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VIGILE (l’AI’E)


.par des clercs italiens, milanais sans doute, dévoués à Vigile, à des ambassadeurs francs qui étaient sur le point de partir pour Constantinople, afin d’y négocier, au nom de Théodebald, fils de Théodebert, une alliance avec les Byzantins contre les Goths. Voir Procope, Bell. Gothicum, iv, 24, qui rapporte l’événement à 551. Les clercs en question tiennent à dissiper les faux bruits répandus en Gaule sur le compte de Vigile. Ils ont été diffusés par le messager qu’Aurélien, évêque d’Arles, avait envoyé à Constantinople. Venu dans la capitale, celui-ci n’a pu en sortir qu’en promettant de faire le possible pour amener les évêques gaulois à condamner les Trois-Chapitres. Il a même reçu la forte somme et juré de travailler en ce sens ; on lui a d’ailleurs interdit de se charger des communications adressées par Vigile aux évêques gaulois. À ce que les missi francs n’en ignorent, les clercs milanais leur donnent une, idée sommaire de ce qui s’est passé récemment à Constantinople. Avant de partir qu’ils mettent au courant les évêques de leur pays ; arrivés dans la capitale, qu’ils fassent tout le possible pour encourager Vigile et ses conseillers, tout spécialement Dacius, évêque de Milan, dans leur attitude de résistance. Texte dans P. L., t. lxix, col. 114-119. Les rois francs continueront, sous Pelage I er, successeur de Vigile, à se préoccuper de l’attitude du Siège apostolique dans l’affaire des Trois-Chapitres. Voir l’art. Pelage I er.

Nous n’avons de Vigile aucune correspondance avec d’autres Occidentaux qui ait l’importance de celle qui fut échangée avec Arles. Tout au plus peut-on signaler une lettre à Profuturus, évêque de Braga, dans le royaume des Suèves (29 mars 538). Bien qu’elle ait été maquillée par le pseudo-Isidore, cette décrétale a des parties certainement authentiques ; elle condamne certaines abstinences priscillianistes, qui rendraient leurs adhérents semblables aux manichéens, donne des précisions sur la formule du baptême : « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit », prescrit le mode de réconciliation des catholiques qui se sont laissés rebaptiser par les ariens : cette réconciliation doit se faire non per illam imposilionem manus, (/use per invocationcm sancti Spiritus fit, sed per illam qua pwnitenliæ fruclus acquiritur et saucier eommunionis restitulio perficitur : en d’autres termes, cette imposition des mains est celle non pas de la confirmation, mais de la pénitence. Suivent des prescriptions sur la manière de renouveler la consécration d’une église que l’on a rebâtie et sur la date de la célébration de Pâques : elle aura lieu, l’année suivante, le 24 avril. Le pseudo-Isidore a ajouté à tout cela un assez long développement sur la primauté du Siège romain et la nécessité de lui rapporter toutes les causes majeures..lalïé. n. 907.

2° Les affaires orientales. Si, en Occident. Vigile a continué, non sans énergie, l’action de ses prédécesseurs, les collusions auxquelles il devait son accession au suprême pontifical devaient l’empêcher de prendre, dans les affaires orientales, la ferme attitude rpie rendaient nécessaire les machinations de Théodora en faveur du monophysisme sévérien. Durant fout son règne, il sera l’homme des petites combinaisons, des manœuvres plus ou moins tor tueuses par lesquelles il espère faire prendre le change sur ses dispositions intimes et esquiver les responsabilités. u fond de l’âme, il est chah ( (Ionien ; il adhère a la doctrine des deux natures et a toutes ses Conséquences ; il se rend compte aussi de la portée

des attaques menées par les sévériens ((mire certains personnages dont le soit est plus ou moins lié avec celui do concile. Mais ses antécédents donnent Irop de prise à ceux qui voudraient trouver chez lui on auxiliaire dans leui lutte contre Chalcédoine.

Avons-nous sa synodique d’intronisation ? Ce serait un document qui mettrait au clair sur la doctrine qu’il professe au moins extérieurement. Or, Pitra a publié, au t. iv du Spicilegium Solesmense, p.xii, une profession de foi qui est rapportée à Vigile et dont l’authenticité ne paraît guère douteuse. Vigile, après avoir parlé de la doctrine de l’unique nature dans le sens catholique, promet de défendre les décisions des quatre conciles et les décrets de ses prédécesseurs : il tient pour condamnés ceux qu’ils ont condamnés, il reçoit pour orthodoxes ceux qu’ils ont reçus et particulièrement les vénérables évêques Théodoret et Ibas. Jalïé, n. 908.

Mais, au même moment, n’aurait-il pas donné, par écrit, des gages aux sévériens ? Libératus le prétend et, poursuivant l’histoire des collusions de Vigile avec les monophysites, il déclare que, peu après son arrivée au pontificat, le pape, accomplissant la promesse qu’il avait faite à l’Augusta, fit parvenir à celle-ci, par Antonina, femme de Bélisaire, la lettre suivante destinée à Théodose (d’Alexandrie), Anthime (ex-patriarche de Constantinople) et Sévère (d’Antioche) : « Je sais que déjà est parvenue jusqu’à vous l’expression de ce que je crois. Mais récemment ma glorieuse fille, la très chrétienne patrice Antonina, m’a procuré l’occasion de remplir mes désirs, en vous faisant passer le présent écrit. Vous saluant donc dans la grâce qui nous unit au Christ, je vous fais savoir qu’avec l’aide de Dieu j’ai toujours tenu et tiens encore la foi que vous tenez vous-mêmes, sachant qu’existe entre nous une parfaite communauté de sentiments et de pensées. J’ai dû tarder à vous annoncer la bonne nouvelle de ma promotion qui est un peu votre promotion, sachant que votre fraternité s’y rallierait de bon cœur. Mais il faut que nul ne sache ce que je vous écris. Au contraire, que devant tout le monde, votre sagesse affecte de me tenir pour suspect, afin que je puisse plus facilement parfaire ce que j’ai commencé. » À cette lettre, continue Libératus, Vigile annexa sa profession de foi, dans laquelle il condamnait les deux natures dans le Christ. Annulant le tome de Léon, il écrivait :

1° Nous ne confessons pas que le Christ est deux natures, niais que des deux natures est composé un seul Fils, un seid Christ, un seul Seigneur.

2° Quiconque dit : i dans le Christ il y n deux « formes, dont chacune agit en union avec l’autre » et ne confesse pas une seule personne, une seule essence, qu’il soit ana thème.

3° Celui qui dit : ceci faisait les miracles », « cela était victime des souffrances » et qui ne confesse pas que les miracles (d’une parti et (de l’autre) les souffrances quc le

Christ a endurées de son gré, la chair nous étant consubstantielie, sont d’un seul et même, qu’il soit anathème.

1° Celui qui dit : l.e Christ en tant qu’homme a été l’objet de la miséricorde divine » et qui ne dit pas : le Verbe divin lui-même a été crucifié, pour avoir eu pitié de nous, qu’il soit anathème,

5° Nous anatliématisoiis donc Paul de Samosate, Dlos core (faute de copiste évidente ; il faut lire Diodore),

Théodore, Théodore ! et tous ceux qui ont embrassé ou

embrassent leurs enseignements. Texte dans ; >. L., t. lxviii,

col. 1011. Victor donne le texte de la lettre, mais non les

anatbématismes ; ihiil., col. ! t.">7.

La lettre proprement dite est évidemment la reconnaissance des doctrines professées par les chefs du monophysisme sévérien ou tout au moins de leur attitude ; si elle est authentique, elle met de foule évidence Vigile en très fâcheuse posture. De la paît du titulaire du Siège apostolique, (’est une véritable trahison de son devoir. Les analhématisines qui l’accompagnent et qui sont précédés par le début (évidemment incomplet) d’une profession positive de foi. laissent, par eonlrc. une impression assez mélangée. On dirait de quelqu’un qui s’escrime contre