le un de Sabellius, ni le trois de l’hérésie actuelle. » Orat., xxxi, 9, col. 141.

Plus précisément encore, l’unité divine est garantie parce qu’il n’y a dans la Trinité qu’un seul principe : le Fils et l’Esprit-Saint ne se comprennent que par le Père, qui récapitule en lui la Trinité entière. « Si, pour honorer le Fils et l’Esprit, explique saint Grégoire, nous devions les supposer sans origine ou les rapporter à un principe étranger, il faudrait craindre de déshonorer Dieu et de lui opposer quelque chose. Mais si, à quelque hauteur que j’élève le Fils et l’Esprit, je ne les place pas au-dessus du Père et ne les sépare pas de leur principe, si je place là-haut une sublime génération et une admirable procession, voyons, arien, je te le demande, lequel de nous deux déshonore Dieu ? N’est-ce pas toi, qui le reconnais bien pour principe des créatures, mais qui lui refuses d’être le principe de ses égaux en nature et en gloire, comme nous le confessons ?… Pour moi, en aflirmant que le principe de la divinité est hors du temps, de la division et de la définition, j’honore d’abord le principe et au même degré ceux qui procèdent du principe. Celui-là, parce qu’il est le principe de telles choses ; ceux-ci, parce qu’ils sont tels et que de telle façon ils procèdent d’un tel principe, sans en être séparés ni par le temps, ni par la nature, ni par l’honneur. Ils sont un distinctement et distincts conjointement, quelque paradoxale que soit cette formule ; ils sont adorables non moins dans leurs relations réciproques que chacun considéré en soi-même. Orat., xxiii, 7-8, t. xxxv, col. 1157 sq.

Il est important de mettre en relief ce caractère de principe que saint Grégoire de Nazianze, avec toute, la tradition, reconnaît au Père. Le Fils est engendré ; l’Esprit-Saint procède : génération et procession les caractérisent l’un et l’autre, et saint Amphiloque d’Iconium insistera sur ce point. Seul le Père est source de la divinité. Ce qui ne veut pas dire d’ailleurs qu’en tant que Dieu, il soit supérieur au Fils et à l’Esprit, puisque les trois personnes divines sont égales en honneur et en dignité et, pour mieux dire.consubstantielles, ne formant, qu’une seule divinité.

Aux Gappadocieas il est permis de rattacher, en dépit de son origine alexandrinc, Didi/me l’Aveugle, qui fait en qu( Ique sorte la synthèse de tout le travail théologique accompli au ive siècle. Ses trois livres Sur in Trinité et son livre Sur le Saint-Esprit, auxquels il faut ajouter maintenant les livres iv et V du Contra Eunomium, conservés sous le nom de saint Basilei et it dl us p, i udo -athanasiens sur la Trinité, P0., t. XXVIII, col. 111(1 sq., s’il » ne font pas proprement avancer la pensée théologique, expriment ave » force ii doctrine traditionnelle. Sur la divinité du Saint-Esprit, sur les xporroi ijTrâp^Ewç, Us apportent même rie. précisions qui Boni les bienvenues, n donc Injusti d’oublier le nom de Didyme, dont la vie a été, peut-on dire, consacrée à la défense « lu dogme lrinit : i n